De la pudeur involontaire de l'auteur
Posté : mar. nov. 29, 2011 4:26 pm
Depuis quelques jours, je suis en plein dans une réflexion que j'ai envie de partager ici (je ne pense pas que le sujet ait déjà été abordé, en tout cas pas sous cette forme, mais si c'est le cas je m'en excuse d'avance).
Pour vous expliquer le point de départ de ma réflexion, voici les faits: je suis actuellement en pleine phase de recherches et de documentation pour mon prochain projet. Et comme j'ai envie d'écrire une histoire de vampires, j'ai évidemment commencé, en parallèle, à lire des romans consacrés à ce thème, en commençant par Dracula (à tout seigneur tout honneur, hein ) et en embrayant directement sur les livres d'Anne Rice (qui a gagné une nouvelle fan au passage, d'ailleurs ).
Bref, me voici lisant Entretien avec un vampire, qui me passionne d'autant plus qu'il parle (entre autres) d'un enfant-vampire. Or, un des deux personnages principaux de mon futur roman est justement un enfant immortel (pas un vampire, mais qu'importe): c'est donc un thème qui m'intéresse particulièrement. Et une chose me frappe d'emblée en lisant le livre d'Anne Rice: quand j'étais en train de jeter les bases de ma future histoire, je me disais que vu le contexte, la relation entre mes deux personnages principaux (un vampire à la moralité plutôt incertaine et un enfant, immortel, certes, mais un enfant quand même), pourrait paraître ambiguë, et j'ai directement cherché, un peu par réflexe, à effacer cette ambiguité. J'ai donc été plutôt surprise de la manière parfaitement assumée (et maîtrisée, mais c'est un autre sujet) avec laquelle Anne Rice a, au contraire, exploité ce même sujet.
Ce qui m'a amené à m'interroger sur les raisons (ou plutôt l'absence de raisons, parce que le problème est plutôt là, à mon sens) que j'avais eu, de mon côté, à directement chercher à contourner la question. Bon, je n'ai pas changé d'avis quant à ma volonté de ne pas laisser d'ambiguités à ce niveau, mais le fait d'y réfléchir m'a permis de clairement voir pourquoi je faisais ce choix. Et comprendre ce pourquoi m'a au final permis non seulement d'approfondir la personnalité de mes deux personnages, mais aussi de mieux définir leurs relations.
C'est la deuxième fois en peu de temps que je me rends compte (après-coup) que j'ai évité d'aborder certaines choses dans mes récits, plus par pudeur que par choix, et cela m'amène à réfléchir à la question. Bien sûr, on peut décider de ne pas traiter certains sujets: tant que c'est un choix assumé. Il y a des tas de bonnes raisons: parce que cela ne rentre pas dans le cadre (ou les objectifs) du récit, parce que cela ne cadre pas avec le contexte ou la personnalité des protagonistes, ou même, tout simplement parce que, en tant qu'auteur, on n'a tout simplement pas envie de traiter ce thème-là.
Là où je m'interroge plutôt, c'est quand cela ne relève pas d'un choix personnel mais plutôt d'un réflexe conditionné, une façon "d'éviter" un sujet, peut-être par une sorte de pudeur instinctive, un refus involontaire d'aborder quelque chose que notre personnalité, notre éducation, le contexte dans lequel nous vivons, ou autre, nous fait ressentir comme "tabou", "malsain", "malvenu" ou autre. Parce que dans mon cas, c'était bien de cela qu'il s'agissait.
Et vous, est-ce que cela vous est déjà arrivé de vous rendre compte, un peu par hasard, en prenant du recul par rapport à une de vos histoires, en lisant des romans d'autres auteurs ayant abordé le même thème, ou encore par le retour de (bêta-)lecteurs, que vous aviez "zappé" ou contourné par une sorte de pirouette certaines choses, certaines scènes ou thèmes dans un de vos textes, sans réelle raison (ou, du moins, sans que ce soit réellement par choix)?
Etiez-vous plutôt surpris, vous demandant ce qui vous avait fait atténuer ou masquer ce passage, cette notion, alors qu'ailleurs dans le récit vous vous en donniez peut-être à coeur joie dans des domaines peut-être pires? Avez-vous modifié le passage en question, ou bien avez-vous juste réfléchi aux raisons pour lesquelles vous aviez pris cette ligne de conduite et décidé de la garder?
Quelle importance accordez-vous à la part de réflexion consciente et d'analyse de vos propres raisons d'aborder ou non un certain thème dans le cadre de vos histoires? Est-ce important pour vous de savoir "pourquoi" vous décidez d'aborder ou non certaines choses, ou bien les raisons vous importent-elles peu tant que vous vous sentez bien dans ce que vous écrivez?
Ou... est-ce juste moi qui pose des questions inutiles? (oui, oui, c'est une possibilité aussi )
Pour vous expliquer le point de départ de ma réflexion, voici les faits: je suis actuellement en pleine phase de recherches et de documentation pour mon prochain projet. Et comme j'ai envie d'écrire une histoire de vampires, j'ai évidemment commencé, en parallèle, à lire des romans consacrés à ce thème, en commençant par Dracula (à tout seigneur tout honneur, hein ) et en embrayant directement sur les livres d'Anne Rice (qui a gagné une nouvelle fan au passage, d'ailleurs ).
Bref, me voici lisant Entretien avec un vampire, qui me passionne d'autant plus qu'il parle (entre autres) d'un enfant-vampire. Or, un des deux personnages principaux de mon futur roman est justement un enfant immortel (pas un vampire, mais qu'importe): c'est donc un thème qui m'intéresse particulièrement. Et une chose me frappe d'emblée en lisant le livre d'Anne Rice: quand j'étais en train de jeter les bases de ma future histoire, je me disais que vu le contexte, la relation entre mes deux personnages principaux (un vampire à la moralité plutôt incertaine et un enfant, immortel, certes, mais un enfant quand même), pourrait paraître ambiguë, et j'ai directement cherché, un peu par réflexe, à effacer cette ambiguité. J'ai donc été plutôt surprise de la manière parfaitement assumée (et maîtrisée, mais c'est un autre sujet) avec laquelle Anne Rice a, au contraire, exploité ce même sujet.
Ce qui m'a amené à m'interroger sur les raisons (ou plutôt l'absence de raisons, parce que le problème est plutôt là, à mon sens) que j'avais eu, de mon côté, à directement chercher à contourner la question. Bon, je n'ai pas changé d'avis quant à ma volonté de ne pas laisser d'ambiguités à ce niveau, mais le fait d'y réfléchir m'a permis de clairement voir pourquoi je faisais ce choix. Et comprendre ce pourquoi m'a au final permis non seulement d'approfondir la personnalité de mes deux personnages, mais aussi de mieux définir leurs relations.
C'est la deuxième fois en peu de temps que je me rends compte (après-coup) que j'ai évité d'aborder certaines choses dans mes récits, plus par pudeur que par choix, et cela m'amène à réfléchir à la question. Bien sûr, on peut décider de ne pas traiter certains sujets: tant que c'est un choix assumé. Il y a des tas de bonnes raisons: parce que cela ne rentre pas dans le cadre (ou les objectifs) du récit, parce que cela ne cadre pas avec le contexte ou la personnalité des protagonistes, ou même, tout simplement parce que, en tant qu'auteur, on n'a tout simplement pas envie de traiter ce thème-là.
Là où je m'interroge plutôt, c'est quand cela ne relève pas d'un choix personnel mais plutôt d'un réflexe conditionné, une façon "d'éviter" un sujet, peut-être par une sorte de pudeur instinctive, un refus involontaire d'aborder quelque chose que notre personnalité, notre éducation, le contexte dans lequel nous vivons, ou autre, nous fait ressentir comme "tabou", "malsain", "malvenu" ou autre. Parce que dans mon cas, c'était bien de cela qu'il s'agissait.
Et vous, est-ce que cela vous est déjà arrivé de vous rendre compte, un peu par hasard, en prenant du recul par rapport à une de vos histoires, en lisant des romans d'autres auteurs ayant abordé le même thème, ou encore par le retour de (bêta-)lecteurs, que vous aviez "zappé" ou contourné par une sorte de pirouette certaines choses, certaines scènes ou thèmes dans un de vos textes, sans réelle raison (ou, du moins, sans que ce soit réellement par choix)?
Etiez-vous plutôt surpris, vous demandant ce qui vous avait fait atténuer ou masquer ce passage, cette notion, alors qu'ailleurs dans le récit vous vous en donniez peut-être à coeur joie dans des domaines peut-être pires? Avez-vous modifié le passage en question, ou bien avez-vous juste réfléchi aux raisons pour lesquelles vous aviez pris cette ligne de conduite et décidé de la garder?
Quelle importance accordez-vous à la part de réflexion consciente et d'analyse de vos propres raisons d'aborder ou non un certain thème dans le cadre de vos histoires? Est-ce important pour vous de savoir "pourquoi" vous décidez d'aborder ou non certaines choses, ou bien les raisons vous importent-elles peu tant que vous vous sentez bien dans ce que vous écrivez?
Ou... est-ce juste moi qui pose des questions inutiles? (oui, oui, c'est une possibilité aussi )