nothoi a écrit :mais moi et les alleles, homozigotes et compagnie, ça fait 2 ou plus (raison pour laquelle je me suis permis de mettre la question dans la mare à l'origine). Question : si mes extraterrestres se sont crashés sur une planète avec un vaisseau spatiale, au vu de ce que je comprends de l'article, le nombre d'individus de ma petite colonie n'influera pas vraiment sur la diversité génétique parce qu'ils proviennent tous d'une ou plusieurs familles ? C'est bien ça ou je suis complètement à côté de la plaque ?
On peut dire qu'un allèle est une "version" de gène (version "bleue" pour le gène de la couleur des yeux). Un gène va par paire : il a deux allèles. Si les allèles sont identiques (portent le même caractère, par exemple celui des yeux bleus), le gène est dit homozygote.
Pour répondre à ta question, non tu n'es pas à côté de la plaque, mais à condition qu'ils proviennent de plusieurs familles. S'ils proviennent de la même famille, c'est plus compliqué, mais 10000 individus ce serait une grosse famille
PS pour ceux que ça intéresse, l'article (dont je suis incapable d'évaluer la qualité scientifique intrinsèque) évalue le MVP à :
Based on molecular population theory, the implication is that humans have an effective population size in the order of tens of thousands of individuals.
L'article que tu cites, même s'il ne vient pas à proprement parler d'une revue Nature, reste néanmoins édité par Nature Education : sans être du domaine, on peut affirmer que la "qualité scientifique intrinsèque" est très bonne.
Comme tu le mentionnes, l'article dit qu'on peut considérer la population humaine comme une population de quelques dizaines de milliers d'individus, génétiquement parlant (même si on est plus de 6 milliards).
Mais attention, ça veut dire que ta population de 10000 individus est susceptible de représenter une diversité génétique moindre, également. Mais ce n'est pas grave.
La consanguinité, si elle double le risque d'anomalie congénitale, le fait passer de 3% (géniteurs non apparentés) à 6% (parents cousins).
Ce n'est pas négligeable, loin de là, mais pas de catastrophisme : tu ne vas pas te retrouver avec 50% de la population avec cinq jambes, 3 bras et un œil pour autant.
Ce type de problème se pose beaucoup dans le domaine de réintroduction d'espèces en milieu naturel.
L'
article suivant explique que le risque d'extinction (par stochasticité démographique) est quasi nul à partir de 25 individus.
Le chiffre de 50 (que l'on retrouve souvent dans d'autres publis) est souvent avancé comme minimal pour contrer le phénomène.
Mais c'est plus dû au très faible nombre d'individus et à leur taux de mortalité qu'à des problèmes génétiques (qui n'ont pas le temps d'apparaître, en fait).
La dépression de consanguinité, elle, nécessite un minimum de 500 individus pour que la population soit viable.
En deçà, le risque de dépression génétique est trop élevé : en gros, les allèles récessifs désavantageux, voire létaux, on plus de chance d'être conservés, d'affaiblir les individus, donc la population.
Tout dépend de la population initiale.
Par exemple, si l'allèle des yeux bleus (récessif) est très présent dans la population initiale, à terme les descendants risques d'avoir tous les yeux bleus : les yeux noirs, marrons, gris, verts auront disparus, mais c'est pas un problème.
Si c'est l'allèle de la mucoviscidose (récessif également) qui est très présent, le risque pour la population est létal.
Pour lutter contre ça, le seuil est donc à 500 : avec 10000 tu es bon.
La perte de diversité génétique devient gênante sous 5000 individus.
Attention, ça ne signifie pas que les populations futures développeront des anomalies génétiques : la population est saine, mais moins encline à pouvoir s'adapter à l'environnement.
C'est donc un facteur qui peut avoir un impact sur le (très) long terme.
Par exemple, si tu n'as que 1% de la population qui court vite, et qu'il faut pouvoir échapper à des prédateurs, la survie de la population est menacée en dessous de 5000 individus.
Conclusion : avec tes 10000 gugusses, selon les articles cités, tu peux faire face aux trois risques