Je suis relativement d'accord avec Celia : écrire dans le seul bu d'être édité peut-être " dangereux", c'est à dire brider l'imagination de l'auteur ( quel sujet sera le plus vendeur ?) son style ( lequel sera le plus apprécié de tel éditeur ?).
Je comprends aussi que cela puisse être une émulation, un challenge à se mettre à soi même...
Mais je trouve ça dangereux.
D'abord parce que même le meilleur des écrivains n'a jamais vu TOUS ses manuscrits publiés... il y a des inédits chez tous les auteurs reconnus...
Et heureusement, je trouve.
Ensuite, c'est se mettre une pression franchement castratrice, à mon avis... Pour mon cas, si je me l'étais mise, je n'aurais jamais rien écrit, n'aurais donc pas pu progresser... Une vision des choses super négative pour ce qui me concerne donc... J'ai appris en écrivant des bouses, des trucs immontrables... et je revendique le droit pour tous à écrire des bouses !
Légitimer sa passion en voulant devenir pro, c'est bien si ça stimule, te pousse en avant, mais c'est destructeur quand tu dis que tu risques d'arrêter d'écrire si tu n'y arrives pas...
C'est se faire du mal, je trouve... car un jour où l'autre tu écriras un truc dont personne ne voudra... pas besoin d 'être madame soleil pour le savoir ! C'est arrivé à tous les auteurs !
Que feras tu ? Tu arrêteras ? Au lieu de profiter du plaisir que tu peux trouver à cette activité, tout simplement.
Bref, pour répondre à la question : et après ?
Je te comprends un peu milora, pour me la être demandée durant un certain moment ( relativement court quand je considère le nombre d'années à écrire sans me la poser )
Pendant longtemps, je ne me la suis pas posée car je n'écrivais pas pour être lue. La majorité de ce que j'ai écrit n'a jamais eu de lecteur (ou alors au mieux la lecture bienveillante d'un ou deux proches... )
Depuis que je me fais lire (environ trois ans), la question à cesser de se poser le jour où j'ai commencé à avoir plusieurs projets à gérer, à des stades différents. Finalement, cette question du et après ? me semble ( c'est mon interprétation vis à vis de mon ressenti ) relever d'une certaine frustration quand je ne bossais que sur un seul texte, et étais incapable de m'en dégager pour passer à autre chose.
Maintenant, j'ai des écrits qui n'auront été lus que par un ou deux personnes et finiront leur carrière sur mon ordi, oubliés, sans regret. Peut-être ressortiront ils un jour où une idée d'un autre récit les sortira de l'oubliette, mais je ne les plains pas. Je les considère peu réussis, perclus de défauts. Même si j'ai aimé les écrire, les ai appréciés un tant, j'arrive maintenant au bout d'un certain temps à prendre de la distance et à décider : non, celui là, il est moyen, passe à autre chose !
A contrario, j'ai d'autres récits qui ont eu sans doute quelques dizaines de lecteurs (euh oui, j'ai pas 300 "amis" sur facebook... ), qui ont plu, pour lesquels je peux songer à l'édition. En attendant, ils vivent encore à travers ma manie de les reprendre, de les corriger, encore et encore, de découvrir avec étonnement qu'on trouve toujours quelque chose à améliorer quand on les a laissés reposer un peu... au fond, j'apprends toujours quelque chose avec eux. Je travaille, je progresse... et ils vivent à travers cela.
Reste le cas du texte édité, que je ne connais pas encore... On peut le considérer comme terminé, donc tout ce que je dis plus haut ne vaut plus rien... Reste durant quelques mois à le faire connaitre à ses potentiels lecteurs : salons, articles, critiques...
Et après ?
et bien je retourne devant mon ordinateur, tel Sisyphe devant son rocher, et je commence à écrire une nouvelle histoire... Je crois que c'est le sort de tous les écrivains, non ? Ne jamais pouvoir se contenter d'une seule histoire que l'on dorloterait le restant de notre vie ? et puis espérer qu'elle plaise aussi, à des lecteurs (à qui je parlerais de l'histoire précédente, tiens, au cas où ça les intéresserait... ) à un éditeur et pouvoir un jour m'asseoir à une table de dédicaces dans la maison de la presse de trifouillis les oies, y vendre ce cher petit dernier, mais avoir sous les coudes cette vieille histoire franchement trop bien que vous lecteurs devriez lire, vraiment !
et après ?
recommencer, encore une fois le périple devant une page blanche, assister au merveilleux processus d'écriture, suer du sang sur les corrections, etc etc.. comme un drogué à la recherche de son prochain shoot...