La mare aux nénuphars

Comment écrivez-vous ? Etes-vous un "étoffeur" ou un "dénudeur" de texte ?
(Désolée, j'ai essayé de traduire à ma façon les concepts de "taker-outer" et de "putter-inner" introduits par Fitzgerald.)

Cela veut dire grosso modo : vos premiers jets sont ils plus longs ou plus courts que la version définitive du manuscrit?


Je me situe dans la deuxième catégorie, mes premiers jets sont tj trop courts, je vais à l'essentiel et j'étoffe mon texte lors des révisions.
Bien sûr, il arrive parfois que je coupe aussi, mais c'est rare.

Et vous ?

En général, mes premiers jets sont plus courts. L'inverse m'est arrivé récemment sur une nouvelle, sauf que je sentais que j'étais mal partie.

Je me demande si ça peut dépendre de la façon dont on travaille, si l'on est planificateur/organisateur ou plutôt totalement instinctif, à partir au fil de la plume avec une seule petite idée.

Mes premiers jets sont plus courts... mais pas de beaucoup (genre quelques lignes voire mots pour une nouvelles, trois pages pour un roman)
Du coup je ne sais pas trop ce que ça veut dire sur la façon dont j'écris

Plus long et je vais vers le plus court... j'essaye... et je n'y arrive pas forcément >.> ... oups

tigrette a écrit :
Je me situe dans la deuxième catégorie, mes premiers jets sont tj trop courts, je vais à l'essentiel et j'étoffe mon texte lors des révisions.
Bien sûr, il arrive parfois que je coupe aussi, mais c'est rare.

Et vous ?

Pareil, jusqu'à + 10 % pour mon Tome 1 entre la phase 1 et 3

Je crois que j'ai les deux étapes : souvent, j'ai un premier jet que je «rallonge» un peu parce que je trouve qu'il manque certaines explications, des transitions, des indices sur ce qui va se passer après... et après à la relecture suivante j'ai tendance à couper un peu les scènes inutiles ou à les raccourcir. Après c'est pas systématique, et des fois je vais faire les deux en même temps, mais j'ai l'impression que mes textes ont tendance à prendre du poids avant d'en reperdre

En ce qui me concerne, mes premiers jets sont toujours plus courts que la version finale, bien que je n'ai pas la prétention d'avoir fini l'un de mes projets, pour le peu de travail abattue depuis, j'ai remarqué que j'ai tendance à étoffer tout ce que j'écris à l'origine.

Moi, j'étoffe. Mes premiers jets sont toujours trop courts et manquent de matière alors j'en rajoute petit à petit.

En fait moi c'est les deux.

Dans le premier jet il y a toujours des trucs qui vont disparaitre, car inutile, alourdissant la trame principale inutilement ect.

A coté, je rajoute des descriptions, sur les lieux, personnages, et j’embellis aussi un peu la prose.

Je suis un dénudeur sauvage. Si je ne taille pas dans le gras, j'écris des pavés indigestes. Cela passe par la dynamisation de certains scènes, la suppression d'autres. Étant donné que je fonctionne au feeling, sans plan établi, je pense que c'est pour cela que j'ai tendance à me perdre.

En quantité, je reviens à peu près à mon point de départ entre le premier jet et la version corrigée. Par contre, il y a entre temps une étape où j'enlève le surplus, puis une autre où j'ajoute ce qui manque.

Donc, les deux mon capitaine !

J'étoffe, je tisse, j'ajoute...
Histoire d'être concret, pour "Premier Souffle", entre la version 0.1 et celle qui a été publiée, le texte a grossi de 130%. Pour les tomes suivants, c'est moins prononcé (de l'ordre de 10-15%) car je les ai écrits en sachant où j'allais, avec un plan, contrairement au premier épisode qui tenait initialement plus de l'excursion dominicale que de l'exploration savamment orchestrée. Mais globalement il y a de l'inflation par chez moi.

Le coeur de l'histoire évolue peu au cours de cette maturation, mais les scènes se précisent, certaines descriptions s'ajoutent, des étapes deviennent indispensables. Certains personnages réclament qu'un peu d'attention leur soit donnée. A la relecture, il s'avère parfois que toute une thématique est sous-employée et je retraverse tout le texte pour la mettre en relief.

Cela ne veut pas dire qu'il ne m'arrive pas de couper. Sur le dernier texte en cours, qui est en travaux (très lents et en arrière plan, les travaux) depuis cinq ans, je suis revenu récemment sur tout ce qui a été fait et j'en ai supprimé plus de la moitié pour reprendre le tout avec une focalisation plus précise (enfin j'espère). Mais je me doute déjà qu'à l'instant ou j'aurai écrit le mot "fin", je vais revenir en arrière et tout reprendre plus ou moins en détail, ce qui va se solder par un gain de taille d'au moins 10%.

Pour les nouvelles ou les micronouvelles, c'est un peu l'inverse. Le texte s'articule autour d'une idée dont je connais les contours. Ensuite c'est un peu comme sculpter dans un bloc de pierre. L'idée est là, il faut la faire émerger des paragraphes et retirer ce qui n'est pas indispensable.
Appliquer ce travail de coupe sèche à tout un roman avec la même rigueur est sans doute possible, mais ce n'est pas pour moi. Dans un roman j'ai besoin de m'accorder quelques digressions, surtout en fantasy où la découverte de l'univers est un plaisir en soi qui n'a pas toujours besoin de l'alibi de l'intrigue pourvu qu'on n'en abuse pas. Mais peut-être que je me goure.

Je trouve inquiétant d'être la seule étoffeuse lol, je suis peut-être pas dans une bonne démarche alors ceci dit ma dernière relecture à tendance à me faire supprimer. Mais quelques mots ou phrases, pas des passages entiers

Pour les romans, je suis clairement étoffeuse : il y a toujours des scènes à développer, voire à rajouter.
Pour les textes courts, cela dépend.
En général, si la contrainte de signes est forte (ex : moins de 5 000 pour une histoire pour enfant), plus le premier jet risque de devoir subir une simplification/un élagage sérieux.
Entre 15 000 et 30 000 sec, la différence entre le 1er jet et les suivants est rarement significative. Je pense que c'est parce qu'il s'agit de la longueur de texte que j'ai le plus pratiquée. A force, je finis par tomber à peu près juste dès le 1er jet.

Je suis définitivement un dénudeur.
non, ce n'est pas une perversion !