[A] Le réalisme dans la fiction et dans les dialogues

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Fishdrake

Re: Du réalisme dans la fiction et dans les dialogues

Message par Fishdrake »

Beorn a écrit :[mesdames et messieurs les grenouilles, je ne vise personne en particulier, mais je vous invite à ne pas être avares des expressions telles que "à mon avis", "selon moi", "d'après moi", "à mon sens", qui n'ont pas l'air de changer grand chose au schmilblick mais qui, contrairement à ce qu'on pourrait croire, ont une grande "utilité sociale"]

J'arrive un peu après la bataille, mais j'aime beaucoup le tour que prend la conversation.
Je me retrouve surtout dans ce que dit Milora, comme souvent.
C'est à dire que :

1) pour moi, un sommet n'existe que s'il y a du vide autour : un moment de crise, cela se prépare, on présente les enjeux, la tension monte et redescend, cela peut durer très longtemps sans être ennuyeux le moins du monde, jusqu'à une vraie bonne situation de crise.

On peut imaginer, matériellement, que les personnages soient tout le temps à cent à l'heure, tout le temps pressés, n'aient jamais le temps de parler. Mais le gros risque, c'est paradoxalement que... l'on s'ennuie. Car il n'y aura pas de moment de "crise", au sens "accélération", "rupture", "basculement", quelque chose qui emballe nos émotions.
Même dans 24h, il y a des personnages qui discutent tranquillement (avant d'être a) percutés par un pick-up b) enlevés par des narco-trafiquants c) pulvérisés par une explosion nucléaire etc. :mrgreen: ).

2) Comme Milora, je ne suis pas du tout persuadé que l'urgence et la crise favorisent des dialogues millimétrés. Eventuellement, si ces dialogues ont été préparés à l'avance, peut-être. Ou si les personnages ont un sang froid exceptionnel.
Mais chez la plupart des gens qui se retrouvent en situation "de crise", c'est à dire dans une situation stressante, dangereuse, où les repères habituels s'effacent, cela ne se passe pas comme ça. Ils ont tendance à commettre des erreurs, à bafouiller ou à ne pas trouver leurs mots (souvenez-vous, lorsque vous avez été amoureux pour la première fois ^^ ).

En ce sens, pour provoquer l'empathie avec les personnages, on pourrait très bien imaginer un dialogue très "imparfait" qui servira à traduire leur tension et leur désarroi (mais bien entendu, sans abuser des "euh" et des "..." ;) )
J'aime ton exemple concernant le "premier amour". PArce que justement, il démontre que tout n'est pas aussi évident.

Tu prend Jon, le sniper des marines, sur un champs de bataille, obus sifflant autour de lui, le mec s'endort... Et passe pour le type cool de la compagnie... Devant la femme de sa vie, il a l'air d'un con qui ne sait pas enchainer deux mots de suite...

A l'inverse, tu prend un gorges Clooney (un playboy si tu preferes), pas de problemes, une dosette de nesmachin what else ?. Largué en pleine jungle avec des FARCS au derrière et des réducteurs de tête en folie, le mecs il va flipper un maximum.


Je pense que là intervient ce qu'on peut appeler le background du personnage et surtout son évolution dans l'histoire.

Il est certain que si on prend le commun des mortel, la plupart seront largement paumés dès que l’événement perturbateur débarque.

Sauf que...

Il y a ce petit truc qui va faire que notre personnage ne finit pas comme n'importe qui, a savoir en grand perdant.

Je vais prendre un exemple un peu con mais que je trouve révélateur :

dans District 9 le personnage principal est un bureaucrate. On pourrait penser que sur le terrain au début il est impressionné, fait preuve de timidité et n'ose pas faire des remontrance a la milice qui l'accompagne. Que néni, il est bouffi de sa certitude quand au règlement... Résultat, quand un Alien arrache le bras d'un soldat, cela le touche vraiment de loin... Parce qu'il n'a même pas conscience de ce qui lui arrive.

De même que ce gamin sortit de l'académie des juges qui s'exclame " des tirs croisés, comme dans les simulations !" et qui se jete dans la meule sans la moindre hésitation (Judge Dredd)

Enfin si vous voulez vraiment voir de vos yeux a quoi ressemble un type qui ne sait pas quoi dire, regardez la scene d'Aliens, ou le lieutenant bégaie alors que ses marines font leur premier contact avec les xénomorphes. A ce propos, qui est le personnage principal ? Ellen Ripley, ou le lieutenant en question ? Rappelons nous l'origine sémantique du mot héros...

La nature humaine est autrement plus complexe, et il ne s'agit pas de regarder les gens autours de vous pour pouvoir établir un dialogue. Sans vouloir vous donner la moindre leçon, ça va plus loin que ça.

Sociologiquement il y a les dominants et les dominés. Un dominant assumera la pression et la gérera. C'est un leader point. Après, faire d'un dominé un héros, franchement, c'est l'echec assuré, Un dominé dira toujours oui quand il devrait dire non, ou aimerais le faire. Et là, il aura un certain manque de credibilité entre un perso incapable de dire "non" et qui finira par vaincre l'adversité (encore que les exception existent).

Simplement des fois, j'en ai marre de ne pas voir assez de "Badass". Peut être que finalement ce mec qui hésite au fond de lui, finit par devenir un cliché a force de le voir.

Regardez Dean Winchester, finallement il colle ce perso...


Mieux encore, pourquoi ce manque de certitude quand a la justesse de ce qu'il fait ou de ses choix, ne touche que le héros ? Pourquoi les bad guys eux sont toujours sur d'avoir fait le bon choix ? Quelque part voila une façon de faire assez limitée non ?

désolé pour le double post.

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Beorn
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Re: Du réalisme dans la fiction et dans les dialogues

Message par Beorn »

Fishdrake a écrit :On parle des dialogues, ou de ce qui passe dans la tête des personnages ? Parce que entre ce que fait Jon sur le mur, et les ordres qu'ils donne en tant que Lord Commandant de la garde de nuit, il y a une enorme différences.
Jon a tout de même pas mal de dialogues avec la fille dont il tombe amoureux, par exemple.^^ Et la scène de l'attaque du mur serait beaucoup moins dramatique s'il n'y avait pas eu ces moments de calme et de tendresse.

En fait, le Trone de fer est un roman hyper looooong. Oui, il y a beaucoup de moments d'action et de suspense, mais avec ces milliers de pages, il y a aussi énormément de moments calmes et de dialogues calmes.
Fishdrake a écrit :J'essaye juste de dire qu'il ne faut pas croire qu'a tout les coup un perso peut hésiter. Ses motivations peuvent être très fortes, assez pour devenir limite obsessionnel et aller droit au but, ce qui peut en faire son défaut.
Je pense que tout le monde est d'accord avec cela. Il y a des personnages qui n'hésitent pas, il y a des lecteurs qui veulent lire des livres où les personnages sont forts, rapides et sûr d'eux (ça me plaît aussi, à l'occasion).
Pour ma part, j'essaye juste de dire qu'il n'y a pas que ces personnages-là.
Fishdrake a écrit :Il faut vous dire que, quelque part, ce type qui hésite qui ne sait plus ou il va dans les moments de calme, ca finit par faire cliché tellement on l'a si souvent lu, au point qu'on croit que c'est ainsi que réagirait presque tout le monde.
Ah oui mais si on se lance dans la question des clichés, on n'a pas fini. ;)

Oui, c'est cliché, effectivement, mais le personnage obsessionnel l'est tout autant - voire plus.
Cela n'empêche pas les auteurs de les utiliser encore et encore, parfois avec beaucoup de talent.
Il ne faut pas se figurer non plus qu'un personnage qui hésite est un trouillard balbutiant : dans Piège de Cristal, par exemple, Mc Caine doute et hésite en permanence. Il parle tout seul, il commet des erreurs, il blague avec son copain flic... Mais rien de tout cela ne l'empêche d'être un héros viril qui zigouille toute la bande de vilains, et de sortir la-réplique-qui-tue aux bons moments (les moments de crise, justement, qui représentent peu de temps sur tout le film).

Ce qui fait le cliché, c'est le manque de nuance, d'univers personnel, de complexité des enjeux. C'est le vide autour d'une idée simple.
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Fishdrake

Re: Du réalisme dans la fiction et dans les dialogues

Message par Fishdrake »

Je suis d'accord sur tout les points.

Sauf un point :

Jon et la fille, c'est un homme amoureux d'une femme. Jon et ses frères noirs, c'est le lord Commandant et ses subalternes.

Ce qui amène encore une autre façon de voir les dialogues : Selon son interlocuteurs, on n’emploiera pas le même langage, la même stature.

X parle a sa douce avec tendresse au creux de l'oreiller. Le même bonhomme peut être un parfait trou du cul avec ses salariés...
Modifié en dernier par Fishdrake le mer. déc. 14, 2011 5:41 pm, modifié 1 fois.

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Re: Du réalisme dans la fiction et dans les dialogues

Message par Dawood »

Fishdrake a écrit : Après, faire d'un dominé un héros, franchement, c'est l'echec assuré, Un dominé dira toujours oui quand il devrait dire non, ou aimerais le faire. Et là, il aura un certain manque de credibilité entre un perso incapable de dire "non" et qui finira par vaincre l'adversité (encore que les exception existent).
Ouais, enfin, il est tout de même fréquent et d'autant plus en Fantasy, que le personnage du héros évolue au fil de l'oeuvre et termine l'histoire plus fort qu'il ne l'a commencée, y compris psychologiquement.
Wyvern is coming.

(challenge à venir... :stylo: )

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Re: Du réalisme dans la fiction et dans les dialogues

Message par MarquiseArtémise »

Mieux encore, pourquoi ce manque de certitude quand a la justesse de ce qu'il fait ou de ses choix, ne touche que le héros ? Pourquoi les bad guys eux sont toujours sur d'avoir fait le bon choix ? Quelque part voila une façon de faire assez limitée non ?
Ben déjà les bad guys, personne ne leur interdit de s'en poser, des questions (regarde Dark Vador).
Ensuite, puisque tu as cité District 9, le héros est-il plus intéressant en bureaucrate plein de certitude ou en paumé dont les repères sont bouleversés et qui est obligé de s'en poser ? Est-ce que ça en fait un loser ? Non, ça en fait quelqu'un de plus proche de nous et d'attachant. Des films où le héros tue tous les E.T. sans hésiter ni se poser de questions, il y en a plein et sont-ils plus intéressants ?
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Re: Du réalisme dans la fiction et dans les dialogues

Message par Fishdrake »

Dawood a écrit :
Fishdrake a écrit : Après, faire d'un dominé un héros, franchement, c'est l'echec assuré, Un dominé dira toujours oui quand il devrait dire non, ou aimerais le faire. Et là, il aura un certain manque de credibilité entre un perso incapable de dire "non" et qui finira par vaincre l'adversité (encore que les exception existent).
Ouais, enfin, il est tout de même fréquent et d'autant plus en Fantasy, que le personnage du héros évolue au fil de l'oeuvre et termine l'histoire plus fort qu'il ne l'a commencée, y compris psychologiquement.

En effet je suis d'accord.
D'autre part, le coté "largué" peut se traduire par autre chose que des dialogues. Dans mon projet, le perso principal est incapable de faire du feu et il a la honte quand la nana y parviens, sous la pluie, en moins de dix minutes...

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Beorn
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Re: Du réalisme dans la fiction et dans les dialogues

Message par Beorn »

Fishdrake a écrit :Tu prend Jon, le sniper des marines, sur un champs de bataille, obus sifflant autour de lui, le mec s'endort... Et passe pour le type cool de la compagnie... Devant la femme de sa vie, il a l'air d'un con qui ne sait pas enchainer deux mots de suite...

A l'inverse, tu prend un gorges Clooney (un playboy si tu preferes), pas de problemes, une dosette de nesmachin what else ?. Largué en pleine jungle avec des FARCS au derrière et des réducteurs de tête en folie, le mecs il va flipper un maximum.

Je pense que là intervient ce qu'on peut appeler le background du personnage et surtout son évolution dans l'histoire.
Oui, exactement, les personnages ont leur terrain de prédilection et leurs points faibles.
Fishdrake a écrit :Enfin si vous voulez vraiment voir de vos yeux a quoi ressemble un type qui ne sait pas quoi dire, regardez la scene d'Aliens, ou le lieutenant bégaie alors que ses marines font leur premier contact avec les xénomorphes. A ce propos, qui est le personnage principal ? Ellen Ripley, ou le lieutenant en question ? Rappelons nous l'origine sémantique du mot héros...
Oui, mais... On parle de dialogue, là, pas de héros.
Le lieutenant parle : c'est donc un dialogue. Peu importe qu'il soit un personnage secondaire.
Et si le spectateur admire tant Ripley, s'il prend fait et cause pour elle, c'est grâce au lieutenant par contraste avec sa lâcheté.
Sans lâche : pas de héros !
Sans pause : pas de crise ! ;)
Fishdrake a écrit :Sociologiquement il y a les dominants et les dominés. Un dominant assumera la pression et la gérera.
A titre personnel, c'est une vision des choses que je ne partage pas.
Tu te contredis avec le début de ton post, où tu expliques que chacun a ses forces et ses faiblesses, que le dominant d'aujourd'hui sera le dominé de demain, etc.
Je peux admettre que certains ont un caractère plus "fort", mais avec les humains, ce n'est qu'un facteur parmi des dizaines d'autres tout aussi importants pour "dominer" un groupe (qui est plus compétent pour le problème à gérer ? plus ancien ? plus apprécié ? qui a reçu une investiture que d'autres n'ont pas ? qui parle la langue du plus grand nombre ? etc.).
Ce qui fait qu'à chaque situation, chaque personne peut potentiellement se trouver en position-clef.
Par ailleurs, il y a d'autres forces dans un groupe que le lien "dominant"/"dominé" : il y a aussi des règles communes, il y a des liens d'entraide et de respect, d'amour ou de haine entre les différents membres...

En outre, on travaille sur la fiction est l'un des ressorts dramatiques qui marche très fort, à défaut d'être une vérité absolue, c'est que les gens changent. Autrement dit, à travers l'épreuve, le héros apprend et devient plus fort. Il réussit à vaincre ses propres faiblesses.
Si dès le début, c'est un dominant hyper costaud sans aucun défaut, tu devras laisser tomber totalement cet aspect "se vaincre soi-même" (ce qui ne t'empêche pas d'en développer d'autres, évidemment, mais c'est un ressort que tu perds).
Fishdrake a écrit :Après, faire d'un dominé un héros, franchement, c'est l'echec assuré, Un dominé dira toujours oui quand il devrait dire non, ou aimerais le faire.
Personnellement, un tel personnage ne m'attirerait pas, mais je pense qu'il est parfaitement possible d'en faire quelque chose d'intéressant.
Fishdrake a écrit :Simplement des fois, j'en ai marre de ne pas voir assez de "Badass". Peut être que finalement ce mec qui hésite au fond de lui, finit par devenir un cliché a force de le voir.
On a tous nos goûts personnels... Pour moi, c'est le héros sans peur qui ne doute jamais, le cliché. Sans que ce soit vraiment un problème, d'ailleurs, s'il est bien fait (Clint Eastwood de la grande époque... ^^ ).
Fishdrake a écrit :Mieux encore, pourquoi ce manque de certitude quand a la justesse de ce qu'il fait ou de ses choix, ne touche que le héros ? Pourquoi les bad guys eux sont toujours sur d'avoir fait le bon choix ?
Ah, mais il y en a des millions, des bad guys qui doutent !
Un certain Dark Vador, par exemple. ^^ (et comme j'ai passé la trentaine, je parle des "vrais" films, les 4, 5 et 6 ^^ )
En général, on suit moins le point de vue du méchant, mais dès que l'auteur se penche sur un méchant, il finit fatalement par lui coller des doutes...

EDIT : plein de posts entre-temps...
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Celia
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Re: Du réalisme dans la fiction et dans les dialogues

Message par Celia »

Beorn a écrit :
Fishdrake a écrit :
Fishdrake a écrit :Enfin si vous voulez vraiment voir de vos yeux a quoi ressemble un type qui ne sait pas quoi dire, regardez la scene d'Aliens, ou le lieutenant bégaie alors que ses marines font leur premier contact avec les xénomorphes. A ce propos, qui est le personnage principal ? Ellen Ripley, ou le lieutenant en question ? Rappelons nous l'origine sémantique du mot héros...
Oui, mais... On parle de dialogue, là, pas de héros.
Le lieutenant parle : c'est donc un dialogue. Peu importe qu'il soit un personnage secondaire.
Et si le spectateur admire tant Ripley, s'il prend fait et cause pour elle, c'est grâce au lieutenant par contraste avec sa lâcheté.
Sans lâche : pas de héros !
Sans pause : pas de crise ! ;)
Le héros, c'est Ripley. Elle ne veut pas y aller, elle veut dire non, puis quand elle y est, elle prend ses responsabilités.
Mais, est-ce que ça fait des marines (et du lieutenant) des non-héros ? Le fait que le lieutenant bégaie certes l'envoi au second plan (mais il y a toujours été, voire la façon dont ses soldats se moquent ouvertement de lui au début) mais permet de renverser la machine et de mettre au clair d'autres héros (autre que Ripley) en avant, qui eux hésiteront moins ou pas du tout : Hicks, qui prend sa place, Bishop, qui va passer quand même la moitié du film seul, dans une tentative de sauver des humains qui ne l'apprécient guère, et Vasquez, dont tout le personnage est basé sur le "on fonce d'abord et on réfléchit ensuite" (et sans doute, avec Ripley, première héroïne féminine qui n'est pas caractérisée par sa féminité, ah, j'aime Vasquez :heart: ). Sa dernière scène à elle, avec le lieutenant d'ailleurs, est une assez formidable image démontrant que le héros, qu'il bégaie ou non, qu'il hésite ou non, qu'il soit lâche ou non, reste un héros, au sens sacrificiel du terme.
Mais bref, là on ne parle plus de dialogues du tout ^^
Mais fallait pas me lancer sur ce film-là ^o^
Bêta-lectrice
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Re: Du réalisme dans la fiction et dans les dialogues

Message par Fishdrake »

Beorn a écrit :
Fishdrake a écrit :Sociologiquement il y a les dominants et les dominés. Un dominant assumera la pression et la gérera.
A titre personnel, c'est une vision des choses que je ne partage pas.
Tu te contredis avec le début de ton post, où tu expliques que chacun a ses forces et ses faiblesses, que le dominant d'aujourd'hui sera le dominé de demain, etc.
Je peux admettre que certains ont un caractère plus "fort", mais ce n'est qu'un facteur parmi des dizaines d'autres tout aussi importants pour "dominer" un groupe humain (qui est plus compétent pour le problème à gérer ? plus ancien ? plus apprécié ? qui a reçu une investiture que d'autres n'ont pas ? qui parle la langue du plus grand nombre ? etc.).
Ce qui fait qu'à chaque situation, chaque personne peut potentiellement se trouver en position-clef.
Par ailleurs, il y a d'autres forces dans un groupe que le lien "dominant"/"dominé" : il y a aussi des règles communes, il y a des liens d'entraide et de respect, d'amour ou de haine entre les différents membres...
Je base ce discours sur mes -modestes- connaissances en sociologie.

Le fait qu'il y ait des dominants et des dominés ne fige pas la chose temporellement parlant. Ainsi comme tu le dit, le dominant de demain peut être le dominé d'hier, parce que c'est aussi une règle sociologique : Ceux d'en bas veulent monter...

Concernant les forces dans un groupe, c'est vrai : je t'invite a lire sur le web ce qui se dit sur "la norme sociale". En gros c'est "qui se ressemble s'assemble". Celui qui n'a pas les même valeurs et centres d’intérêt que les autres, s’exclura du groupe, ou sera exclu du groupe. Ainsi il ne s'agit pas effectivement d'être un dominant pour diriger une équipe, il faut aussi avoir les memes valeurs.

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Re: Du réalisme dans la fiction et dans les dialogues

Message par Milora »

Juste une petite parenthèse :
Fishdrake a écrit : Après, faire d'un dominé un héros, franchement, c'est l'echec assuré, Un dominé dira toujours oui quand il devrait dire non, ou aimerais le faire. Et là, il aura un certain manque de credibilité entre un perso incapable de dire "non" et qui finira par vaincre l'adversité (encore que les exception existent).
ça a été fait pas mal de fois ^^ Frédéric Moreau, Fitz dans un autre registre, le narrateur de La recherche du temps perdu, etc.
Je base ce discours sur mes -modestes- connaissances en sociologie.

Le fait qu'il y ait des dominants et des dominés ne fige pas la chose temporellement parlant. Ainsi comme tu le dit, le dominant de demain peut être le dominé d'hier, parce que c'est aussi une règle sociologique : Ceux d'en bas veulent monter...

Concernant les forces dans un groupe, c'est vrai : je t'invite a lire sur le web ce qui se dit sur "la norme sociale". En gros c'est "qui se ressemble s'assemble". Celui qui n'a pas les même valeurs et centres d’intérêt que les autres, s’exclura du groupe, ou sera exclu du groupe. Ainsi il ne s'agit pas effectivement d'être un dominant pour diriger une équipe, il faut aussi avoir les memes valeurs.
Je pense que ce que tu dis là est 1- vrai d'une façon générale mais à nuancer sérieusement au cas par cas, 2- comme tu le dis, vrai temporairement (dans un groupe à un moment donné, Bidule prend la tête et, implicitement, devient leader et les autres suiveurs), et 3- pas forcément interprété de la bonne façon (ce n'est pas un rapport de pouvoir au sens où tout le monde veut prendre le pouvoir dans un groupe, certains y arrivent, et les autres non mais "veulent monter", comme tu dis. C'est une dynamique qui s'instaure à tel moment et en telle occasion, et, la plupart du temps, les gens concernés ne s'en rendent même pas compte). Je ne pense pas qu'on puisse "être un dominant". C'est plus variable que ça, suivant le contexte. Et pour les mêmes valeurs, c'est pas forcément sûr... Enfin, c'est un élément parmi d'autres de la dynamique d'un groupe.
Il résulte de tout ça que je ne partage pas ton optique suivant laquelle les seuls personnages intéressants seraient des dominants.


Mais bon, tout ça est hors sujet ici (faudrait un autre fil ^^).
Pour en revenir à la question des dialogues, en fait je ne vois pas trop ce que ton objection réfute, dans ce qui a été dit. Que certains dialogues doivent être directs ? Certes, il me semble que personne ne le niait. Qu'on peut avoir un dialogue direct fidèle à la réalité ? Là aussi, je pense qu'on est tous d'accord... à cela près que, quelle que soit la nature du dialogue (directe ou pas), c'est toujours une codification de la réalité, pour transmettre des informations au lecteur (comme toute part du récit). Donc en fait, ça ne change pas grand chose...
En bref, j'ai l'impression que les situations que tu dépeins sont juste des situations possibles parmi d'autres, dans les livres, et je vois pas trop en quoi le traitement du réalisme des dialogues devrait être différent...
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Beorn
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Re: Du réalisme dans la fiction et dans les dialogues

Message par Beorn »

Fishdrake a écrit :Je base ce discours sur mes -modestes- connaissances en sociologie.

Le fait qu'il y ait des dominants et des dominés ne fige pas la chose temporellement parlant. Ainsi comme tu le dit, le dominant de demain peut être le dominé d'hier, parce que c'est aussi une règle sociologique : Ceux d'en bas veulent monter...

Concernant les forces dans un groupe, c'est vrai : je t'invite a lire sur le web ce qui se dit sur "la norme sociale". En gros c'est "qui se ressemble s'assemble". Celui qui n'a pas les même valeurs et centres d’intérêt que les autres, s’exclura du groupe, ou sera exclu du groupe. Ainsi il ne s'agit pas effectivement d'être un dominant pour diriger une équipe, il faut aussi avoir les memes valeurs.
Ah oui, d'accord. Avec ces nuances, j'adhère un peu plus.
Mais on trouve de tout en sociologie, c'est une science foisonnante... Je ne suis pas un spécialiste non plus, bien que j'ai étudié un certain nombre d'auteurs il y a fort longtemps, mais il n'y a pas qu'une seule théorie en la matière.
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Tristeplume
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Re: Du réalisme dans la fiction et dans les dialogues

Message par Tristeplume »

Siana a écrit :
Tristeplume a écrit :Le langage oral n'est pas aussi précis que le langage écrit. Oralement, on doit souvent faire des redites, expliciter des détails, reformuler parce que la précédente formulation a été mal comprise, etc. Ce n'est ni inutile, ni ennuyeux, ni inintéressant,... c'est juste de la communication. :)
O miracle, cela n'arrive pas dans nos romans. Les persos se comprennent toujours du premier coup, c'est génial ! :yata:
J'ai eu du mal à tout suivre, mais je retiens ça. Parce que je trouve intéressant et plus réaliste de trouver ce genre de chose dans un roman plutôt que des répliques trop cadrées où tout le monde se comprend et répond à la phrase juste avant ou à la question posée. Je ne sais plus dans quel fil, je crois que Beorn (si je ne me trompe pas de grenouille :oops: ) disait qu'en conversation réelle, on répond la moitié du temps à côté de la plaque (et souvent parler de soi ou raconter ce qu'on veut, j'ai l'impression).
Mais, évidemment, si on a ce genre de chose dans tous les dialogues, on finit par tourner en rond et finir une conversation sur un tout autre sujet qu'au début, en disant des tas de trucs inutiles au passage. C'est là où il faut doser, à mon avis. On peut mettre des "euh", des "...", et des réponses à côté de la plaque si c'est pas tout le temps et si ça vient à des moment appropriés. Je dirais, je pense, qu'il en faut un peu tout au long du manuscrit, sans raison particulière, juste pour le réalisme, et un peu plus aux moment où les personnages s'emmêlent dans ce qu'ils disent sous le coup de l'émotion. Tout en diversifiant, pour éviter que ça se voit trop.

Et pareil pour les façons de parler, je dirais. Trop caractériser une voix, ça peut devenir lourd à la longue. Il faudrait trouver un juste milieu. Par exemple, un "j'sais pas" au lieu d'un "chais pas", qui est plus passe partout et choquera moins le lecteur lambda.
Déjà, je parlais en général.
Après, sur le principe, je suis d'accord avec toi, en veillant au bon dosage.

Mais en pratique... je suis beaucoup moins convaincu. Il me paraît techniquement très compliqué de retranscrire les confusions/incompréhensions/digressions qui surviennent dans les conversations orales, tout simplement parce que l'écrit n'est pas censé donner lieu à la confusion/incompréhension/digression.
Les conversations sur forum sont un mix écrit/oral mais elles seraient presque impossibles à retranscrire dans un forum.
Beorn a écrit :Pour moi, c'est le héros sans peur qui ne doute jamais, le cliché.
Cause meilleur de Malach, toi. :wamp:
Dawood a écrit :Ouais, enfin, il est tout de même fréquent et d'autant plus en Fantasy, que le personnage du héros évolue au fil de l'oeuvre et termine l'histoire plus fort qu'il ne l'a commencée, y compris psychologiquement.
C'est lui le cliché. :wamp:
Beorn a écrit :Ah oui, d'accord. Avec ces nuances, j'adhère un peu plus.
Mais on trouve de tout en sociologie, c'est une science foisonnante... Je ne suis pas un spécialiste non plus, bien que j'ai étudié un certain nombre d'auteurs il y a fort longtemps, mais il n'y a pas qu'une seule théorie en la matière.
C'est surtout qu'on parle de héros, de personnages hors-normes. Donc les normes... :mrgreen:

Sinon, pour rajouter à la digression, en tant qu'auteur, je suis adepte des persos sévèrement burnés (les femmes aussi ^^) mais cela ne veut pas dire qu'ils sont au taquet 100% du temps. Ils peuvent réfléchir, hésiter, être déstabilisés. L'intérêt vient justement de mettre ces persos dans des situations inhabituelles ou face à une adversité qui les pousse à sortir de leur ligne de conduite.
Modifié en dernier par Tristeplume le jeu. déc. 15, 2011 3:48 pm, modifié 1 fois.
— Malach, avez-vous entendu ça ? Je suis, je cite, "drôle, tourmenté, incompris".
— Je ne vois pas en quoi c'est flatteur.
— Mon cher, cela veut dire que je plais aux femmes !
— Décidemment, je ne les comprendrai jamais.

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Bond, Alexander Bond
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Re: Du réalisme dans la fiction et dans les dialogues

Message par Beorn »

Siana a écrit :J'ai eu du mal à tout suivre, mais je retiens ça. Parce que je trouve intéressant et plus réaliste de trouver ce genre de chose dans un roman plutôt que des répliques trop cadrées où tout le monde se comprend et répond à la phrase juste avant ou à la question posée. Je ne sais plus dans quel fil, je crois que Beorn (si je ne me trompe pas de grenouille :oops: ) disait qu'en conversation réelle, on répond la moitié du temps à côté de la plaque (et souvent parler de soi ou raconter ce qu'on veut, j'ai l'impression).
Je rebondis sur ce point en particulier.
Un bon outil pour dynamiser le dialogue, à mon avis, est de faire en sorte que parfois, les personnages répondent un peu à côté de la plaque, ou plutôt, en léger décalage.
"Un peu", ça veut dire qu'ils répondent par une autre question, une justification, une accusation, qu'il rebondissent sur une autre idée ou qu'ils font diversion pour ne pas répondre.

"Quoi ? Tu as mangé notre dernier biscuit ?"
Réponse plate : "oui."
Réponses en léger décalage :
"Tu avais mangé le dernier grain de raisin".
"Il fait un de ces froids, tu ne trouves pas ?"
"Je crois que John en a encore."
"Hein ? C'était le dernier ?"

Je ne sais pas si c'est réaliste, mais j'ai tendance à penser que ça arrive souvent aussi dans la réalité.
Il est évident qu'on ne peut pas le faire 500 fois non plus, mais c'est comme pour tous les outils.

Cela fait partie des conseils de tonton Beorn du tout début, et je continue d'utiliser cette méthode.
Site officiel
Bragelonne : Le 7ème Guerrier-Mage / Calame T1
Castelmore : Le jour où... / 14-14 / Un ogre en cavale / Lune rousse
Rageot : Le club des chasseurs de fantômes 1 et 2

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