Bergamote, je pense que nous parlons plutôt du dénouement plutôt que de la "toute dernière page". Après, celle-ci doit être aussi particulièrement bien réussie car c'est elle qui va laisser ce dernier goût en bouche souvent prédominant dans le jugement de l'ensemble du roman.
Cette dernière page offre de multiples possibilités, en particulier celle d'induire un sentiment différent, voire contradictoire, par rapport au dénouement : ivresse de la victoire/amertume de la reconstruction ou du prix payé, douleur du sacrifice/acceptation du sacrifice, etc.
Elle peut ouvrir de nouvelles perspectives (à utiliser avec modération pour éviter le sentiment d'inachevé) ou relativiser le succès, ou encore, tentation qui ne doit pas épargner grand monde, être l'ultime coup de théâtre qui modifie radicalement la compréhension de l'histoire (particulièrement casse-gueule).
Siana a écrit :Je pense que c'est ça qui montre la complexité du roman, selon l'étape à laquelle on s'arrête.
Et en général plus on va loin, plus c'est intéressant.Mais maintenant j'ai peur d'avoir fait des intrigues à tiroir avec trop de tiroirs (chaque partie de mon tome 1 en ouvre un, ce qui fait trois, et chaque tome en ouvre un également, le dernier contenant et expliquant tout ça).
Tant que ça reste cohérent et qu'on veille à ce que le lecteur bénéficie toujours d'un fil conducteur, oui, il n'y a pas de raisons de se priver. Il faut quand même faire attention aux procédés utilisés dont la répétition peut lasser le lecteur.
Les trahisons multiples par exemple qui, à force, peuvent décrédibiliser tous les persos aux yeux du lecteur, ce dernier se disant qu'il ne peut faire confiance en personne et que l'auteur le mène en bâteau.
Après, dans mon exemple, j'évoque la structure d'un roman, pas d'une multilogie, et donc le format ne permet pas de multiplier les changements de problématique.
D'ailleurs, si on parle de multilogie, à mon sens l'intérêt principal est justement de pouvoir se faire succéder des problématiques différentes. Si au bout du énième tome la question initiale n'est toujours pas résolue, je trouve ça un peu dommage.
Alors ok, c'est sympa, on a le temps de s'attacher aux persos, de les suivre, de découvrir l'univers, etc. mais trop souvent je trouve que l'histoire n'avance pas (j'ai souvent l'impression que pendant que les héros gigotent dans tous les sens, les autres protagonistes se branlent gentiment la nouille en attendant que les héros soient fin prêts pour leur coller une raclée).
Passer trois tomes à préparer la bataille finale, c'est gâché (à mon humble avis).
Perso, si je devais m'attaquer à un projet de ce type, j'essaierai de faire des tomes très différents. Par exemple :
Tome 1 : problème "mater le grand méchant" -> le grand méchant est maté (quête action classique)
Tome 2 : problème "l'alliance mise en place pète dans tous les sens" -> les récalcitrants sont matés (intrigue politique-diplomatie)
Tome 3 : problème "les héros ont pris le melon" -> de nouveaux héros dégonflent le melon des premiers (intrigue espionnage-assassinat)
Est-il nécessaire d'avoir un fil conducteur d'un bout à l'autre, autre que de raconter l'évolution d'un univers ? Dans cet exemple, ça pourrait être simplement passage d'un système monarchique à un système républicain... mais sans que la problématique soit posée initialement.
— Malach, avez-vous entendu ça ? Je suis, je cite, "drôle, tourmenté, incompris".
— Je ne vois pas en quoi c'est flatteur.
— Mon cher, cela veut dire que je plais aux femmes !
— Décidemment, je ne les comprendrai jamais.