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[A] Comment faire s'identifier à un antihéros ?

Posté : ven. sept. 30, 2011 7:41 pm
par Kaze
Bonjour, j'ai une grande question après avoir sillonné les nombreux topics concernant le héros d'un roman. Mais qu'en est-il de l'antihéros? Personnage far introduit par Michael Moorcock avec le personnage du prince de Melniboné, ou Elric de Melniboné si vous préférez.

Tout ça pour dire quoi. L'antihéros, personnage contraire par nature au héros est un personnage difficile à mettre en scène mais très original cependant et que l'on trouve rarement dans les récits de fantasy.

Sans entrer dans les détails des caractéristiques qui font d'un personnage un antihéros, je me pose une question:
Comment le lecteur peut-il s’identifier au personnage alors que c’est un antihéros ?

L'un des personnages de mon récit est un antihéros et il est primordial pour le bienfondé de l'histoire, toutefois, je me demande ce qu'il en est lorsqu'il s'agit d'un personnage principal.
Le lecteur ne risque-t-il pas d'être décalé par rapport aux propos et aux réactions du personnage s'il s'agit d'un antihéros?

:merci: pour votre participation à ce débat.

Re: L'antihéros

Posté : ven. sept. 30, 2011 7:49 pm
par Celia
J'avoue que je suis en train de lire le Trône de Fer. En tant que anti-héros (avec un "s") Tyrion, Samwell, Brienne, Sansa et surtout, plus encore dans la définition du anti-héros, Theon et Davos, se posent là. Alors que d'autres figures du romans (Jon, Arya ou Jaime, ont plus le "profil" de héros, même s'il est salement brocardé par l'auteur)
Quand je lisais Ténébreuse adolescente, Lew Alton était aussi un anti héros.
Du coup quand tu dis que c'est rare en fantasy, c'est peut-petre que je ne lis pas les bons récits de fantasy.

De plus je ne sais pas de quand date le personnage de Moorcock, mais j'ai plutôt l'impression que le anti-héros a d'abord été introduit dans la littérature policière dans les années 30 puis au cinéma avec les personnages joués par Humphrey Bogart, entre autres.

Totu ça pour dire que, pour moi, il ne s'agit pas d'une figure originale.
Par contre, comme le héros, il est très difficile à écrire.
Après, ça dépend à la fois de la sensibilité de l'auteur et du lecteur. J'avoue par exemple avoir eu une indigestion de anti-héros en lisant un bouquin de SF où le personnage en devenait absolument imbuvable et antipathique.

Re: L'antihéros

Posté : ven. sept. 30, 2011 9:29 pm
par tigrette
Je ne crois pas que l'anti-héro soit une figure rare, c'est même de plus fréquent, il me semble. En tout cas, moi j'adore.

Re: L'antihéros

Posté : ven. sept. 30, 2011 9:34 pm
par Iluinar
J'ai un bon exemple en tête : "Gagner la Guerre". Benvenuto, le héros, est un vrai salaud par certains côtés mais Jaworski réussit à nous le rendre sympathique.

Re: L'antihéros

Posté : ven. sept. 30, 2011 10:04 pm
par Kaze
J'ai un bon exemple en tête : "Gagner la Guerre". Benvenuto, le héros, est un vrai salaud par certains côtés mais Jaworski réussit à nous le rendre sympathique.
C'est en ça que je trouve toute la complexité de la chose malheureusement :wamp: .

Re: L'antihéros

Posté : sam. oct. 01, 2011 1:10 am
par Siana
J'ai du mal à saisir la différence entre l'antihéros et le personnage simplement "humain" avec ses défauts. Ou alors c'est la même chose mais juste pour le différencier du héros sans failles et sans peurs (bien que certains aient un petit côté humain avec leur héroïsme) ?

Re: L'antihéros

Posté : sam. oct. 01, 2011 5:01 am
par Bergamote
Tu as raison Siana parfois ça se mélange un peu.
Sauf que dans le cas du anti-héros, le trait est un peu plus poussé.
Personnellement quand on me parle anti-héros, je pense tout de suite à Jack Vance avec Cuegel et Rhialto en particulier...
Il y a aussi Haviland Tuff de Martin dans une autre mesure.

Un humain va avoir ses faiblesses parfois s'y perdre, parfois en réchapper. Un anti-héros va avoir une furieuse tendance à s'y perdre dans 90% des cas. Le tout étant de ne pas en faire trop. Parce que justement cela peut vite virer à la caricature.

Du moins, c'est ma vision des choses.

A titre personnel, je ne sais pas si mes personnages sont des anti-héros en puissance. Le fait est qu'ils veulent tous faire bien dans le sens qui les intéresse. Et que tout ne se déroule pas comme ils le voudraient. Il y a certainement un petit côté "anti", dans le sens où ce sont tous ou presque des créatures autres que des humains, et qu'ils ont leur culture et donc leur réaction propre à leur culture.
Ce qui crée parfois de gros souci.
Mais ensuite, je pense que ce sont de petites personnes normales.

Ensuite, d'un point de vue plus général sur les questions que je lis en ce moment... Le reste je le mets en spoiler cause petit hors-sujet...
Spoiler: montrer
J'ai l'impression que vous vous faites beaucoup de nœuds au cerveau. Hors le fait, que cette discussion est très intéressante, bien entendu. Je vois de plus en plus de personnes qui théorisent leurs écrits, leurs techniques, etc.
C'est tout à fait normal, attention. Et moi j’apprends plein de choses, et je pense que d'autres personnes aussi. Mais finalement j'ai peur que tout cela vous freine plus qu'autre chose.

Dès fois, lorsque je le lis certains post, j'ai envie de crier "Écris plutôt que de tourner autour du pot !". Je vous jure, et d'ailleurs si j'en parle c'est que cela devient un peu dur à taire. Il est important bien entendu, de savoir ce que l'on veut écrire, pourquoi, comment... Mais à un moment, comme ces questions n'ont réellement pas de réponses finies, vous vous y engluez.

Voilà, j'ai fini ma minute "Je suis une vieille, j'aime bien faire ch... le monde."

Re: L'antihéros

Posté : sam. oct. 01, 2011 8:12 am
par Ellie
Sans entrer dans les détails des caractéristiques qui font d'un personnage un antihéros
Ben moi je trouve que ce serait pourtant pas mal, parce que j'ai du mal à précisément cerner ce qu'on désigne. Par exemple, j'ai l'impression d'avoir vu l'expression antihéros être utilisé pour deux trucs différents :

- des protagonistes (globalement dans le camp des «bons») qui ont une moralité quelque peu douteuse, notamment, j'ai souvent l'impression une logique «la fin justifie les moyens» poussée jusqu'au bout
- des protagonistes (globalement dans le camp des «bons») qui sont pas des tueurs de sang froid mais ont tendance à boulettiser, à pas être hyper courageux, balèzes, etc.

Après peut-être que je me plante et que ça correspond qu'au premier cas ? Parce que du coup ça introduit pas les mêmes questions, je trouve.

(Tiens, je sais pas si ça peut aider ou juste faire perdre du temps, mais sur TV Tropes il y a une échelle de l'anti-héros avec cinq «types» différents)

Sinon, ça a pas grand chose à voir, mais je voudrais passer un coup de gueule contre les lecteurs qui te disent «ah, j'aime bien ton personnage, c'est un anti-héros» alors qu'en vrai toi t'as l'impression d'avoir écrit un «héros» pas spécialement anti :cruel:

Re: L'antihéros

Posté : sam. oct. 01, 2011 10:24 am
par Syven
Ellie a écrit : Sinon, ça a pas grand chose à voir, mais je voudrais passer un coup de gueule contre les lecteurs qui te disent «ah, j'aime bien ton personnage, c'est un anti-héros» alors qu'en vrai toi t'as l'impression d'avoir écrit un «héros» pas spécialement anti :cruel:
Même vécu ! :D :D :D :lol:

Re: L'antihéros

Posté : sam. oct. 01, 2011 2:38 pm
par Kaze
Effectivement, je vous l'accorde, c'est très théorique tout ça, toutefois, c'était juste pour poser le problème de l'identification au personnage principal si ce dernier venait à représenter la figure archétypale de l'antihéros comme nous l'avons précédemment souligné.

:merci: pour vos interventions en tout cas, je suis entrain de me rendre compte que la figure de l'antihéros n'est pas si rare que ça en fin de compte.

Re: L'antihéros

Posté : dim. oct. 02, 2011 2:35 pm
par Sycophante
Comme le dit si bien Ellie, il n'y a pas que l'aspect éthique, je pense : un marin qui a peur de l'eau est un parfait anti-héros. Mais comme on vit une époque assez sombre, on a tendance à réduire ces personnages à une dimension "morale". Je trouve ça fascinant, d'ailleurs, que l'archétype chevaleresque soit tombé dans une telle désuétude. Il n'y a qu'à voir le triomphe d'oeuvres comme la Compagnie Noire (que j'adore, au passage).
L'anti-héros est plus que jamais populaire !

Re: L'antihéros

Posté : dim. oct. 02, 2011 3:53 pm
par Kaze
Comme le dit si bien Ellie, il n'y a pas que l'aspect éthique, je pense : un marin qui a peur de l'eau est un parfait anti-héros. Mais comme on vit une époque assez sombre, on a tendance à réduire ces personnages à une dimension "morale". Je trouve ça fascinant, d'ailleurs, que l'archétype chevaleresque soit tombé dans une telle désuétude. Il n'y a qu'à voir le triomphe d'oeuvres comme la Compagnie Noire (que j'adore, au passage).
L'anti-héros est plus que jamais populaire !
Je devrai m'intéresser de plus près à la compagnie noire. J'avoue que la dimension éthique est un peu le fond de mon problème et ton exemple Syco illustre très bien la réalité de la chose, seulement, dans un défaut de précision, je précise que j'entendais par antihéros un personnage antipathique, arrogant, mesquin voire cruel et sadique.

Re: L'antihéros

Posté : dim. oct. 02, 2011 7:00 pm
par Grenouille_Bleue
L'anti-héros me fascine.

Dans un certain sens, les voleurs/arnaqueurs comme Arsène Lupin sont déjà des anti-héros. Locke Lamora est dans sa droite ligne.

Les personnages de Martin ne sont pas pour moi des anti-héros mais des personnages avec des forces et des faiblesses comme tout le monde. En même temps, le nombre de PoV empêche la naissance d"un véritable "héros" et donc de sa contrepartie. Sinon, Littlefinger en serait un archétype.

Don Benvenuto est en effet une excellente figure d'anti-héros; Thomas Covenant (the unbeliever) aussi.

Tous mes romans sont basés sur un anti-héros. Celui qui va sortir a pour personnage principal un homme brutal, sans principe, sans morale, sans amis et sans pitié. Etrangement, c'est lui que tout le monde a préféré.

D'ailleurs, dans le roman écrit en ce moment sur le challenge et les papyrus, le héros est un dealer, loser, parasite, qui passe la moitié de son temps à draguer et l'autre moitié à jouer à des jeux en réseau. Le pari est de le rendre attachant :D

Re: L'antihéros

Posté : dim. oct. 02, 2011 7:12 pm
par Sycophante
Je crois qu'on l'aime à cause de sa fragilité.
Dans l'historique des anti-héros, je pense même qu'on peut aller encore plus haut : un personnage comme Achille est colérique, blesse amis et ennemis dans des accés de rage et meurt au combat, préférant une vie courte et glorieuse... Une rock-star en somme ! :D
Pour moi, contrairement aux apparences, c'est un "perdant" et d'ailleurs à l'époque de l'Antiquité grecque il était très souvent montré comme le parfait contre-exemple de la tempérance...
Je pense sincèrement que l'archétype de l'anti-héros a toujours existé.

Re: L'antihéros

Posté : dim. oct. 02, 2011 7:20 pm
par Celia
En fait la question n'est pas de savoir si le anti-héros existe, mais si le héros, lui, peut toujours exister dans la littérature actuelle.
Qui pourrait supporter un héros au sourire ultra white qui n'a pas grand chose à se reprocher et sauve le monde ? Ca marche quand on part dans le vintage (quoique, personnellement, le seul qui puisse s'en sortir reste Superman... et c'est tout) mais sinon...
D'autant que si on ressort des "classiques" aujourd'hui, c'est le côté sombre, ambivalent des anciens héros que l'on préfère souligner plutôt que de les maintenir sur un piédestal sans tache. A mon avis.