Et pour revenir sur le sujet initial, c'est pour cette raison que je trouve plus pertinent un classement par ton que par genre, j'ai tendance à penser qu'on est plus touché par des choses comme le rythme de l'histoire, s'il y a de la violence ou de la légèreté, etc. que par le contexte où elle se situe.
C'est sûr que ce serait formidable d'avoir ce genre de distinctions (même si je répugne quand même un peu à éliminer totalement le classement par genres). Ce qui m'embête, par contre, dans le classement par tons, c'est son application pratique. Le "ton", c'est quand même profondément subjectif: dès lors, où tracer les frontières, quand on voit à quel point le ressenti, la sensibilité, le dégré de tolérance peuvent varier d'un lecteur à un autre, en fonction d'une part de leur personnalité, de leur vécu, du contexte dans lequel ils ont grandi ?
Sans parler de la manière dont ces choses sont abordées, du point de vue, du style de narration: une scène de meurtre vue au travers des yeux de la victime terrorisée ou du meurtrier qui y prend plaisir, cela peut être perçu totalement différemment par le lecteur. Pourtant, au final, la réalité est basiquement la même.
Et puis il y a les histoires qui sont très sombres, très violentes d'un point de vue psychologique, sans forcément comporter beaucoup de violence physique; et puis les histoires très sombres aussi, mais très gores, avec plein de sang et d'entrailles partout, sans forcément beaucoup de psychologie: peut-on vraiment les classer ensemble?
Et même le "genre" du récit en lui-même peut induire une différence de perception du ton. Une scène de violence gratuite extrême dans un livre qui relate les horreurs de la guerre civile, des camps de concentration, des conditions de vie dans certains pays, etc. ou dans un roman fantasy pour montrer que le méchant est vraiment méchant et ses soldats tout aussi méchants que lui, honnêtement, c'est pas du tout la même chose. Même si la scène en question, prise hors contexte, est mot pour mot la même.
C'est cela qui rendrait le classement par tons difficile: il va falloir faire des catégories, et sur quelles bases va-t-on les établir? Uniquement le contenu (scènes violentes ou non, sexe ou non), sans tenir compte du point de vue ou du contexte? Ou bien en entrant dans les nuances, en tentant d'étiquetter des notions subjectives? Ou alors en distinguant juste basiquement le "très léger" du "léger" du "normal" du "dur" au "très dur"... mais c'est très basique, très fourre-tout, et même ainsi, je suis sûre qu'il y aura plein de désaccords.
Bref, cela me semble impossible d'établir des catégories à la fois fondées, justifiées, et à même de satisfaire tout le monde.
Quand on écrit pour des lecteurs, pour de tierces personnes, s'interroger sur la façon dont elles vont recevoir la lecture n'est pas une perte de temps ni une façon de se renier. Cela n'oblige absolument pas à oublier ses propres intérêts et ce qu'on recherche à titre personnel dans l'écriture.
Je suis totalement d'accord avec cela, et j'aime beaucoup comment tu l'exprimes
"S'interroger sur la façon dont elles vont recevoir la lecture": c'est tout à fait cela.
Cela ne va peut-être pas apporter grand-chose à la discussion (désolée
), mais en ce qui me concerne, au début, j'écrivais aussi sans me soucier de savoir à qui mon histoire s'adressait. Seulement, là, j'arrive au bout de mon premier jet, et je me rends compte que c'était une mauvaise idée, parce qu'au final même moi j'ai du mal à distinguer à qui s'adresse mon histoire exactement.
Inversément, je suis en train de préparer mon prochain projet, pour lequel mon public cible est très clair dans mon esprit: j'oriente mes choix en conséquence, et franchement... c'est tellement mieux, plus clair pour le lecteur, et plus "assumé" de ma part.
Je pense que désormais, "pour qui j'écris" (mon public-cible) et "le style d'histoire que j'écris" (mes thèmes d'auteur) seront les deux questions que je me poserai immanquablement
avant toute rédaction. Je ne pense pas que ce soit une manière de se renier ou de se limiter: plutôt une manière de s'affirmer.
EDIT: Argh, cette discussion va trop vite, ou alors je suis trop lente en dactylo
Mais je plussoie les avis de Booz, Tigrette, Blackwatch et Chocolaa à ce sujet