Jusqu'où faut-il corriger son texte ?

[Siana]

Tu carbure à quoi ? C'est quoi ton secret ???

[Lieko]

Lorsque j'écris un roman, je vais très vite. Très très vite !
Le prochain à paraître m'a pris entre cinq et six semaines à raison de douze à quinze heures par jour. Une fois terminé, je l'ai envoyé à l'éditeur, sans même le relire.

Il me semble que c'est C.S. Lewis qui procédait comme ça, aussi.
Un bouquin fini en 2/3 semaines, si je me souviens bien.

La classe, quoi

[Shane Baal]

Pas vraiment la classe, non. 550 000 sec rapportés au nombre d'heures passées à écrire, donne une moyenne plutôt basse.
Et aucun secret, même pas un petit bout de coin de feuille séchée illicite. J'écris beaucoup et souvent (romans, nouvelles, et scénar' pour la téloche depuis peu).
Une fois qu'on a travaillé avec un grand éditeur, qu'il vous en a mis plein les neurones avec ses conseils et astuces, qu'il vous a plaqué dans le nerf optique vos tics d'écriture, et ce pendant six mois, vous devenez hyper attentif à ce que vous écrivez. Les bricoles, y compris quelques mauvaises habitudes (je commence souvent mes phrases par "De" ou "D'". Exemple "D'imaginer que tout est rose prouve que vous êtes un doux rêveur, mon cher Laucolms) qui traînent inévitablement justifieront une partie du salaire de l'éditeur.

[Iluinar]

Bon, déjà, il faut avoir le temps d'écrire douze à quinze heures par jour.

C'est un peu hors sujet mais, franchement, ça ne m'étonne pas que C.S. Lewis mettait si peu de temps pour écrire ses bouquins. Je crois que Narnia est le seul exemple de film tiré d'un livre où je préfère le film au livre.

[arwen]

Je suis comme toi, Shane, un premier jet ne me prend que quelques semaines, allez deux ou trois mois grand maxi...
Je corrige très peu au fur et à mesure (là, dernièrement je l'ai fait sur les premiers chapitres, mais depuis j’ai arrêté et je fonce vers la ligne d'arrivée.)

Sinon, j'ai un petit roman écrit depuis bien dix-huit mois sur lequel je m'acharne à corriger, encore corriger. Bon, faut dire que je viens tout juste d'acquérir un semblant de méthode rigoureuse pour le faire (parce que oui, faire des trous dans le vernis, moi j'adore ! )On va dire qu'il y a eu un premier jet, une V1( dont on m'a dit qu'elle était bien meilleure que le premier texte, ouf ! ) et que j'ai encore trois ou quatre chapitres à réécrire, un gros soucis de référent, pronoms, nom des personnages à régler par endroit et pas mal de répétitions à supprimer quand même...
Donc, je ne suis pas sortie de la panade !

[Shane Baal]

Bon, déjà, il faut avoir le temps d'écrire douze à quinze heures par jour.

Très juste ! Et il faut aussi en avoir l'envie, même quand c'est ton métier à part entière (écrivailleur, quoi !).

Arwen, je suis certain que tu vas y arriver. J'ai un punaise de sixième sens pour ce genre de choses.

(Et je suis désolé pour ma sortie de sujet)

[LHomme au Chapeau]

Le dernier roman que j'ai écrit (400 000 signes) m'a pris 5 ans... et il faudrait quand même que je finisse de le corriger

[arwen]

Arwen, je suis certain que tu vas y arriver. J'ai un punaise de sixième sens pour ce genre de choses.

Merci shane !
Ca a l'air de rien, mais ça fait chaud au coeur.
J'ai eu une sale période ces derniers mois, mais là je suis regonflée et remotivée. juste le fait de savoir qu'on a réussi à améliorer un texte, ça donne confiance dans les futures corrections !
Et je me rends compte d'avoir énormément progressé depuis deux ans. notamment, grace à ça : savoir corriger !

[tigrette]

Merci pour ton petit mot, Arwen. Ne décourage pas! Tu as un réel talent d'écriture.

[Beorn]

Bon courage Arwen. Pour ma part, je pense que tu as bien fait et que c'est essentiel de savoir se corriger.

Shane Baal, tu es quand même un cas bien particulier, puisque tu as déjà une solide expérience, un public et un éditeur (tu me diras, moi aussi, mais moi je suis un corrigeur fou... )

[Farah DOUIBI]

Mmmmm, c'est intéressant de voir ce que fait chacun.

De mon côté, je suis comme Partance. J'ai corrigé tant et si bien que je n'en peut plus. Cependant, à chaque relecture, il y a toujours quelque chose à rectifier. Donc, à part des menues corrections, j'ai compris que je ne pouvais plus avancer seule.
J'ai bien du relire une bonne dizaine de fois, et le texte est d'une longueur appréciable : 650 000 sec T_T
Du coup, j'ai souhaité l'envoyer aux éditeurs, et l'un d'eux a eu la très bonne idée de ma conseiller Cocyclics

Sinon, voilà ma procédure :
1 - Je note toutes les idées qui me viennent à l'esprit dans un fichier texte du roman ou de la nouvelle en devenir
2 - Je réorganise tout dans le sens chronologique de narration
3 - Je comble les vides de certaines parties en annotation rapide
4 - période d'intense réflexion : là, je regarde la page blanche de mon roman sans la voir et je construis intérieurement mon texte, à la meilleur façon de commencer, etc... Lorsque je reste bloqué plusieurs heures, plusieurs jours, je change mon fusils d'épaule et je regarde quelle est la partie qu'il me ferait le plus plaisir d'écrire. Et en général, les doigts dansent pendant des heures.
5 - Une fois presque tous les chapitres rédigés, le plus souvent de façon linéaire, je relis le tout une fois rapidement pour vérifier la cohérence avant de finir tout à fait (je note toujours les éléments à rectifier en surligné en plein milieu de mon texte pour ne pas m'arrêter dans ma lancée).
6 - Roman terminé, je le laisse reposer, le temps qu'il double de volume
7 - phases de relectures et de repos pour avoir un œil neuf dessus.

En général, lorsque j'écris un roman ou une nouvelle, je ne suis plus capable de lire quoi que ce soit d'autre. J'ai besoin d'être dans le texte à 100% pour bien le penser. J'ai la chance d'avoir encore ma liberté de temps n'ayant pas de conjoint ou d'enfant, aussi j'en profite énormément. L'écriture demande de la concentration et du temps !

[Shane Baal]

Shane Baal, tu es quand même un cas bien particulier, puisque tu as déjà une solide expérience, un public et un éditeur (tu me diras, moi aussi, mais moi je suis un corrigeur fou... )

Pour me la péter un peu, je rectifie : pas un éditeur, mais trois !
Un petit et deux grands.

Et je corrige un minimum quand même (une relecture... parfois )

[tigrette]

Shane Baal, tu es quand même un cas bien particulier, puisque tu as déjà une solide expérience, un public et un éditeur (tu me diras, moi aussi, mais moi je suis un corrigeur fou... )

Pour me la péter un peu, je rectifie : pas un éditeur, mais trois !
Un petit et deux grands.

Et je corrige un minimum quand même (une relecture... parfois )

Heureux homme!

[Partance]

Finalement, la correctionnite aura raison de moi ! Encore l'été pour corriger, et commencer à penser au prochain... hihi !

Je souhaite bon courage à toutes les grenouilles, (et bravo aux édités, ou au presque-édités!)

[Asia M]

Je viens de découvrir ce fil et... (Silène, je compatis !)

C'est amusant, j'aurais plutôt le problème inverse de tout le monde. Peut-être parce que je suis tout le temps à chercher du temps libre, aussi parce que je suis une flemmarde, surtout parce que je n'aime pas fondamentalement corriger, enfin parce que je me lasse vite et que relire 10 fois le même texte me saoule rapidement.

Donc je monte le club inverse, celui de ceux qui corrigent le moins possible et repose leur texte trop vite, ce qui est assez culpabilisant. Surtout après vous avoir lu.

LOL, c'est complètement mon club aussi!

Moi aussi, je corrige rarement et peu... Dernièrement, je me force par respect pour mes lecteurs, mais pour moi, quand j'ai mis le point final, c'est le point final et je passe à autre chose (cela peut être: le chapitre suivant).

Quand il m'arrive de me relire, de deux choses l'une: soit je ne corrige que des détails au fur et à mesure de ma lecture, tout en m'aimant et en me trouvant trop forte ; soit je trouve ça mauvais et je finis par simplement supprimer le fichier... (Des fois je les garde pour ne pas perdre les idées qu'ils contiennent, mais ces textes sont pour ainsi dire à la morgue.)

Finir de corriger, c'est la même problématique que finir une oeuvre d'art plastique selon moi. Quand est-ce qu'un peintre décide qu'il a fini, comment tranche-t-il entre le dernier coup de pinceau nécessaire et celui de trop? La réponse, c'est que ce sera toujours une décision arbitraire et subjective, mais c'est justement cette imperfection qui caractérise l'art. Et je crois aussi qu'un texte, comme une toile, peut finir par être défiguré et gâché par trop de correction comme une peinture par trop de coups de peinture...