Divergences de tons

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Beorn
Bond, Alexander Bond
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Re: Divergences de tons

Message par Beorn »

Peut-être faudrait-il en savoir un peu plus sur ton projet.
Quel point de vue adoptes-tu ? Focalisation interne (3ème personne collée à un personnage) ? Narrateur omniscient (capable de lire les pensées de chaque personnage) ? 1ère personne (personnage narrateur) ? Focalisation externe (decrit les faits mais jamais les pensées des personnages) ?
Ce que tu appelles un changement de ton, de quoi s'agit-il exactement ? Plus d'humour ? Plus de noirceur ?

On peut tout imaginer en littérature, même un changement de ton. C'est très inhabituel et à mon avis, c'est piégeux, mais pourquoi pas. Tout dépend comment tu le fais.
Mais tel que tu le décris, on a l'impression que c'est dû à une amélioration de ton écriture et non à une évolution logique du récit.
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Iluinar
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Re: Divergences de tons

Message par Iluinar »

D'accord avec Beorn. Si ton changement de ton est voulu et sert l'histoire, c'est OK. Si c'est parce que ton écriture a progressé avec le temps, ça se verra et ça fera tache.
On peut tout faire en littérature, à condition que ce soit dans le but d'améliorer l'histoire, que ce soit voulu et pas subi.

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Minuit
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Re: Divergences de tons

Message par Minuit »

Quel point de vue adoptes-tu ?
Narrateur omniscient
Ce que tu appelles un changement de ton, de quoi s'agit-il exactement ? Plus d'humour ? Plus de noirceur ?
Plus de « sombritude », d’ironie, d’érotisme.
Mais tel que tu le décris, on a l'impression que c'est dû à une amélioration de ton écriture et non à une évolution logique du récit.
Bon, qu’il y ait une évolution : forcément. Il y a toujours une évolution. Je veux dire, même lorsqu’on écrit son cinquième tome, il y a une évolution.
La seule question que je dois me poser, c’est : est-elle flagrante ou non ?
Et si je n’arrive pas à répondre à cette question, la déléguer à autrui (bêta lecteurs) ?
C’est sans doute ce que j’ai de mieux à faire.
On peut tout faire en littérature, à condition que ce soit dans le but d'améliorer l'histoire, que ce soit voulu et pas subi.
Oui. C’est à ça que je dois réfléchir, effectivement.

Vous êtes très patients en tout cas, merci beaucoup. ;)
Modifié en dernier par Minuit le mer. oct. 31, 2012 4:10 pm, modifié 1 fois.
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Delia
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Re: Divergences de tons

Message par Delia »

Peut être que je vais dire une bêtise :mrgreen: si c'est le cas désolée. Je pense qu'un changement de ton peut aussi s'expliquer suivant l'âge du narrateur. Si au début du roman, il s'agit d'un enfant ou même un ado mais qu'il grandit au fil de l'histoire pour devenir un jeune adulte. Le changement de ton s'explique. Il est même nécessaire, je crois.
Pareil si au milieu de ton livre ton narrateur voit mourir toutes les personnes auxquelles, il tient (j'ai pris un exemple extrême). Il est normal que le ton change. Pareil si ton narrateur est un petit paysan illettré puis qu'il reçoit une certaine éducation parce que c'est le futur roi du royaume... Cela dépend de beaucoup choses à mon avis. Mais surtout de qui est le narrateur et ce qu'il devient au fil du texte.

Voilà en espérant que je me suis bien expliquée. :)

desdenova
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Re: Divergences de tons

Message par desdenova »

Minuit a écrit : Les premiers chapitres servent à immerger le lecteur dans le roman. Mais cette immersion peut se faire par la pataugeoire ou le grand bain. Il y a les auteurs qui mettent direct le paquet et confrontent frontalement le lecteur à leur univers. Et il y a ceux qui le distillent progressivement. Mettons qu’un univers ne soit pas tant défini par des races originales, de la géographie tourmentée… mais plutôt par une ambiance bien marquée, estampillée. C’est bien le ton avec lequel je vais relater le récit, la coloration que je vais lui insuffler, qui va fortement contribuer à créer cette ambiance. Mais justement, cette ambiance, je vais la faire naître, lui donner corps, au fil des chapitres. Le lecteur va la découvrir progressivement. Quelle importance dans ce cas si, à l’échelle du roman, le ton n’est pas uniforme et que l’ambiance souhaitée s’installe en douceur ?
J'ai l'impression que tu fais *peut-être* l'amalgame entre style et ambiance. Les deux peuvent être liés (parfois même intimement) mais ils sont aussi très souvent distincts. Ce sont deux choses différentes, de toute manière. Donc, à savoir lequel tu désignes par "ton".

Car si tu parles d'ambiance, il *peut* y avoir des variations dans le bouquin. Si tes personnages sont dans un royaume, par exemple, puis se déplacent dans un autre, ce sont des environnements différents et là il serait tout à fait concevable de développer des ambiances tout aussi différentes.

Par contre, pour ce qui est du style (et c'est surtout de ça que nous parlions jusqu'ici) c'est une autre histoire.

Et d'après ce que tu disais dans tes premiers messages, je pense que c'est plutôt le style qui est problématique, du fait d'une évolution dans ta manière d'écrire, ce qui est tout à fait naturel.

Pour donner un exemple, j'avais commencé à écrire un roman dans les années 90 et me suis arrêté à mi-chemin, trouvant mon sujet trop faible. J'ai rouvert le fichier plusieurs années plus tard pour m'apercevoir qu'à la relecture, finalement, c'était pas si mal que ça. Mais, pour le terminer, mon style ayant beaucoup évolué entre temps, il faudrait soit que je me "force" à écrire de la même manière qu'à l'époque (ce qui me semble quasi mission impossible) ou alors réécrire toute la première moitié... Du coup, c'est reparti dormir dans un tiroir poussiéreux virtuel, LOL.

Mais ceci étant dit, je suis d'accord avec les remarques de Beorn. Et tout reste possible, à condition effectivement que ce soit intentionnel de la part de l'auteur.

Voilà voilà.

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Minuit
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Re: Divergences de tons

Message par Minuit »

J'ai l'impression que tu fais *peut-être* l'amalgame entre style et ambiance. Les deux peuvent être liés (parfois même intimement) mais ils sont aussi très souvent distincts. Ce sont deux choses différentes, de toute manière. Donc, à savoir lequel tu désignes par "ton".
Bah, c’est bien possible. Je vais essayer de clarifier ce que je voulais initialement désigner par "ton".


Le ton : il peut être sombre, violent, humoristique…

Le style : il peut être agréable, fluide, maladroit, flamboyant…

L'ambiance : On peut avoir une ambiance de type cathédrale, fin du monde, glauque, oppressante...

Le style doit être uniforme. C’est la griffe de l’auteur.
Mais le ton, lui ? Un ton résolument humoristique et décalé peut-il apparaître progressivement ou doit-il être présent en force dès le début ?
Et peut-on avoir un bouquin avec des premiers chapitres soft qui gagnent ensuite graduellement en noirceur ?

Le prologue doit-il arborer un gros panneau disant : Lecteur, ce livre sera du genre torturé.
Ou bien par exemple : Lecteur, ce livre sera du genre fendard.
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Koïnsky
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Re: Divergences de tons

Message par Koïnsky »

Minuit a écrit : Le style doit être uniforme. C’est la griffe de l’auteur.
Mais le ton, lui ? Un ton résolument humoristique et décalé peut-il apparaître progressivement ou doit-il être présent en force dès le début ?
À mon avis, le ton humoristique et décalé devrait être présent dès le début. Au début, le lecteur doit savoir un minimum dans quoi il s'engage.

En plus, le début doit convaincre le lecteur. Si l'auteur ne montre pas ce qu'il compte faire avec brio dans les 300 pages qui suivent, c'est une occasion manquée je pense.

Cela dit, tu peux aussi modifier le ton, mais ça semble plus risqué. Comme le dit Beorn, tout est faisable. Tant que cela te semble pertinent...
Et peut-on avoir un bouquin avec des premiers chapitres soft qui gagnent ensuite graduellement en noirceur ?
À mon sens, dans ce cas, c'est un peu différent. On glisse du ton vers l'ambiance. L'ambiance dépend des événements de l'histoire. Mais encore, sans doute que garder une certaine unité est souhaitable.
bêta-lecteur ~ auteur (accueil du blog / nouvelles / jeu vidéo)

desdenova
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Re: Divergences de tons

Message par desdenova »

Minuit a écrit : Le ton : il peut être sombre, violent, humoristique…

Le style : il peut être agréable, fluide, maladroit, flamboyant…

L'ambiance : On peut avoir une ambiance de type cathédrale, fin du monde, glauque, oppressante...
OK ! Là, c'est plus clair ;-)
Le style doit être uniforme. C’est la griffe de l’auteur.
Mais le ton, lui ? Un ton résolument humoristique et décalé peut-il apparaître progressivement ou doit-il être présent en force dès le début ?
Pour l'humour, c'est surtout une histoire de dosage. Si tu as un texte très sérieux et que brusquement tu as UNE scène très drôle, ça risque de faire un effet un peu bizarre.

Par contre, l'inverse peut être moins gênant, mais ça va dépendre comment tu traites la chose.

Mais idéalement le texte devrait contenir un humour bien contrôlé et distillé à travers les pages. D'une règle générale, mieux vaut éviter d'avoir des "nids" avec des ambiances différentes (pour moi, le "ton" tel que tu le décris, s'intègre à l'ambiance, soit dit en passant, puisque cela contribue à en développer une).
Et peut-on avoir un bouquin avec des premiers chapitres soft qui gagnent ensuite graduellement en noirceur ?
Oui, bien sûr. A condition que ce soit *vraiment* graduel. Si c'est bien mené, le lecteur ne devrait même pas s'en apercevoir, du moins pas immédiatement. C'est après coup qu'il peut se dire "ouah ! mais au fait, là ça n'a plus rien à voir avec le début..."

Le risque, par contre, est d'aliéner une partie du lectorat. Certains peuvent rechercher de la légèreté, pour se détendre un peu, et être surpris/repoussés par la noirceur à la fin.

Inversement, certains cherchant des récits plus sombres peuvent être un peu agacés par le ton léger du début (auquel cas ils risquent de lâcher l'affaire rapidement, alors que pour les précédants, si l'histoire est suffisamment prenante, il y a plus de chance qu'ils poursuivent malgré tout).

Après, tu auras bien sûr d'autres lecteurs (comme moi, arf) qui apprécieront ce petit "plus" distinctif. J'ai d'ailleurs un roman sur le feu qui va également modifier l'ambiance de manière progressive.

Par contre, cela me rappelle un détail important : si tu procèdes à une modification graduelle, il faut aussi qu'il y ait une logique derrière cela.

Dans mon bouquin, pour l'exemple, je démarre avec un jeune personnage un peu naïf qui part à la découverte du monde -- pour lui, au départ, tout est beau et magnifique... Mais, peu à peu, sa vision du monde va s'altérer suite à différents incidents qui, eux-mêmes, seront de plus en plus dramatiques/cruels. Le final, du coup, sera relativement sombre ;-)

Mais... c'est un aspect voulu, et calculé dès le départ. Si tu sais où tu vas, cela te permet de mieux prévoir les "points charnières" qui vont permettre de passer l'ambiance au "cran au-dessus"

Et, en outre, si tu justifies ainsi la progression, tu minimises un peu la possible réaction réfractaire du lectorat ;-)
Le prologue doit-il arborer un gros panneau disant : Lecteur, ce livre sera du genre torturé.
Ou bien par exemple : Lecteur, ce livre sera du genre fendard.
Tout dépend du ton en question. Et de son "degré d'implentation".

Si l'humour va dominer dans ton bouquin, alors à mon sens le prologue doit le refléter.

Si par contre on reprend l'exemple d'une progression d'un ton léger à un ton plus noir, là on pourrait dire que la noirceur est en quelque sorte construit comme un "effet surprise" (quoiqu'en réalité il s'agira au final d'un secret de polichinelle puisque les critiques vont très probablement révéler cet aspect assez rapidement) de sorte que le prologue ne devrait *pas* à mon avis la révéler. Par contre, un ton trop léger serait aussi, quelque part, un peu mensonger. A mon sens (et c'est l'approche que j'ai adoptée pour mon roman) le prologue devrait, dans un tel cas, être sur un ton plus "neutre", par exemple à travers le regard d'un autre personnage.

Comme toujours, ce ne sont là que des opinions et, dans l'absolu, tout reste possible ;-) Du moment que c'est bien fait, évidemment.

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Minuit
Batracien
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Re: Divergences de tons

Message par Minuit »

J’ai tout intérêt à me servir des premiers chapitres comme d’une vitrine, pour appâter/harponner un lecteur/éditeur.
Je ne peux me permettre un démarrage plus dosé que si l’histoire s’en accommode et même s’en trouve servie. Je vais donc me fier à mon intuition, qui me chuchote que le changement de ton est amené suffisamment subtilement pour que ça passe. :mrgreen:
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