[A] "Placement de produits" et références à des marques

[Booz]

Tout d'abord :
pour ta signature Dawood.

Ensuite, pour rester dans le débat, les marques ne me dérangent pas si elles permettent à l'auteur d'offrir à son texte plus de réalisme, de l’ancrer dans une époque/un pays/un contexte… Poppy Z Brite, un auteur que j’admire, fait beaucoup de références à des marques alimentaires, automobiles, etc. dans ses romans sur deux cuisiniers de la Nouvelle Orléans. Et, parce que j'ai une culture américaine peu développée, ces références m'aident à m’immiscer dans le texte.

D'une manière générale, si un auteur américain fait ce genre de "placement de produit" cela ne me dérange pas mais s'il s'agit d'un auteur français, j'ai d'avantage de mal, peut-être parce que je n'ai pas besoin de m'imprégner de la culture française. Bref je reste perplexe sur le sujet.

Concernant les référence, il s'agit pour moi de tout autre chose : j'aime les références, j'adore tomber dessus mais seulement lorsqu'elles sont subtiles. C'est presque comme partager un secret avec l'auteur, comprendre le double-sens d'une phrase, d'une situation, d'un personnage, c'est découvrir un trésor caché (et j'adooore les chasses au trésor !). Du coup j’aime en mettre dans mes textes ; à tel point que ma dernière nouvelle repose essentiellement sur une référence. Si on la connaît/devine, la nouvelle prend plus de profondeur.

[Ellie]

Perso j'aime bien mettre des références, y compris très explicitées (quand j'écris du contemporain, ce qui est le cas en ce moment, c'est plus chaud pour la Fantasy ou la SF ou ce sera plus implicite, du coup). En dehors du fait que j'aime bien les références, je trouve que ça permet de situer les personnages : le fait que l'héroine soit fan de l'inspecteur Harry ça pose pas le même personnage que si elle citait Nietzche Et je trouve qu'en l'occurence c'est important que ce soit explicité pour que c'est clair que c'est le personnage qui choisit de faire une citation et pas moi en tant qu'auteure qui colle ça dans la bouche d'un personnage (je sais pas si c'est clair, mais ce que je veux dire, c'est que pour moi c'est pas pareil de présenter un vampire d'un bouquin de fantasy qui sort "je ne bois pas... de vin" (y'a une référence à Dracula, mais c'est l'auteur qui la fait, pas le personnage puisque Dracula n'existe pas dans son monde) et un vampire de bit-litt qui sort cette même phrase parce qu'il est fan du film et qu'il se prend pour un nouveau Dracula)

Pour les marques, j'évite d'en faire trop. Ca me gêne pas quand il y en a (je me rappelle de polars ou t'as la marque de chaque bagnole, le nom précis de chaque flingue, etc.), mais en tant qu'auteur je mets les marques que quand je trouve qu'il y a un intérêt réel : je trouve que ça apporte quelque chose que mon héroïne ait spécifiquement une Harley, une deux-chevaux, ou des Docs montantes parce que je pense qu'on visualise ce que ça peut être sans avoir à faire une description fastidieuse du type de moto, de bagnole ou de godasse, mais je vois pas l'intérêt de savoir si elle boit du Coca ou du Pepsi ou quelle marque de cigarettes elle fume (même si y'a sans doute des personnages pour qui ça aurait un intérêt de le préciser).

[Nyaoh]

Coucou, désolée d'avoir un peu abandonner le sujet que j'ai lancé à la base mais j'étais pas dans le coin ! Je pensais plutôt à ce genre de choses quand j'ai ouvert le sujet :

Ça me rappelle un livre que j'ai lu. Mais il n'était pas vraiment question de marques. Plutôt de paroles de chansons (des années 80 il me semble), d'extraits de livres (comme Tolkien) ou des répliques de séries TV (plutôt vieilles elles aussi). Et j'ai croisé de telles références dans la bouche d'un elfe dans Bienvenue en Otopia, roman de sf/fantasy qui se déroule en partie dans notre monde en 2021. Bon l'elfe en question vit dans notre monde et fait partie d'un groupe de musique donc on ne lui en voudra pas de reprendre de très vieilles chansons ni d'avoir une culture musicale... Mais croiser ce genre de référence presque toutes les deux pages en étant obligé de lire les notes de bas de page, c'était soulant au bout de quelques chapitres.

Je suis peut-être le seul, mais moi, ça m'a gêné. Je ne sais, pas ça me donne pas envie de croire à l'histoire... J'ai du mal à expliquer pourquoi, c'est peut-être un peu obtus de ma part, mais ce genre de référence à une oeuvre fantastique dans une autre... j'ai du mal. Ça m'a fait mauvaise impression...

Je me vois pas du tout (perso) dire "il monte dans sa volvo et branche son iphone en Bluetooth, pendant qu'il boit son coca zéro en fumant une malboro..." ça a aucun intérêt on a bien d'accord a part si c'est un parti prix à fond du livre. J'ai pas lu AMERICAN PSYCHO mais ça me fait un peu penser à COSMOPOLIS bref. Puis dans le genre ça alourdirait bien le récit. Sinon y a des cas comme site Ellie le nom des armes pourquoi pas, je m'en fous comme d'une guigne mais quand Anita Blake le fait ça me gène pas je passe dessus sans m'attarder.
Par contre c'est peut être personnel mais, dans MORDUE (aventure de Sarah Dearly) les références à buffy etc. ne manquent pas et ça me fait sourire à chaque fois c'est bien fait mais ça date le livre quelque part. L'auteur est fan de la série télé et s'en cache pas, quand on est dans le même... Délire allez, ça passe bien. Mais une jeune fille de 15, 16 ans Buffy ça doit lui passer au dessus ! Maintenant c'est VAMPIRE DIARIES ou je sais pas quoi. Je me dis que comme en témoigne Dawood, ça peut vraiment en gêner certains.
Je m'inquiète pas trop du côté réclamé d'argent avant que ça arrive... Les journalistes ou les émissions sont obligés de faire attention mais c'est un autre cadre comme vous l'avez bien dit.

Pour préciser un peu ma pensée !

[Mitsu]

Autant ça ne me dérange pas de voir une marque citée dans un roman - bien sûr, lorsque le contexte s'y prête - autant je suis incapable d'en insérer moi-même. Je fais parfois référence à des livres, des chansons, ou encore des films qui sont tombés dans le domaine classique, mais des marques ou même des séries, je ne pourrais pas.

C'est peut-être dû à mon amour des mots. Une marque, c'est laid, ça dénature le texte. Bien sûr, dans 99 francs ou dans American Psycho, aucun soucis, ça colle totalement à l'ambiance, mais sinon...

Après, il ne faut pas non plus tomber dans le ridicule pour éviter de citer une marque, elles apportent parfois un certain réalisme qui n'est pas forcément cynique. L'exemple de Coca est d'ailleurs très bon. Personne ne dira "un soda, s'il vous plaît", mais plutôt "un Coca" ou "un Orangina".

[arwen]

Oui, sauf que personnellement je trouve franchement pas intéressant de placer un dialogue du genre : "un coca s'il vous plait".
Pour moi, c'est typiquement le type de dialogue inutile qui n'apporte rien...
Mais bon j'ai une dent contre Coca, comme Mac Do ou Quick et cie. N'ont pas besoin d'un romancier bénévole pour se faire de la pub...

[Mitsu]

Oui, bon, c'était un exemple bidon. Ce que je veux dire, c'est que si je lisais "Il conduisait une grosse Mercedes noire" ou "Il conduisait une petite Peugeot rayée de toutes parts" dans un roman, ça ne me choquerait pas plus que ça.
Et comme dit plus haut, on ne peut pas vraiment appeler ça de la pub. Ce n'est pas une petite référence rapide au détour d'une phrase qui va pousser le lecteur à aller s'acheter une nouvelle voiture. Enfin, j'espère.

[Jo Ann v.]

Mitsu, je suis d'accord avec toi. On ne visualise pas un personnage de la même manière s'il "monte dans sa voiture et s'en va" que "il monte dans sa Peugeot qui tombe en morceaux". J'aime ces touches de réalisme, ça me dit que l'auteur a travaillé son personnage en profondeur. Si on pose une question "que boit ton héros ? Quelle voiture conduit-il ?" etc., on devrait pouvoir être capable de répondre sans hésiter (même si on ne le dit jamais dans l'histoire). C'est aussi peut-être parce que je suis visuelle. Quand je lis ou j'écris, je vois les scènes comme dans un film et j'ai besoin que ce soit réel (en littérature blanche, bien sûr).

[arwen]

Sauf si on s'en fout de quelle marque est la voiture... Franchement une renault ou une peugeot, c'est quoi la différence ? En quoi ça caractérise le personnage ? Sauf si c'est un mécano souffrant de racisme anti renault primaire...
Mercedes ? Ca changerait quoi si c'était BMW ? Une voiture allemande et on voit de quoi on parle.
Une twingo ? une voiture citadine, un pot de yaourt sur roues et on comprend !

Faut vraiment tomber dans le dodoche, la 4L ou la meary pour que je trouve que ça prenne un peu d'intérêt... Mais là, on dépasse le cadre de la marque, ce sont des objets avec une histoire, un symbolisme très riche. Alors que bon, une clio blanche...

J'suis p'tre intégriste, mais sauf énorme bonne raison de préciser, l'usage des marques m'énerve. Je vois assez de pub dans les revues, à la téloche, sur le bord des routes, pour m'en taper dans un roman...
Bon, j'suis un peu plus souple dans les romans étrangers où les marques font exotiques et ne ne se rattachent à rien ( mais du coup, elles perdent aussi tout intérêt, sauf de faire exotique à peu de frais... ).

Par contre les références culturelles, ça j'adore; J'adore King qui te cite des groupes de rock ricains absolument inconnus ici en France !

[macalys]

Mitsu, je suis d'accord avec toi. On ne visualise pas un personnage de la même manière s'il "monte dans sa voiture et s'en va" que "il monte dans sa Peugeot qui tombe en morceaux". J'aime ces touches de réalisme, ça me dit que l'auteur a travaillé son personnage en profondeur. Si on pose une question "que boit ton héros ? Quelle voiture conduit-il ?" etc., on devrait pouvoir être capable de répondre sans hésiter (même si on ne le dit jamais dans l'histoire). C'est aussi peut-être parce que je suis visuelle. Quand je lis ou j'écris, je vois les scènes comme dans un film et j'ai besoin que ce soit réel (en littérature blanche, bien sûr).

+1
Dans la vie, on se fait une idée (partielle) des gens aux marques qu'ils consomment ou aux voitures qu'ils conduisent, alors pourquoi pas dans les romans ?

Sinon, dans mes textes, j'aime bien faire référence à des oeuvres d'art, des romans ou des morceaux de musique, pourvu que ça serve l'histoire (mon roman est truffé de références de ce genre, et j'espère que ça passera bien, car ces références font partie de l'intrigue et je me vois mal les supprimer ou les remplacer par des références plus neutres...).

[blackwatch]

Une voiture allemande et on voit de quoi on parle.

Pas pour moi. Une Volkswagen ou une Opel n'est pas la même chose qu'une Mercedes. Ca ne suppose pas la même classe sociale ou les mêmes revenus pour un personnage. C'est le genre de détails qui peut faire toute la différence dans la caractérisation.
Je n'ai pas hésité à dire qu'un de mes persos roule en Bentley par exemple parce que ca donne bien plus la mesure de sa classe sociale que cinq lignes sur sa bagnole.

Je ne raffole pas des marques insérées dans un texte, néanmoins, je trouve que certaines peuvent être utiles. Elles peuvent donner du corps à un texte, l'ancrer plus solidement dans la réalité par exemple.

[arwen]

Sauf que la formule "voiture allemande" implique voiture "luxueuse"...
Mais bon, j'adhère pas franchement à la maxime "je consomme donc je suis". Perso, je me fous de savoir dans quelle bagnole mes amis, collègues roulent ou de quelle marque est leur caleçon... donc c'est pareil dans les romans. Je trouve ça superficiel. C'est un artifice à peu de frais pour faire réaliste, à mon avis. Excepté quelques situations où cela se justifie.
Puis bon réalisme, je veux bien, mais si vous lisez Mammouth dans un roman écrit dans les années 70, ça vous évoque quoi ?
Bon, ok, mauvais exemple, ça date le texte et ça fait historique...

Bentley ça a déjà une autre dimension. Comme dodoche .

[blackwatch]

Sauf que la formule "voiture allemande" implique voiture "luxueuse"...

Je roule en voiture allemande et elle n'est absolument pas luxueuse Donc yep c'est utile de le préciser pour moi Perso, ca ne me dérange pas de lire effectivement que le perso s'habille en caleçon Dim, qu'il roule en Peugeot et qu'il fume des Marlboro (pour autant que l'action se déroule dans notre monde).

[arwen]

Je parle de la formule consacrée, à ne pas prendre au pied de la lettre

[blackwatch]

Je parle de la formule consacrée, à ne pas prendre au pied de la lettre

Nous avons une vision différente de la chose alors

[Kira]

Je pense que ça dépend aussi des marques. Certaines sont tellement passées dans le langage courant que ça ferait artificiel d'essayer de les remplacer par autre chose, par exemple Coca-cola ou le Nutella (qu'on appelle comme ça même si ce n'est pas la marque, par exemple).

L'exemple des voitures est intéressant. Si je vous dis "voiture italienne" vous ne serez pas plus avancés. Si je vous dis "Fiat" ou "Ferrari" c'est tout de suite différent (bon, on peut aussi dire "pot de yaourt" ou "voiture de sport décapotable rouge"). A défaut d'autre chose, ça indique éventuellement le niveau de revenu du personnage.