[A] Quand un "gentil" tue

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Milora
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Re: Les "gentils" qui tuent

Message par Milora »

Je crois que tu n'a pas bien saisi mon exemple^^
Ce qui apporte la confusion c'est que j'ai réutilisé le terme de "gentil" pour expliciter le premier cas de figure (ce que j'ai fait pour reprendre la question de Niniane en fait ). Ce que j'expliquai c'est que, selon moi, il y a deux sortes deux gentils à ne pas mélanger dans une histoire :
1) le gentil -> j'entends par là le protagoniste principal. Je parle de "gentil" car le lecteur va se mettre automatiquement de son côté, même si ses motivations ne sont pas très louables.
2) le gentil -> là je parlais du héros gentil par nature (il l'est réellement, c'est un bon gars ).
En fait je tiens le même discours que toi, j'ai juste utilisé "gentil" ici pour reprendre les termes de Niniane et justement parce que la plupart du temps les gens ont tendance à confondre gentil/protagoniste.
D'accord, j'avais mal compris :)
Par contre, je suis toujours pas d'accord avec le fait que le lecteur se mettra forcément du côté du protagoniste si celui-ci ne lui est pas sympathique. (Ou alors c'est juste moi, mais je me rappelle avoir lu Les Liaisons dangereuses ou Bel Ami en espérant que les protagonistes allaient être punis d'une manière ou d'une autre à la fin, ou qu'au moins un des personnages arriverait à leur résister ^ ^) Or, c'est peut-être personnel, mais un personnage méchant ne pourra jamais m'être sympathique comme protagoniste.

(tiens, c'est marrant, ce débat me fait penser à la série policière The Closer que je regarde en ce moment, où l'héroïne, dans les derniers épisodes, est attaquée en justice pour avoir laissé tuer un meurtrier (elle n'est pas intervenue pour le sauver) et prend petit à petit conscience de ce qu'elle a fait, alors qu'au début elle ne se posait pas la question et considérait qu'il avait eu ce qu'il méritait...)
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Niniane
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Re: Les "gentils" qui tuent

Message par Niniane »

Le problème est pas tant que le gentil tue un méchant qu'il le laisse mourir (c'est ce que j'ai compris de ton premier post, Siana). Parce que bon, là, le gentil devient quelque peu méchant, finalement. Je sais pas si c'est clair, mais pour moi il y a une claire nuance entre les deux : tuer quelqu'un parce que le gentil n'a pas trop le choix, ok, mais le laisser mourir alors qu'il est possible de le sauver....
Le gentil fait alors justice soi-même, en plus d'être une action complètement répréhensible niveau morale. Pour moi, c'est un premier pas du gentil vers une attitude plus méchante.
Le fait que le gentil ne ressente rien par rapport à ça contribue à renforcer mon impression que le gentil ne l'est pas tant que ça, même si c'est vrai que la différence culturelle doit pas mal jouer dedans également.

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Milora
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Re: Les "gentils" qui tuent

Message par Milora »

Je suis d'accord avec toi :)

Juste :
Le fait que le gentil ne ressente rien par rapport à ça contribue à renforcer mon impression que le gentil ne l'est pas tant que ça, même si c'est vrai que la différence culturelle doit pas mal jouer dedans également.
Je voulais pas dire "faut pas leur en vouloir aux Américains si leurs héros tuent/font tuer des méchants, c'est juste un point de vue culturel".
Non non, je trouve que la peine de mort est intolérable, tout ça.
Mais je pense que ça explique que les scénarios soient à 75% orientés de sorte que le méchant meurt. Et quelques fois, ça passe par la main du héros.
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Re: Les "gentils" qui tuent

Message par Celia »

J'aimerai revenir sur la différence culturelle US/Europe. Je rejoins à la fois l'avis d'Iluinar et celui de Monsieur Loup. Et je vais utiliser l'exemple d'une de mes séries préférées, qu'on peut aisément qualifier de série "républicaine" (assez conservatrice donc) Il ne s'agit pas de 24 mais de Criminal Minds.
Il y a beaucoup de morts dans cette série (une unité du FBI spécialisée dans le profiling traque des tueurs en série, entre autres) Des victimes innocentes meurent et des méchants meurent.
Deux épisodes traitent directement de la peine de mort : dans le premier, aucun des personnages n'approuve ou ne désapprouve le système. Un grand méchant passe sur la chaise, et ça ne fait rien à personne mais les protagonistes gentils ne s'avancent pas sur le terrain politique. Dans le second, un des héros dit clairement qu'il est pour la peine de mort. Mais il s'exprime en tant qu'individu, et cela correspond à son individualité ; on ne peut pas dire, après cet épisode, si ses coéquipiers suivent ou non sa position.
Voilà déjà une subtilité politique que je trouve assez remarquable.
L'autre point, c'est qu'il arrive que les grands méchants soient tués, soit en cas de légitime défense, soit parce qu'un des "gentils" (témoin, victime, jamais le héros) a décidé de se faire justice lui-même. Mais comme le spectateur a passé tout l'épisode à tenter de comprendre pourquoi le tueur fait ce qu'il fait, et donc à l'humaniser, cette mort contient toujours un fort potentiel tragique. Plus encore quand le tueur ressemble, dans ses traits psychiques, à l'un des profilers (le parallèle entre les héros et ceux qu'ils poursuivent est fait à de nombreuses reprises)
Donc vous avez là une série très américaine, grand public aussi, avec son côté glauque assumé et son équipe de justiciers infaillibles, mais où chaque mort compte, et où la mort n'est jamais proposée sous un angle de "justice" (genre "c'est bien fait")
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Re: Les "gentils" qui tuent

Message par Milora »

Hm. C'est peut-être parce que je n'aime pas Esprits Criminels, mais je ne suis pas sûre que la configuration que tu décris soit vraiment une prise de distance par rapport à l'idée que le méchant doit mourir. C'est tragique, mais ils le tuent quand même, et surtout, c'est tragique mais le scénario est quand même conçu comme ça. A lire ton résumé (j'ai pas vu les épisodes dont tu parles, hein) ; ça me donne plutôt l'impression de véhiculer l'idée "c'est vraiment tragique, on en est conscient, mais c'est comme ça".
(Dans le genre, j'avais trouvé plus percutant l'épisode de FBI Portés disparus (la saison 1 qui valait encore quelque chose ^^) où les héros s'aperçoivent qu'ils ont fait arrêter le mauvais coupable. L'un des personnages s'est fermement positionné pour la peine de mort, l'autre non. Il réussissent à réunir les preuves in extremis pour innocenter le type, mais c'est quelques minutes trop tard : il a été exécuté)
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Re: Les "gentils" qui tuent

Message par Celia »

Milora a écrit :Hm. C'est peut-être parce que je n'aime pas Esprits Criminels, mais je ne suis pas sûre que la configuration que tu décris soit vraiment une prise de distance par rapport à l'idée que le méchant doit mourir. C'est tragique, mais ils le tuent quand même, et surtout, c'est tragique mais le scénario est quand même conçu comme ça. A lire ton résumé (j'ai pas vu les épisodes dont tu parles, hein) ; ça me donne plutôt l'impression de véhiculer l'idée "c'est vraiment tragique, on en est conscient, mais c'est comme ça".
(Dans le genre, j'avais trouvé plus percutant l'épisode de FBI Portés disparus (la saison 1 qui valait encore quelque chose ^^) où les héros s'aperçoivent qu'ils ont fait arrêter le mauvais coupable. L'un des personnages s'est fermement positionné pour la peine de mort, l'autre non. Il réussissent à réunir les preuves in extremis pour innocenter le type, mais c'est quelques minutes trop tard : il a été exécuté)
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Alors j'aurais du dire que dans la majorité des épisodes, le méchant est rendu à la justice. Il ne meurt pas.
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Re: Les "gentils" qui tuent

Message par chocolaa »

Milora a écrit :Or, c'est peut-être personnel, mais un personnage méchant ne pourra jamais m'être sympathique comme protagoniste.
Après je ne m'appuie que sur des bouquins que j'ai lu, et je n'ai pas le souvenir d'avoir déjà lu une histoire dont le héros était vraiment un salaud... Mon témoignage n'aurait donc pas été le même si j'avais eu entre les mains Les liaisons Dangereuses :mrgreen:
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Re: Les "gentils" qui tuent

Message par Iluinar »

chocolaa a écrit :
Milora a écrit :Or, c'est peut-être personnel, mais un personnage méchant ne pourra jamais m'être sympathique comme protagoniste.
Après je ne m'appuie que sur des bouquins que j'ai lu, et je n'ai pas le souvenir d'avoir déjà lu une histoire dont le héros était vraiment un salaud... Mon témoignage n'aurait donc pas été le même si j'avais eu entre les mains Les liaisons Dangereuses :mrgreen:
Tu n'as pas lu "Gagner la Guerre" ?

Dans le genre, c'est un must (et c'est un très bon roman de fantasy française).

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Re: Les "gentils" qui tuent

Message par chocolaa »

Iluinar a écrit :Tu n'as pas lu "Gagner la Guerre" ?

Dans le genre, c'est un must (et c'est un très bon roman de fantasy française).
Non. Pas encore :mrgreen:
En fait il est dans ma liste à acheter pour cette année ;)
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Re: Les "gentils" qui tuent

Message par Maden »

Même si on est pour la peine de mort, ça veut pas dire qu'on est prêt à tuer les criminels soi-même. Justement, vu que la peine de mort est institutionnalisée, c'est très facile d'être pour. Et aux US, les gens s'arrêtent là, pour eux ce n'est qu'une simple opinion sans conséquence sur leur vie de tous les jours. Maintenant, je pense que beaucoup y réfléchiraient à deux fois avant de tuer/laisser mourir un criminel sous leurs yeux...

Donc, je rejoins l'avis de la personne qui disait que c'est plus un problème de caractérisation. Et encore que, comme je l'ai dit, ça ne me choque pas plus que ça. Sur un autre fil on parlait du mal comme étant une notion subjective, et oui on peut commettre un acte atroce sans réaliser à quel point c'est mal et pour diverses raisons (culture, religion, éducation....)

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Re: Les "gentils" qui tuent

Message par Siana »

J'avais pensé à la différence culturelle en écrivant mon poste, mais finalement, j'avais fini par penser que ce n'était pas une raison pour passer sur les sentiments du personnage qui à laissé mourir ou tué le méchant (même par nécessité). Parce que même avec la culture, personne ne tue des gens (cons ou méchants) tous les jours. Alors il y a toujours cette histoire de malaise ou de choc sur la conscience.

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Re: Les "gentils" qui tuent

Message par Milora »

Même si on est pour la peine de mort, ça veut pas dire qu'on est prêt à tuer les criminels soi-même. Justement, vu que la peine de mort est institutionnalisée, c'est très facile d'être pour. Et aux US, les gens s'arrêtent là, pour eux ce n'est qu'une simple opinion sans conséquence sur leur vie de tous les jours. Maintenant, je pense que beaucoup y réfléchiraient à deux fois avant de tuer/laisser mourir un criminel sous leurs yeux...
Non mais faut différencier la mentalité générale (pas forcément partagée par tous les individus d'une société) et ce qui est vécu consciemment au jour le jour ^^ Bien sûr que les Américains sains d'esprit ne vont pas se dire "je vais tuer bidule parce que c'est un méchant", et que de la même façon, un état d'esprit aussi simpliste chez un personnage est un défaut de caractérisation.
Là où l'esprit pro-peine de mort se ressent c'est du côté de la structure, du côté des scénaristes, du côté de la conception d'une intrigue où il n'est pas perçu comme immoral qu'un méchant meure, quel que soit le moyen. ^ ^
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Re: Les "gentils" qui tuent

Message par Beorn »

Iuinar a écrit :Je crois que le problème vient aussi d'une différence de culture États Unis / Europe. Il ne faut pas oublier que ce sont des séries américaines. Aux États Unis, non seulement la peine de mort existe encore mais elle est approuvée par une large majorité de la population. Ce qui fait que, pour les américains, tuer les criminels est quelque chose de normal, ça fait partie de la justice. Nous avons vraiment une différence de point de vue énorme avec eux sur ces questions là.
Milora a écrit :Exactement. Fondamentalement, je pense que c'est ça. (Y a qu'à voir certains livres américains comme L'Epée de la vérité, qui font carrément l'apologie de la peine de mort).
Ce que je trouve un peu dangereux c'est que, si on n'y fait pas gaffe, on s'imprègne de cette idée en suivant des séries (ou autres) où le méchant doit mourir (le must étant le méchant qui retourne sa veste et revient vers le côté lumineux de la Force... Mais comme il a été méchant, on sait déjà qu'il va se faire tuer d'ici la fin de l'épisode).

Je pense pas que ce soit une remarque facile ou cliché. La différence de culture existe bel et bien. Surtout dans les séries américaines qui se sont en partie construites autour de l'idée de matraquage des valeurs américaines (plus que les films ou les livres). Et encore plus en SF, d'ailleurs, qui est souvent très liée au contexte culturel contemporain (je pense par exemple, pour caricaturer, aux films d'envahisseurs extra-terrestres qui fleurissaient pendant la guerre froide).
la différence de culture Europe/USA est intéressante, mais à mon humble avis, elle n'explique absolument pas le cas évoqué.

Ce qui est juste, c'est l'existence du mythe du far-west, d'une nation construite sur des pouvoirs faibles, où les citoyens faisaient justice eux-mêmes. Cela explique sans doute cet amour des "super héros", ces justiciers qui ne rendent compte à personne et qui représentent globalement le "bien" sans se soucier des lois (à rapprocher du fait qu'il soit légal d'acheter une arme à feu).
Pour le reste, je ne suis pas d'accord. Certes, il y a un fort courant pro-peine de mort aux Etats-Unis (l'inspecteur Harry me semble emblématique, quant à l'Epée de vérité, je ne l'ai pas lu mais d'après ce que j'en sais, ça ne m'étonnerait pas...), mais ce serait un peu trop facile de dire de nous dédouanner, nous européens.

La peine de mort a été suspendue aux Etats-Unis pendant dix ans, de 1967 à 1977, une époque où en France, la guillotine fonctionnait encore. Aujourd'hui, il existe encore 16 Etats qui ne la pratiquent pas et 90% des exécutions sont réalisées par quelques Etats extrêmistes du Sud, Texas en tête. Parallèlement, en France, une bonne moitié de la population reste favorable à la peine capitale.
Par ailleurs, le succès en Europe de ces mêmes films, séries et livres dont nous discutons joyeusement... parce que nous les connaissons tous ;) ... prouve assez que ces oeuvres trouvent un écho chez nous, et donc dans nos valeurs et dans notre culture.

Pour ma part, j'aurais une autre clef de lecture. Je constate un "durcissement" du gentil, une forme de "naïveté perdue".
Il devient difficile de faire un personnage trop gentil, nous n'y croyons plus. Peut-être notre perception du monde est-elle plus pessimiste qu'autrefois ? En tout cas, ce type de héros a du mal à séduire.
Bien sûr, il y a encore Spiderman pour me faire mentir, mais il semblerait que Batman, le "sombre héros" revienne maintenant sur le devant de la scène.
Dans la BD, Tintin, le succès du XXème siècle, est supplanté par "XIII" qui tue à tour de bras.
Et ce mouvement là, me semble-t-il, traverse largement le clivage Europe/USA quand on parle de littérature de l'imaginaire : Charlotte Bousquet, Justine Niogret, Jean Phillipe Jaworski, Pierre Bordage nous proposent des héros qui tuent, animés d'une morale parfois douteuse, dans des histoires souvent remplies de violence et de désillusion.

Personnellement, je le regrette un peu.
Tout comme Milora, je pense qu'un acte malveillant reste malveillant, peu importe les circonstances, l'enfance du héros, le point de vue où on se place etc. Et j'aime bien voir un personnage qui essaye de ne pas en commettre.
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Re: Les "gentils" qui tuent

Message par Dawood »

Pour rebondir sur ton propos Beorn, je crois que nous croyons encore aux héros vraiment "gentils", mais ils ont besoin d'un contexte particulier pour nous être crédibles. En somme, ils ne doivent pas avoir grandi dans notre société actuelle.
Harry Potter et sa troupe de Gryffondor sont de vrais gentils, et on y croit, mais seulement parce qu'ils vivent en vase clos dans une société alternative : aucun des collégiens que nous avons connu ou même été ne se comportait comme les "anges" que sont les élèves de Poudlard.
Les hobbits sont un peuple qui peut aussi s'apparenter à une certaine innocence, à une naturelle bienveillance et un respect de la vie.
Bref, les vrais gentils semblent se concevoir plus facilement en fantasy que dans notre monde réel, comme s'il nous était plus facile d'y croire s'ils avaient grandi à l'écart de notre société que l'on vivrait comme pervertie.
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Re: Les "gentils" qui tuent

Message par Milora »

Je suis parfaitement d'accord avec tout ça :
Beorn a écrit : Pour ma part, j'aurais une autre clef de lecture. Je constate un "durcissement" du gentil, une forme de "naïveté perdue".
Il devient difficile de faire un personnage trop gentil, nous n'y croyons plus. Peut-être notre perception du monde est-elle plus pessimiste qu'autrefois ? En tout cas, ce type de héros a du mal à séduire.
Bien sûr, il y a encore Spiderman pour me faire mentir, mais il semblerait que Batman, le "sombre héros" revienne maintenant sur le devant de la scène.
Dans la BD, Tintin, le succès du XXème siècle, est supplanté par "XIII" qui tue à tour de bras.
Et ce mouvement là, me semble-t-il, traverse largement le clivage Europe/USA quand on parle de littérature de l'imaginaire : Charlotte Bousquet, Justine Niogret, Jean Phillipe Jaworski, Pierre Bordage nous proposent des héros qui tuent, animés d'une morale parfois douteuse, dans des histoires souvent remplies de violence et de désillusion.

Personnellement, je le regrette un peu.
Tout comme Milora, je pense qu'un acte malveillant reste malveillant, peu importe les circonstances, l'enfance du héros, le point de vue où on se place etc. Et j'aime bien voir un personnage qui essaye de ne pas en commettre.
Ça me fait d'ailleurs très plaisir de voir quelqu'un d'autre en parler (en général on me dit que non que non, je dis n'importe quoi et je me fais des idées ^ ^)

D'ailleurs je suis pas trop trop d'accord avec
Dawood a écrit :Pour rebondir sur ton propos Beorn, je crois que nous croyons encore aux héros vraiment "gentils", mais ils ont besoin d'un contexte particulier pour nous être crédibles. En somme, ils ne doivent pas avoir grandi dans notre société actuelle.
Harry Potter et sa troupe de Gryffondor sont de vrais gentils, et on y croit, mais seulement parce qu'ils vivent en vase clos dans une société alternative : aucun des collégiens que nous avons connu ou même été ne se comportait comme les "anges" que sont les élèves de Poudlard.
Les hobbits sont un peuple qui peut aussi s'apparenter à une certaine innocence, à une naturelle bienveillance et un respect de la vie.
Bref, les vrais gentils semblent se concevoir plus facilement en fantasy que dans notre monde réel, comme s'il nous était plus facile d'y croire s'ils avaient grandi à l'écart de notre société que l'on vivrait comme pervertie.
Déjà, y a plein de trucs de fantasy actuelle où les méchants sont douteux (Gagner la guerre ou Le Trône de fer il me semble ; et même dans L'assassin royal le héros est quand même un tueur, même si, pour les volumes que j'ai lus, il reste les personnages assez purs de Kettricken et Vérité).
Mais même, c'est dans l'ensemble de la production de fiction qu'il me semble noter un certain assombrissement. En séries de SF, la joyeuse Stargate est maintenant considérée comme gentillette par comparaison à la sombre Battlestar Galactica qu'on lui dit supérieure (vous me direz que c'est question de qualité ? Moi, je préfère Stargate de ce point de vue là, mais c'est un autre débat, lol. Ce qu'il faudrait noter c'est que l'argument mis en avant est le plus souvent que BSG est plus mâture, parce que plus sombre.)
En plus, pourquoi un héros gentil paraîtrait subitement moins crédible maintenant qu'avant ? Les gens des décennies antérieures n'étaient pas plus naïfs que nous. C'est juste que la société est de plus désenchantée (du coup ça rejoint ce que disait Béorn)

(En plus, dans HP, je trouve pas que les Gryffondors soient si parfaits. Même Ron est pris de faiblesse et abandonne à un moment Harry. Le seul personnage inébranlable c'est Hermione, et peut-être les parents Weasley ^^. Les trois derniers HP, à mes yeux, placent tous les élèves de Poudlard devant des choix (résister activement ? Passivement ? Ne rien faire ? Collaborer ?), et c'est certes simplifié par le classement en différentes maisons et un peu édulcoré parce que c'est un livre pour jeunesse, mais je trouve pas que les Gryffondors soient tous des Gary Sue parfaits^^)


Par contre, sur ça :
Beorn a écrit :
Iuinar a écrit :Je crois que le problème vient aussi d'une différence de culture États Unis / Europe. Il ne faut pas oublier que ce sont des séries américaines. Aux États Unis, non seulement la peine de mort existe encore mais elle est approuvée par une large majorité de la population. Ce qui fait que, pour les américains, tuer les criminels est quelque chose de normal, ça fait partie de la justice. Nous avons vraiment une différence de point de vue énorme avec eux sur ces questions là.
Milora a écrit :Exactement. Fondamentalement, je pense que c'est ça. (Y a qu'à voir certains livres américains comme L'Epée de la vérité, qui font carrément l'apologie de la peine de mort).
Ce que je trouve un peu dangereux c'est que, si on n'y fait pas gaffe, on s'imprègne de cette idée en suivant des séries (ou autres) où le méchant doit mourir (le must étant le méchant qui retourne sa veste et revient vers le côté lumineux de la Force... Mais comme il a été méchant, on sait déjà qu'il va se faire tuer d'ici la fin de l'épisode).

Je pense pas que ce soit une remarque facile ou cliché. La différence de culture existe bel et bien. Surtout dans les séries américaines qui se sont en partie construites autour de l'idée de matraquage des valeurs américaines (plus que les films ou les livres). Et encore plus en SF, d'ailleurs, qui est souvent très liée au contexte culturel contemporain (je pense par exemple, pour caricaturer, aux films d'envahisseurs extra-terrestres qui fleurissaient pendant la guerre froide).
la différence de culture Europe/USA est intéressante, mais à mon humble avis, elle n'explique absolument pas le cas évoqué.

Ce qui est juste, c'est l'existence du mythe du far-west, d'une nation construite sur des pouvoirs faibles, où les citoyens faisaient justice eux-mêmes. Cela explique sans doute cet amour des "super héros", ces justiciers qui ne rendent compte à personne et qui représentent globalement le "bien" sans se soucier des lois (à rapprocher du fait qu'il soit légal d'acheter une arme à feu).
Pour le reste, je ne suis pas d'accord. Certes, il y a un fort courant pro-peine de mort aux Etats-Unis (l'inspecteur Harry me semble emblématique, quant à l'Epée de vérité, je ne l'ai pas lu mais d'après ce que j'en sais, ça ne m'étonnerait pas...), mais ce serait un peu trop facile de dire de nous dédouanner, nous européens.

La peine de mort a été suspendue aux Etats-Unis pendant dix ans, de 1967 à 1977, une époque où en France, la guillotine fonctionnait encore. Aujourd'hui, il existe encore 16 Etats qui ne la pratiquent pas et 90% des exécutions sont réalisées par quelques Etats extrêmistes du Sud, Texas en tête. Parallèlement, en France, une bonne moitié de la population reste favorable à la peine capitale.
Par ailleurs, le succès en Europe de ces mêmes films, séries et livres dont nous discutons joyeusement... parce que nous les connaissons tous ;) ... prouve assez que ces oeuvres trouvent un écho chez nous, et donc dans nos valeurs et dans notre culture.
Je suis pas entièrement convaincue, pour plusieurs raisons :
- 1) que la peine de mort ait été temporairement suspendue aux Etats-Unis et que seule une partie des Etats la pratique n'enlève rien à l'idée qu'elle est légalisée, qu'elle est loin d'être condamnée dans les esprits comme elle l'est (il me semble, mais je suis peut-être optimiste) dans la majorité des esprits européens par exemple. C'est lié avec ce que tu dis sur le far West, l'idée d'autodéfense, le fait que les armes soient en vente "libre", etc.
- 2) pour le fait que les séries nous plaisent à nous aussi. Oui... Mais ça ne contredit pas le fait que le moteur puisse être une mentalité américaine. On est quand même constamment envahis par l'idéologie américaine, et même si on ne l'approuve pas, on est quand même poussés dedans par la mode et tous les médias. Ce qui est américain c'est cool. Ce qu'on voit à la télé nous vient, je dirais, à 80% des Etats Unis (si on compte, en plus des émissions directement importées, celles qui reprennent un concept américain). Inconsciemment (voire consciemment), nos sociétés ont tendance à suivre le mouvement impulsé aux Etats Unis, et à s'en imprégner.

Cela dit :
- 3) j'avoue que dire que l'explication est uniquement à chercher dans le fait que les Américains valorisent la peine de mort, c'est aussi réducteur. On n'a pas attendu Washington pour qu'Athos tue Milady ^ ^ Mais il me semble que généralisation de cette pratique s'est quand même généralisée dans les fictions américaines, non ? (et puis à l'époque de Dumas, y avait la peine de mort :P). D'ailleurs ça m'avait agréablement surprise de constater qu'on n'était pas du tout dans le même schéma dans les dessins animés de Miyazaki (désolée, je sais jamais l'orthographier !), où la "fin" du méchant est en général davantage dans la rédemption que dans la mort...
Donc en gros, je dis pas que la mentalité acceptant la peine de mort est la SEULE explication, mais je pense qu'elle fait partie d'un contexte qui favorise beaucoup ce type d'orientation scénaristique...


...ce qui n'empêche rien non plus au fait qu'effectivement, dans le cas exposé par Siana, ça doit aussi venir d'un défaut de caractérisation, ou plutôt d'une platitude des personnages ^ ^


...ni au fait que j'ai encore pondu un pavé, lol. Je pense que vous ne devez plus me lire, depuis le temps :lol: Désolée !
Jour de pluie dans une cuisine (Le Mammouth éclairé)

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