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Re: Show, don't tell

Posté : jeu. mai 19, 2011 9:01 am
par Macada
A propos de "show" et "tell" et d'émotions

En reprenant l'exemple de Scipion :

Il était pétrifié (ça c'est du "show" pour moi) de terreur (et ça c'est du "tell").

Pour du pur "show" on aurait : Il était pétrifié et le contexte devrait permettre au lecteur de "ressentir" l'émotion associée (peur, surprise,...). Pour moi, si le contexte joue bien son rôle, il devient ici inutile et lourd de préciser "de terreur"

Du pur "tell" serait : Il était terrorisé. Si le contexte a permis au lecteur d'être dans la peau du personnage, cette phrase est une redondance de l'émotion. Selon le cas, c'est une redondance inutile et lourde, ou au contraire, elle insiste, multiplie la terreur.
Si le contexte ne permet pas au lecteur de ressentir le personnage, celui-ci reste distant, on note intellectuellement qu'il est terrorisé, on ne ressent pas le coeur qui bat, les muscles tétanisés,...

Autrement dit, pour moi le "show" permet au lecteur de s'identifier personnellement au personnage, tandis que le "tell" permet de garder ses distances.
Utiliser les 2 permet toute une gamme de nuances. Il y a des personnages avec lesquels le lecteur ne doit pas/n'a pas envie d'avoir trop d'empathie (ex : les méchants, les mystérieux). Il y a aussi des moments dans la vie d'un personnage qui n'ont pas à être partagés à 100% par le lecteur (ex : si la vrai douleur d'un décès devait être ressentie par le lecteur quand un héros de Fantasy perd un ami, ça deviendrait pesant au lecteur qui ne cherche que l'aventure)

Re: Show, don't tell

Posté : jeu. mai 19, 2011 9:39 am
par Scipion
Superbe exemple que cette différence "il était pétrifié" et "il était terrorisé".

Re: Show, don't tell

Posté : jeu. mai 19, 2011 10:17 am
par Pandora
Je suis peut-être HS mais tant pis
Est-ce que l'écriture behavioriste dont m'a parlé une bêta est l'équivalent du show don't tell ?
Je n'arrive pas à trouver des informations dessus

Et il me semble aussi que ce principe ne s'applique pas qu'aux perso mais aussi aux descriptions plus générales, même si point trop n'en faut non plus ^^

Re: Show, don't tell

Posté : jeu. mai 19, 2011 10:39 am
par Scipion
Pandora a écrit :l'écriture behavioriste
Kézako ? Une nouvelle secte ? ^^

Re: Show, don't tell

Posté : jeu. mai 19, 2011 3:10 pm
par Earane
Si c'est basé sur le même principe que le courant behavioriste de la psycho (et au vu du terme employé, j'en ai la nette impression), je dirais que oui.

Macada en exprime tout à fait l'essence. Et les deux exemples choisis sont particulièrement significatif.

Concernant le show et le tell, Tigrette, ce que tu avances concernant le "ouvrir la porte" ne tient pas. On n'est pas dans le même registre tout simplement. Je suis d'accord qu'il n'y a pas 50 manières de dire qu'il ouvre une porte. En revanche dire "il est énervé", ça c'est du tell. On ne montre pas quels sont ses "symptômes".

Re: Show, don't tell

Posté : jeu. mai 19, 2011 3:15 pm
par Iluinar
Même pour simplement ouvrir une porte, on peut en mettre un peu plus. On peut décrire la porte, l'entendre grincer. La poignée peut résister ou non. Même si ça n'amène rien à l'histoire en elle même, ça participe de l'ambiance, c'est ce qui différencie un texte littéraire d'un synopsis de cinéma.

Re: Show, don't tell

Posté : jeu. mai 19, 2011 3:42 pm
par Earane
Iluinar a écrit :Même pour simplement ouvrir une porte, on peut en mettre un peu plus. On peut décrire la porte, l'entendre grincer. La poignée peut résister ou non. Même si ça n'amène rien à l'histoire en elle même, ça participe de l'ambiance, c'est ce qui différencie un texte littéraire d'un synopsis de cinéma.
Tout à fait d'accord.

Re: Show, don't tell

Posté : jeu. mai 19, 2011 4:40 pm
par Siana
Iluinar a écrit :Même pour simplement ouvrir une porte, on peut en mettre un peu plus. On peut décrire la porte, l'entendre grincer. La poignée peut résister ou non. Même si ça n'amène rien à l'histoire en elle même, ça participe de l'ambiance, c'est ce qui différencie un texte littéraire d'un synopsis de cinéma.
Sauf si dans le film, la porte doit grincer pour apporter une atmosphère particulière. ^^

Re: Show, don't tell

Posté : jeu. mai 19, 2011 5:35 pm
par anonymetrois
Iluinar a écrit :Même pour simplement ouvrir une porte, on peut en mettre un peu plus. On peut décrire la porte, l'entendre grincer. La poignée peut résister ou non. Même si ça n'amène rien à l'histoire en elle même, ça participe de l'ambiance, c'est ce qui différencie un texte littéraire d'un synopsis de cinéma.
En y pensant, des portes mémorables, je peux en trouver quelques-unes...
"Parle, ami, et entre"
"Vous qui entrez ici, laissez toute espérance"
Excusez le HS.

Re: Show, don't tell

Posté : jeu. mai 19, 2011 5:40 pm
par Celia
On peut aussi laisser la porte fermée...

"Le Pays de Mordor est un grand vide stérile, un peu le symbole de cette campagne. Ils ne peuvent rien cultiver là-dedans. On met juste une petite cale en bois pour bloquer la porte, et on les laisse crever de faim"

Je vous rassure, il ne s'agit pas d'une citation de Tolkien ^^

Bon sur ce, je sors aussi..........

Re: Show, don't tell

Posté : jeu. mai 19, 2011 6:16 pm
par tigrette
Earane a écrit : Concernant le show et le tell, Tigrette, ce que tu avances concernant le "ouvrir la porte" ne tient pas. On n'est pas dans le même registre tout simplement. Je suis d'accord qu'il n'y a pas 50 manières de dire qu'il ouvre une porte. En revanche dire "il est énervé", ça c'est du tell. On ne montre pas quels sont ses "symptômes".
C'est exactement ce que je dis, on est d'accord, :) n'hésite pas à relire mon post.

Re: Show, don't tell

Posté : mar. mai 24, 2011 5:55 am
par Kaze
Un fil très intéressant, j'en ai appris de belles et du coup mon écriture va pouvoir bénéficier de vos conseils avisés pour bien évoluer.

:merci: à tous et à toutes.

Re: Show, don't tell

Posté : dim. mai 29, 2011 11:47 am
par Isaiah
Un truc que je repère assez souvent dans la catégorie "show, don't tell", c'est la redondance du show et du tell (parce qu'un peu de tell, parfois, c'est bien. Quand le tell se chevauche avec le show, on lit avec une impression de "déjà lu".
Robert s'insurgea contre le gouvernement.
- Non, le gouvernement ne peut pas augmenter les taxes ! C'est impossible ! On ne peut pas les laisser faire.
- Eh si, dit Louise. Il va falloir s'y faire.

Re: Show, don't tell

Posté : lun. mai 30, 2011 12:12 pm
par Siana
C'est là où il faut doser et éviter la répétition des informations.
Pour reprendre ton exemple en enlevant la répétition mais en gardant l'idée :
Robert serra les poings.
- Non, le gouvernement ne peut pas augmenter les taxes ! C'est impossible ! On ne peut pas les laisser faire.
- Eh si, dit Louise. Il va falloir s'y faire.
On montre une réaction physique puis on explicite en laissant le personnage exprimer son mécontentement. Et si sa réaction physique est assez claire, normalement on comprend sur quel ton il parle ensuite.

Après, ça dépend aussi de l'information. Parfois il est plus pertinent d'user du tell que du show, et inversement. Mais je pense qu'on ne peut pas en laisser un entièrement de côté sur un texte entier (nouvelle ou roman). On utilise forcément les deux sous peine d'en faire trop ou pas assez (mais pas forcément au même moment de l'histoire).

Re: Show, don't tell

Posté : lun. mai 30, 2011 2:39 pm
par Garg
En vous lisant, je me demande s'il n'y a pas un cas où le "show don't tell" ne l'emporte pas :
- en cas de narrateur au "je"

C'est tout de même le but de pouvoir, en introspection, donner plus de renseignements sur les sentiments.
Je pense que les sentiments complexes sont difficiles, voire impossible à faire passer sans un peu de "tell".

De même, si le narrateur écrit une lettre ou un journal, le talent de l'auteur ne sera pas de trop pour faire deviner ce qu'on ne peut montrer.

Du coup, les changements de narrateur au "je" ont une valeur spécifique (Robert au "je", puis Julia au "je", et de nouveau Robert au "je", etc.).

Enfin, certains gestes ou postures n'ont pas le même sens suivant la culture du lecteur. Sourire, pleurer, sont très ambivalents.

Mais, je suis d'accord que montrer fait travailler la faculté de jugement du lecteur, alors que lui dire, est simplement une énonciation monochrome (neutre).

Alors, il faut jongler avec les deux, à mon avis.