Tristeplume a écrit :Le roman n'a jamais eu pour vocation de retranscrire TOUS les dialogues, tout comme on ne détaille pas TOUS les éléments de la vie courante, manger, se laver, aller aux toilettes, se recoiffer, etc.
Les dialogues retranscris sont donc des dialogues importants et, dans la réalité, j'ose espérer qu'on a un peu plus de 10% de dialogues importants (rien qu'au taf, ça devrait exploser le quota).
La quête du dentifrice perdu n'en fait pas partie.
En fait, oui, il y a la question de la sélection des dialogues : on ne va retenir que ceux qui ont du sens.
Mais il y aussi
1) l'effet "pouf pouf paf" : des dialogues féériques, des répliques qui fusent, des mots tendres ou brûlants au creux des lèvres, des murmures de mourants...
Parce qu'en nous, quand on parle, on a énormément d'autres biais que les mots pour éprouver des émotions : il y a les images, les odeurs, les pensées, les grimaces... On infléchit la voix, on réfléchit à toutes les implications de notre phrase (si on parle de tante Gertrude, on
voit et on
entend tante Gertrude)
Par exemple "tante Gertrude va dîner chez nous demain" va peut-être provoquer une grande joie chez notre héros (amoureux d'elle) ou une grande terreur (il lui doit de l'argent), ou une grande angoisse (elle arrive le même jour que monsieur le directeur)...
Le dialogue "pouf pouf" paf" va utiliser le biais de l'humour, de la surprise ou du mot juste pour nous faire ressentir tout cela sans en trois répliques, sans avoir à décrire un millier d'éléments parasites.
Aucune recherche du réalisme là-dedans. Sinon, en le "recréant" avec du faux.
2) l'effet "écrit" : retranscrire mot à mot une phrase orale à l'écrit, c'est faire une dialogue extrêmement familier, voire d'une vulgarité repoussante, même pour des mots qu'on utilise à l'oral tous les jours sans même s'en rendre compte.
Par exemple, je dis : "chai pas" mais j'écris : "je ne sais pas", ou à la rigueur, très familier (mais j'hésite avant, oulah) : "je sais pas."