Danakyys a écrit :
C'est également différent de la narration extérieure, à la troisième personne, où le narrateur n'est pas un personnage, et il débarque et ne connaît rien, ne peux entrer dans la tête de personne. Par contre il voit tout. (Je pense que c'est ce qu'on retrouve dans beaucoup de films, où le spectateur n'appréhende un nouvel univers que par le biais de la caméra.) Je l'ai déjà rencontré à l'écrit : le prologue d'Effroyables Jardins, de Michel Quint.
Beorn a écrit :
En fait, c'est la focalisation interne à la troisième personne, méthode dont parlaient déjà Elikya et Fishdrake.
C'est très courant en littérature, (je l'ai utilisé moi-même dans La Pucelle) et effectivement, cela ressemble un peu au point de vue de la caméra.
Pas trop d'accord non plus !
C'est vrai qu'en français -je crois- qu'on se contente de parler de seule focalisation interne. À tort ? Dans Personnages et Points de vue, Card explique la différence entre un pdv limité interne à la 3ème personne, et un pdv limité externe à la 3ème personne.
Le 1er raconte la scène depuis les perceptions, sens, sentiments, idées... du personnage de pdv. Le 2ème est plus dans l'idée d'une caméra, neutre, on assiste à la scène, sans rentrer dans la tête des héros. Un bon exemple de l'usage du 2ème est À la croisée des Mondes de Pullman. On assiste le plus souvent aux scènes, dialogues, de manière extérieure. La force narrative est bien présente, jouant sur un côté "le lecteur assiste impuissant, ou avec un côté voyeur, aux événements". Pullman s'explique d'ailleurs en interview avoir voulu raconter son histoire ainsi, de la même manière que son personnage Lyra assiste à la conférence où elle ne devrait pas être depuis la porte entrebâillée d'une armoire.
Pour revenir à Personnages et points de vue, Card explique que la souplesse du pdv 3ème personne, contrairement à la 1ère, plus contraignante, permettrait de jouer sur les niveaux de pénétration, donc avec ces effets de caméra, externes, et la possibilité de rentrer à l'envie dans la tête du personnage de pdv...
Donc souvent c'est admis que la focalisation interne permet "ces mouvements de caméra". Pourtant, certains auteurs font l'exercice de raconter un récit en restant extérieur aux perceptions des personnages, ou bien d'y pénétrer que rarement, là où la majorité des récits 3ème personnes se rapprochent le plus en plus d'une 1ère personne où "je" est remplacé par "il" ou "elle" ?
Ces nuances sont intéressantes à explorer !