La mare aux nénuphars

Je pense que j'écris surtout parce que quand je lis/vois des trucs j'ai pas mal tendance à me dire «ouah, c'est bien, mais ce serait cool si la fin était pas comme ça et si l'héroïne était moins gnan-gnan et si ...» et que à force du coup j'ai envie de réaliser mes propres histoires, et, ben, l'écriture c'est quand même plus faisable quand t'es seule et sans fric que le cinéma ou les séries télés Donc je pense que je suis plus dans la catégorie «écrire les histoires que je voudrais lire», même si en pratique le résultat est pas forcément le truc espéré...

Après je pense que ce qui m'a l'air de rien vachement encouragé à écrire plutôt que de garder pour moi, c'est que depuis que je suis gosse j'aimais bien me raconter des histoires et vivre dans d'autres mondes que la réalité chiante, et qu'à un moment dans la vie y'a des gens qui m'ont fait «comprendre» que ce n'était plus l'âge et que c'était pas normal, et du coup j'ai vachement intériorisé qu'écrire les histoires que je me raconte ça fait la différence entre «avoir un loisir créatif» (qui est relativement «normal») et «avoir des ami-e-s imaginaires à un âge avancé» (qui fait déjà un peu passer dans la catégorie «cinglée»)...

Pour pouvoir lire (et éventuellement faire lire) les histoires que je ne lirais jamais ailleurs...

J'écris avant tout pour moi, parce que par moment c'est un excellent exutoire, parce que ça me permet tout simplement de me retrouver dans un nouveau "chez moi" (mon Dieu à me lire qu'est-ce que ça fait cliché).
Bref, je prends mon petit plaisir personnel à écrire, et à me relire, quand je suis contente de certains textes.

Mais j'avoue aussi que j'adore écrire pour les autres
Bon pas "tout" les autres, mais quand on me dis qu'on adore telle ou telle scène, ou qu'on veut la suite ça me fait un plaisir fou ! Si c'est l'inverse, et bien je reprends mon clavier (après je serais certaine que mon texte aura gagner en qualité, ce qui est aussi bénéfique !)

Après j'écris aussi dans l'optique d'apporter le sourire aux lèvres du lecteur. Je m'explique, je n'ai jamais été drame ou tragédie grecque, je préfère rester dans le positif (en gros j'aime pas quand ça finis mallllll )

J'ai beaucoup aimé lire vos réponses : ça change des forums d'écriture où on vous sort des raisons pseudo-fumeuses sur les concepts littéraires, des "j'écris pour exprimer mes sentiments" ou alors des "j'écris parce que c'est plus fort que moi, c'est ma raison de vivre et mon ADN a été modifié dans mon berceau pour cela/et les Muses viennent me tirer du sommeil chaque nuit pour que j'écrive un chef-d'oeuvre" (oui, bon, je caricature, mais c'est tout de même l'effet que me font certaines réponses lues sur le net )



Je suis donc contente de me retrouver dans vos réponses :
- j'écris pour m'amuser
- j'écris avec la seule prétention de raconter une histoire et de distraire un éventuel lecteur

Bon, après, y a toutes sortes de raisons psychologiques qui entrent en jeu (une tendance à être bavarde, l'impression agaçante que pour me débarrasser d'une histoire inventée, pour qu'elle passe de l'exaspérante catégorie "à faire" à la reposante catégorie "ouh, une bonne chose de finie", il faut que je la rédige...).
Et puis pour une raison un peu bizarre... je sais pas si ça vous le fait... Quand je m'invente une histoire, que je la retravaille dans ma tête pour rendre quelque chose de potable, je commence à m'y attacher. Comme on s'attacherait à un objet quotidien qu'on aime bien (son marque-pages, son ordi, enfin ce genre de choses, je sais pas. Ça vous le fait pas ?). Et du coup, je l'écris pour... lui permettre d'exister. Du coup je suis contente quand plusieurs personnes la lise : ma petite histoire a réussi à laisser une trace, une minuscule trace, chez les gens. Et je m'en fiche que cette histoire soit de moi, c'est pas moi qui laisse une trace ; je veux dire que ça n'a rien avoir avec la volonté de passer à la postérité. Mais il devient important, pour moi, de savoir que cette fragile émanation de l'imagination, ce petit bout d'histoire qui n'a aucune réalité, aucun support pour exister matériellement, existe, d'une certaine façon. A partir du moment où elle est lue, même is elle est oubliée ensuite par le lecteur, elle a laissé une minuscule trace...
Ça rejoint un peu ce que nous avait dit notre prof de litté quand on étudiait Ronsard : son texte a été écrit il y a des centaines d'années, et c'est nous, lecteurs, qui en le lisant sommes les garants de son existence, de sa préservation...



Et puis de toute façon, j'aime pas dire "j'écris". J'écris des histoires[i/] : je n'ai pas de prétention littéraire, mon but ultime est que mon lecteur passe un bon moment en lisant, de la même façon que j'aurai passé un bon moment en écrivant...
Du coup, pour répondre plus précisément au message initial, raconter une histoire implique de faire passer des émotions au lecteur, de l'intéresser, de lui fournir des personnages qu'il aimera bien, etc. Mais ce sont, sinon des moyens, du moins des conséquences du fait de raconter une histoire. Or, c'est bien raconter cette histoire, l'objectif principal, il me semble...

Milora a écrit :J'ai beaucoup aimé lire vos réponses : ça change des forums d'écriture où on vous sort des raisons pseudo-fumeuses sur les concepts littéraires, des "j'écris pour exprimer mes sentiments" ou alors des "j'écris parce que c'est plus fort que moi, c'est ma raison de vivre et mon ADN a été modifié dans mon berceau pour cela/et les Muses viennent me tirer du sommeil chaque nuit pour que j'écrive un chef-d'oeuvre" (oui, bon, je caricature, mais c'est tout de même l'effet que me font certaines réponses lues sur le net )

Ah ben tiens ça me dit quelque chose ce genre de réponse
Le plus frustrant c'est que ce genre de personne va jusqu'à critiquer ta propre manière d'écrire parce que selon elle il n'y a qu'une seule manière (la sienne bien sûr ) ; se laisser bercer par le flot insouciant de son imagination...
Perso j'appelle ça "le syndrome de l'artiste"

Et puis pour une raison un peu bizarre... je sais pas si ça vous le fait... Quand je m'invente une histoire, que je la retravaille dans ma tête pour rendre quelque chose de potable, je commence à m'y attacher. Comme on s'attacherait à un objet quotidien qu'on aime bien (son marque-pages, son ordi, enfin ce genre de choses, je sais pas. Ça vous le fait pas ?).

Ca me fait ça, mais généralement en ce qui concerne mes personnages. C'est pour ça que j'ai un mal fou à les imaginer se faire torturer, voir même tuer...
Je conçois d'ailleurs que j'ai volontiers un problème avec le fait de tuer un de mes chéris. Un jour il faudrait que j'essaye. Peut-être.

Super toutes vos réponses à ce post! Chacun a ses propres raisons mais toutes sont aussi bonnes les unes que les autres.

Pour ma part, j'ai commencé à écrire non pas pour l'écriture elle-même (la technique, la conjugaison...) mais simplement parce que c'était le seul moyen en ma possession de raconter des histoires ou tout est possible.
- Faire un film, il faut du matériel, des acteurs, et encore on ne peut pas tout faire a moins d'avoir des millions d'euros de budget.
- Une bande-dessinée ou un manga, je ne sais pas dessiner

Ecrire, la seule technique qui nous permette d'avoir des pouvoirs magiques, de faire des batailles médiévales titanesques, de faire exploser des vaisseaux spatiaux sans dépenser un centime, la liberté totale...

Sinon quand j'imagine je cherche à inventer des histoires qui soit agréables, dans lesquelles on se plonge, et qui fassent éprouver des émotions. Un peu comme nous tous quoi, même si pour ça il faut beaucoup s'entraîner, se faire relire et que même avec ça, c'est vraiment difficile

Enfin, en gardant à l'esprit que même si mon histoire ne devient jamais un chef d'œuvre plébiscité par le public, je me serais au moins amusé en l'écrivant.
C'est déjà ça

Je serais tentée de dire que j'écris parce que je n'ai pas le choix. J'ai une Muse hyperactive, qui se transforme en petite peste si je ne la contente pas. Ce qui explique mes looongues périodes d'inactivité littéraire - quand j'essaie de lui résister - avec des moments où j'aligne les mots. (Oui, on se donne les excuses qu'on peut )
Donc, avec Muse toujours éveillée, difficile de résister à l'envie de coucher sur papier les histoires qu'elle me souffle.
Forcément, ce n'est pas un pensum ni une torture d'écrire. Je suis souvent plus relax, plus calme après une bonne séance d'écriture. Et puis, c'est une grande source d'amusement (bon, quand vient la relecture le côté fun est moins présent) mais je suis toujorus étonnée de voir ce que donner libre cours à son imagination peut donner !

'ai une Muse hyperactive, qui se transforme en petite peste si je ne la contente pas.

au club ! Ces petites bêtes se montrent si capricieuses, parfois !

Tout d'abord, j'écris pour m'amuser, parce que j'adore créer des mondes, des histoires et des personnages et j'adore encore plus les mettre en scène, détailler, inventer des trucs inutiles, etc.

Après, pourquoi écrire un roman/une nouvelle ? Pour ma part, c'est un peu la même chose que lorsque je regarde un bon film...je veux absolument que ceux que je connais le regardent aussi pour que je puisse ensuite partager mes impressions. C'est exactement pareil pour mon roman : tout est quelque part dans ma tête, mais ça ne me suffit pas, je veux partager.
Je pourrais tout aussi bien faire un film/manga/jeu vidéo si j'avais la moindre connaissance dans ces domaines.

elea a écrit :C'est exactement pareil pour mon roman : tout est quelque part dans ma tête, mais ça ne me suffit pas, je veux partager.

C'est très vrai Et je crois que c'est important de le réaliser, de l'assumer, il y a quelque part un but de communication, de partage (de reconnaissance d'autrui ?)

Pour ma part j'ai l'impression que mes personnages ne prennent vie que lorsque ce sont les autres qui m'en parlent, quand des lecteurs m'apportent leur ressenti

J'ajouterai que j'écris avec la quête de vraiment cerner qui sont mes héros. En faisant cela, il y a indirectement un travail d'introspection. On en apprend plus sur soi-même, et du coup, sur les autres ?

Pour ma part, j'ai commencé à écrire non pas pour l'écriture elle-même (la technique, la conjugaison...) mais simplement parce que c'était le seul moyen en ma possession de raconter des histoires ou tout est possible.
- Faire un film, il faut du matériel, des acteurs, et encore on ne peut pas tout faire a moins d'avoir des millions d'euros de budget.
- Une bande-dessinée ou un manga, je ne sais pas dessiner

Je me reconnais dans cette description ! J'avais oublié, mais quand j'étais petite, c'est vrai que je voulais être réalisatrice, pour pouvoir mettre en image les histoires que j'inventais. Mais, assez vite, j'ai décidé que c'était casse-pieds parce que les acteurs allaient jouer le rôle à leur façon, et que je ne pourrais pas tout faire comme dans ma tête, alors j'ai abandonné l'idée

elea a écrit : Pour ma part, c'est un peu la même chose que lorsque je regarde un bon film...je veux absolument que ceux que je connais le regardent aussi pour que je puisse ensuite partager mes impressions. C'est exactement pareil pour mon roman : tout est quelque part dans ma tête, mais ça ne me suffit pas, je veux partager.

C'est exactement ça !

Milora a écrit :Et puis pour une raison un peu bizarre... je sais pas si ça vous le fait... Quand je m'invente une histoire, que je la retravaille dans ma tête pour rendre quelque chose de potable, je commence à m'y attacher. Comme on s'attacherait à un objet quotidien qu'on aime bien (son marque-pages, son ordi, enfin ce genre de choses, je sais pas. Ça vous le fait pas ?). Et du coup, je l'écris pour... lui permettre d'exister.

C'est exactement ça ! Ecrire est un moyen de partager, mais c'est avant tout un moyen de faire exister ces mondes, personnages et intrigues que j'ai inventé !
Une fois qu'ils sont sur le papier, ils acquièrent leur vie propre, j'ai fini mon travail et ils n'ont plus besoin de moi pour exister. Je saurais pas dire pourquoi, mais c'est ce qui me fait vraiment plaisir.

Personnellement, j'écris parce que je réfléchis tellement à l'histoire que je ne peux plus penser à autre chose, mais aussi parce que ça m'amuse beaucoup. Créer des mondes et des personnages, les voir prendre vie, c'est quand même quelque chose de très sympathique!
Et, d'un point de vue accessoire, c'est un excellent exutoire. Je profite de mes écrits pour me défouler un peu, et je me sens généralement plus calme après.

Sinon, au niveau de l'objectif, je cherche à véhiculer des émotions et parfois à donner une perception personnelle sur certains sujets qui me tiennent particulièrement à cœur.

Moi, j'aime bien la relation qui se noue entre l'auteur et son personnage. Je crois que j'écris pour mes personnages.

+1 pour Mélanie, je finis par jouer avec mes personnages, j'aime bien leur faire plaisir en les mettant ensemble, ou les faire mûrir à travers la douleur... Pour ne citer que les clichés