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Quand le doute est créateur

Posté : mer. oct. 27, 2010 8:25 pm
par Axolotl-a-besicles
Avis aux grenouilles qui se posent des tas de questions !

Voici un article intéressant déniché dans les pages Culture du Monde, sur le doute comme condition nécessaire de la création artistique : La création nécessite un questionnement permanent (au boulot... *ahem* j'ai droit à des pauses, non??)
Les références ne sont pas spécialement littéraires, l'auteur de cet article étant le compositeur classique contemporain Laurent Petitgirard. Son propos s'applique cependant tout à fait au processus d'écriture. J'imagine que certaines grenouilles, trop modestes ou encore incertaines de leur talent, auront du mal à se reconnaître derrière le vocabulaire "art" (surtout dans nos "mauvais genres" littéraires ; j'ai déjà remarqué que certains ici font un complexe d'infériorité par rapport à la "Grande Littérature"). Mais même si ses considérations peuvent paraître un peu grandiloquentes à première vue, j'ai trouvé que ce compositeur, qui parle manifestement d'expérience, sonne juste.

Bonne lecture !!

Re: Quand le doute est créateur

Posté : mer. oct. 27, 2010 9:04 pm
par Elikya
J'ai bien aimé cet article. :merci:

Je trouve que la phrase suivante me correspond bien :
On peut douter de ce que l'on va écrire sans douter du fait que l'on doive l'écrire.

Re: Quand le doute est créateur

Posté : mer. oct. 27, 2010 9:16 pm
par Tristane Suzette
:merci: Axo

Moi j'ai bien aimé cette phrase-ci, aussi :
L'existence d'un matériau de base (le modèle, l'argument, le programme, le livret), souvent imposé dans le cadre d'une commande, ne diminue pas l'intensité du doute, mais le déplace dans la forme et dans le temps.

Re: Quand le doute est créateur

Posté : mer. oct. 27, 2010 9:23 pm
par Celia
Axolotl-a-besicles a écrit :(surtout dans nos "mauvais genres" littéraires ; j'ai déjà remarqué que certains ici font un complexe d'infériorité par rapport à la "Grande Littérature")
Ah bon ? ^^;

Re: Quand le doute est créateur

Posté : mer. oct. 27, 2010 9:32 pm
par Feldo
Merci pour l'article. :)
Celia a écrit :
Axolotl-a-besicles a écrit :(surtout dans nos "mauvais genres" littéraires ; j'ai déjà remarqué que certains ici font un complexe d'infériorité par rapport à la "Grande Littérature")
Ah bon ? ^^;
Ce n'est pas plutôt l'inverse, par ici ? ^^ (si tant est qu'on peut parler de complexe...)

Re: Quand le doute est créateur

Posté : mer. oct. 27, 2010 10:01 pm
par Axolotl-a-besicles
Merci pour vos mercis, je me disais bien que ça pouvait intéresser quelques batraciens.

Sur le complexe d'infériorité : je ne sais plus quelles grenouilles j'ai entendu dire ou vu écrire "ce que je fais, ce n'est pas de l'art, j'écris, c'est tout, et je n'oserais pas me comparer à des auteurs que j'admire ou à des ouvrages que j'estime plus ambitieux que les miens"... (sens auquel j'employais "Grande Littérature" ; je dis "blanche" si je veux parler du dernier Houellebecq ou Nothomb) J'ai toujours envie de répondre : "Et tu fais quoi, alors, si c'est pas de l'art ??" Je ne comprends pas la modestie mal placée.
Par contre, Feldo, tu as raison : moi aussi, je trouve que nos "mauvais genres" sont "plus littéraires" que ce que fait la blanche... Mais il s'agit là d'une conception de la littérature parmi d'autres ; la seule règle qui règne en ces terres de papier étant la liberté.

Sur ces considérations :tournee:

Re: Quand le doute est créateur

Posté : mer. oct. 27, 2010 10:17 pm
par Pandora
Très chouette, :merci: Axo

Re: Quand le doute est créateur

Posté : jeu. oct. 28, 2010 5:13 am
par Macada
:merci: Axo. Très intéressant.

Re: Quand le doute est créateur

Posté : jeu. oct. 28, 2010 7:46 am
par Isa S
Merci Axo! C'est une lecture fort intéressante.
Axolotl-a-besicles a écrit : je ne sais plus quelles grenouilles j'ai entendu dire ou vu écrire "ce que je fais, ce n'est pas de l'art, j'écris, c'est tout, et je n'oserais pas me comparer à des auteurs que j'admire ou à des ouvrages que j'estime plus ambitieux que les miens"... (sens auquel j'employais "Grande Littérature" ; je dis "blanche" si je veux parler du dernier Houellebecq ou Nothomb) J'ai toujours envie de répondre : "Et tu fais quoi, alors, si c'est pas de l'art ??"
C'est marrant parce que je me reconnais tout à fait dans les grenouilles "au complexe d'infériorité". Je n'ai pas l'impression de faire de l'art, mais de l'artisanat. Et je ne pense pas que soit lié au différend genre / blanche (parce que je suis d'accord avec vous, la blanche que j'ai pu lire récemment... bof, bof le niveau littéraire), mais plutôt à la portée du message de l'oeuvre.
En y réfléchissant, je me rends compte que ma posture "ce n'est pas de la Vraie Littérature, je n'ai pas de message à faire passer, juste des histoires à raconter" me permet de faire baisser la pression, et de limiter le doute premier dont il est question dans l'article, celui de la page blanche. Après tout, s'il n'y a pas de Message, si ce n'est pas de l'Art, c'est pas grave si j'y vais sans trop savoir où je vais, non? Ce n'est pas ce qui va m'empêcher, une fois l'histoire sortie, de la tourner dans tous les sens pour la polir et en faire un bel objet... Oui, c'est peut-être un complexe d'infériorité, finalement. Faudrait que j'en parle à ma psy.
En tout cas merci encore, Axolotl, pour ces pistes de réflexion.

Re: Quand le doute est créateur

Posté : jeu. oct. 28, 2010 9:47 am
par Malka
:merci: Très intéressant !

Re: Quand le doute est créateur

Posté : jeu. oct. 28, 2010 10:39 am
par desienne
Il n'y a guère qu'en Europe et surtout en France, que la SFF est considérée comme une sous-littérature pour geeks ou ados pré-pubères et décérébrés ou d'adultes irresponsables qui refusent de grandir, nourris à la télé réalité et aux séries US (bon, en même temps les séries françaises hein...).
Bref...
Quant au doute, il fait partie intégrante du processus, pas de doutes, pas de questions, pas de grattage, pas de nouvelles pistes, pas d'œuvre. Le doute va avec la liberté. On est libre, on peut écrire ce que l'on veut sur la feuille blanche, mais quoi ? La liberté s'accompagne du doute et le doute nous questionne en retour. Notre liberté d'écrire renvoie-t-elle à ce que nous sommes et c'est ainsi que le doute s'étale comme de l'eau sur le buvard de notre assurance ?
La boucle est bouclée ?

Bon, en même temps, comme disait mon prof de chimie : "Rien ne se perd, rien ne se créer, tout se transforme".
J'en conclus que l'écriture est un processus de transformation.

Re: Quand le doute est créateur

Posté : jeu. oct. 28, 2010 3:57 pm
par Iluinar
desienne a écrit :Bon, en même temps, comme disait mon prof de chimie : "Rien ne se perd, rien ne se créer, tout se transforme".
T'as été élève de Lavoisier ?

Je te croyais plus jeune que ça ^^

Re: Quand le doute est créateur

Posté : jeu. oct. 28, 2010 5:05 pm
par desienne
:P non... J'avais aussi une autre prof qui disait, avec sa voix haut perchée, en écrivant le bilan au tableau : "La réaction est totaaaaaaaaaaaale !"
C'est resté longtemps ;-)
On appelait madame totaaaaale.

Re: Quand le doute est créateur

Posté : ven. oct. 29, 2010 9:52 am
par Mélanie
:merci: Axolotl !

J'en connais d'autres qui disent que la contrainte est créatrice.
Le doute, la contrainte... :( Bon, puisque c'est pour notre bien.

Re: Quand le doute est créateur

Posté : ven. oct. 29, 2010 10:05 am
par anonymetrois
Mélanie a écrit :J'en connais d'autres qui disent que la contrainte est créatrice.
Les Oulipiens, par exemple ?

Définition : "rats qui construisent eux-mêmes le labyrinthe dont ils se proposent de sortir". ^^

Il est vrai qu'à de rares exceptions près, on se trouve plutôt dans l'exercice de style que dans la fiction à proprement parler. Quoique les Exercices de style, ceux de Queneau, offraient une lecture assez jouissive.