La mare aux nénuphars

Cela doit faire à peu près quatre ans que je suis sur mon projet actuel. Même si je l'aime beaucoup et qu'il me tient à coeur, j'ai l'impression d'avoir besoin de souffler avec quelque chose d'un peu moins ambitieux (du genre qui ne finit pas en trilogie et ne fait pas 25K sur trois chapitres alors qu'il y en a minimum 15).
Ma question est plus un appel à témoignages qu'autre chose : l'avez-vous déjà fait, et est-ce-que cela ne vous a pas handicapé pour reprendre votre projet une fois le deuxième terminé ?

Merci d'avance pour vos réponses.

Lance-toi dans les nouvelles ! Ça ne prend pas trop de temps et ça peut faire une coupure appréciable pour recharger les batteries de l'imagination.

Je l'ai déjà fait, et le fais même en ce moment .

J'ai entamé ma trilogie il y a sept ans (trilogie qui va d'ailleurs devenir une série de six ou neuf bouquins, si je continue à y réfléchir...). Au bout de cinq ans, je n'avançais plus, je passais mon temps à réfléchir à des détails inutiles pour clarifier une action qui devait se dérouler huit cents pages plus loin ; en bref, écrire cette histoire ne m'intéressait plus.

De fait, j'ai décidé d'entamer un petit projet (très petit, puisqu'il compte 53 pages A4 et s'est bouclé en trois semaines) avant de m'y remettre. Puis la lassitude s'est de nouveau installée, liée à de lourdes difficultés pour construire l'intrigue (la faute à quelques idées particulièrement intéressantes qui ont bouleversé toute la trame). Du coup, et comme j'avais un autre projet en tête (mon Requiem, que je travaille actuellement), j'ai décidé de laisser tomber mes Chroniques pour un temps. Mais je continue à y réfléchir chaque jour, même sans le vouloir .

A défaut de t'avoir éclairé, j'espère que ça t'aura aidé .

Je suis justement dans ce cas là. Il y a encore un mois, je me disais que le nano serait parfait pour continuer mon projet qui traînait beaucoup trop à mon goût. J'en avais marre, l'impression de ne pas avancer, d'étouffer, de faire totalement fausse route et surtout que ma narration à la première personne sonnait fausse. Mais, je ne voulais pas arrêter car je me connais et lorsque je passe d'un projet pas terminé à un autre, je ne reviens jamais sur l'ancien et celui-ci me tenait beaucoup trop à coeur.
Et puis, le 30 octobre, après maintes délibérations avec moi même, j'ai fini par me décider à me lancer dans un nouveau projet beaucoup moins ambitieux : un one shot au ton léger et surtout avec une narration classique à la troisième personne. Et franchement je m'éclate, et j'aurais plus avancé ces vingt derniers jours sur ce projet (mais ça c'est aussi l'effet nano ) que sur le dernier commencé il y a plus d'un an.

Voilà pour répondre à ta première question. Pour la deuxième, je suis pour l'instant incapable de te répondre et les témoignages d'autres grenouilles m'intéresseraient beaucoup car c'est aussi un point qui m'inquiétait avant de me lancer dans mon deuxième projet.

Edit : Plusieurs messages pendant que j'écrivais. Je vais lire tout ça.

J'ai un roman sur lequel je bosse depuis quatre ans.
Il est beaucoup plus ambitieux que les autres ( un million de signes...), me demande plus de recherches, de travail sur les personnages, l'intrigue. Alors quand j'en ai marre, que je n'en peux plus, je le laisse de côté et écris autre chose. Grâce à mes recherches, j'ai toujours un sujet pour !
Ca m'a permis d'essayer des trucs, de débloquer de problèmes techniques...
Et puis tout simplement de me faire plaisir en terminant des projets plus simples, plus modestes.
J'ai donc trois autres petits romans et pas mal de petits textes, nouvelles écrits dans l'intervalle.
Là, je suis dans une période où je m'y remets doucement. Ca demande de se replonger dans l'ambiance, avec le narrateur, mais ça se fait au final.

Tu seras loin d'être la seule grenouille à qui ça arrive.
Moi j'ai changé d'avis quand quelqu'un (mon copain, je crois) m'a fait remarqué qu'en général, c'était le "premier" qui était dur. Mon premier roman, c'est une histoire qui est tellement proche de moi que je veux qu'elle soit parfaite. J'ai réécris le début au moins ... cent fois.
Mais pas une seule fois la fin.

Alors, je me suis demandé si cela serait pareil, si on zappe le premier et qu'on va directement au second qu'est-ce qui se passe ? Beaucoup moins de pression, j'ai gardé certains des personnages, une intrigue beaucoup moins impressionnante, un monde totalement différent, des intrigues différente.
Résultat ? En onze mois, j'ai écrit et FINI l'histoire.
Bon, la réécriture va toute la transformer, mais j'ai le recul pour reprendre mon gros projet et même si j'ai encore besoin de la pause, je vois déjà quelles étaient mes erreurs et pourquoi je fonçais dans le mur.

Si le premier roman est trop dur, commencez directement par le second !
Si y'a besoin d'une pause, fais-là, tant que tu écris ou que tu affines ton style/création d'intrigue/maitrises de personnages, cela n'est pas une pause réelle, c'est un changement d'activité, un autre point de vue sur l'affaire...

Même avis et à peu près la même situation que les autres : quand j'en ai marre, je passe à autre chose. Pendant six mois ou un an s'il le faut. J'ai parfois eu du mal à me "replonger" dans un projet longtemps mis de côté, mais ça ne dure jamais. Le temps de relire, de replonger dans les notes, et c'est parti !

Je me permets juste un rajout à mon message précédent : je ne garantis pas qu'il soit aisé de revenir à son histoire "première" après avoir passé du temps sur un autre projet. A titre personnel, j'en ai profité, comme je devais le faire, pour réécrire entièrement la première partie - en modifiant certains lieux, le caractère de la moitié des personnages, les relations qu'ils entretiennent, et pas mal d'autres trucs. Est-ce toujours la même histoire, et peut-on considérer ça comme une reprise ou un nouvel essor, je ne sais pas .

J'ai mon projet de trilogie en route depuis bientôt une dizaine d'années. Mais j'ai toujours eu cinquante six mille trucs en travail en parallèle, donc il peut bien m'arriver de faire une pause sur mes tomes (c'est arrivé, la plus longue ayant été 1 an), j'ai toujours de quoi m'occuper à côté.
Et plus la pause est longue, plus on prend du recul et on reprend ensuite le projet avec un regard neuf. Travailler sur autre chose en attendant permet de continuer à progresser dans l'écriture.

Niniane a écrit : Ma question est plus un appel à témoignages qu'autre chose : l'avez-vous déjà fait, et est-ce-que cela ne vous a pas handicapé pour reprendre votre projet une fois le deuxième terminé ?

Oui.
Non.

Hm, faut peut-être développer ?

Alors pour la rupture, je le fais tout le temps. Rester coincée sur quelque chose pendant plus de six mois m'est insupportable, parce que j'ai envie d'écrire autre chose, de tout façon.
Reprendre ensuite me permet d'avoir les idées plus claires et d'avoir pris de la distance par rapport au texte (ce qui est toujours bien pour savoir clairement où ça pèche, où il va falloir corriger et ce qu'il va falloir reprendre.... voire pour se rendre compte que finalement le projet n'en valait peut-être pas le coup)

Je suis expert en la matière alors je peux te faire part de mon expérience.

Mon premier projet était très (trop ?) ambitieux, surtout pour mes frêles épaules de jeune écrivain âgé de 13 ou 14 ans. Je n'en voyais pas le bout et la lassitude a pris le pas sur le plaisir d'écrire. De fait, je me suis lancé sur un autre projet consacré au même univers, puis un troisième, puis un quatrième... J'ai fini par lâcher ce bousin énorme pour me consacrer à quelque chose de complètement différent, hors fantasy, en one shot, et grand bien m'en a pris. Ça a été une bouffée d'oxygène dans un contexte de vie particulièrement difficile.

J'ai donc pu revenir sur mon premier projet avec un regard neuf, et retrouver le plaisir de l'écriture. (C'est d'ailleurs sur cet univers que je prends davantage mon pied). Le hic étant la dispersion : en cas de blues, je bifurque sur une nouvelle chose et ai donc des malles de projet en cours. Je compte tous les mener à terme, même si la tâche est devenue colossale. Cet été, j'ai encore connu de besoin de voir si l'herbe était plus verte ailleurs et me suis restreint, me contentant de garder cet énième projet sous le coude avec quelques notes. Changer d'air oui, se disperser, non.

Je note que je rencontre un syndrome de contamination quand je change de projet. Je m'explique : mettons que dans le projet A, j'ai envie de décrire la relation difficile entre un père et son fils (exemple fictif). C'est un nœud de l'intrigue du projet A, projet qui me sort par les trous de nez à un moment donné. Pour une raison X ou Y, je passe au projet B et là ? Que vois-je apparaître malgré moi ? Une relation père-fils difficile avec des scénettes destinées normalement au projet A.
Yslaire, auteur de bd, a dit : ""Un auteur essaye toute sa vie de raconter toujours la même histoire, mais avec des moyens différents. Et le lecteur voit cela comme des sorte de rimes... C'est aussi une façon d'aborder une nouvelle œuvre sans renier le passé."
Je trouve ce point de vue intéressant et très vrai dans mon cas. Attention cependant à bien narrer ces rimes de façon distincte, et non faire de la photocopie de photocopie. Dans mon cas, c'est le problème majeur que je relève à multiplier les projets, auquel s'ajoute une masse de boulot supplémentaire (il y a une sacrée marge entre boucler un projet ou deux.) Néanmoins, chaque auteur doit être un peu masochiste pour s'imposer tant d'heures de boulot !

(N.B : oui, après peu de posts suite à mon inscription, je réapparais après plusieurs mois. Toutes mes confuses, chères grenouilles.)

ABK a écrit : Je note que je rencontre un syndrome de contamination quand je change de projet. Je m'explique : mettons que dans le projet A, j'ai envie de décrire la relation difficile entre un père et son fils (exemple fictif). C'est un nœud de l'intrigue du projet A, projet qui me sort par les trous de nez à un moment donné. Pour une raison X ou Y, je passe au projet B et là ? Que vois-je apparaître malgré moi ? Une relation père-fils difficile avec des scénettes destinées normalement au projet A.
Yslaire, auteur de bd, a dit : ""Un auteur essaye toute sa vie de raconter toujours la même histoire, mais avec des moyens différents. Et le lecteur voit cela comme des sorte de rimes... C'est aussi une façon d'aborder une nouvelle œuvre sans renier le passé."
Je trouve ce point de vue intéressant et très vrai dans mon cas. Attention cependant à bien narrer ces rimes de façon distincte, et non faire de la photocopie de photocopie.

c'est un point intéressant.
Je m'y retrouve beaucoup. Ca me gênait un temps et puis finalement, je me rends compte que j'écris beaucoup de textes qui ne sont que des essais, des gammes, qui ne peuvent prétendre à être considérés comme des textes aboutis.

J'ai toujours au moins deux projets en cours : un projet principal et un secondaire que j'aime bien mais ne me tient pas autant à coeur. Du coup, je bosse le projet principal et quand j'en ai marre je vire sur le secondaire "en attendant" d'avoir à nouveau envie de m'occuper du gros bébé.

En général, ça ne me pose pas de soucis, je reviens à mes personnages et leurs aventures mais bien souvent j'ai regard neuf sur l'histoire (donc de petits changements peuvent être effectués mais rien de majeur en ce qui me concerne).

Bon ça me parait très mal dit tout ça mais c'est l'idée.

Pour certains, l'idéal sera d'avoir plusieurs projets sur le feu et d'aller et venir entre les uns et les autres lorsque le besoin se fait sentir de changer d'air. L'important, c'est qu'au moins un projet arrive à terme au bout d'un moment.

ilham a écrit :

ABK a écrit : Je note que je rencontre un syndrome de contamination quand je change de projet. Je m'explique : mettons que dans le projet A, j'ai envie de décrire la relation difficile entre un père et son fils (exemple fictif). C'est un nœud de l'intrigue du projet A, projet qui me sort par les trous de nez à un moment donné. Pour une raison X ou Y, je passe au projet B et là ? Que vois-je apparaître malgré moi ? Une relation père-fils difficile avec des scénettes destinées normalement au projet A.
Yslaire, auteur de bd, a dit : ""Un auteur essaye toute sa vie de raconter toujours la même histoire, mais avec des moyens différents. Et le lecteur voit cela comme des sorte de rimes... C'est aussi une façon d'aborder une nouvelle œuvre sans renier le passé."
Je trouve ce point de vue intéressant et très vrai dans mon cas. Attention cependant à bien narrer ces rimes de façon distincte, et non faire de la photocopie de photocopie.

c'est un point intéressant.
Je m'y retrouve beaucoup. Ca me gênait un temps et puis finalement, je me rends compte que j'écris beaucoup de textes qui ne sont que des essais, des gammes, qui ne peuvent prétendre à être considérés comme des textes aboutis.

Même chose pour moi. C'est tout à fait vrai mais je pense que c'est parce que je suis fascinée par le sujet du regard de l'autre ou encore par la vengeance, un moteur à elle toute seule.

En tout cas, je me retrouve beaucoup dans la plupart des points de vue exprimés ici et j'aime beaucoup l'idée de Selsynn :

Selsynn a écrit :Si le premier roman est trop dur, commencez directement par le second !

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Je me suis beaucoup trop investie dans mon projet principal pour le gâcher en m'acharnant dessus. Et en commencer un autre m'a totalement débloquée.