[A] Le héros (mâle) qui s'épanche

[Sycophante]

Dans mon roman c'est un peu particulier car le personnage est un anti-héros qui se plaint au début... Mais je crois que c'est ce qui donne toute son humanité car son fils ,ainsi que son équipage, le secouent régulièrement, du coup je pense que le lecteur a envie de le voir "réussir".

[Milora]

Il me semble aussi qu'il est plus difficile de créer un personnage qui ne se plaint pas quand on écrit à la première personne plutôt qu'à la troisième.

Oui, c'est vrai...
ça m'est arrivé avec un projet de roman que j'ai laissé tombé... à cause de mon héroïne-narratrice. J'étais pas très en forme l'année où je l'avais écrit, et ça se sentait vraiment dans le caractère du personnage : elle râlait sans arrêt, était passive, pessimiste... Et comme on voyait tout par ses yeux, l'histoire se traînait et je m'ennuyais moi-même en me relisant.
Mais là je pense que le problème n'était pas dans le fait qu'elle s'épanchait ; ça tenait à son caractère mollasson, et surtout, au fait que c'était la narratrice.

Dans mon roman c'est un peu particulier car le personnage est un anti-héros qui se plaint au début... Mais je crois que c'est ce qui donne toute son humanité car son fils ,ainsi que son équipage, le secouent régulièrement, du coup je pense que le lecteur a envie de le voir "réussir".

Oui, voilà. Un personnage qui a des faiblesses peut paraître bien plus humain, ou plus charismatique, qu'un personnage qui ne les montre pas, ne s'épanche pas.
Il y a des héros torturés qui se plaignent beaucoup, et ça rend bien quand même. Quelqu'un a cité Fitz, mais même Harry Potter, dans les derniers tomes, s’apitoie pas mal son sort, je trouve. Dans le Déchronologue, Villon se plaint un peu, mais avec dignité et ça contribue à le rendre charismatique, je trouve (y a une phrase du genre "j'ai vacillé droit", qui résume bien sa façon d'être). Que dire de Proust où le narrateur passe sa vie à ruminer ses malheurs ! Mais le résultat est quand même bluffant (enfin, j'avoue que le tome où il se lamente sans cesse de la mort de sa fiancée ne m'a pas du tout plu, mais c'est justement parce qu'il nous entraîne dans la spirale de sa souffrance et qu'on souffre en le lisant. C'est aussi ça qui fait la profondeur de ce livre).
Bref, plus j'y pense, et moins il me semble qu'un héros qui s'épanche nuit à l'intrigue. Ça dépend de comment c'est fait, et de quelle profondeur psychologique est doté le personnage.
Si c'est à la 1ère personne (et même, dans une certaine mesure, si c'est à la 3ème mais en focalisation interne), ça implique même d'orienter toute la narration dans un certain sens - ce qui n'est pas facile à gérer si l'ont ne veut pas tomber dans les atermoiements.
Au contraire, dans L'Epée de vérité, Richard et Kalhan passent leur temps à se plaindre ; et c'est insupportablement répétitif et lassant. Mais parce que c'est mal fait. (<-- oui, il fallait que je case Goodkind en contre-exemple, c'était plus fort que moi )

[GabrielleTrompeLaMort]

J'en suis arrivée à la conclusion qu'un personnage, masculin ou féminin, peut se plaindre (avec mesure ) mais surtout qu'il a le devoir moral d'avoir du répondant.

Voilà !
S'il se plaint tout le temps, mais qu'il se laisse faire, au final le lecteur va se dire qu'il l'a mérité, et là, oui, ça peut tuer la relation lecteur-personnage. Mais s'il se plaint et qu'il se bat, ça le rend très humain, je trouve.

Sans ça, je suis d'accord avec NB : dans Hunger Games, Katniss est une battante. Par contre, aux tomes 2 et 3, [pas de spoilers !!] elle se plaint beaucoup plus, car elle estime avoir assez souffert mais le sort s'acharne. Ça a beaucoup énervé des amis à moi qui l'ont lu aussi. Moi, j'ai trouvé ça logique.

Milora > ah ah, Goodking ! Ça doit avoir ses qualités, hein, mais personnellement, j'ai abandonné au bout de 50 pages précisément à cause de ça. XD

[NB]

Réflexion annexe : à choisir, je préfère un héros qui s'épanche et se plaint plutôt qu'un héros plus-que-parfait (d'une manière très générale, mais je peux citer des exemples).

[blackwatch]

Pour moi, ça va dans le personnage, vu le background du district 12... c'est pas le genre de nenette à se plaindre : c'est une survivante dès le départ.

+ 1. En fait, j'ai l'avis contraire au tien, Any : si elle s'était plainte depuis le début, je pense que j'aurais beaucoup moins accroché au personnage de Katniss. Les privations, la peur, etc ont toujours fait partie de son quotidien, dès lors, pour moi, c'était normal qu'elle ne se plaigne pas.

[Tristeplume]

Réflexion annexe : à choisir, je préfère un héros qui s'épanche et se plaint plutôt qu'un héros plus-que-parfait (d'une manière très générale, mais je peux citer des exemples).

Les deux ne sont pas incompatibles... mais ça dépend de la définition qu'on donne au héros plus-que-parfait.

Si je devais faire un héros plus-que-parfait, je ferai en sorte qu'il puisse faire battre d'émotion le petit coeur sensible des lecteur (et pas parce qu'il a perdu ses bottes ).

[petit_pavé]

Si je devais faire un héros plus-que-parfait, je ferai en sorte qu'il puisse faire battre d'émotion le petit coeur sensible des lecteur (et pas parce qu'il a perdu ses bottes ).

Un héros plus-que-parfait qui a souffert au passé, garde la tête haute au présent, et se bat pour le futur?

[Elikya]

Si je devais faire un héros plus-que-parfait, je ferai en sorte qu'il puisse faire battre d'émotion le petit coeur sensible des lecteur (et pas parce qu'il a perdu ses bottes ).

Mon cœur de lectrice palpite déjà pour les bottes de Malach.