La mare aux nénuphars

Il est marrant de voir comment on peut interpréter la fin de diverses manières

blackwatch a écrit :

c'est la scène où les principales questions sont résolues ("le protagoniste va-t-il surmonter son problème ?" ou si on connaît déjà la réponse : "comment le protagoniste va-t-il réussir ?").

C'est clair. Néanmoins, ce qui rend ce bouquin particulier, c'est qu'il n'y a pas ce genre de scènes. Même si on le devine - c'est ce que je voulais dire par fin ambigue - il n'y a pas de réelle résolution. Ce qui est le plus étonnant là-dedans, du mon point de vue de lectrice qui déteste voir les portes ouvertes par l'auteur rester justement ouvertes, c'est que je ne me suis pas sentie flouée par ce manque de résolution, cette absence de final où toutes les réponses dont données. Le bouquin ne perd pas son intérêt à mes yeux.

Et je crois que dans le même genre, on peut citer "Menteuse".

Là, c'est ni une ni deux que j'embrouille le lecteur, pas de "scène de résolution", de toute façon ce roman explose littéralement tous les "clichés" de construction d'un roman, vu que c'est un puzzle. Il n'y a pas de climax en soit, en tout cas, ce n'est pas ce que j'ai ressenti.

(Blacky, help ! )

Merci les amis, vos commentaires sont passionnants à lire ! L'intervention de Tigrette m'a fait prendre conscience de quelque chose dans un de mes chapitres, merci à toi

A vrai dire, je n'ai pas spécialement songé à cela, mais ce doit être ancré en nous. Dans le cas de mon actuel premier jet, il y a un premier "climax" au sens donné dans le premier message (révélation, moment bouleversant pour le héros) dans le troisième chapitre (donc au début).
Ensuite, il y a la fin ou plutôt les dernières parties avec un passage qui va achever d'assombrir le héros (torture, viol et suicide en un ou deux chapitres) puis la fin qui va, ou tout du moins est censée, bouleverser tout.
Après, il y a des mini-climax, si je puis dire, dans chaque grande partie du récit. Comme c'est l'histoire d'un désenchantement, peut-être est-ce nécessaire de sabrer le héros aussi souvent qu'un esprit sadique et tordu le peut...

"A vrai dire, je n'ai pas spécialement songé à cela, mais ce doit être ancré en nous."

C'est ça qui est fascinant. Comme toujours, il y a des auteurs qui vont placer ces moments intuitivement, tandis que d'autres devront faire appel à un travail plus "intellectuel". J'avais adoré "Adaptation", film qui racontait la vie d'un scénariste qui cherchait à écrire le scénario d'un livre culte. Il butait justement sur ces étapes de son histoire : ce qui fonctionnait dans un bouquin ne pouvait plus être transposé au cinéma.

Pour moi le génie, c'est de pouvoir jouer avec ces codes et de les détourner pour proposer quelque chose de nouveau comme dans "Game of thrones".
Plus facile à dire qu'à faire ! C'est d'ailleurs ce que j'adore avec Michael Moorcock et son personnage emblématique, "Elric". Ce qu'il fait dès le premier tome est démentiel d'un point de vue dramatique/émotionnel , et pourtant cette saga ne s'est jamais essoufflée...

Monsieur Loup a écrit :Après, je rapelle que le paradigme hollywoodien, basé sur la structure très rigide de l'histoire en 3 actes avec noeuds dramatiques et climax, et sur la psycologie du spectateur (celui-ci à l'habitude qu'on lui raconte des histoires construites ainsi, ça a donc plus de chances de marcher), ainsi que la méthode de John Truby (vaguement évoquée il me semble) et sa progression dramaturgique plus complexe mais organique, en 22 étapes, basée sur le personnage et sa psychologie, la psychanalyse junguienne, l'histoire trajectorielle (la quête du soi), sont avant tout des outils, une base, pas une formule!
Ce n'est pas parce que vous vous y conformerez rigoureusement que vous aurez forcément une bonne histoire qui marche, et l'inverse est heureusement tout aussi vrai !

+ 1 000 !!!

Sinon, je crois que je situerais aussi mon climax juste avant la fin (assez tôt cependant, 80 % à la louche).