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[A] Ecrire, talent inné ou travail acharné ?

Posté : jeu. janv. 19, 2012 7:05 pm
par Silène
C'est le thème d'une des conférences de Zone Franche 2012 : et vous, qu'en pensez-vous ?
Pour ma part, jeune auteure dans le sens où je n'ai commencé à écrire (sérieusement) que depuis 5 ans, c'est un sacré travail : certes, j'ai toujours lu, je suis d'une famille de lecteurs, d'auteurs aussi, - en vacances, j'amenais un livre par jour et mes parents ne rechignaient jamais malgré la voiture déjà trop pleine ! - J'ai une formation de lettres, je suis professeure de lettres aussi et donc assez habituée à la grande littérature et aux classiques ce qui m'a forcément nourrie... C'est sûrement la première étape de mon travail, dans mon parcours, me construire une solide culture littéraire quoique parcellaire, forcément, au vu de la littérature foisonnante à laquelle nous avons accès.
Ensuite, il y a eu les habitudes de travail à prendre et la capacité à me lancer, à me relire, à m'auto-critiquer.
Puis, avec Cocy, la capacité à entendre les retours d'autrui, à travailler avec l'autre aussi pour l'aider du mieux possible sans projeter sur lui mes envies, mes fantasmes d'écriture. Les bêtas off aussi, pour les copains, celles qui font progresser d'une autre façon parce qu'on se connaît bien à force et qu'on voit l'autre évoluer.
Et puis les retours de l'éditeur bien sûr, et de personnes qui sont plus des directeurs littéraires que des bêtas et sont capables de t'aider à dire plus, plus fort, plus loin.
Je pense donc que c'est un travail, oui, malgré les prédispositions et l'éducation qui m'avaient déjà balisé le chemin, sans aucun doute.
J'aurais pu ne jamais rien faire de mon bagage inné et, si j'en ai fait quelque chose, c'est en travaillant !

Re: Ecrire, talent inné ou travail acharné ?

Posté : jeu. janv. 19, 2012 7:11 pm
par Earane
Je te rejoins sur pas mal de points, Silène. Hormis le fait que j'écris depuis une bonne dizaine d'années, je pense avoir appris au contact de CoCy notamment et que j'avais de nombreuses lacunes et autres incohérences que j'ai en partie comblées en lisant beaucoup, de tout, souvent, tant à l'école que pour le plaisir.

Les bêtas faites pour d'autres m'ont également beaucoup apportées mais je crois que bien au-delà de l'inné, il y a une grande part d'acquis et de continuité. C'est un processus de progression. On peut certes avoir un "don" mais je crois profondément que l'on peut écrire en travaillant ses acquis et en les approfondissant, en les améliorant. Je ne crois pas qu'écrire soit plutôt l'un ou l'autre, mais davantage une alternance de moments-clés durant lesquels on peut se sentir transcendé et à d'autres moments en plein apprentissage avec une recherche particulière ou un objectif à atteindre sans pour autant avoir toutes les cartes en main.

Re: Ecrire, talent inné ou travail acharné ?

Posté : jeu. janv. 19, 2012 7:13 pm
par Celia
Travail, travail et travail !
J'ai aussi eu la chance d'avoir un entourage de lecteurs et de personnes ouvertes à beaucoup de cultures différentes. J'ai toujours été bonne élève en français puis en lettres, mais c'est le travail qui paie.
Je le savais quand je suis arrivée sur CoCyclics, mais le forum m'a appris autre chose : la prise de distance. Cela fait partie du travail, et ce n'est as la chose la plus facile à intégrer.

Re: Ecrire, talent inné ou travail acharné ?

Posté : jeu. janv. 19, 2012 7:19 pm
par Vassago
Je pense que c'est comme dans tous les domaines. Il y a des prédispositions qui ne seraient rien sans le travail acharné. Mais le travail acharné, sans les prédispositions, ne permet pas d'arriver aux mêmes résultats.

Re: Ecrire, talent inné ou travail acharné ?

Posté : jeu. janv. 19, 2012 7:21 pm
par Booz
Vassago a écrit :Je pense que c'est comme dans tous les domaines. Il y a des prédispositions qui ne seraient rien sans le travail acharné. Mais le travail acharné, sans les prédispositions, ne permet pas d'arriver aux mêmes résultats.
+100 (je développerai après, là je dois faire des crêpes pour les enfants que je garde (appelez-moi super baby-sitter !).

Re: Ecrire, talent inné ou travail acharné ?

Posté : jeu. janv. 19, 2012 7:24 pm
par Kira
J'aurais envie de dire : il n'y a pas besoin d'avoir du talent pour écrire.
Si vous voulez vous en convaincre, allez faire un tour sur les sites de fanfictions, par exemple.
Après, tout dépend si vous avez ou non l'ambition de séduire un éditeur... :mrgreen:

On peut écrire pour se faire plaisir, on peut écrire pour partager, on peut écrire pour des tas de raisons que ne nécessitent ni un talent inné, ni un travail acharné...

Re: Ecrire, talent inné ou travail acharné ?

Posté : jeu. janv. 19, 2012 7:26 pm
par Lieko
Je pense que le travail permet (comme pour plus ou moins tous les domaines, en fait) de passer de "mauvais" à "bon" voir "excellent", mais qu'il ne permet pas de passer de "excellent" à "génial".

Du coup chais pas quoi voter :mrgreen:

(et +1 avec Kira au passage)

Re: Ecrire, talent inné ou travail acharné ?

Posté : jeu. janv. 19, 2012 7:26 pm
par Kaze
Très franchement, j'ai peur de m'aventurer sur ce terrain? Je trouve le débat très intéressant et vos avis assez juste, quoique je serai plutôt d'avis que ça dépend des personnes. Rien n'est joué d'avance, toutefois, il faut bien avouer qu'il y a des personnes qui baignent dans un milieu propice et qui ont des relations et des aides extérieurs qui leurs permettent de gravir les échelons plus aisément.

Personnellement, je suis d'une famille de technicien qui n'y connais absolument rien en littérature et en écriture. La SFFF leur passe par dessus la tête et si je me suis lancé là-dedans, c'est pour des ambitions personnels et des convictions personnels, mais je ne suis pas là pour étaler mon parcours et m'afficher comme exemple, je suis d'accord sur le fait que Cocyclics aide beaucoup par le biais de la bêta-lecture. C'est un plus pour les jeunes auteurs qui se lancent à peine dans l'écriture.

Je pense donc qu'il y a des personnes qui ont plus de facilités sans pour autant que les portes de la publication leurs soient ouvertes d'emblée. Mais j'estime que la plupart des personnes doivent se battre pour pouvoir voir l'aboutissement de leurs efforts acharnés. Et beaucoup abandonnent dans le lot au final, il n'y a qu'à voir le nombres d'auteurs en France qui sont inconnus (je n'ai pas dit sans talent, je m'entends bien).

Ensuite, je ne peux pas trop me prononcer, ça fait un peu plus de 6 ou 7 ans que j’écris, j'ai 3 moitié de romans dans 3 cycles différents et un projet ambitieux monstre sur les épaules qui n'attend plus que je prenne le temps de l'écrire. Mais bon, il y a toujours des épreuves et des difficultés, et on se décourage vite, mais même si on ne parvient pas à se faire publier, je pense que rien que le fait de finir un projet est un accomplissement en soi. Ensuite, il ne s'agit que de mon opinion et vous êtes tout à fait en droit de ne pas le partager.

C'est un débat intéressant en tout cas, :merci: Silène pour nous avoir fait partager ce sujet.

Re: Ecrire, talent inné ou travail acharné ?

Posté : jeu. janv. 19, 2012 7:31 pm
par Celia
Pourrais-tu expliquer ceci :
Rien n'est joué d'avance, toutefois, il faut bien avouer qu'il y a des personnes qui baignent dans un milieu propice et qui ont des relations et des aides extérieurs qui leurs permettent de gravir les échelons plus aisément.
Ici nous n'avons parlé, pour l'instant, que de personne qui ont eu des parents lecteurs et ont baigné depuis tout petit dans un monde de livre.
Dans ta phrase je sens autre chose, comme le fait d'avoir un oncle éditeur aide beaucoup (je ne suis pas certaine que cela soit une vérité, surtout dans le milieu de la SFFF)
Peux-tu m'éclairer ?

Re: Ecrire, talent inné ou travail acharné ?

Posté : jeu. janv. 19, 2012 7:33 pm
par Eva
Brassens chantait (parait-il) "Sans technique un don n'est rien qu'une sale manie". Je trouve que c'est plutôt bien résumé. ^^

Re: Ecrire, talent inné ou travail acharné ?

Posté : jeu. janv. 19, 2012 7:35 pm
par Fishdrake
La fanfiction je connais, et tout n'est pas égal dans ce qu'on peut y trouver.

Écrire, avec un E majuscule (pas un grand, juste majuscule, l’intermédiaire entre ce que tout le monde peut proposer et ce que les auteurs édités font) me semble déjà plus corsé. La question du topique me semble sans ambiguïtés, on parle d’écrire pour espérer être édité ce qui n'est pas forcement le cas des Fan-fictions.


Edison disait que "le génie c'est 1% d'inspiration, 99 % de transpiration".

Je pense qu'il ne faut pas parler de génie, mais plutôt de création.

Il faut une bonne capacité à raconter une histoire intéressante.
Ensuite passer du temps dessus, corriger, réécrire...

La part de travail à fournir est fonction inverse du talent amha mais aucun des deux ne saurait être absent.

Je trouve qu'il faut aussi une certaine sensibilité a ce qui nous entoure pour les percevoir correctement, les analyser et exploiter tout ça dans un récit. Une espèce de troisième œil ou une troisième oreille (mettez la ou vous voulez :D) pour entendre ce que notre muse nous chante.

Enfin une bonne dose de volonté pour aller jusqu'au bout.

Lieko a écrit :Je pense que le travail permet (comme pour plus ou moins tous les domaines, en fait) de passer de "mauvais" à "bon" voir "excellent", mais qu'il ne permet pas de passer de "excellent" à "génial".
C'est marrant, j'ai lu quelque chose d'équivalent dans "Écriture, mémoires d'un metier" de S. King.

Re: Ecrire, talent inné ou travail acharné ?

Posté : jeu. janv. 19, 2012 7:37 pm
par Celia
Eva a écrit :Brassens chantait (parait-il) "Sans technique un don n'est rien qu'une sale manie". Je trouve que c'est plutôt bien résumé. ^^
On s'éloigne à peine du sujet mais, par exemple, avant de déconstruire l'art en abolissant les lois de la perspective découverte six siècles plus tôt, Picasso a d'abord beaucoup, beaucoup, beaucoup travaillé (c'était un excellent dessinateur) Il avait un don (quoiqu'on puisse penser de ses oeuvres), mais s'il n'était pas passé d'abord par la case "travail", il n'y aurait rien eu.
C'est assez rigolo parce qu'on retrouve dans cet exemple aussi le travail et les réflexions de groupe dont on parle ici : Picasso ne s'est pas fait tout seul, un artiste, aussi grand soit-il, qu'il ait une majuscule à son nom d'Artiste ou non, n'est jamais seul.

Re: Ecrire, talent inné ou travail acharné ?

Posté : jeu. janv. 19, 2012 7:43 pm
par Tristane Suzette
Booz a écrit :
Vassago a écrit :Je pense que c'est comme dans tous les domaines. Il y a des prédispositions qui ne seraient rien sans le travail acharné. Mais le travail acharné, sans les prédispositions, ne permet pas d'arriver aux mêmes résultats.
+100 (je développerai après, là je dois faire des crêpes pour les enfants que je garde (appelez-moi super baby-sitter !).

Ah ! Qui parle de crêpes ? !!!

Et voilà, va falloir que j'en fasse maintenant, alors qu'on n'est même pas dimanche :cruel:

( ;) )

Re: Ecrire, talent inné ou travail acharné ?

Posté : jeu. janv. 19, 2012 7:44 pm
par Kaze
Ici nous n'avons parlé, pour l'instant, que de personne qui ont eu des parents lecteurs et ont baigné depuis tout petit dans un monde de livre.
Dans ta phrase je sens autre chose, comme le fait d'avoir un oncle éditeur aide beaucoup (je ne suis pas certaine que cela soit une vérité, surtout dans le milieu de la SFFF)
Peux-tu m'éclairer ?
Autant pour moi, je n'avais pas bien compris, je voulais simplement dire qu'avoir des contacts dans le milieu de l'édition aide l'auteur a rentrer plus facilement dans le monde de l'édition que celui qui ne connaît personne. Tout ça pour dire que je ne pense pas qu'il y ait de génie à proprement parlé, ce n'est pas inné mais au dépend d'un travail régulier, bien que certaines personnes aient plus de facilité, ensuite s'il faut appeler ça du génie je ne sais pas ...

Re: Ecrire, talent inné ou travail acharné ?

Posté : jeu. janv. 19, 2012 7:52 pm
par Eva
Celia a écrit :C'est assez rigolo parce qu'on retrouve dans cet exemple aussi le travail et les réflexions de groupe dont on parle ici : Picasso ne s'est pas fait tout seul, un artiste, aussi grand soit-il, qu'il ait une majuscule à son nom d'Artiste ou non, n'est jamais seul.
Ah, très juste, et je dirais même plus : il ne suffit pas de don et de travail, il faut aussi une reconnaissance du milieu.

C'est d'ailleurs très pratique pour l'amour-propre, car on peut s'auto-proclamer génie incompris si le dit milieu refuse de nous chanter des louanges. :lol: