J'aime ton exemple concernant le "premier amour". PArce que justement, il démontre que tout n'est pas aussi évident.Beorn a écrit :[mesdames et messieurs les grenouilles, je ne vise personne en particulier, mais je vous invite à ne pas être avares des expressions telles que "à mon avis", "selon moi", "d'après moi", "à mon sens", qui n'ont pas l'air de changer grand chose au schmilblick mais qui, contrairement à ce qu'on pourrait croire, ont une grande "utilité sociale"]
J'arrive un peu après la bataille, mais j'aime beaucoup le tour que prend la conversation.
Je me retrouve surtout dans ce que dit Milora, comme souvent.
C'est à dire que :
1) pour moi, un sommet n'existe que s'il y a du vide autour : un moment de crise, cela se prépare, on présente les enjeux, la tension monte et redescend, cela peut durer très longtemps sans être ennuyeux le moins du monde, jusqu'à une vraie bonne situation de crise.
On peut imaginer, matériellement, que les personnages soient tout le temps à cent à l'heure, tout le temps pressés, n'aient jamais le temps de parler. Mais le gros risque, c'est paradoxalement que... l'on s'ennuie. Car il n'y aura pas de moment de "crise", au sens "accélération", "rupture", "basculement", quelque chose qui emballe nos émotions.
Même dans 24h, il y a des personnages qui discutent tranquillement (avant d'être a) percutés par un pick-up b) enlevés par des narco-trafiquants c) pulvérisés par une explosion nucléaire etc. ).
2) Comme Milora, je ne suis pas du tout persuadé que l'urgence et la crise favorisent des dialogues millimétrés. Eventuellement, si ces dialogues ont été préparés à l'avance, peut-être. Ou si les personnages ont un sang froid exceptionnel.
Mais chez la plupart des gens qui se retrouvent en situation "de crise", c'est à dire dans une situation stressante, dangereuse, où les repères habituels s'effacent, cela ne se passe pas comme ça. Ils ont tendance à commettre des erreurs, à bafouiller ou à ne pas trouver leurs mots (souvenez-vous, lorsque vous avez été amoureux pour la première fois ).
En ce sens, pour provoquer l'empathie avec les personnages, on pourrait très bien imaginer un dialogue très "imparfait" qui servira à traduire leur tension et leur désarroi (mais bien entendu, sans abuser des "euh" et des "..." )
Tu prend Jon, le sniper des marines, sur un champs de bataille, obus sifflant autour de lui, le mec s'endort... Et passe pour le type cool de la compagnie... Devant la femme de sa vie, il a l'air d'un con qui ne sait pas enchainer deux mots de suite...
A l'inverse, tu prend un gorges Clooney (un playboy si tu preferes), pas de problemes, une dosette de nesmachin what else ?. Largué en pleine jungle avec des FARCS au derrière et des réducteurs de tête en folie, le mecs il va flipper un maximum.
Je pense que là intervient ce qu'on peut appeler le background du personnage et surtout son évolution dans l'histoire.
Il est certain que si on prend le commun des mortel, la plupart seront largement paumés dès que l’événement perturbateur débarque.
Sauf que...
Il y a ce petit truc qui va faire que notre personnage ne finit pas comme n'importe qui, a savoir en grand perdant.
Je vais prendre un exemple un peu con mais que je trouve révélateur :
dans District 9 le personnage principal est un bureaucrate. On pourrait penser que sur le terrain au début il est impressionné, fait preuve de timidité et n'ose pas faire des remontrance a la milice qui l'accompagne. Que néni, il est bouffi de sa certitude quand au règlement... Résultat, quand un Alien arrache le bras d'un soldat, cela le touche vraiment de loin... Parce qu'il n'a même pas conscience de ce qui lui arrive.
De même que ce gamin sortit de l'académie des juges qui s'exclame " des tirs croisés, comme dans les simulations !" et qui se jete dans la meule sans la moindre hésitation (Judge Dredd)
Enfin si vous voulez vraiment voir de vos yeux a quoi ressemble un type qui ne sait pas quoi dire, regardez la scene d'Aliens, ou le lieutenant bégaie alors que ses marines font leur premier contact avec les xénomorphes. A ce propos, qui est le personnage principal ? Ellen Ripley, ou le lieutenant en question ? Rappelons nous l'origine sémantique du mot héros...
La nature humaine est autrement plus complexe, et il ne s'agit pas de regarder les gens autours de vous pour pouvoir établir un dialogue. Sans vouloir vous donner la moindre leçon, ça va plus loin que ça.
Sociologiquement il y a les dominants et les dominés. Un dominant assumera la pression et la gérera. C'est un leader point. Après, faire d'un dominé un héros, franchement, c'est l'echec assuré, Un dominé dira toujours oui quand il devrait dire non, ou aimerais le faire. Et là, il aura un certain manque de credibilité entre un perso incapable de dire "non" et qui finira par vaincre l'adversité (encore que les exception existent).
Simplement des fois, j'en ai marre de ne pas voir assez de "Badass". Peut être que finalement ce mec qui hésite au fond de lui, finit par devenir un cliché a force de le voir.
Regardez Dean Winchester, finallement il colle ce perso...
Mieux encore, pourquoi ce manque de certitude quand a la justesse de ce qu'il fait ou de ses choix, ne touche que le héros ? Pourquoi les bad guys eux sont toujours sur d'avoir fait le bon choix ? Quelque part voila une façon de faire assez limitée non ?
désolé pour le double post.