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Re: "On n'écrit bien que sur ce qu'on connaît"

Posté : jeu. sept. 29, 2011 11:01 am
par petit_pavé
NB a écrit :Si on n'écrivait bien que sur ce qu'on connaissait réellement, la fantasy et la SF n'existeraient pas, non ?
Nan, tu triches, tu as rajouté le "réellement" :lol:

Sinon, je ne trouve pas les deux notions forcément incompatibles: on peut "très bien connaître" son univers fantasy ou SF qu'on a imaginé et créé de toutes pièces. Je trouve cela même plus facile que de "très bien connaître" un univers qui a réellement existé dans le passé (ou qui existe ailleurs dans le monde) et de le respecter dans ses écrits (ce qui ne veut pas dire que c'est impossible, bien sûr, loin de là... sinon tous ces excellents livres historiques que j'ai adorés n'auraient jamais été écrits, et c'aurait été bien dommage).

Pour les personnages, le ton du récit, sa "morale" (même si le mot est mal choisi, je l'accorde)... je pense que les idées et les concepts chers au coeur de l'auteur ressortent d'eux-mêmes naturellement. Comme tu l'as dit "on met toujours une part de soi dans ses histoires, consciemment ou non". D'ailleurs je me demande parfois si ce n'est pas quand c'est inconscient que c'est le mieux fait (mais c'est un autre débat :roll: ).

Re: "On n'écrit bien que sur ce qu'on connaît"

Posté : jeu. sept. 29, 2011 9:39 pm
par Any
J'ai d'abord hésité à dire "pas de problèmes, on peut faire des recherches pour écrire sur ce qu'on ne connaît pas". Sauf que, précisément, les recherches font qu'on tente de maîtriser le sujet et que donc, au final, on le connaît (au moins un peu).

Malgré tout, je pense "on n'écrit bien que sur ce qu'on connaît" n'est pas tout à fait exact. C'est ce que dit Stephen King dans "Ecritures", il me semble. Mais il dit aussi dans ses expériences qu'il ajoute souvent des touches de crédibilité par des détails dans des domaines qu'il ne maîtrise pas forcément.
D'ailleurs la plupart des héros de bouquins seraient écrivains ou profs si on ne devait écrire que sur ce qu'on connait.

Peut-être qu'une astuce consiste à ne pas chercher à être exhaustif, ce que l'on peut faire en SFFF, parce que ce que l'on ne connait pas, peut n'apparaître qu'en toile de fond, et donc n'être qu'esquissé.
Par exemple écrire sur un sujet pointu (c'était le cas de l'AT virus de griffe d'encre) peut créer des difficultés si on cherche à aller trop loin dans des concepts qu'on ne maîtrise pas. Mais si on ajoute lesdits concepts par touches "light", sans rentrer dans le détail des mécanismes, il me semble que c'est plus gérable.

Re: "On n'écrit bien que sur ce qu'on connaît"

Posté : ven. sept. 30, 2011 1:52 pm
par Beorn
Il y aurait beaucoup de choses à dire sur ce sujet. Mais d'abord, qu'est-ce que c'est, "ce qu'on connaît" ?

1) Ce qu'on a vécu soi-même ou vu de très près ?
Je pense que les tensions affectives qui touchent nos personnages sont très directement issues de notre subconscient (donc notre vie ou celle de gens que l'on a connus de près et qui nous ont touché). On peut difficilement évoquer des sentiments qui nous sont totalement étrangers. Mais on peut bien sûr dissimuler, mélanger et brouiller les pistes de manière à ce que cela ne se voit pas trop.

2) Les thèmes qu'on a beaucoup lus/vus ?
Oui aussi. C'est moins systématique, mais écrire dans un genre qu'on n'aime pas, qu'on ne connaît pas, c'est un handicap. Connaître les classiques du genre, avoir une bonne connaissance des clichés et des thèmes, c'est utile.

3) Ce qu'on a connu de près chez des tiers ?
Les expériences vécues par des tiers, qu'ils nous soient proches ou non, sont souvent une source d'inspiration (la rubrique faits divers ou le potin de la machine à café). Mais j'ai tendance à penser que si ces gens ne nous sont pas vraiment proches, cette expérience doit forcément entrer en résonnance avec notre propre vécu, sinon, on ne s'y intéresse pas assez pour en faire un roman.

4) Les sujets sur lesquels on s'est bien documentés ?
Indispensable ! Mais là, c'est plus une exigence technique. Savoir de quoi on parle, cela permet de ne pas dire d'ânerie, mais aussi de trouver des idées et des péripéties originales.

Je dirais donc plutôt, "on n'écrit bien que sur ce qu'on maîtrise". ;)
Moyennant cette petite nuance, je suis entièrement d'accord.

Re: "On n'écrit bien que sur ce qu'on connaît"

Posté : ven. sept. 30, 2011 1:59 pm
par Bergamote
Je pense, qu'en effet, Beorn a bien fait de poser cette question-là.

Moi le "On n'écrit bien sur sur ce qu'on connaît." je le verrais en terme moins réducteur. Dans le sens que cette affirmation (un peu bateau d'ailleurs), est souvent prise au premier degré.

Alors que personnellement, j'y vois derrière une invite faite aux auteurs, à vraiment apprendre à connaître leurs histoires, leurs personnages, etc. Ne vous est-il jamais arrivé de lire un très bon livre et de le voir s'écrouler sur une seule page, quand l'auteur s'est retrouvé visiblement pris au piège de sa propre histoire et trouve une solution complètement bateau (encore !) pour s'en sortir ?

Moi si, des dizaines de fois. Et à chaque fois, je me dis que s'il avait pris deux minutes de plus pour approfondir un peu la chose, le livre aurait été sauvé.

Je pense donc, qu'il faut prendre cette affirmation plus comme un conseil que comme une vérité assénée comme ça, sans rien derrière.

Re: "On n'écrit bien que sur ce qu'on connaît"

Posté : dim. oct. 02, 2011 7:02 pm
par Grenouille_Bleue
Comme toutes les affirmations, on peut évidemment la tempérer.
Ceci dit, c'est vrai que j'écris mieux d'un point de vue masculin que féminin, par exemple.
Que j'ai plus de facilité à mettre en avant un personnage extraverti qu'introverti.
Que je sonne faux en parlant de la fac quand je n'y suis pas passé.

C'est vrai qu'on peut compenser par des recherches. Il n'empêche: Grisham n'est devenu Grisham que grâce à sa connaissance personnelle du système judiciaire.

Re: "On n'écrit bien que sur ce qu'on connaît"

Posté : dim. oct. 02, 2011 7:17 pm
par Sycophante
L'idée de maîtrise est intéressante, mais je pense que le terme de maturité serait tout aussi approprié vu qu'on parle surtout de sentiments.
Et même au niveau technique : j'aurais beau être le plus grand des astronautes, si je n'ai rien à exprimer de particulier dans mon roman
auto-biographique, ce récit sera au mieux un excellent rapport car il manquera une part d'émotion.
Je suis convaincu qu'il y a des livres qu'on ne peut pas écrire à vingt ans.
Quelques rares personnes y arrivent quand même : ce sont ce qu'on appelle les "génies littéraires".

Re: "On n'écrit bien que sur ce qu'on connaît"

Posté : dim. oct. 02, 2011 8:40 pm
par Anonyme_Quatre
Après, que veut dire "ce que l'on connaît" ? Pour moi, cela laisse un champ très libre : on connaît ce qu'on vécu nos amis, au moins les plus proches, peut-être mieux qu'un traumatisme dans la petite enfance (que certains mettent des années à mettre au jour, à élucider), cela dépend des gens.

Je pense aussi que "ce que l'on connaît" peut être extrapolé à bon nombre de situation. Mon héroïne de roman en est un exemple très particulier puisqu'elle a vécu une version extrapolée de ma vie avant moi (et quand je regarde en arrière, ça fait flipper o_o' j'espère que ma mère n'est pas aussi bizarre que la sienne !). Mais en tout cas, quand j'ai repris ce personnage vers le lycée pour lui dédier un roman au lieu de la laisser au second plan, son histoire a été très facile (et difficile à la fois) à écrire, à décrire, surtout au niveau des sentiments qui sont, à la base, les mêmes. Mais dans le fond, ce n'est pas, heureusement, les mêmes actions (elles sont extrapolées par rapport à ma propre vie) qui nous y ont menées.

Donc on connaît beaucoup de choses à partir de bases simples, et on peut en faire un personnage crédible à condition d'un peu de travail ^o^

*espère avoir été comprise parce que se réveille*

Re: "On n'écrit bien que sur ce qu'on connaît"

Posté : jeu. oct. 06, 2011 1:42 am
par Asia M
Beorn a bien résumé les divers cas de figure qui peuvent justifier que l'on "connaît" quelque chose...

De mon côté, j'ai toujours eu tendance à m'identifier à mes personnages. Mes héroïnes sont des jeunes filles qui me ressemblent d'une façon ou d'une autre, mais je ne vois plus cela comme un problème... Peut-être parce qu'elles n'ont plus mon âge (elles sont restées adolescentes); qu'elles se rapportent désormais à une période de ma vie que je peux analyser avec recul, que j'ai l'impression de dominer. Ce recul me permet finalement de me détacher de ma seule expérience pour explorer des types de comportements que peut-être, à l'époque, je ne comprenais pas.

Ceci dit, j'écris aussi des héroïnes de mon âge ou un peu plus, mais je suis tellement complètement sortie de l'approche autobiographique, que je ne crains plus de trop m'investir dans mes personnages. Je plussoie complètement Sycophante au sujet de la maturité. ;) :D

Je pense aussi que ce n'est pas parce qu'on exploite des aspects/facettes qui viennent de nous que les personnages nous ressembleront forcément, surtout aux yeux des autres, qui ne sont pas à l'intérieur de nous pour savoir ce que nous avons pensé ou ressenti à tel ou tel moment de notre vie. Ainsi, je m'inspire de moi aussi pour créer mes méchants, parce que même si je ne suis pas méchante dans la vraie vie, même si je ne passe jamais à l'acte :twisted: cela ne veut pas dire que le vécu ou la motivation d'un "méchant" me sont tout à fait étrangers.

Enfin, je m'inspire volontiers des personnes qui m'entourent pour trouver la cohérence d'un personnage: comment untel réagirait-il? Pourquoi unetelle se conduit-elle de la sorte?

Pour ce qui est du décor, c'est plus difficile. Souvent les lieux familiers ne nous font guère rêver. Je pense que ce n'est pas par hasard que nous écrivons de la SFFF... ;) D'un autre côté, le travail d'un écrivain, c'est aussi de bluffer. Parfois on se fait trop de bile par rapport au réalisme. :ugeek:

Re: "On n'écrit bien que sur ce qu'on connaît"

Posté : mer. oct. 12, 2011 6:25 pm
par Tsyl
J'ai bien peur que ça passe pour une tentative de m'approprier le sujet, mais une question me taraude et j'aimerais avoir votre avis.

Maintenant que chacun a dit si son/ses personnages recélaient en eux une part de leur auteur, je pose la question inverse : est-ce que vous, auteurs, avez parfois des réactions, aussi bien gestuelles que verbales, qui appartenaient initialement à vos personnages ?

Je pose cette question parce qu'il m'est arrivé un truc totalement débile aujourd'hui : devant un interlocuteur effaré, je me suis entendu lâcher un superbe "Sangdieu", juron habituellement utilisé par l'une de mes plus explosives demoiselles ^^. Est-ce que ça vous est déjà arrivé, vous ? :p

Re: "On n'écrit bien que sur ce qu'on connaît"

Posté : ven. oct. 14, 2011 12:14 am
par Ellie
Tsyl: moi j'ai tendance à piquer les looks de mes personnages. C'est assez pathétique :D

Sinon, j'ai parfois tendance à emprunter des répliques à mes personnages quand je manque de répartie, mais en général ça marche vachement moins bien (moi j'ai pas d'auteur pour me soutenir, aussi :p )