[A] Faire des sous-entendus

[AngeDechu]

Oh, je voulais dire, quelles sont vos méthodes lorsque vous voulez sous-entendre quelque chose dans votre oeuvre ? (Il y en a bien sur plusieurs)

Un exemple de méthode ''publiée'' (j'aimerais mieux qu'on discute de comment on fait dans nos textes, mais je ne veux pas avoir l'air de ''ploguer'' mes affaires) est dans le Comte de Monte Cristo. Quand le Comte manipule la femme de Villefort pour lui faire empoisonner Valentine...c'est pas très subtil, mais c'est efficace pas à peu près pour sous entendre le plan de vengeance du Comte...

[AngeDechu]

Je crois que je comprends à cause de mon habitude à trop sous-entendre, justement.
Mais j'ai du mal à saisir ta problématique. Tu demande comment on s'en sort pour montrer que le grand Machin, par exemple Héros de son état (ou toute autre chose), va sombrer dans les ténèbres avant même qu'il ne commence à agir en grand Méchant ?

Oui, c'est ça que je voulais dire. Mais le héros qui sombre du coté obscur, c'est un exemple de chose qu'on veut sous-entendre: il y a plein de choses qu'on peut vouloir sous entendre, comme le fait que la loyauté de quelqu'un vacille, une attirance pour un autre personnage...

[Booz]

Quand le Comte manipule la femme de Villefort pour lui faire empoisonner Valentine...c'est pas très subtil, mais c'est efficace pas à peu près pour sous entendre le plan de vengeance du Comte...

Dans ce cas-là, je ne considère pas cela comme un sous-entendu, puisque le lecteur sait qu'il s'agit d'une histoire de vengeance donc il y a une montée de la tension mais pas une révélation sur l’intrigue.
Pour ma part, sous-entendre, n'est pas le bon terme car il peut être faux, c'est à dire qu'un sous-entendu peut mener vers une mauvaise piste. C’est d’ailleurs l’une de mes méthodes préférées pour tromper le lecteur. Encore une fois, tout dépend du niveau auquel on place le sous-entendu : est-il là pour le lecteur ou pour l'avancée de l'intrigue ?
Dans mon projet actuel, le sous-entendu principal commence dès le titre et continue tout le long, mais il mène vers une fausse piste (autant le lecteur que les personnages secondaires) alors que les indices disséminés au long du texte mènent à la vérité

[Siana]

Je vois.

Et je pense que ça dépend des cas. Il y a toujours des trucs qu'on veut davantage sous-entendre que d'autre, ou qu'on veut sous-entendre avec plus de force. Ça dépend avant tout des informations distillées et de la façon de les distiller, ainsi que du but désiré.
Par exemple (enfin, je ne sais pas encore si le sous-entendu fonctionne), l'un de mes personnages a une tendance suicidaire, mais je ne l'affiche pas. J'ai préféré le laisser entendre par son caractère (prise de risque semi inconsciente et hypersensibilité retenue), ses pensées et ses décisions. Par exemple, alors que le personnage tente une projection astrale (exercice difficile qui est suivi par un professeur au début) il se laisse aller trop loin au risque d'en mourir. Et il fait cela à la fois inconsciemment et consciemment, quelque part. C'est une volonté profonde.
Mais à aucun moment je ne dis noir sur blanc que ce personnage est suicidaire (du moins, pas avait qu'il y en ait besoin). Je montre son mal-être et l'évolution de celui-ci.
Un autre exemple une autre fois si ça me vient en tête.

[Booz]

Mais à aucun moment je ne dis noir sur blanc que ce personnage est suicidaire (du moins, pas avait qu'il y en ait besoin).

Je te suis sur l'idée qu'il ne faut pas tout dire tout de suite et lever le voile uniquement lorsque cela devient nécessaire dans le récit. Mais tu sous-entends son désir de suicide pour renseigner le lecteur, les personnages ou bien les deux ?

[Celia]

En fait tout ça se résume à définir le "show don't tell" non ?
Ne pas dire tout, mais montrer, par petites touches, puis de plus en plus jusqu'à la révélation finale !

[Mitsu]

Ne pas dire tout, mais montrer, par petites touches, puis de plus en plus jusqu'à la révélation finale !

En somme, c'est de l'écriture impressionniste !

[Celia]

J'espère pas quand même (je ne suis pas super méga fan de l'impressionnisme, oui, malgré les nénuphars)

[Mitsu]

C'était pour le côté "petites touches" qui, regardées une à une, ne paraissent pas représenter quelque chose de précis, mais qui révèlent toutes ensembles un paysage complet lorsque le tableau est fini.

Je suis incomprise...

[Celia]

J'avais bien compris, ne t'inquiète pas ^o^
On pourrait parler de pointillisme aussi, qui va encore plus loin que l'impressionnisme.
Ceci dit on pourrait parler de peinture, quand on voit que partant de pigments écrasés par de jeunes apprentis on arrive à la Chapelle Sixtine *-*

[Siana]

Mais à aucun moment je ne dis noir sur blanc que ce personnage est suicidaire (du moins, pas avait qu'il y en ait besoin).

Je te suis sur l'idée qu'il ne faut pas tout dire tout de suite et lever le voile uniquement lorsque cela devient nécessaire dans le récit. Mais tu sous-entends son désir de suicide pour renseigner le lecteur, les personnages ou bien les deux ?

Un peu des deux. Mais d'abord le lecteur, car les autres personnages ne peuvent pas suivre les introspection de celui-là. Enfin, les autres finissent tout de même par se rendre compte du malaise et ils poussent mon personnage à avouer son mal-être (ce qui est une occasion de lever le voile sur le pourquoi du comment sans pour autant trouver une solution).

[Booz]

En fait tout ça se résume à définir le "show don't tell" non ?
Ne pas dire tout, mais montrer, par petites touches, puis de plus en plus jusqu'à la révélation finale !

Moi j'aurais dis que le "show don't tell" était d'avantage lié à une tendance qu'ont certains auteurs à expliquer l'intrigue au lieu de lui donner un souffle de vie. Je trouve que le sous-entendu est d'avantage lié à une nuance dans le "show" : semer des petits cailloux dans le roman pour arriver au "show" final.

(Tiens Mitsu, moi j'ai préféré les petits cailloux).

Je pense qu'on peut aussi employer les sous-entendus pour appuyer le "show" et accentuer une idée.

[Celia]

Subtilité !
Voilà le mot que je cherche depuis deux heures !
Il faut être subtil.

[Siana]

D'accord avec Booz !
Edit : Et avec Celia aussi !

Un sous-entendu ça n'arrive pas à pas d'éléphant. Au mieux, c'est glissé adroitement ou suggéré.

[Mitsu]

Petits cailloux ou peinture, on tient bien la même idée !
Le tout est de ne pas utiliser de grosses pierres ni de faire des pâtés. Rien de plus frustrant lorsqu'on lit un livre de deviner la fin alors qu'on en n'est qu'au milieu. Et au contraire, rien de plus agréable que de découvrir qu'on s'est fourvoyé tout le long de l'intrigue, mais qu'en réfléchissant bien, on aurait pu reconstituer le puzzle !

EDIT: Ah, bah on m'a devancée.

[HS]Oh, et tu as lu le roman de Maïa Mazaurette. J'en ai eu de très mauvais échos, donc j'ai gardé mes sous, mais je lis régulièrement son blog croustillant ![/HS]