[A] Votre personnage est-il un "Villain Sue" ?

[Lieko]

Pour les méchants de James Bond, s'il n'y avait pas James Bond, on se retrouverait quasi systématiquement dans un remake de Docteur Folamour de Kubrick (un grand méchant veut déclencher les 3ème guerre mondiale) et à la fin, il gagne. C'est en cela que je les considère comme des Villain Sue, dans toute leur intelligence et puissance. Le fait est qu'ils se font démolir par James Bond, mais c'est le héros. Hors du héros, ils gagneraient à chaque fois. C'est du moins comme ça que je le vois.

D'accord sur la partie intelligence et puissance. Là où ça me gênait, c'est que j'avais compris que l'auteur se plaçait délibérément du côté du méchant et lui donnait tous les atouts pour gagner à la fin (ce qu'il faisait). Dans James Bond, le principe c'est que le héros gagne toujours ; c'est une histoire écrite "pour le héros", alors que le Villain-Sue semble avoir besoin d'une histoire écrite "pour le méchant".

Merci pour les précisions en tout cas !

(un jour je lirai le Trône de Fer, mais la taille de l'ensemble fait vraiment peur ><)

[Asia M]

Attention je critique pas du tout les Villain Sue quand ils sont bien rendus. Moi j'aime aussi les méchants qui répondent à la question éternelle :

Mais pourquoi est-il si méchant ?

en répondant :

Parce queeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeee !

Je plussoie!

J'ai un méchant dans mon histoire de vampires qui a sûrement un côté "Villain Sue", sauf le fait que sa méchanceté s'expliquerait... Non, il est juste comme ça, et son background n'est pas très développé dans le premier livre de toute façon.

J'en ai fait une sorte de méchant ultime, avec lequel le méchant principal de mon histoire a une relation compliquée. Mon méchant principal a un côté plus humain, mais cela va avec sa plus grande faillibilité (on se demande donc tout du long s'il lui reste du coeur, ou s'il n'a juste pas assez de couilles). Il a, lui, des raisons explicites pour faire ce qu'il fait, mais en même temps on reste du côté de l'arbitraire... Dans le sens où il se trouve à lui-même des raisons, mais ça n'en fait en aucun cas des excuses ou des bonnes raisons.

J'ai aussi un perso féminin qui est peut-être assez typique: officiellement du côté des gentils, elle n'a en fait rien de "gentil" dans sa personnalité. Elle est plutôt méchante, sauf qu'elle veut aussi tuer les "méchants"... D'où le délicat d'une alliance avec elle.

[Dawood]

Mes méchants ne sont pas des Villain Sue, et d'après ce que je saisis de la définition, ce type de méchants aurait tendance à m'agacer, dans le sens où on sent clairement que c'est le chouchou de son auteur ; un personnage tellement brillant et supérieur, qu'il ne saurait être mis en déroute par ces héros benêts, quand rien ne l'interdirait dans l'absolu (sauf s'il y a une raison crédible de l'intelligence supérieure du méchant par rapport aux héros, et l'option "c'est un surdoué avec 200 de QI ne me parait pas une réponse crédible)

Par contre, j'ai un autre problème, qui ne me semble pas relever du syndrome de Villain Sue : je ressens que mon antagoniste est bien plus charismatique que mon personnage principal. Il a une verve plus séduisante, il a des bonnes reparties, un bon argumentaire qui ne faillit pas, quand mon héros est plus hésitant, plus incertain.
Du coup, je suis quasiment certain que la majeure partie des lecteurs vont préférer ce personnage en ignorant qu'il est l'antagoniste en devenir...
J'aime bien cet état de fait et à la fois, il me fait peur...

[Bergamote]

Et bien Roanne, sans t'en rendre compte tu m'as bien aidé. En ce moment, j'aide trois ados (entre 13 et 15 ans) à rédiger leur novella commune qu'ils prennent très au sérieux.
Eux sont dans le "on veut faire original". Donc pas de vampires (Twilight a fait du mal de ce côté là je pense, les ados l'ont tellement aimé que maintenant ils le déteste), pas de Sauron ni de Voldemort (pour eux c'est la même chose, et même constat pour Harry Potter que pour Twilight.) Et pas de dragon. (Eragon m'a tuer.)

Donc ils se sont tourné vers la SF. Qu'ils connaissent moins bien, donc ils ont l'impression d'être originaux. Et, pour leur méchant ils m'ont sorti un personnage ultra original certes mais du coup on ne comprend pas ses aspirations, ses motivations, et d'ailleurs on se demande pourquoi il est méchant.

Donc je les ai fait bosser sur plusieurs facettes de leur méchant. Et je me suis servie du "Villain Sue". En leur demandant si votre méchant était du type Villain Sue ça donnerait quoi sa première apparition. Et je leur ai donné plein de cadres comme ça pour qu'il arrivent par eux-mêmes à trouver un réel caractère à leur méchant.

Pour le coup, ils ont été super enthousiastes. Et du coup, le synopsis de leur novella va changer, ils en ont pris la décision. Leur novella tournera uniquement autour du méchant et de ce qu'il veut faire. Ils ont même trouvé un super titre (ça fait à peine 20 fois qu'il change) :
Devenir un salaud : mode d'emploi.

Donc merci pour ce sujet ! Qui tombait à point nommé !

[Thomas D]

Le méchant super fort et super intense, en soi ce n'est pas un problème pour moi. Avouez qu'un méchant tout moisi, incapable et sans épaisseur ferait un piètre antagoniste au héros. On a envie qu'il y ait un enjeu dans l'historie, et donc que le méchant, quand il existe, soit à la hauteur ! Hitchcock disait que quand on a réussi le méchant, on a réussi le film. Il faut donc le soigner.

J'ai quelques méchants dans mes histoires, mais pas tant que ça, la plupart sont simplement des gens irritants, égoïstes, moqueurs ou intolérants. Et chacun d'entre eux, même le grand méchant qu'on découvre après plusieurs volumes, pense être dans son bon droit. Je ne suis pas intéressé (dans ce que j'écris en ce moment en tout cas) par les méchants qui sont méchants et le savent, mais qui continuent parce qu'ils aiment être méchants. Je préfère qu'ils soient de vrais personnages et pas seulement des entités étiquetées "super vilain".

Un tel personnage peut être brillant, puissant, séduisant, inspirer des tas de sentiments positifs au lecteur ou au narrateur tout en restant quelqu'un dont il faut contrecarrer les plans parce que ce qu'il veut faire est mal. Le vrai monde est d'ailleurs rempli de gens comme ça. Je ne trouve pas que cela fasse cliché.
Ce qui est cliché, c'est le méchant qu'à trop la classe, qu'est trop le plusse fort et que l'auteur, il croit que ça suffit de nous répéter vingt fois qu'il a trop la classe et qu'il est trop super fort pour le rendre intéressant.
En gros, si c'est bien écrit, le méchant "Vilain Sue", je peux être client, faut juste pas trop exagérer.

[Plikt]

Bergamote> Oh, c'est chouette de jeunes auteurs qui s'intéressent à leur méchants !

Dans mon histoire, je n'ai pas réellement de méchants, mais de jolis coups bas par les proches de mes héros : ce qui fait encore plus mal !
Sinon, j'ai bien un personnage secondaire ou même tertiaire qui est bel et bien un "méchant, parce quuueee". Il aime embêter par plaisir. En réalité, la raison est qu'il est juste un gamin bien idiot

[sherkkhann]

J'ai aussi tendance à basculer du côté obscur J'aime bien tous les types de méchants à part quand leur seul but est de détruire le monde sans que personne ne sache pourquoi. Un méchant que j'ai adoré c'est Mégamind pour son côté ridicule.

[Maden]

Un tel personnage peut être brillant, puissant, séduisant, inspirer des tas de sentiments positifs au lecteur ou au narrateur tout en restant quelqu'un dont il faut contrecarrer les plans parce que ce qu'il veut faire est mal. Le vrai monde est d'ailleurs rempli de gens comme ça. Je ne trouve pas que cela fasse cliché.

Le truc c'est qu'il faut être conscient que le mal est parfois une notion subjective. Un personnage peut faire un truc sanctionné par la morale par exemple sans que ce soit mal dans le fond.

Ou, comme Sade me l'a appris, le mal immédiat si il est commis dans un but de bien à long terme n'est pas forcément un mal.

[Niniane]

Le truc c'est qu'il faut être conscient que le mal est parfois une notion subjective. Un personnage peut faire un truc sanctionné par la morale par exemple sans que ce soit mal dans le fond.

Je suis assez d'accord là-dessus, et je trouve que c'est une notion assez intéressante à prendre en compte quand on créé le personnage d'un méchant. Je rajouterais même que ce qui est mal pour nous ne l'est pas forcément pour l'autre.

En revanche, j'ai du mal avec la notion du "Je suis méchant parce que je le suis". Je sais pas, quelque part je me dis qu'il y a toujours une raison ou une motivation derrière, que le méchant garde quelque chose d'humain, même si il n'en a pas envie.
Bref, pour revenir à la question de base, je ne pense pas avoir de Villain Sue dans mon projet actuel, vu que les méchants se croient dans leur bon droit et accumulent les erreurs.