Il ne faut pas oublier, aussi, que la plupart des
Deus ex machina sont des erreurs involontaires.
Je ne pense pas qu'un auteur se dise consciemment : "Tiens, là, j'en collerais bien un !"
Je pense qu'il y a 3 grandes sources de
Deus ex machina, je me permets de les exposer car, ahem, je les ai toutes expérimentées et que je suis encore en train de travailler sur leur suppression sur le livre 2 de Romane :
1- L'auteur qui veut absolument surprendre, faire battre le coeur de ses lecteurs.
Pour cela il met son / ses personnages dans une situation pas possible.
Et au moment où tout semble perdu, il sort son as de coeur, façon "tada, je vous ai bien eu ! en fait il se passe ça !".
Sauf que... si c'est mal amené, maladroit, pas jalonné, l'auteur se râte : il ne surprend pas le lecteur, il le frustre.
(ça peut même carrément énerver le lecteur, s'il a la sensation d'avoir été pris pour un imbécile : ça casse le pacte de confiance)
2- L'auteur n'a pas assez creusé le fond de son histoire, les possibilités de son univers.
Alors qu'il a mis son / ses personnages dans une situation pas possible... il se retrouve coincé pour résoudre la situation en question (qu'il en ait conscience ou pas).
Il choisit la solution la plus simple et la plus facile à mettre en oeuvre : celle qui agit directement sur la scène à débloquer... et paf. Ca ne fonctionne pas.
3- L'auteur a fait de la rétention d'informations par personnages interposés.
Ca ressemble au point 1, mais c'est à mon avis encore plus grave.
Pourquoi ? Parce que les lecteurs vont vraiment s'en apercevoir et se demander pourquoi tel ou tel personnage n'a pas dit ce qu'il savait et préfère arriver la bouche en coeur au dernier moment.
Dans tous les cas, la présence d'un
Deus ex machina est révélatrice.
Pour moi, il s'agit d'un défaut de scénarisation, et ça explique que les jeunes auteurs en soient les premières victimes : il est plus facile de régler un problème là où on le détecte... que de remettre en cause tous les points de détails (ceux qui manquent, ou ceux qui nécessitent correction) qui ont amené à ce problème.
Corriger / éliminer / supprimer un
Deus ex machina est simple sur le papier : il faut revenir en arrière et revoir éventuellement une bonne partie de la scénarisation de son roman.
En pratique, ça demande une réflexion intense et des discussions, si possible, avec ses bêta-lecteurs.
En effet, la résolution d'un
Deus ex machina peut vous flinguer un projet... ou vous entraîner en tout cas dans des travaux lourds. Alors que, parfois, il suffit de quelques ajustements, par touche, pour régler le plus gros du problème.
Les échanges sont donc souvent intéressants et remotivants car ils permettent de sortir le nez du guidon et de corriger juste là où il faut.
Après, on peut aussi choisir de l'assumer (avec des ajustements, il se peut qu'il passe, très bien même).