[A] Méthode et feeling

Sujets inactifs depuis un an ou plus
Avatar du membre
Beorn
Bond, Alexander Bond
Messages : 5623
Enregistré le : jeu. août 21, 2008 9:28 am
Rang special : L'avant-dernier des Mohicans
Contact :

Re: Méthode et feeling

Message par Beorn »

Milora a écrit :Oui oui mais je parlais pas vraiment de faire un plan ou pas Je faisais référence aux questions du genre "je dois introduire des personnages : comment les présenter ?". C'est pas le fait de faire un plan. On peut écrire au "feeling" tout en faisant un plan. C'est plutôt le fait de voir et de penser la méthode de ce qu'on écrit.
On peut faire un plan du type "Bidule se rappelle de son enfance maltraitée au pays des Tomates Carnivores, et ensuite elle va attaquer la forteresse dabolique qui les crée et se rendre contre que Machin, son ami d'enfance, a lui-même déjà mangé toutes les tomates mutantes pendant son absence". Je dirais que ça reste du "feeling" (du moins au sens où je l'ai employé). Ce que j'appellerais "méthode", du coup, ce serait, pour la même histoire, un plan du type : "Je présente le personnage principal, puis j'indique son passé par une transition au point de vue omniscient, ensuite il faut que j'amène une péripétie avec des actions brèves enchaînées à un rythme rapide pour la conduire jusqu'au noeud de l'intrigue, et ce faisant je dois introduire un personnage secondaire, Machin, qui sera son double en miroir. Pour cela je vais faire intervenir la technique des flash-backs, et ajouter de la nostalgie dans la narration, jusqu'à la scène finale des retrouvailles"
Ça rentre aussi dans la définition des "structurants" ?
^^
Je suppose.
En fait, tu distingues ici "plan détaillé" et "plan sommaire", non ?
Parce que dans un plan détaillé, effectivement, tu sais exactement où comment le flash-back et où finit l'action brève à rythme rapide, tu peut dire à la seconde près quand arrive le personnage miroir et tu as choisi depuis longtemps le point de vue omniscient (d'ailleurs, j'ai du mal à comprendre qu'on puisse vraiment changer de focalisation au cours d'un roman ? ça me parait difficile)

Mais avec cette distinction, tu ne fais que te promener sur avec tes pieds agiles sur la graaaande échelle qui va des structurants (plan hyper détaillé, fiches de personnages etc.) à celle des scripturants (pas de plan du tout, idées vagues et fil de la plume) ^^. C'est une échelle qui comporte une multitude de situations intermédiaires.
Site officiel
Bragelonne : Le 7ème Guerrier-Mage / Calame T1
Castelmore : Le jour où... / 14-14 / Un ogre en cavale / Lune rousse
Rageot : Le club des chasseurs de fantômes 1 et 2

Avatar du membre
Milora
Exploratrice de l'espace temps aux mille auras et psychopompe à ses heures perdues
Messages : 4965
Enregistré le : sam. déc. 18, 2010 8:58 pm
Rang special : Milosoupline
Localisation : Dans le Puits des Histoires Perdues

Re: Méthode et feeling

Message par Milora »

Beorn a écrit : En fait, tu distingues ici "plan détaillé" et "plan sommaire", non ?
Non, pas exactement... (pfiou, après 9h passées à relire un mémoire, on a un peu de mal à s'exprimer...) Je fais une distinction entre la position qu'on adopte par rapport au texte.
Dans le premier cas, on se positionne du point de vue de l'histoire, "à l'intérieur" de l'histoire. On va penser "Charles-Henri-Hubert se jette dans le vortex parce qu'il a peur d'être touché par l'explosion, et pendant ce temps, les armées adverses marchent sur la ville".
Dans le deuxième cas, on se positionne à l'extérieur de l'histoire, en décomposant en structure, en éléments et en méthodes. "le protagoniste, Charles-Henri-Hubert va déclencher la phase II du roman et pendant ce temps, je vais mettre un chekov gun pour lancer l'idée que la ville va être assiégée dans 3 chapitre"

Ce serait la même différence entre se dire :
- Je vais peindre une maison ! Là je vais y mettre de la vigne vierge au-dessus de la porte, ici je vais peindre le toit en rouge parce que ça rend bien. C'est calme comme ambiance... tiens ! J'y verrais bien un chat devant la porte ! (ce qui n'empêche pas qu'on peut tout à fait avoir visualisé le tableau dans sa tête avant de le peindre, comme on ferait un plan)

Et se dire :

- Je vais peindre une maison ! Je vais tracer des lignes de façon à ce que ça donne une impression de perspectives, qui va s'appuyer sur une ligne verticale, là : par exemple une vigne vierge. Comme je cherche à donner une tonalité chalereuse, je vais appliquer du rouge sur le toit, et il me faut ajouter de la vie pour que ce ne soit pas une nature morte et ainsi capter l'attention du lecteur. Un chat devant la porte.

Ce qui n'enlève rien à ce qu'il soit très possible que :
Mais avec cette distinction, tu ne fais que te promener sur avec tes pieds agiles sur la graaaande échelle qui va des structurants (plan hyper détaillé, fiches de personnages etc.) à cette des scripturants (pas de plan du tout, idées vagues et fil de la plume) . C'est une échelle qui comporte une multitude de situations intermédiaires.
:roll:
Je demandais juste si ça entrait dans cette définition.

Mais, à mes yeux, ça explique que faire un plan peut parfaitement cadrer dans l'approche "feeling" ou, avec le mot savant, "scripturante"...
Jour de pluie dans une cuisine (Le Mammouth éclairé)

Avatar du membre
LaPlume
LaPlume est plus fort(e) que l'épée
Messages : 1129
Enregistré le : dim. sept. 04, 2011 3:28 pm
Rang special : Trinque avec (la) Modération :)

Re: Méthode et feeling

Message par LaPlume »

Que voilà un sujet intéressant :wow: A la lecture des interventions de chacun je pense qu'on se retrouve tous plus ou moins dans les "méthodes" ou le feeling des uns et des autres : chacun sa manière de plonger dans la mare, mais à la fin on est tous dans l'eau !


Mon petit cas personnel est sous la forme d'un "processus" prenant plus ou moins de temps :
1) Une "idée" me vient à l'esprit, d'inspiration totalement diverse et variée : ce peut être un AT, un événement qui me marque, une réflexion incongrue ou au contraire totalement banale.
2) Je joue avec cette "idée", je m'amuse à envisager des tas de développements, des personnages, je laisse libre court à toute mon imagination dans un grand capharnaüm en essayant de ne surtout pas être restrictif. Des sensations et des images me viennent en général en tête, je prends garde de ne rien noter mais de me rappeler ce qui est le plus "frappant"
3) Cette phase de jeu dure plus ou moins longtemps, environ quelques jours selon ce que j'ai à l'esprit : il s'agit d'une période où mon idée va définitivement se "fixer" en moi et prendre une forme plus consistante. Comme je n'ai encore rien noté toute la création se base uniquement sur mes souvenirs de la phase précédente, en général je ne conserve donc que ce qui est "frappant".
(ce qui est épouvantablement frustrant car du coup j'ai l'impression de passer à coté de bonnes idées que j'oublie faute d'avoir noté.... mais c'est un filtre nécessaire car mon imagination est extrêmement féconde : je serai débordé si je devais tout noter !)

A partir de là j'entre dans un processus plus méthodique où je vais commencer à noter, réfléchir, écrire, et donner de ma personne ;)
On continue donc :
4) Je couche sur le papier tout ce à quoi j'ai réfléchi et dont je me souviens, en prenant soin de ne pas me restreindre. Tout vient pêle-mêle : l'intrigue principal (son fil conducteur), l'environnement, les particularités, les "coups de théâtres" et autres rebondissements, les personnages.
5) J'observe l'ensemble d'un oeil critique et je commence à façonner le tout en réfléchissant à un squelette logique, à une véritable histoire où tout cela pourra prendre forme. Je m'arrête en général une fois que j'ai pu avoir écrit une histoire, vague, avec un début, un milieu et une fin.
6) Une fois suffisamment avancé il est temps d'écrire le scénario, en plusieurs couches plus ou moins détaillées. Je me sers du squelette et du fil conducteur, et c'est là où la création recommence car je me plonge maintenant dans mon récit en ayant une véritable histoire qui va se complexifier au fur et à mesure. J'écris une première version, puis je me relis et je recommence car en général j'ai rajouté beaucoup d'inclusions qui doivent prendre un sens.
7) Mon scénario détaillé se construit donc pas à pas, de même que mes personnages et mon univers (qui peut être totalement inventé ou au contraire très banal). La convergence vers la cohérence s'effectue après 2 ou 3 relectures en général : j'ai la chance d'avoir un suivi assez logique dans ce que j'écris, probablement du à la phase de "sélection" menée avant la mise sur le papier.

A partir de là j'ai donc mon scénario détaillé, mon univers/environnement et mes personnages : il est temps d'entrer dans la rédaction proprement dite ! Mais il y a encore un peu d'étapes :
8) J'établis un "plan de chapitragre" détaillé à l'aide de ce que j'ai déjà : je prends soin de noter ce qui se passera dans chaque chapitre et de m'assurer de la cohérence. C'est une sorte de "synthèse" ou de résumé à l'envers ;) Il arrive que cette étape me force à faire quelques modifications dans le scénario
9) Et maintenant c'est l'heure d'écrire !! Je reprends mon "plan de chapitrage" et j'écris chapitre par chapitre, en développant mon histoire selon le scénario. Je prends bien soin d'écrire un premier jet, puis de relire et de corriger (une ou deux fois) avant de passer au suivant.
10) Vers le tiers de l'histoire je fais un point par rapport en scénario : il n'est pas rare que j'ai songé à de nouvelles choses pendant l'écriture, noté à part ou directement incorporé dans le chapitre. Il faut donc vérifier la cohérence et adapter le scénario + le chapitrage si je le juge nécessaire
11) On continue on continue on continue !!
12) C'est fini !! Je laisse reposer quelques temps puis je relis à fond (ce qui est extrêmement difficile car on est facilement "dans" son récit et on ne voit plus rien !!)
13) Quand ça a l'air de tenir il est temps de faire partager et de récolter les avis critiques
14) Les critiques sont arrivées : au boulot !!


Facile pas vrai ? ^^
Actualité du moment

Tout est en pause car bien occupé à la maison avec mini-têtard!

Répondre