C'est vraiment question de goût et de sensibilité personnelle...
De mon côté, je suis hyper sensible (ce qui ne signifie pas que j'aime les trucs niais, hein). Tant sur le gore que sur la violence. (Parce qu'un texte peut-être très violent, sans être sanglant). Et sur ce qui fait peur aussi.
Une scène violente et/ou dérangeante peut me hanter très longtemps. J'en suis consciente, alors je les évite. Je lis pour mon plaisir, pas pour me mettre mal à l'aise.
Du coup, je suis très regardante sur les avertissements pour les âmes sensibles (encore plus pour les films d'ailleurs, parce qu'un livre, on peut sauter des passages, mais un film c'est plus délicat).
Par exemple, le dernier livre en date que j'ai dû arrêter parce que je ne supportais pas, c'est
Le feu de la Sor'cière, qu'on m'avait offert. Des vers blanchâtres géans sortis des entrailles d'un cadavre, qui surgissent du sol pour dévorer les gens... J'ai pas tenu le coup. L'auteur avait axé son récit sur le suspense et la tension. De ce point de vue là, il a réussi. Mais moi j'ai pas continué après que le papa, la maman, le cheval et il me semble le grand frère de l'héroïne ne se fassent bouffer, vers le chapitre 2
Mais c'est vrai que ça tient pour une part au contexte. Objectivement, certaines scènes de
L'épée de vérité sont un peu gores (le sacrifice du petit garçon). Mais c'était tellement mauvais que je lisais au second degré et que ça ne m'a pas du tout affectée.
C'est quand même rare
(parce que c'est rare d'atteindre un tel niveau de nullité )
Ce que j'admire, c'est les romans qui arrivent à faire passer une scène dérangeante sans que cela ne choque le lecteur, et sans pourtant spécialement aciduler. Je me rappelle que quand j'ai lu le début de
L'assassinb royal, il y a longtemps, sur le coup, le passage où Fitz s'aperçoit qu'il a tué ses adversaires à coups de dents, à cause de son lien avec Oeil-de-nuit (il me semble que c'est dans le 2 ?), m'avais laissée une impression de dégoût un peu dérangeante. Mais ça ne m'a pas
choquée : quand je repense à la scène, je n'ai pas le haut-le-coeur que j'éprouve à l'évocation des vers blancs carnivores ^ ^. Pour moi, ce passage de Robin Hobb est donc très réussi. Quand j'ai lu
Le Hussard sur le toit, ça m'avait fait un peu la même chose mais en plus fort : les cadavres des victimes de choléra gisant dans leur vomi qui ressemble à du riz au lait me sont sérieusement restés en travers de la gorge (...surtout quand ma mère est entrée dans la pièce en me demandant : "tiens, si je faisais du riz au lait pour ce week-end ?". NON ! Non, non, surtout pas ! lol). Mais quand j'y repense, je me dis "ah, quelle vision d'horreur", mais je ne suis pas mal à l'aise. Donc, là aussi, je trouve que c'est réussi.
(Comme vous voyez, mes exemples sont très softs
)
Pour le reste, le gore qui se justifie ou pas... Je n'adhère pas à l'argument. Le gore pour le gore, je n'aime pas. Mais le gore pour servir une idée, non plus. Des deux façons, ça me choquera. Et comme j'aurai tendance à ne pas continuer le livre, ou que j'en garderai un mauvais souvenir, l'auteur ne m'aura pas fait passer son idée, s'il m'a mise vraiment mal à l'aise.
Après, ça ne veut pas dire que je ne cherche que des passages tout doux tout beaux ! Des scènes dures peuvent, elles, transmettre une idée. Mais dur ne signifie pas tripes à l'air, à mes yeux. C'est l'aspect psychologique qui va le plus marquer les esprits.
1984 d'Orwell n'a rien de gore. Mais les chapitres sur la torture de Winston sont vraiment éprouvants, et, je trouve qu'ils frappent réellement le lecteur.
D'autant que le seuil de tolérance du public au gore est chaque fois plus élevé, alors à moins de tomber dans la surenchère...
Quant aux scènes violentes, j'émets la même réserve, sachant qu'elles me mettront encore plus mal à l'aise parce qu'on ne les voit pas forcément venir, ou plus exactement, on perçoit parfois leur violence après coup, dans les conséquences qu'elles entraînent.
A titre tout personnel, les scènes de viol me gènent beaucoup, je ne sais pas pourquoi. Peut-être parce que ça semble plus proche qu'une scène de torture...
Mais tout ça, ce n'est que ma sensibilité personnelle !
Je pense quand même qu'il vaut mieux réserver le gore aux amateur, sous peine de se mettre son lecteur à dos !
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Pour ce qui est d'écrire, la question ne se pose donc pas. Je n'ai pas la moindre envie d'éprouver les sentiments qui vont me permettre d'écrire une scène dérangeante. Donc, je ne vais pas l'écrire. Ce qui fait que je n'ai absolument pas besoin de me censurer, lol.