[A] "Donner l'impression d'y vivre"
Posté : mer. nov. 07, 2012 6:36 pm
Je profite d'une flemmingite aigue pour prendre prétexte à poster une question que je me pose depuis longtemps...
Particulièrement en SFFF, certains romans sont basés sur le schéma de la quête, du voyage ; les personnages se déplacent dans un monde pour leur mission ou au gré des péripéties.
C'est pas de ceux là que je parle ici.
D'autres romans, au contraire, s'ancrent dans un lieu précis. Et, parmi ceux-là, certains vous donnent vraiment l'impression d'y vivre. Non que les autres soient moins immersifs, moins inventifs, moins décrits. Mais certains romans laissent au lecteur l'impression non qu'ils ont vécu des aventures avec des personnages, mais qu'ils ont vécu dans un endroit.
L'exemple le plus classique serait Harry Potter. Je suppose que je ne suis pas la seule : quand j'attendais la sortie d'un nouveau tome, je m'étais fait la réflexion que je n'attendais pas "la suite des aventures de Harry". J'attendais "de retourner à Poudlard".
Poudlard et, surtout, sa vie quotidienne, étaient le point fort du roman.
Oui, bon ben... Et d'où ça vient, ça ?
Je vous demande pas un mode d'emploi ; mais j'ai bien observé les quelques romans qui me donnent cette impression, et je me suis toujours demandé comment arriver à la transmettre dans un texte.
En plus de Harry Potter, je pense au livre Le Château de Hurle de Diana Wynne Jones, que j'ai vraiment adoré. De la même façon, chaque fois que je le relis ou que j'y pense, j'ai la sensation d'habiter au château, de vivre avec les personnages au quotidien.
La Tyrannie de l'arc-en-ciel (Jasper Fforde) m'a aussi un peu donné cette sensation : le gros de l'intrigue se déroule dans une petite ville, et la vie y est marquée par des points très originaux, inventés par le livre (toute la distinction sociale marquée par les couleurs que vous percevez, l'habitude d'emporter avec vous une petite cuiller comme votre bien le plus précieux, les repas en commun, etc.)
(A l'inverse, par exemple, les 3 premiers tomes de L'assassin royal de Robin Hobb ont beau être ancrés à Castelcerf, ils ne m'ont pas donné cette sensation).
Du coup voilà, je me demandais ce qui pouvait provoquer cette impression. J'en suis arrivée à me dire que pour que le texte provoque ce sentiment, il fallait que :
- La structure du récit soit marquée par l'aspect quotidien. Il peut y avoir de l'émerveillement, ça peut se passer sur un temps court (une semaine dans le roman de Jasper Fforde il me semble), mais il faut qu'il y ait une impression de normalité qui s'établisse chez le personnage principal.
Du coup, le récit ne serait pas une sorte de ligne directrice, dans laquelle la péripétie A conduit à la péripétie B qui conduit à la péripétie C et ainsi de suite. Mais plutôt un ensemble d'éléments qui semblent survenir indépendamment les uns des autres et faire sens à la fin. Le lieu en question serait en quelque sorte le point de référence du roman ; la situation "normale" à laquelle on revient à la fin de chaque péripétie (une péripétie pouvant être un combat contre la Sorcière du Désert ou un simple cours chez Hadgrid ; pas besoin que ce soit une grande chose)
- L'étirement de la temporalité du roman. Je sais pas comment le dire. Pas que ça doive se passer sur un temps long, mais qu'il y ait des passages où on nous raconte quelles sont les habitudes, les éléments répétitifs, dans ce lieu, pour le héros.
- La forte présence d'un lieu, évidemment : le château du magicien Hurle, l'école de Poudlard, la ville de Jasper Fforde...
- ...mais d'un lieu qui soit bien détaillé. Pas une description de la cave au grenier façon Théophile Gautier ; mais donner à voir de façon répétée certains lieux, certains éléments de description, pour instaurer le sentiment de familiarité envers le lieu chez le lecteur.
- Faire intervenir des personnages secondaires récurrents ? Là ça marche bien pour Fforde et pour Poudlard, mais pour Le Château de Hurle, ce sont surtout les 4 personnages principaux (Sophie, Hurle, Mickaël et Calcifer) qui peuplent le château. Pas vraiment de voisins que l'on croise ni de visages familiers dans le quotidien...
Vous remarquerez que tout ceci n'est qu'une suite d'ingrédients. Or, à mon avis, ça ne suffit pas. Et du coup je voudrais savoir ce que vous en pensez.
A votre avis, comment on transmet cette impression de familiarité, de quotidien, qui fait que le lecteur a l'impression d'avoir vécu dans le livre, dans le lieu principal ?
Milora terminé, à vous les studios.
Particulièrement en SFFF, certains romans sont basés sur le schéma de la quête, du voyage ; les personnages se déplacent dans un monde pour leur mission ou au gré des péripéties.
C'est pas de ceux là que je parle ici.
D'autres romans, au contraire, s'ancrent dans un lieu précis. Et, parmi ceux-là, certains vous donnent vraiment l'impression d'y vivre. Non que les autres soient moins immersifs, moins inventifs, moins décrits. Mais certains romans laissent au lecteur l'impression non qu'ils ont vécu des aventures avec des personnages, mais qu'ils ont vécu dans un endroit.
L'exemple le plus classique serait Harry Potter. Je suppose que je ne suis pas la seule : quand j'attendais la sortie d'un nouveau tome, je m'étais fait la réflexion que je n'attendais pas "la suite des aventures de Harry". J'attendais "de retourner à Poudlard".
Poudlard et, surtout, sa vie quotidienne, étaient le point fort du roman.
Oui, bon ben... Et d'où ça vient, ça ?
Je vous demande pas un mode d'emploi ; mais j'ai bien observé les quelques romans qui me donnent cette impression, et je me suis toujours demandé comment arriver à la transmettre dans un texte.
En plus de Harry Potter, je pense au livre Le Château de Hurle de Diana Wynne Jones, que j'ai vraiment adoré. De la même façon, chaque fois que je le relis ou que j'y pense, j'ai la sensation d'habiter au château, de vivre avec les personnages au quotidien.
La Tyrannie de l'arc-en-ciel (Jasper Fforde) m'a aussi un peu donné cette sensation : le gros de l'intrigue se déroule dans une petite ville, et la vie y est marquée par des points très originaux, inventés par le livre (toute la distinction sociale marquée par les couleurs que vous percevez, l'habitude d'emporter avec vous une petite cuiller comme votre bien le plus précieux, les repas en commun, etc.)
(A l'inverse, par exemple, les 3 premiers tomes de L'assassin royal de Robin Hobb ont beau être ancrés à Castelcerf, ils ne m'ont pas donné cette sensation).
Du coup voilà, je me demandais ce qui pouvait provoquer cette impression. J'en suis arrivée à me dire que pour que le texte provoque ce sentiment, il fallait que :
- La structure du récit soit marquée par l'aspect quotidien. Il peut y avoir de l'émerveillement, ça peut se passer sur un temps court (une semaine dans le roman de Jasper Fforde il me semble), mais il faut qu'il y ait une impression de normalité qui s'établisse chez le personnage principal.
Du coup, le récit ne serait pas une sorte de ligne directrice, dans laquelle la péripétie A conduit à la péripétie B qui conduit à la péripétie C et ainsi de suite. Mais plutôt un ensemble d'éléments qui semblent survenir indépendamment les uns des autres et faire sens à la fin. Le lieu en question serait en quelque sorte le point de référence du roman ; la situation "normale" à laquelle on revient à la fin de chaque péripétie (une péripétie pouvant être un combat contre la Sorcière du Désert ou un simple cours chez Hadgrid ; pas besoin que ce soit une grande chose)
- L'étirement de la temporalité du roman. Je sais pas comment le dire. Pas que ça doive se passer sur un temps long, mais qu'il y ait des passages où on nous raconte quelles sont les habitudes, les éléments répétitifs, dans ce lieu, pour le héros.
- La forte présence d'un lieu, évidemment : le château du magicien Hurle, l'école de Poudlard, la ville de Jasper Fforde...
- ...mais d'un lieu qui soit bien détaillé. Pas une description de la cave au grenier façon Théophile Gautier ; mais donner à voir de façon répétée certains lieux, certains éléments de description, pour instaurer le sentiment de familiarité envers le lieu chez le lecteur.
- Faire intervenir des personnages secondaires récurrents ? Là ça marche bien pour Fforde et pour Poudlard, mais pour Le Château de Hurle, ce sont surtout les 4 personnages principaux (Sophie, Hurle, Mickaël et Calcifer) qui peuplent le château. Pas vraiment de voisins que l'on croise ni de visages familiers dans le quotidien...
Vous remarquerez que tout ceci n'est qu'une suite d'ingrédients. Or, à mon avis, ça ne suffit pas. Et du coup je voudrais savoir ce que vous en pensez.
A votre avis, comment on transmet cette impression de familiarité, de quotidien, qui fait que le lecteur a l'impression d'avoir vécu dans le livre, dans le lieu principal ?
Milora terminé, à vous les studios.