Par genre ou par public ?

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MarquiseArtémise
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Re: Par genre ou par public ?

Message par MarquiseArtémise »

Pour ma part si j'ai cité les Nous et les SAS plutôt que les Harlequin et les Fleuve noir, c'est délibéré : certaines collections Harlequin, comme certaines des Fleuve noir, o,t servi de tremplins à des auteurs qui ont su renouveler le genre pour en sortir (et il faut bien remarquer qu'à partir du moment où leur "patte" est reconnaissable et appréciée, ils trouvent d'autres éditeurs).
Les SAS, j'en ai aussi fini 2, j'avais 13 ans : je rêve encore parfois de la pauvre fille à qui on faisait exploser les seins après lui avoir introduit des cactus dans le vagin, et je n'ai aucun souvenir du contexte socio-politique, quel qu'ait pu être sa qualité (et au même âge j'ai lu les James Bond et les Coplan, que j'aimais bien, donc ce n'est pas le côté espionnage que je critique).

Mes personnages sont essentiellement féminins. Je pense donc que mon lectorat sera probablement plus féminin, mais est-ce que ça veut dire que je "cible" ce public ? J'espère que non.
J'ai d'ailleurs beaucoup de mal à comprendre ce que vous entendez par là en tant qu'auteur, à part au moment de déterminer à quel éditeur ou quelle collection correspondrait le mieux votre manuscrit. :?:
De mon côté, au stade de l'écriture, j'essaie plutôt de cibler les émotions que je veux faire naître. A chacun de s'y retrouver (ou non)...
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Celia
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Re: Par genre ou par public ?

Message par Celia »

Sauf qu'ici, il me semble, on parle de genre (le policier, l'espionnage, la romance), pas de collections particulières.
Je pense que limiter le roman de gare aux "mauvaises" (soit disant) collections de genre ne sert pas le propos. Et historiquement, le roman d'aventure, le roman d'amour et le roman policier ont commencé à la gare. Certains y sont toujours. Et d'autres ont eu leur "lettres de noblesse". Mais ils restent tous du même genre.
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tigrette
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Re: Par genre ou par public ?

Message par tigrette »

Pour moi, l'universalité évoqué par Beorn (corrige-moi si je me trompe), ce n'est pas une tentative pour plaire à tout le monde.
Je crois que cette fameuse universalité émerge quand les thèmes abordés au-delà de l’univers, des personnages, du ton etc touchent le lecteur profondément. Parce ces thèmes (qui sont sont des archétypes) sont ancrés en nous.
L'amour, la trahison, la mort, l'absence, la grandeur et la déchéance, les conflits humains (adolescence, difficulté de devenir adulte, de faire des choix, l'honneur, le devoir, l'ambivalence qui existe en chacun de nous) sont présents dans le récit (pas forcément tous en même temps) mais l'essence de l'histoire (quand elle est bien écrite) touche l'humain en nous.
Après la forme peut être complètement radicale et diverse : je pense à des livres comme le Quichotte, comme le Catcher in the rye de Salinger, les livres d'Albert Cohen, Solaris de Stanislas Lem, Dune, Hypérion, Dostoïevski, Frankenstein, les illusions perdues, la recherche, 24 heures de la vie d'une femme etc etc etc, Gatsby le Magnifique etc

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Tristeplume
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Re: Par genre ou par public ?

Message par Tristeplume »

Beorn a écrit :En revanche, quand on me parle de "romans écrits par des hommes pour des hommes" ou "par des femmes pour des femmes", ou qu'on me dit que parce qu'on est blanc et hétérosexuel, on ne va écrire que là-dessus, là je ne suis pas d'accord.
Parce qu'on enferme l'auteur lui-même dans une catégorie (tu es un homme/une femme/un homosexuel) comme si cela lui donnait une légitimité pour écrire sur ce thème ou pour cette "communauté".
C'est un autre problème. HS mais c'est souvent ceux qui ne sont pas impliqués qui parlent le mieux de tel ou tel sujet. Bref.

Après, je ne voyais pas ça sous l'oeil d'une légitimité mais plutôt des "aléas" de la vie d'auteur, du créneau où il perce et des attentes du public et de l'éditeur qu'il se crée.

Admettons que DWYBO perce et fasse un tel carton que Stéphane Marsan sera prêt à m'accueillir habillé en petite soubrette. Je vais être estampillé "auteur de fantasy rigolote et qui en plus fait de la space-fantasy, transgenre tactac".
Sauf que, et tu le sais bien, je n'ai pas envie d'écrire que ça. Mais même habillé en soubrette, je ne suis pas sûr que Marsan sera ok pour que je bosse sur une romance déprimante entre un elfe opiomane et un nain dépressif, surtout qu'il attend avec impatience la suite des aventures de Malach, fils de Moloch, pour faire péter le tiroir caisse.
Sans parler des fans prêtes à se jeter sous les roues plaquées or de mon scooter.

Entre me lancer sur un projet différent et incertain et bosser sur un projet attendu, le choix risque d'être vite fait d'autant que je n'ai pas le temps de bosser sur tout en même temps.
Et me voilà dans 15 ans, définitivement classé auteur rigolo, à publier tous les ans un nouvel opus de Malach, à base de prout-prout et paf-le-chien parce que c'est dur de rester inspiré sur un même thème.

Est-ce que ça sera triste pour autant ? Difficile à dire.
La fantasy, ça bourgeonne depuis 20 ans à peine. Il y a eu de petits éditeurs passionnés qui ont fait émerger des auteurs plus intéressants, avec des romans très écrits ou très originaux, plus personnels. De petites maisons sont devenues grosses, des grosses se sont intéressées à l'affaire. Il s'est formé un milieu de gens très informés, avec des conférences, des interviews, des festivals... Bref.
ça reste cloisonné et beaucoup trop cloisonné. Mais on peut maintenant trouver un Télérama qui parle de Robin Hobb et Tolkien est étudié à l'université, des films ou des livres de SF ont eu des prix et sont devenus des classiques.

Rien de tout cela ne s'est produit pour les SAS et "Nous 2".
Ils existent pourtant depuis des siècles ou à peu près (je ne suis pas un spécialiste) et ce sont toujours des romans de gare.
Je ne pense pas que ce soit un hasard.
Bah, il ne s'agit pas de jouer à qui a la plus grosse.

Je voulais juste dire que dans la littérature de genre, ben on est bien souvent contraints de respecter à minima les codes du genre. Et comme le dit si bien Roanne, plus le genre est typé, plus ces codes sont contraignants.
Je ne suis pas sûr que tous les auteurs "de gare" que j'ai cité soient très fiers de leurs oeuvres. Peut-être qu'ils auraient aimé écrire autre chose.
Après, peut-être que Léonard de Vinci pensait que la Joconde n'était qu'une vulgaire croûte juste bonne à décorer des latrines princières. :mrgreen:
— Malach, avez-vous entendu ça ? Je suis, je cite, "drôle, tourmenté, incompris".
— Je ne vois pas en quoi c'est flatteur.
— Mon cher, cela veut dire que je plais aux femmes !
— Décidemment, je ne les comprendrai jamais.

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Tristeplume
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Re: Par genre ou par public ?

Message par Tristeplume »

MarquiseArtémise a écrit :Les SAS, j'en ai aussi fini 2, j'avais 13 ans : je rêve encore parfois de la pauvre fille à qui on faisait exploser les seins après lui avoir introduit des cactus dans le vagin, et je n'ai aucun souvenir du contexte socio-politique, quel qu'ait pu être sa qualité (et au même âge j'ai lu les James Bond et les Coplan, que j'aimais bien, donc ce n'est pas le côté espionnage que je critique).
Déjà, on ne lit pas de SAS quand on 13 ans. :evil:
Après, c'est simplement à l'image des horreurs qui se pratiquent un peu partout dans le monde. Passer à l'as ce type de scène, on peut estimer que c'est trahir le réalisme et les codes du genre.
On aime ou on n'aime pas, mais ne pas aller dans ce côté trash, ça revient à trahir le lecteur.
— Malach, avez-vous entendu ça ? Je suis, je cite, "drôle, tourmenté, incompris".
— Je ne vois pas en quoi c'est flatteur.
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— Décidemment, je ne les comprendrai jamais.

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MarquiseArtémise
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Re: Par genre ou par public ?

Message par MarquiseArtémise »

(Pour le fait que j'avais 13 ans : c'était les vacances, je n'avais plus de provisions et c'était les seuls livres qui traînaient sur une étagère à l'appart de location... :( )
Après, c'est simplement à l'image des horreurs qui se pratiquent un peu partout dans le monde. Passer à l'as ce type de scène, on peut estimer que c'est trahir le réalisme et les codes du genre.
On aime ou on n'aime pas, mais ne pas aller dans ce côté trash, ça revient à trahir le lecteur.
??? James Bond est quand même une des grandes références du genre, c'est loin d'être un enfant de cœur, surtout dans les bouquins, et il n'y a pas trois fois 5 pages par volume de description complaisante de viols, de tortures et autres. J'en ai lu,des romans d'espionnage, de toutes sortes, sérieux ou moins sérieux, réalistes ou moins, de toute époque, littéraire ou écrit au km : OSS117, Tom Clancy, Jack Higgins, Ken Follett, John Le Carré...
SAS me semble un genre à lui tout seul, "espionnage classé X trashy". Que ça puisse intéresser certains, pourquoi pas. Mais qu'il y ait des gens pour se sentir trahis s'ils n'ont pas la description dans le détail de la méthode de la meilleure façon de noyer quelqu'un dans une baignoire de pétrole... J'ose espérer que non (et les tirages de SAS ne sont plus ce qu'ils étaient (vu le genre, j'en suis à trouver que je devrais chercher un synonyme à "tirage" :oops: :twisted: !), on ne me demande plus pourquoi je n'en ai pas en rayon, et j'en suis ravie ; pour info, par contre j'ai quelques San Antonio, et ils continuent d'être lus).
C'est comme quand on me demande du polar réaliste, désolée, je ne pense pas à Police des mœurs.

J'arrête de faire ce procès (qui n'est pas celui de tous les "romans de gare" !) dans ce fil, ça dévie trop du sujet initial. :evil:

Mais pour moi seuls les extrêmes d'un genre (donc oui, des collections bien particulières) s'adressent à un seul public.
Pour le reste, dans tous les genres on peut trouver des livres susceptibles de toucher un public élargi, dans les SFFF et les polars tout particulièrement : certains toucheront des amateurs de romans historiques, d'autres de romans sentimentaux (la bit-lit et les romances "fantastiques" à la Musso/Lévy en sont les exemples les plus flagrants du moment), d'autres de polars... Même si ce n'est pas la "cible" pensée au départ.
Et c'est tant mieux ! :)
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chocolaa
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Re: Par genre ou par public ?

Message par chocolaa »

Marquise, j'aurai adoré t'avoir pour bibliothécaire dans ma bibli de quartier, ou encore au lycée :heart:

Bref, je suis assez d'accord avec tout ce que tu soulèves, de SAS j'en ai lu un quand j'avais 17 ans et ça m'a aussi plutôt marquée :lol:
En tout cas je suis aussi d'avis avec le fait que ça s'adresse à un public particulier, car la collection SAS me semble avoir des codes bien précis. De même que certaines collections d'Harlequins tel que "Blanche" (dans l'univers exclusif des médecins) ou encore Azur (où le héros est forcément un apollon millionnaire grec :lol:
Après le truc bien avec Harlequin, c'est qu'ils me semblent avoir plutôt bien évolués avec le temps, par ex avec des collections comme Passion (où la seule contrainte est l'aspect "hot" du couple très mis en avant), Audace (porté sur l'aventure), ou encore Nocturne (quand c'est du Fantasy/Fantastique), donc ça reste plus "large"... Mais là je fais avec mes souvenirs, ça fait longtemps que je n'en ai pas lus.

Bref, pour ces raisons ça peut aussi être important de savoir à peu près situer son public, du moins si on se rend compte qu'on veut utiliser les codes d'un genre en particulier (la romance, l'horreur, ou encore les mangas qu'on a cités plus haut sont par exemple concernés).
Perso je sais que j'utilise les codes romances pour mon projet, et à partir de là je sais donc dans quelle direction j'avance, et c'est ce qui me rassure.
Mais la romance étant un genre qui a bien évolué ces dernières années, ces codes ne sont plus aussi précis ; en fait le plus connu est l'HEA (Happily Ever After = ils finirent heureux jusqu'à la fin des temps lol), et il reste inconditionnel (du moins à partir du XXème). A côté de ça on est loin aujourd'hui des contraintes des années 80' où les deux héros devaient passer par des phases bien spécifiques dans leur couple.
Pour cette raison ça peux aussi plaire à un public plus large aujourd'hui ;)
(d’où le succès de la bit-lit actuellement je pense)
La romance c'est bon pour le moral :heart:
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MarquiseArtémise
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Re: Par genre ou par public ?

Message par MarquiseArtémise »

Il y a une collection Fantasy chez Harlequin (je crois qu'elle s'appelle Luna) où on trouve des noms aussi connus que Mercedes Lackey. ^^
Cependant quand un auteur s'est fait assez remarqué pour "sortir du lot", ses livres "moins calibrés" sortent sous le label "Mira" ou "Jade"... Je ne sais pas d'ailleurs si vous avez noté que Briggs a pris du galon, Bragelonne sort le 6ème Mercy Thompson en grand format Bragelonne et pas directement en Milady. :P

Qu'un éditeur définisse un public cible, ça ne me dérange pas vraiment car il a des contraintes marketing.
Mais si pour un auteur je ne vois pas de honte à écrire "alimentaire" ou à se laisser enfermer dans des codes très étroits (même les leurs !), je n'y vois pas non plus beaucoup de challenge et de plaisir (sauf si on s'appelle Joan Wilder ^^). D'ailleurs beaucoup de "pères" de héros célèbres pourtant passés à la postérité ont voulu s'en débarrasser de façon très définitive :twisted: ...
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Roanne
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Re: Par genre ou par public ?

Message par Roanne »

Marquise, je trouve enfin le temps de te répondre.
MarquiseArtémise a écrit :Bien ce que je disais, il faut lutter contre les préjugés des auteurs ! ^^

Si tu as un public plus large que celui que tu "ciblais", Roanne, c'est parce que tu te fais plaisir et que de fait, tu "cibles" beaucoup moins que tu ne crois le faire. :)
De ce que tu reconnais, tu ne te laisses pas enfermer dans des barrières quand tu écris (et c'est ça qui te permet de toucher beaucoup de gens différents), alors pourquoi penser que ton lectorat, lui, doit être rangé dans des cases ?
Je suis ravie que les lecteurs se chargent de te démontrer de façon positive qu'ils ne sont pas "un public" mais "des personnes" ! :)
En fait, tu as interprété* et c'est amusant car nos avis son fondamentalement opposés.
* je n'étais sans doute pas claire !
Si tu as un public plus large que celui que tu "ciblais", Roanne, c'est parce que tu te fais plaisir et que de fait, tu "cibles" beaucoup moins que tu ne crois le faire. :)
Au contraire, je cible énormément. Et si je touche d'autres personnes que prévu, c'est juste... de la chance. Mais aussi parce que ce que je cible, c'est justement ce qu'elles ne trouvent pas forcément ailleurs et donc ça leur plait.
De ce que tu reconnais, tu ne te laisses pas enfermer dans des barrières quand tu écris
Je n'ai jamais prétendu ça ! ^^ Qu'est-ce qui te le fait croire ?
alors pourquoi penser que ton lectorat, lui, doit être rangé dans des cases ?
Pareil, ai-je dis que j'enfermais le lectorat dans des cases ?
Tu confonds moyens et résultats.

J'écris pour un public parce que j'en ai besoin d'un point de vue pratique = moyens (codes, styles, ton, limites à dépasser ou au contraire à ne pas dépasser, etc, pour moi tout découle du public visé).

Le résultat, lui, m'échappera complètement = n'importe quel lecteur sera libre de lire ou pas mon roman.

Nous savons pertinemment qu'un seul et même lecteur est un être transversal, qui peut piocher ses lectures en fonction de ses goûts et envies du moment, donc il peut, en tant qu'individu, être un "public multiple" (à partir du moment où il le souhaite, car il est libre).
Donc prétendre que je n'ai pas conscience de ça - alors que moi-même je suis multi-public - et que je cherche à ranger chaque individu dans une case précise, c'est mal me connaître et tenter de me faire dire ce que je n'ai pas dit.

Ce dont je suis certaine, c'est que par rapport aux codes que je me suis imposée à titre perso sur mon roman, certains lecteurs seront allergiques à celui-ci (ceux qui n'apprécient pas la légèrete, les trucs de filles, et j'en passe) ou seront profondément déçus (ceux qui croient que c'est juste une romance par ex., chabada, sortez la guimauve, et ils vécurent heureux...).

Un roman peut dépasser le cadre du public pour lequel il a été écrit - Harry Potter est un excellent exemple ! - mais :
- ne séduira jamais les lecteurs allergiques aux codes de ce public ;
- décevra ceux qui se sont trompés, ou que l'on a trompés*, sur le public auquel est dédié le roman.

* et là, je rappelle l'importance de la couverture et de la quatrième de couverture, qui peuvent être traitres.
Vous n'aimez pas Noël ? ça tombe bien, nous non plus ! Du coup, avec Chapardeuse, nous vous invitons sur Wattpad pour (re)découvrir le Noël cataclysmique de Claire et Chan.

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Beorn
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Re: Par genre ou par public ?

Message par Beorn »

Célia a écrit :Avec SAS non, avec San Antonio oui : les polars, de quelques styles qu'ils soient (de Vargas aux Nordiques) trustent les gondoles des librairies généralistes ET les médias. Les romans d'espionnage ont eu leur succès aussi d'ailleurs.
Avec Nous Deux : il y a une dizaine d'années on a vu l'énorme vague de la chick litt. J'en ai lu des très bons, et j'en ai lu des très mauvais, comme j'ai lu des bons Harlequins et des mauvais Harlequins.
Donc là je ne suis pas d'accord avec toi.
Tout à fait, je ne vise pas le "genre" espionnage ou policier ou romance, pour moi le genre importe peu. Je vise les romans qui s'enferment dans des codes trop précis.
Quel que soit le genre, pour moi, c'est juste un "habillage" , un outil pour nous parler de choses beaucoup plus universelles (je ne trouve pas d'autre mot) comme l'amitié, l'amour, la filiation, la vengeance ou je ne sais quels autres thèmes plus larges - qui touchent autant les hommes que les femmes, les jeunes que les vieux, les noirs que les blancs etc.
En ce sens, les collections qui imposent des codes trop précis, pour moi, ne peuvent pas donner de bons romans. Sauf accident.

Les polars ont effectivement pris une place considérable dans les rayons et ils ont acquis leurs lettres de noblesse, mais c'est parce qu'ils se sont énormément diversifiés et "universalisés". Un auteur comme Fred Vargas en est la parfaite illustration, avec ses personnages attachants, son regard décalé sur le monde... Mais elle n'est pas la seule, évidemment.
Quant aux romans d'espionnage, je n'y connais pas grand chose, mais je n'ai rien contre ce genre a priori, du moment qu'en nous parlant d'espionnage, ils touchent autre chose en nous.

Je rejoins donc ce que dit chocolaaa sur la romance, en somme.
Roanne a écrit :Pareil, ai-je dis que j'enfermais le lectorat dans des cases ?
Tu confonds moyens et résultats.

J'écris pour un public parce que j'en ai besoin d'un point de vue pratique = moyens (codes, styles, ton, limites à dépasser ou au contraire à ne pas dépasser, etc, pour moi tout découle du public visé).
Voilà.
En fait, Roanne, je comprends les choses comme cela : tu ne cibles pas un public comme un auteur de Nous 2 cible le sien. Tu n'utilises pas de codes, tu n'écris pas dix romans en deux ans, qui se ressemblent tous, où le lecteur attend les passages obligés.
Tu écris ton roman à toi, celui dont tu as envie, qui te plaît comme il est, que tu lis et relis depuis des années. Tu t'imagines un public derrière ton épaule et cela t'aide à faire tes choix, mais le résultat sera très personnel... et paradoxalement, c'est cela qui te permettra de toucher un public plus divers.

A mon avis, Marquise et toi, vous ne parlez pas de la même chose.
Tristeplume a écrit :près, je ne voyais pas ça sous l'oeil d'une légitimité mais plutôt des "aléas" de la vie d'auteur, du créneau où il perce et des attentes du public et de l'éditeur qu'il se crée.

Admettons que DWYBO perce et fasse un tel carton que Stéphane Marsan sera prêt à m'accueillir habillé en petite soubrette. Je vais être estampillé "auteur de fantasy rigolote et qui en plus fait de la space-fantasy, transgenre tactac".
Sauf que, et tu le sais bien, je n'ai pas envie d'écrire que ça. Mais même habillé en soubrette, je ne suis pas sûr que Marsan sera ok pour que je bosse sur une romance déprimante entre un elfe opiomane et un nain dépressif, surtout qu'il attend avec impatience la suite des aventures de Malach, fils de Moloch, pour faire péter le tiroir caisse.
Sans parler des fans prêtes à se jeter sous les roues plaquées or de mon scooter.
Pour y être maintenant (pas avec Stéphane Marsan en soubrette, mais à un stade un peu en dessous...) je peux te dire que ce n'est pas un vrai problème. Je n'aurais peut-être pas dit la même choses trois mois plus tôt et je me suis posé énormément de questions à ce sujet, mais je peux maintenant le dire librement : tu peux faire ce que tu veux, au fond, c'est possible.

(c'est peut-être même souhaitable, parce que la fantasy humoristique transgenre, ça te fera plutôt remarquer des petites maisons que de Stéphane Marsan).

J'ai publié de la fantasy adulte chez Mnémos, ok. Mais je n'ai pas envie de ne faire que ça. J'ai donc écrit autre chose et j'ai cherché un nouvel éditeur.
Un nouveau public, une nouvelle aventure.

Ton éditeur attendra peut-être de toi que tu écrives un second DWYBO et si c'est ce que tu veux, tant mieux, vous ferez affaire. Si c'est Stéphane Marsan, tu as une chance de vendre pas mal de bouquins et peut-être un jour d'arrêter de travailler, dans ce cas, il vaut mieux écrire plusieurs bouquins de la même sorte.
Mais si tu as envie d'écrire autre chose, après tout, tu as un autre boulot, ce n'est pas comme si ton éditeur pouvait te mettre à la porte. Des éditeurs, il y en a plein et quand tu as déjà été publié, les portes s'ouvrent plus facilement. Si tu n'écris plus dans la ligne de ton éditeur actuel, tu peux en changer.
Stéphane Marsan ne veut pas de ta romance déprimante avec ton elfe opiomane pour moins de 12 ans ? Eh bien, tu iras voir Hachette jeunesse et puis c'est tout. ^^
Site officiel
Bragelonne : Le 7ème Guerrier-Mage / Calame T1
Castelmore : Le jour où... / 14-14 / Un ogre en cavale / Lune rousse
Rageot : Le club des chasseurs de fantômes 1 et 2

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Tristeplume
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Re: Par genre ou par public ?

Message par Tristeplume »

MarquiseArtémise a écrit :SAS me semble un genre à lui tout seul, "espionnage classé X trashy".
C'est exactement ça.
Que ça puisse intéresser certains, pourquoi pas. Mais qu'il y ait des gens pour se sentir trahis s'ils n'ont pas la description dans le détail de la méthode de la meilleure façon de noyer quelqu'un dans une baignoire de pétrole... J'ose espérer que non
Ben si. C'est comme lire un porno sans scène explicite de cabrioles.
Mais pour moi seuls les extrêmes d'un genre (donc oui, des collections bien particulières) s'adressent à un seul public.
Entièrement d'accord, on parle de niches bien particulières.
Pour le reste, dans tous les genres on peut trouver des livres susceptibles de toucher un public élargi [...] Même si ce n'est pas la "cible" pensée au départ.
Et c'est tant mieux ! :)
Entièrement d'accord aussi.

Ecrire en ciblant un public, ça aide à construire son projet et à le rendre cohérent. Comme l'explique bien Roanne, ce n'est pas pour autant que le roman ne touchera pas d'autres personnes.
Roanne a écrit :Au contraire, je cible énormément. Et si je touche d'autres personnes que prévu, c'est juste... de la chance.
Si je puis me permettre, y a aussi une partie de talent, quoique tu en dises. ;)
Roanne a écrit :Ce dont je suis certaine, c'est que par rapport aux codes que je me suis imposée à titre perso sur mon roman, certains lecteurs seront allergiques à celui-ci (ceux qui n'apprécient pas la légèrete, les trucs de filles, et j'en passe) ou seront profondément déçus (ceux qui croient que c'est juste une romance par ex., chabada, sortez la guimauve, et ils vécurent heureux...).
On s'impose tous des codes dans l'écriture d'un roman, je crois même que c'est indispensable pour obtenir quelque chose de cohérent et d'abouti.
Le genre, le public cible (dont féminin/masculin), le ton, l'approche stylistique, etc.
Cela ne veut pas dire qu'on va s'enfermer dans les codes précis d'un genre et cela ne veut pas dire qu'on ne va pas changer diamétralement de codes dans le projet suivant.
— Malach, avez-vous entendu ça ? Je suis, je cite, "drôle, tourmenté, incompris".
— Je ne vois pas en quoi c'est flatteur.
— Mon cher, cela veut dire que je plais aux femmes !
— Décidemment, je ne les comprendrai jamais.

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Re: Par genre ou par public ?

Message par Tristeplume »

Beorn a écrit :Pour y être maintenant (pas avec Stéphane Marsan en soubrette, mais à un stade un peu en dessous...) je peux te dire que ce n'est pas un vrai problème. Je n'aurais peut-être pas dit la même choses trois mois plus tôt et je me suis posé énormément de questions à ce sujet, mais je peux maintenant le dire librement : tu peux faire ce que tu veux, au fond, c'est possible.

(c'est peut-être même souhaitable, parce que la fantasy humoristique transgenre, ça te fera plutôt remarquer des petites maisons que de Stéphane Marsan).

J'ai publié de la fantasy adulte chez Mnémos, ok. Mais je n'ai pas envie de ne faire que ça. J'ai donc écrit autre chose et j'ai cherché un nouvel éditeur.
Un nouveau public, une nouvelle aventure.

Ton éditeur attendra peut-être de toi que tu écrives un second DWYBO et si c'est ce que tu veux, tant mieux, vous ferez affaire. Si c'est Stéphane Marsan, tu as une chance de vendre pas mal de bouquins et peut-être un jour d'arrêter de travailler, dans ce cas, il vaut mieux écrire plusieurs bouquins de la même sorte.
Mais si tu as envie d'écrire autre chose, après tout, tu as un autre boulot, ce n'est pas comme si ton éditeur pouvait te mettre à la porte. Des éditeurs, il y en a plein et quand tu as déjà été publié, les portes s'ouvrent plus facilement. Si tu n'écris plus dans la ligne de ton éditeur actuel, tu peux en changer.
Stéphane Marsan ne veut pas de ta romance déprimante avec ton elfe opiomane pour moins de 12 ans ? Eh bien, tu iras voir Hachette jeunesse et puis c'est tout. ^^
Ah mais je suis d'accord sur le principe mais après c'est une prise de risque pour ta "carrière" d'auteur (même si ta vie n'en dépend pas) peut-être moins confortable que de travailler dans la continuité avec l'éditeur qui a bien voulu de toi.

Je précise que ce ne sont que des interrogations purement théoriques en ce qui me concerne. Pour l'instant, ce qui me préoccupe le plus c'est de faire mon plan de correction pour DWYBO. ^^
— Malach, avez-vous entendu ça ? Je suis, je cite, "drôle, tourmenté, incompris".
— Je ne vois pas en quoi c'est flatteur.
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Milora
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Re: Par genre ou par public ?

Message par Milora »

C'était très intéressant de vous lire :)

Je voudrais juste apporter une petite touche dans le débat Sas-Harlequin-Nous 2 / livres "universels"...

C'est qu'à mon avis il y a une différence fondamentale d'optique. Les premiers sont des produits. Conçus pour êtres consommés.
On peut lire de la littérature "facile" et trouver ça sympa. De la même façon qu'on va regarder une série télé lambda et passer un bon moment. On n'en exige pas plus : un truc sympa, qui fait passer le temps, qu'on lit avec facilité, divertissant.
Je n'en lis pas beaucoup, mais quand j'ai lu un de ces romans policiers faits à la chaîne, j'ai trouvé ça assez déstabilisant : il n'y avait qu'à se laisser porter, tout était couru d'avance, c'était une écriture plate mais correcte, bref, ça déconnectait le cerveau (pas dans un sens péjoratif, au sens où ça détend).
(Pour ceux qui connaissent Chapeau Melon et bottes de cuir, il y a un épisode où Steed et Mme Peel pénètrent chez un prestigieux auteur de romans sentimentaux, et il s'avère que c'est... un piano. Chaque touche correspond à un élément "(le jeune homme offre des fleurs à la jeune fille", "ils se rendent à un bal", etc.), et en jouant une mélodie, ça imprime un roman :lol: C'est exactement ça).

De l'autre côté, vous avez des romans (plus ou moins réussis) qui ne cherchent pas seulement à être des produits (attention, je ne veux pas dire qu'aucune considération commerciale n'entre en jeu). Ils ont chacun une individualité, une "touche personnelle" de l'auteur. Ils peuvent toucher certains publics, mais ne sont pas conçus à partir d'une batterie rarement renouvelée d'éléments similaires. On ne les lit pas de la même façon. On n'en retire pas la même chose.
Je ne voudrais pas m'avancer, mais je pense que même le meilleur des romans de la catégorie précédente aura peu de chance de laisser un réel impact chez son lecteur (autre que choquant dans le cas des SAS, à ce que je vois ! :lol:)
Je précise que ça n'est pas vraiment lié seulement à la qualité (L'épée de vérité, que je considère comme le pire roman que j'aie jamais lu, entre à mes yeux malgré tout dans cette deuxième catégorie. L'auteur a clairement écrit pour faire vendre, mais il ne s'agit pas d'un roman à la chaîne sur le même modèle que les autres livres édités sous cette même collection)

Pour moi, il y a vraiment une différence d'attente entre les deux (côté lecteur) et clairement une différence au niveau de la conception.
On peut choisir d'écrire des romans-produits, ou d'écrire des romans-romans. On peut lire des deux et passer un bon moment avec les deux. Mais il y a fondamentalement une différence d'approche entre les deux groupes.

Or, les romans écrits par-des-hommes-pour-des-hommes ou par-des-femmes-pour-des-femmes appartiennent quasiment tous à la première catégorie.

Et puis, ça n'a rien avoir, mais j'aimerais bien mettre plein de petits coeurs à la phrase de Marquise qui dit que les lecteurs ne sont pas des publics mais des personnes :) :heart: :heart: :heart: :heart:
Jour de pluie dans une cuisine (Le Mammouth éclairé)

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Tristeplume
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Re: Par genre ou par public ?

Message par Tristeplume »

Tout-à-fait Milora, la prise de risque artistique est largement moindre dans ce type de produits.

Excellente la référence à Chapeau Melon, je vois bien l'épisode dont tu parles. ^^

HS :
Beorn a écrit :la fantasy humoristique transgenre
Je ne suis pas un spécialiste mais je pense que le "transgenre" est en trop. Même si j'emprunte beaucoup de codes du space-opéra, qu'il y a des voyages dans l'espace et des batailles spatiales, ça reste de la pure fantasy.
J'aurai pu écrire exactement la même histoire sur un monde fantasy classique avec une île perdue, des bateaux et des batailles navales.
D'où la question, pourquoi avoir donc créé un tel univers ?
Ben j'y réfléchis encore, d'autant que sa description me prend la tête. :mrgreen:
— Malach, avez-vous entendu ça ? Je suis, je cite, "drôle, tourmenté, incompris".
— Je ne vois pas en quoi c'est flatteur.
— Mon cher, cela veut dire que je plais aux femmes !
— Décidemment, je ne les comprendrai jamais.

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pingu
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Re: Par genre ou par public ?

Message par pingu »

Parce que c'est plus facile d'écrire un voyage crédible en aéronef qu'en frégate ?

Et qu'en plus tu n'aimes pas les poissons ?

Hum. Cela dit, fort intéressante discussion, notamment ce que dit Roanne (et d'autres) sur le fait de ne pas partir dans tous les sens en voulant toucher un public "universel", mais au contraire de se tenir à une cohérence du récit en fonction d'objectifs nets (l'universel est en particulier chez chacun de nous ^^).

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