Mon avis rejoint celui de Milora ! (et dans une moindre mesure celui de Beorn, c'est intéressant d'avoir ton avis d'auteur publié !)
Mais l'idée d'existence d'un texte (comme quoi il n'existerait qu'à partir du moment où il est lu) n'a pas qu'un rapport avec le texte en lui-même.
Par exemple : est-ce qu'un arbre qui tombe fait du bruit s'il n'y a absolument personne pour l'entendre ? (mais si on imagine que l'arbre "entend", cela ne fonctionne plus)
Un truc marrant en physique, enfin, une idée en physique, je sais plus à propos de quoi c'est :
On prend une boite hermétique. On met un chat dedans. Dans la boite, le chat peut appuyer sur deux boutons (pas sur les deux en même temps, ni sur l'un puis sur l'autre). Le premier bouton cause la mort du chat ; le deuxième bouton le laisse survivre.
Pour une personne à l'extérieur de la boite (en supposant que le chat a bien appuyé sur un bouton), le chat est-il vivant ou mort ?
En gros, même "physiquement", il y a une différence quand un évènement est observé et quand il ne l'est pas.
Pour moi, un texte existe (vaguement) à partir du moment où on a la première idée, même si ce n'est que le tout début, qu'il n'existera peut-être jamais. Mais de la même façon qu'un enfant peut entrer dans l’existence au moment où ses parents se rencontrent... ou même avant, pour les grands-parents, etc
Donc il existe pas beaucoup en fait.
Même lorsqu'il est écrit (mais lu uniquement par son auteur), selon moi, il en est à ce stade.
Pour qu'il entre vraiment en existence, il doit être lu (ou entendu/transmis dans le cas d'une histoire orale) à un autre. Parce que le but d'un texte est d'être LU. Ca sert à rien qu'il pourrisse dans un coin. Et il aura peut-être une existence différente selon les yeux qui le lisent, mais c'est une autre histoire...
Ce n'est pas un problème de reconnaissance, du moins ce n'est pas de la reconnaissance pour l'auteur, mais bien pour le texte.
Perso je pars du principe que, si on met un "truc" sans rien autour de lui pour savoir qu'il existe, il n'existe pas. Toute la difficulté, c'est si ce "truc" peut lui-même savoir qu'il existe
Or, je considère le texte comme un "être" qui ne se suffit pas à lui-même. C'est un objet mort (dans le sens qu'il n'a pas une réelle existence) tant qu'il n'y a pas "quelqu'un" pour lui donner forme.
Lorsque Milora disait qu'elle voulait que ses textes soient lus, c'était plus par rapport aux textes eux-même (en pensant à ses textes) plutôt que par rapport à elle-même (l'auteur) (corrige-moi si je me trompe :p). J'ai l'impression que certaines grenouilles ont mal compris ce point.
Et puis "être lu", c'est très différent d"être publié".
En fait "être lu pour un texte", c'est différent de "être lu pour un auteur", et c'est là que j'ai l'impression que les points de vue diverges.
Personnellement, après avoir eu quelques retours (donc être lue en tant qu'auteur), je veux surtout que mon texte soit lu en tant que texte. C'est à dire que si je sais qu'un lecteur a lu le texte et est rentré dedans, cela me satisfait (qu'il sache que je suis l'auteur ou pas, limite j'en ai rien à faire). Mais c'est vrai qu'il y a un premier stade (quand je n'ai pas encore d'avis extérieur sur le texte) où les commentaires seront plus "pour l'auteur" que "pour le texte".
Ce me donne l'impression que beaucoup de personnes ici ne considèrent pas le texte comme un "être vivant" à partir du moment où il est lu
Ecrire est une passion solitaire (la plupart du temps) qu'on aimerait faire partager.
Non.
Ecrire se fait de manière (vaguement) solitaire.
Mais
ensuite, le texte prend vie
lorsqu'il est lu. Par quelqu'un d'autre. Sans lecteur, le texte n'est qu'un assemblage de petits symboles qui ne veulent rien dire.
Par contre c'est vrai qu'en général, le lecteur est solitaire. Donc d'une certaine façon, ce que tu dis est parfaitement correct, mais j'insiste sur ce point : un texte vit en étant lu.
Mais ce n'est bien sûr que mon avis