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Re: Deus Ex Machina, Késako...????

Posté : jeu. févr. 28, 2013 6:26 pm
par Stef-
Préparation, paiements, jalons... Le lecteur s'en trouve valorisé, il a l'impression (à juste titre) que l'auteur sait ce qu'il fait et que l'intrigue est bien conçue : tout ce qu'il demande à lire ! Ce n'est à mon sens jamais néfaste, au contraire ! Je suis de l'avis de Beorn là-dessus.

Pour le coup de l'as sorti de la manche, oui, c'est vrai. Un auteur pourra se réserver de le faire. Une fois, et une fois seulement, et ce peut-être pour plusieurs livres différents ! Si un auteur "sortait un as" vers la fin de chacun de ses livres (ou pour un réalisateur dans un film, c'est pareil), on en aurait vite marre et on trouverait cela trop facile...

Pour aller plus loin, je dirais même que pour obtenir cet effet de surprise bien fait, il faudrait poser des jalons inverses : emmener le lecteur sur de fausses pistes (mais qu'elles restent crédible, tout un dosage savant à trouver) puis le surprendre. Mais lors de la surprise, il faut que celui-ci se dise "mais oui !" ou "c'est bien sûr" Donc quelque part il y a toujours des signes avant-coureurs. Un effet fort délicat à bien amener à mon avis ? :lect:

Re: Deus Ex Machina, Késako...????

Posté : jeu. févr. 28, 2013 6:40 pm
par Roanne
CeGu a écrit :
Roanne a écrit :1- L'auteur qui veut absolument surprendre, faire battre le coeur de ses lecteurs.
Pour cela il met son / ses personnages dans une situation pas possible.
Et au moment où tout semble perdu, il sort son as de coeur, façon "tada, je vous ai bien eu ! en fait il se passe ça !".
Sauf que... si c'est mal amené, maladroit, pas jalonné, l'auteur se râte : il ne surprend pas le lecteur, il le frustre.
(ça peut même carrément énerver le lecteur, s'il a la sensation d'avoir été pris pour un imbécile : ça casse le pacte de confiance)
C'est précisément ce type de deus ex machina - quand il est bien écrit - qui me semble acceptable. Pour les deux autres, effectivement, je crois que quelle que soit la qualité d'écriture, ça ne fonctionnera pas.
Eh non ! Car dans ce cas, ce n'est plus un Deus ex machina, mais un retournement de situation maîtrisé !

Comme quoi, ça ne tient pas à grand chose. ;)

Re: Deus Ex Machina, Késako...????

Posté : jeu. févr. 28, 2013 7:46 pm
par desienne
L'auteur qui veut absolument surprendre, faire battre le coeur de ses lecteurs.
À la base, ça part quand même d'une bonne intention : il n'y a pas de fourberie de l'auteur -enfin, normalement- pour volontairement flouer son lecteur.
Donc le côté maladroit ou inexpérimenté est souvent la cause.

Re: Deus Ex Machina, Késako...????

Posté : jeu. févr. 28, 2013 8:13 pm
par CeGu
@Roanne : oui, je vois ce que tu veux dire… mais justement, par définition, le deus ex machina n'est-il pas un retournement de situation (bien particulier) ? Dans ce cas, pourquoi ne pas parlé de deus ex machina maîtrisé ? Par exemple, pour reprendre l'exemple donné dans Wikipédia, la fin de Tartuffe c'est un pur deus ex machina, et pourtant ça m'a toujours paru très logique, sans pour autant qu'il y la moindre préparation en amont…
Je suis tout à fait d'accord pour dire que bien souvent, un deus ex machina est symptomatique d'un scénario qui ne tient pas, mais ce n'est pas que ça non plus…

Bon, je dois avoir l'air de m'accrocher désespérément à ce procédé, à le défendre mordicus ^^ Ceci dit j'entends bien tout ce que vous dites, et je trouve ça juste, hein ; simplement, je pense qu'on a tort de condamner systématiquement et sans appel cette ficelle qui, bien utilisée, peut être sympathique :)

Re: Deus Ex Machina, Késako...????

Posté : jeu. févr. 28, 2013 8:32 pm
par Roanne
J'avoue que je ne m'y connais pas assez, et je ne voudrais pas avoir l'air de mordre systématiquement le procédé, de mon côté. ^^ Difficile de te répondre de façon juste, du coup.
(s'il y a un expert dans la salle, j'espère qu'il se manifestera...)

Re: Deus Ex Machina, Késako...????

Posté : jeu. févr. 28, 2013 9:13 pm
par petit_pavé
En fait, il me semble que Lavandier dit lui-même qu'en poussant le raisonnement à l'extrême, tous les retournements de situation ou presque pourraient être considérés comme des Deus Ex Machina, puisqu'ils relèvent tous, au final, des manoeuvres de l'auteur pour amener son histoire là où il le désire...

L'important est simplement que le lecteur ne le perçoive pas en tant que tel.

Bref, si on voulait ériger une règle par l'absurde... un Deus Ex Machina qui n'est pas identifié comme tel n'est pas un Deus Ex Machina? ^^

Re: Deus Ex Machina, Késako...????

Posté : jeu. févr. 28, 2013 9:16 pm
par CeGu
Ben peut-être bien, finalement :lol:

Re: Deus Ex Machina, Késako...????

Posté : jeu. févr. 28, 2013 9:22 pm
par Siana
En même temps, le deus ex machina permet de pousser jusqu'au bout la situation de désespoir dans laquelle s'est empêtré le héros. Et dans un certain nombre d'histoires, le lecteur espère en général qu'il va se passer un truc, et que le héros va gagner. Donc on ne le prend pas en traître non plus. Je pense qu'un lecteur peut pardonner un deus ex machina du moment que celui-ci respecte la cohérence interne de l'histoire. Par exemple, une main divine pour sauver le héros alors qu'on ne parle d'aucune religion avant, ça semble vraiment sorti du chapeau, tandis qu'un groupe de miliciens qui arrive à point nommé pour aider le héros semble moins gênant si l'on sait que la milice patrouille au moins de temps en temps dans la ville. Pourtant, dans les deux cas on a affaire à un deus ex machina, à une situation ou quelque chose arrive sans prévenir pour aider le héros à s'en sortir.

Après, peut-être aussi que l'importance et la façon d'amener le deus ex machina a aussi un impact. Par exemple, si on se focalise sur un objet qui apparait comme providentiel parce que là au bon moment, ou encore cette histoire de main divine, ça fait tout de suite "gros truc", on se focalise sur le truc qui sort du chapeau et on ne voit que lui. Alors qu'un deus ex machina sur lequel on n'insiste pas, qui ressemble à un truc banal et qu'on utilise sans le mettre en valeur, ça passerait peut-être de façon moins marquante. Toujours avec mon exemple de milice, si l'on appuie sur le fait qu'ils passaient là par hasard ou qu'ils arrivent comme une aide providentielle, ça peut faire réagir le lecteur dans le mauvais sens, alors que si l'on insiste sur la banalité de la routine ("Allez les gars, secteur suivant, trois jours que ce vaurien traîne dans les rues, je veux le coincer avant le lever du soleil.") la présence du deus ex machina est moins marquante et donc potentiellement moins gênante sur le coup.

Prenez-le comme vous voulez, c'est une réflexion que je me faite suite aux derniers postes. ^^

Re: Deus Ex Machina, Késako...????

Posté : jeu. févr. 28, 2013 10:12 pm
par fanifanette
Et bien Et bien, je m'attendais un engouement pour ce sujet mais à ce point... :D
Encore merci pour votre enthousiasme, je vais lire tout ça bien soigneusement, mais en survolant vos commentaires je me range du côté de Petit-Pavé
En fait, il me semble que Lavandier dit lui-même qu'en poussant le raisonnement à l'extrême, tous les retournements de situation ou presque pourraient être considérés comme des Deus Ex Machina, puisqu'ils relèvent tous, au final, des manoeuvres de l'auteur pour amener son histoire là où il le désire...

L'important est simplement que le lecteur ne le perçoive pas en tant que tel.

Bref, si on voulait ériger une règle par l'absurde... un Deus Ex Machina qui n'est pas identifié comme tel n'est pas un Deus Ex Machina?
mais les listes évoqués vont m'aider à comprendre le :"comment cacher un Deus Ex Machina", ou plutôt comment le soigner pour qu'il n’apparaisse pas comme tel ^^
Merci encore et s'il y a encore des avis... à votre bon coeur ;)

Re: Deus Ex Machina, Késako...????

Posté : jeu. févr. 28, 2013 10:43 pm
par Siana
En fait, c'est un peu comme pour les clichés. Il y a plusieurs moyens de le traiter : exploitation, retournement, amoindrissement, suppression... Du moins, c'est ce que je suis en train de me dire. A voir comment ça se présente concrètement. J'imagine qu'on ne fait pas n'importe quoi de n'importe quel deus ex machina, il doit y avoir des manières de traitement plus adaptées à certains qu'à d'autres en fonction de la scène et de ce que l'on veut rendre.
Tu nous diras comment tu t'en es sortie, fanifanette. ^^

Re: Deus Ex Machina, Késako...????

Posté : jeu. févr. 28, 2013 10:48 pm
par Roanne
Siana a écrit :tandis qu'un groupe de miliciens qui arrive à point nommé pour aider le héros semble moins gênant si l'on sait que la milice patrouille au moins de temps en temps dans la ville. Pourtant, dans les deux cas on a affaire à un deus ex machina, à une situation ou quelque chose arrive sans prévenir pour aider le héros à s'en sortir.
Je ne dois pas avoir la même définition.
Pour moi, dans le deuxième cas, ce n'est plus du Deus ex machina, car la probabilité du passage de la patrouille est une réalité pour le lecteur et les personnages.
J'estime qu'on est dans un Deux ex machina quand le truc tombe vraiment comme un cheveu sur la soupe, et non pas comme un coup de chance comme il peut en arriver concrètement dans la vie.
Là où je suis d'accord, c'est qu'il est évident qu'il y a l'art et la manière d'amener les choses (je crois l'avoir déjà dit, l'obtention du résultat voulu ne tient pas à grand-chose ; et en plus, comme disais Beorn il me semble, d'un lecteur à l'autre la sensibilité est différente).

Re: Deus Ex Machina, Késako...????

Posté : jeu. févr. 28, 2013 10:55 pm
par petit_pavé
Juste à titre d'information, une autre idée évoquée par Lavandier: selon lui, un deus ex machina passe mieux quand le protagoniste est actif, qu'il participe, d'une manière ou d'une autre, à ce qui va le sauver (ou que cela découle, indirectement, de ses actions). Dans ce cas, il sera moins perçu comme gratuit, et donc passera plus facilement.

Pour le citer dans le chapitre de La dramaturgie qui aborde cette question:
Le protagoniste ne doit pas se faire aider passivement, même si cette aide a été rendue logique par la préparation.
Bon, en réalité, je pense que ce n'est pas toujours possible d'impliquer le protagoniste dans l'évènement qui vient le tirer d'embarras, en fonction de la situation, mais j'ai trouvé la réflexion intéressante. Cela peut être une piste à explorer parmi toutes les possibilités.

Une technique parmi d'autres, mais je pense qu'elle se tient ;)

Re: Deus Ex Machina, Késako...????

Posté : ven. mars 01, 2013 9:25 am
par Maden
CeGu a écrit :Par exemple, pour reprendre l'exemple donné dans Wikipédia, la fin de Tartuffe c'est un pur deus ex machina, et pourtant ça m'a toujours paru très logique, sans pour autant qu'il y la moindre préparation en amont…
C'est un élément qu'on retrouve beaucoup dans les comédies, en effet. Les pièces de Shakespeare en sont truffées et s'il est parfois source de comédie, il a souvent un sens.

Le roi qui se pointe à la fin pour tout régler, par exemple, dans ce genre de pièce peut être à la fois une critique du pouvoir absolu du monarque (qui peut tout faire au détriment des autres, qui est partout, qui surveille) et de son droit divin (homme qui se prend pour Dieu de façon injustifiée).

Critique qui doit être indirecte puisque à cette époque les pièces étaient justement jouées devant les rois/reines.

Bref, ce n'est pas toujours le cas mais quand le Deus Ex Machina a un sens ou même quand il est simplement utilisé comme procédé comique, il est justifié à mon avis car il a un effet autre qui s'ajoute à la simple résolution artificielle d'un problème.

Re: Deus Ex Machina, Késako...????

Posté : ven. mars 01, 2013 10:50 am
par Koïnsky
Maden a écrit :Bref, ce n'est pas toujours le cas mais quand le Deus Ex Machina a un sens ou même quand il est simplement utilisé comme procédé comique, il est justifié à mon avis car il a un effet autre qui s'ajoute à la simple résolution artificielle d'un problème.
Très juste !

Désolé si on l'a déjà dit, mais on peut aussi, quand on n'arrive pas à débloquer une situation sans Deus ex-machina, le camoufler en obstacle (je crois avoir lu ce "truc" chez Lavandier).

Exemple (peut-être pas très bon): notre héros est sur un radeau de fortune, voué à une mort certaine en plein océan. Pour l'auteur, pas d'autre choix que de le faire sauver par un bateau qui passe par là. Quel bol monstrueux ! Oui... sauf que le bateau est plein de pirates qui emprisonnent notre héros pour le revendre sur la place du marché. Du coup, le deus ex-machina est en partie camouflé parce qu'il entraîne un nouvel obstacle (qui est moins bloquant pour l'auteur).

Je rejoins aussi Maden sur le comique. Dans mon exemple, on peut agrémenter le moment où le héros découvre ses "sauveurs" d'un effet comique qui permet au lecteur de prendre de la distance, d'accepter le deus ex-machina.

Re: Deus Ex Machina, Késako...????

Posté : ven. mars 01, 2013 11:13 am
par CeGu
Roanne a écrit :
Siana a écrit :tandis qu'un groupe de miliciens qui arrive à point nommé pour aider le héros semble moins gênant si l'on sait que la milice patrouille au moins de temps en temps dans la ville. Pourtant, dans les deux cas on a affaire à un deus ex machina, à une situation ou quelque chose arrive sans prévenir pour aider le héros à s'en sortir.
Je ne dois pas avoir la même définition.
Pour moi, dans le deuxième cas, ce n'est plus du Deus ex machina, car la probabilité du passage de la patrouille est une réalité pour le lecteur et les personnages.J'estime qu'on est dans un Deux ex machina quand le truc tombe vraiment comme un cheveu sur la soupe, et non pas comme un coup de chance comme il peut en arriver concrètement dans la vie.
Peut-être que c'est un problème de définition, en effet… Pour moi, un deus ex machina, c'est l'intervention d'un (plusieurs…) personnage puissant sorti de nulle part et qui débarque de façon assez improbable pour dénouer - et généralement conclure - l'intrigue. C'est un procédé qu'on retrouve notamment dans le théâtre, comme l'a souligné Maden.

Après, j'ai l'impression que la définition a été élargie à tout élément qui sort d'on ne sait où et qui permet à l'auteur de pallier par une ficelle les faiblesses / difficultés de son scénario. Du coup tout retournement de situation que le lecteur risque de trouver énorme est devenu deus ex machina – et donc fermement condamné… En tout cas c'est ce que je comprends de la lecture de ce fil ; ça me fait un peu l'effet d'un abus de langage, mais bon…
Koïnsky a écrit :Désolé si on l'a déjà dit, mais on peut aussi, quand on n'arrive pas à débloquer une situation sans Deus ex-machina, le camoufler en obstacle (je crois avoir lu ce "truc" chez Lavandier).

Exemple (peut-être pas très bon): notre héros est sur un radeau de fortune, voué à une mort certaine en plein océan. Pour l'auteur, pas d'autre choix que de le faire sauver par un bateau qui passe par là. Quel bol monstrueux ! Oui... sauf que le bateau est plein de pirates qui emprisonnent notre héros pour le revendre sur la place du marché. Du coup, le deus ex-machina est en partie camouflé parce qu'il entraîne un nouvel obstacle (qui est moins bloquant pour l'auteur).
Justement, c'est le genre de raisonnement que je ne comprends pas… Le coup du deus ex machina qui se transforme en obstacle me paraît encore plus "gros" qu'un simple deus ex machina (et plus "malhonnête" aussi, d'ailleurs)… Certainement, un bateau "ami" qui passe par là semble un coup de chance improbable… Je ne suis pas sûre que ce soit pour autant un problème. Si ?