Roanne, plus tu essaies de m'expliquer que je n'ai pas compris ta position, plus tu me confortes dans mes propos^^.Roanne a écrit :
si je touche d'autres personnes que prévu, c'est juste... de la chance. Mais aussi parce que ce que je cible, c'est justement ce qu'elles ne trouvent pas forcément ailleurs et donc ça leur plait.
Pareil, ai-je dis que j'enfermais le lectorat dans des cases ?alors pourquoi penser que ton lectorat, lui, doit être rangé dans des cases ?
Tu confonds moyens et résultats.
J'écris pour un public parce que j'en ai besoin d'un point de vue pratique = moyens (codes, styles, ton, limites à dépasser ou au contraire à ne pas dépasser, etc, pour moi tout découle du public visé).
Le résultat, lui, m'échappera complètement = n'importe quel lecteur sera libre de lire ou pas mon roman.
Nous savons pertinemment qu'un seul et même lecteur est un être transversal, qui peut piocher ses lectures en fonction de ses goûts et envies du moment, donc il peut, en tant qu'individu, être un "public multiple" (à partir du moment où il le souhaite, car il est libre).
Donc prétendre que je n'ai pas conscience de ça - alors que moi-même je suis multi-public - et que je cherche à ranger chaque individu dans une case précise, c'est mal me connaître et tenter de me faire dire ce que je n'ai pas dit.
Ce dont je suis certaine, c'est que par rapport aux codes que je me suis imposée à titre perso sur mon roman, certains lecteurs seront allergiques à celui-ci (ceux qui n'apprécient pas la légèrete, les trucs de filles, et j'en passe) ou seront profondément déçus (ceux qui croient que c'est juste une romance par ex., chabada, sortez la guimauve, et ils vécurent heureux...).
Un roman peut dépasser le cadre du public pour lequel il a été écrit - Harry Potter est un excellent exemple ! - mais :
- ne séduira jamais les lecteurs allergiques aux codes de ce public ;
- décevra ceux qui se sont trompés, ou que l'on a trompés*, sur le public auquel est dédié le roman.
* et là, je rappelle l'importance de la couverture et de la quatrième de couverture, qui peuvent être traitres.
Tes explications sont paradoxales : tu dis à la fois que tel public = tel code et que tu n'enfermes pas les lecteurs dans des cases ; que je me trompe en disant que tu ne laisses pas ligoter par tes codes et que "ce que [tu] cible[s], c'est justement ce qu'elles ne trouvent pas forcément ailleurs" et que "Un roman peut dépasser le cadre du public pour lequel il a été écrit - Harry Potter est un excellent exemple ! - mais ne séduira jamais les lecteurs allergiques aux codes de ce public".
Nombre de lecteurs de HP me soutiennent qu'ils n'aiment les SFFF. A partir d'un moment où tu joues sur plusieurs codes, tu peux toucher plusieurs publics, chacun pour des raisons différentes. Tel amateur de Musso me soutiendra mordicus qu'il déteste le fantastique, et tel autre qu'il déteste la littérature sentimentale :chacun ne voit dans le livre qu'il a dans les mains que ce qu'il veut y voir.
Tu dis que je confonds théorie et résultat, mais c'est toi tu te mets dans la peau d'un scientifique qui nie les résultats de sa propre expérience s'ils contredisent ses postulats, même de façon heureuse !
Que tu aies besoin de cadrer ton récit et de cerner des codes pour t'y tenir et avoir une vraie cohérence, très bien. Mais si tu touches une cible plus large, ou juste différente mais contente d'être touchée, où est le problème ?
Là où je te rejoins complètement, c'est dans le marketing : en positif comme en négatif, la présentation joue avec ou contre le livre aux yeux de certains lecteurs. Un exemple parmi d'autres : Une des plus jolies et intelligentes adaptations de conte que j'ai, "the Goose girl" de Shannon Hale, qui s'adresse à un public ado, a été traduit par "la Princesse qui n'avait plus rien", avec une couverture "mignonne comme tout" couleur bonbons : bref, deux fois plus de boulot pour moi pour convaincre mes lecteurs, jeunes ou moins jeunes, garçon ou fille, que ça valait le coup de l'ouvrir et que non, juré, ce n'était pas gnan ! (il y avait assez de sentiments pour que ceux qui venaient en chercher ne se sentent pas volés, mais de justesse^^).