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Et le degré d'inspiration dans tout ça ?

Posté : jeu. nov. 17, 2011 3:51 pm
par Kaze
Je ne pense pas qu'un tel sujet ai déjà été posté auparavant, donc je me permets d'aborder ce thème, car c'est un problème qui me touche personnellement en ce moment.

Tout d'abord, je vais tâcher de poser la question qui me taraude depuis quelques jours déjà: Quel degré d'inspiration un auteur peut-il atteindre? Ou alors, jusqu’où l'auteur peut-il aller dans l’exploitation de son idée avant que cela ne tombe dans du plagias?

Prenons un exemple qui m'est chère pour illustrer mes propos: R.A Salvatore, auteur émérite du cycle la légende de Drizzt a fait son succès en écrivant des bouquins qui se déroule dans l'univers du jeux de rôle Donjons et Dragons. Mon premier problème est donc le suivant: Pourrait-on malgré tout reprocher à un auteur avec une histoire et des personnages originaux le fait de ne rien inventer.
Toutefois, pour Salvatore, il arrive parfaitement bien à faire cadrer son histoire dans une ambiance rôlistique.

Ce qui m'amène au problème suivant, toujours en rapport avec Salvatore.
Un roman peut-il s'imprégner des idées d'un autre auteur pour faire le sel de son œuvre?

Pour conclure, jusqu’où peut-on aller dans cette voie-là sans tomber dans le plagias ou une certaine forme de paresse littéraire.
J'avoue avoir beaucoup réfléchi à la vision de Salvatore concernant les Elfes noirs par exemple, et j'ai commencé à partir loin dans la création d'un elfe noir à ma sauce, pour qu'au final je me rende compte qu'il ressemblait bien trop à Drizzt, le héros des romans de Salvatore.

Donc, j'en viens à vous demander votre avis, votre aide, vos conseils, vos remarques, commentaires, confessions, etc
N'hésitez pas :mage: .

Re: Et le degré d'inspiration dans tout ça ?

Posté : jeu. nov. 17, 2011 4:11 pm
par Tsumire
A mon avis, l'originalité ne nait pas dans l'idée brute mais dans son traitement. Il y a 100 000 fois plus de possibilités, et donc d'originalité, dans le développement d'une idée que dans son expression brute. Il est donc possible de revisiter des thèmes mille fois débattus comme l'amour, la vengeance, l'honneur, et j'en passe. Il en va de même pour les univers et les personnages. L'important, à mon avis, dans un roman n'est pas l'instant t mais l'évolution, le mouvement, et donc le choix que va prendre l'auteur parmi les ramifications qui lui sont accessibles.

Re: Et le degré d'inspiration dans tout ça ?

Posté : jeu. nov. 17, 2011 4:16 pm
par Kaze
Je vois ce que tu veux dire, mais toute la difficulté résiderait alors dans le fait de tourner un concept par tant de fois revisités, et ce de manière originale (ou la plus originale qui soit en tout cas).

Re: Et le degré d'inspiration dans tout ça ?

Posté : jeu. nov. 17, 2011 4:23 pm
par Tsumire
Absolument pas.

Je vais essayé de mieux m'expliquer.

Situation de départ : A ou B ou C
On ajoute à cela seulement trois choix narratifs d'incidents déclencheurs, ça donne toutes ces possibilités : A1 ou A2 ou A3 ou B1 ou B2 ou B3 ou C1 ou C2 ou C3. Ensuite, tu ajoutes des personnages, des événements, des rencontres. Autant de choix qui vont personnaliser ton récit, et pourtant tu ne cherches pas la voie la plus originale. Non, tu essayes seulement de construire une histoire avec tes propres affinités, ce qui conduit forcément à créer une empreinte personnelle, donc unique, à ton histoire.

Je voulais seulement t'expliquer que la recherche de l'originalité ne te conduit pas forcément à une histoire originale. Cependant,un bon traitement et développement du récit te conduisent forcément à ajouter une touche unique, celle de tes propres affinités.

Re: Et le degré d'inspiration dans tout ça ?

Posté : jeu. nov. 17, 2011 4:33 pm
par Kaze
D'accord oui, je comprends mieux, c'est la façon dont on traite le développement de son histoire et non forcément les grands traits qui font naître notre originalité.

Re: Et le degré d'inspiration dans tout ça ?

Posté : jeu. nov. 17, 2011 4:44 pm
par Jean-Claude Dunyach
Kaze a écrit :D'accord oui, je comprends mieux, c'est la façon dont on traite le développement de son histoire et non forcément les grands traits qui font naître notre originalité.
Disons qu'il y a une balance à trouver...
Si ton contexte et ton histoire sont des clichés vraiment très connus, tu auras besoin d'une originalité de traitement très forte pour apparaître comme "suffisamment original". En gros, tu prends Roméo et Juliette et tu le réécris, ça peut donner l'excellent West Side Story (original dans sa forme et son traitement, et en décalage avec l'original) ou au contraire un truc qui ne passera pas parce que "déjà vu".
Derrière chaque histoire, il y a un certain nombre d'archétypes qui font qu'on est rarement orioginal pour ce qui est du sujet de base (après plusieurs milliers d'années de littérature, on se marche un peu tous sur les pieds). Mais le traitement, la mise en scène, la caractérisation, etc., sont des façons d'établir son originalité.
Comme le disait Elisabeth Vonarburg, les histoires d'amour ne sont jamais originales, sauf la vôtre. Justement parce que c'est la vôtre. Reste à le faire sentir au lecteur...

Je vous poutoune,

Re: Et le degré d'inspiration dans tout ça ?

Posté : jeu. nov. 17, 2011 5:15 pm
par Kaze
Jean-Claude Dunyach, ton intervention est très instructive, j'avoue que l'exemple que tu as pris illustre bien le sujet traitée.
Cependant, et à titre personnel, je ne vois pas grand intérêt de voir une rediffusion (même original) d'une œuvre qui est déjà un monument, et je pense que je ne suis pas le seul dans ce cas, c'est pourquoi je me dis par exemple, en prenant le cas des elfes noirs qui m'ont toujours passionnés:
Si je pars sur le principe de Salvatore et d'autres auteurs qui se sont penchés sur le sujet, je pourrais compulsés et amassés une somme d'information qui me rendra susceptible de produire quelque chose en me basant sur leurs écrits, toutefois, j'ai peur qu'en me basant sur ces auteurs, j'évince ce pouvoir de création et la pâte personnel que je pourrais apposer à l’œuvre.

Peut-être à tort, mais disons que pour se lancer dans un projet comme celui-ci, ça représente de gros risques, et je ne souhaite à personne qu'au final, une maison d'édition renvoie un courrier en ayant inscrit: "Nous avons détesté, car votre texte sue le manque d'originalité et ressemble trop à ... "

Voilà ma position :wamp: .

Re: Et le degré d'inspiration dans tout ça ?

Posté : jeu. nov. 17, 2011 5:25 pm
par Dawood
Hello, Kaze !
On s'inspire tous de quelque chose, de manière consciente ou pas.
N'aie pas peur de que tes références se voient, l'essentiel c'est de les assumer. Tous tes lecteurs n'auront pas les mêmes références que toi et par conséquent, tous ne les verront pas. Quant à ceux qui les verront, si ton histoire est une bonne histoire, ce ne sont pas les idées que tu auras epruntées à d'autres qui les arrêteront.
Je vais prendre comme exemple Paolini, l'auteur d'Eragon, qui était vraisemblablement un fan de Tolkien dont il a repris les elfes et les nains : malgré tout ce que l'on peut reprocher à son oeuvre, je suis plutôt admiratif de ce qu'il a fait de ses propres elfes, qui s'ils paraissent sortis du moule que leur avait conçu Tolkien, s'en éloignent par divers aspects que j'ai trouvés judicieux. Bref, j'ai vu ses références, et ça ne m'a pas arrêté, au contraire ;)

Re: Et le degré d'inspiration dans tout ça ?

Posté : jeu. nov. 17, 2011 5:29 pm
par Sytra
Si je comprends bien, ton problème, c'est ton utilisation des elfes noirs ? :lect:
Tu t'inquiètes parce que l'idée que tu en as est très influencée par des oeuvres déjà existantes ?

Sauf que si j'ai bien suivi, ce qui t'intéresse, c'est justement de travailler avec ces elfes noirs tels que tu les as découverts dans ces oeuvres.
Pour moi, il n'y a pas de solution miracle : soit tu assumes de reprendre cette vision des elfes noires qui te plait (mais ton roman pourra tout de même être original sur bien d'autres aspects, et notamment sur ton intrigue, ou encore sur le reste de ton univers) ; soit il faut que tu te construises tes propres elfes noirs.

Si ça peut te rassurer, je vais prendre un exemple : dans les Chroniques de Krondor, on retrouve des elfes, mais surtout des nains qui sont vraiment très proches de la vision de Tolkien (ou même celle de D&D si on veut aller encore plus loin dans le risque de faire "pas original"). Pourtant, ça ne m'a nullement dérangé, et Krondor reste une de mes sagas préférées. Pourquoi ? Parce qu'il y a plein d'autres aspects sur lesquels ça ne ressemble pas à Tolkien ; parce que les personnages sont intéressants et attachants ; parce que l'auteur a introduit un élément original par rapport à la fantasy "elfes/nains/magiciens" classiques à travers une guerre entre deux mondes reliés par une faille.

Re: Et le degré d'inspiration dans tout ça ?

Posté : jeu. nov. 17, 2011 5:49 pm
par Lùani
Pour ajouter ma pierre à l'édifice, je dirais que je trouve plus facile de traiter un cliché-ultra connu (Roméo et Juliette, par exemple) que de m'inspirer de quelque chose de spécifique (l'oeuvre d'un seul auteur, un livre précis)
Dans le premier cas, on a beaucoup de marge de manoeuvre, les variantes sont si infinies qu'on ne retombera pas forcément sur un sillon déjà creusé.
Alors que s'inspirer d'un auteur, c'est prendre le risque de faire quelque chose qui ressemble vraiment trop à une fanfiction.
Mon exemple personnel : j'ai beaucoup joué dans le monde d'Ambre (cf Le cycle des Princes D'Ambre, pour ceux qui ne connaissent pas), et j'avais une idée de syno. Mais impossible de me détacher de la fanfiction : mon multivers ressemblait trop aux Ombres du romans, avec des miroirs à la place de cartes pour communiquer, et malgré mes inventions le tout sentait tout de même beaucoup la reprise éhontée.
Il faut réussir à garder l'âme de ce qui nous plaisait, mais en s'éloignant assez pour en faire quelque chose d'unique. Et là, je trouve plus difficile de s'éloigner du sillon déjà creusé.

Pour en revenir à tes elfes, je pense que les elfes noirs ont été suffisamment repris (les norns de Tad Williams, les elfes noirs dans les jeux vidéos comme Elders Scrolls...) pour que l'idée même d'un elfe noir ne soit pas "une copie". Après, il faut réussir à personnaliser le reste, bétonner l'histoire etc...
SI tu arrives à ce que ton elfe noir ne soit pas seulement un elfe noir, mais bien une personne à part entière, avec ses rêves, ses motivations, son passé (et pas seulement j'ai quitté ma cité noire pour cauver ma peau et depuis tout le monde me jette des pierres), alors il n'y a pas de raison...

Re: Et le degré d'inspiration dans tout ça ?

Posté : jeu. nov. 17, 2011 5:54 pm
par Kaze
@ Dawood: :merci: pour ton commentaire , j'espère que tout le monde puisse penser comme toi. En tout cas, le fait de trouver des références sans butter dessus est une bonne philosophie, mais encore faut-il que la majorité l'adopte.

@ Sytra:
Si je comprends bien, ton problème, c'est ton utilisation des elfes noirs ? :lect:
Tu t'inquiètes parce que l'idée que tu en as est très influencée par des oeuvres déjà existantes ?
Voilà, c'est exactement ça.
Pour moi, il n'y a pas de solution miracle : soit tu assumes de reprendre cette vision des elfes noires qui te plait (mais ton roman pourra tout de même être original sur bien d'autres aspects, et notamment sur ton intrigue, ou encore sur le reste de ton univers) ; soit il faut que tu te construises tes propres elfes noirs.
Disons que pour le coup, j'ai vu une aubaine dans le fait de m'appuyer sur un monde déjà existant. Pour tout mes autres projets, je me suis échiné à créer des mondes, une société, une géographie, etc
Donc là pour le coup, je voulais plutôt me concentrer sur les personnages et l'aventure réellement, plutôt que sur le monde.

Concrètement, je voyais en Drizzt pour D&D, un équivalent possible pour Warhammer, étant un grand fan des deux univers, toutefois j'ai peur que cela fasse trop redondant et que le roman ne s'adresse qu'à un publique d'érudit assez restreint.

@ Luani:
Alors que s'inspirer d'un auteur, c'est prendre le risque de faire quelque chose qui ressemble vraiment trop à une fanfiction.
Tu as très bien résumé le problème Luani.
Il faut réussir à garder l'âme de ce qui nous plaisait, mais en s'éloignant assez pour en faire quelque chose d'unique. Et là, je trouve plus difficile de s'éloigner du sillon déjà creusé.
C'est là toute la difficulté :wamp: .
SI tu arrives à ce que ton elfe noir ne soit pas seulement un elfe noir, mais bien une personne à part entière, avec ses rêves, ses motivations, son passé (et pas seulement j'ai quitté ma cité noire pour cauver ma peau et depuis tout le monde me jette des pierres), alors il n'y a pas de raison...
C'est un peu le but que je me suis fixé, bien que la tâche me paraisse de plus en plus ardue...

Re: Et le degré d'inspiration dans tout ça ?

Posté : jeu. nov. 17, 2011 6:23 pm
par Mélanie
Si tu as envie d’écrire ce roman, écris-le. Mon conseil. Si la situation t’inspire beaucoup, tu en feras quelque chose d’intéressant. Peut-être tant que l’on ne regardera plus la ressemblance avec les elfes noirs. C’est ce qui me semble le plus important.

Re: Et le degré d'inspiration dans tout ça ?

Posté : jeu. nov. 17, 2011 6:35 pm
par AxelleC
Melanie a écrit :Si tu as envie d’écrire ce roman, écris-le. Mon conseil. Si la situation t’inspire beaucoup, tu en feras quelque chose d’intéressant. Peut-être tant que l’on ne regardera plus la ressemblance avec les elfes noirs. C’est ce qui me semble le plus important.

Je suis complètement d'accord !

Il vaut mieux suivre ton inspiration et voir où ça te mène.

De toutes façons, on est tous influencé par ce qu'on lit, regarde etc...

Beaucoup d'auteurs ont des mondes transverses qu'on lie les uns aux autres, sans pour autant trouver ça redondant ou inintéressant. (Dans les librairies, on entend souvent "vous auriez un livre qui ressemble un peu à **** ?"... Les gens cherchent parfois du familier et espèrent trouver un peu d'inédit dedans ^^)

Re: Et le degré d'inspiration dans tout ça ?

Posté : jeu. nov. 17, 2011 6:42 pm
par Kaze
@ Melanie: :merci: pour ton message
Si la situation t’inspire beaucoup, tu en feras quelque chose d’intéressant.
Encore faut-il que la situation m'inspire assez pour que j'arrive à dépasser le stade de l’influence pure pour aller vers quelque chose de plus personnel.
C'est là tout le problème de la chose, car j'ai peur de prendre ce risque en m’apercevant en fin de compte que ça ne me convient pas.

Je suis prudent comme garçon ^^ .

@ AxelleC:
Il vaut mieux suivre ton inspiration et voir où ça te mène.

De toutes façons, on est tous influencé par ce qu'on lit, regarde etc...
C'est vrai, mais encore faut-il arriver à ne pas trop mettre en avant ces influences sous peine de se voir comparer à des auteurs qui ont un original bien meilleur.

Je sais, je suis pessimiste, mais méticuleux aussi :mage: .

Re: Et le degré d'inspiration dans tout ça ?

Posté : jeu. nov. 17, 2011 6:55 pm
par Siana
Non, un cliché ce n'est pas grave. ^^ En fait, on part tous d'idées connues et mille fois utilisées (bon, parfois moins). Il arrive qu'on trouve tout à coup une idée originale, mais c'est rarement le cas. Souvent on ne fait que s'inspirer, et on ressent cette inspiration à travers le premier jet de l'histoire qu'on construit.

Mais, c'est bien connu, un premier jet ne reste jamais intact. Au fur à mesure, si tu réfléchis à l'histoire, aux idées, à ce que tu veux vraiment, si tu crées des connexion/corrélations entre les idées, tu finiras par modifier le développement des cliché utilisés au début pour leur donner une touche personnalisée à travers le traitement. Et petit à petit ton histoire deviendra de plus en plus originale (non plagiée, et intéressante).
D'ailleurs, le plagiat n'est du plagiat qu'en cas de recopiage d'une œuvre, car les idées elles-mêmes ne sont pas protégées.
(ça me rappelle que je devais faire un poste sur les droits d'auteurs dans un autre fil, pas encore eu le temps. :oops: )
Donc à partir du moment où tu exploites l'idée à ta manière, il n'y a pas de plagiat à proprement parler. Sinon, si tu reprends l'idée telle qu'elle, bah ça fera juste une sensation de déjà-vu.
Et, du coup, je ne pense pas qu'il puisse y avoir une limite à l'inspiration si tu réfléchis sans cesse à tous les développements possibles de ton histoire. D'ailleurs, je te dis ça un peu par expérience parce que je suis aussi partie d'idées très clichées (monde sorciers/humains, prophétie, élus, fin du monde, tout ça... :wamp: ) et qu'à force de réflexion absolument toutes ces idées ont évolué (parce que quand on ne peut pas retirer les clichés sans retirer l'histoire, il faut bien mettre toute la sauce dans le traitement... ^^).
Donc ça me semble contradictoire d'avoir peur de tomber dans le plagiat justement en travaillant une idée. Parce que c'est en la travaillant qu'elle acquière la personnalité de l'auteur.

Alors, pour ton elfe noir, ne te prends pas trop la tête. Travaille avec une première ébauche, et tu pourras ensuite modifier ton elfe à partir des éléments personnels que tu auras incrustés au fur et à mesure dans le décor et le monde. Et puis tu auras le temps de réfléchir pour trouver d'autres idées concernant ces elfes. En tout cas, ne pense pas à une chose, pense à la chose en question et à ce qui l'entour en même temps, ça fera marcher la machine à inspiration plus facilement et tu créeras des corrélations intéressantes sans même t'en rendre compte entre le peuple et son milieu naturel/monde, bref, entre les idées elles-même pour en obtenir de nouvelles bien plus personnelles.