Re: Un article sur les dialogues [Nathan Bransford]
Posté : lun. sept. 13, 2010 12:49 pm
Yep, toujours dans la minorité
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Je me demande (mais je fais peut-être fausse route), si ce n'est pas une influence US. Je n'ai jamais fait attention à la structure des dialogues quand je lisais du Stephen King, mais j'ai cru en voir plus souvent chez Jacqueline Carey et dans le Lexicon que tu m'as prêté. Alors qu'il me semble que c'est une construction beaucoup moins utilisée en littérature francophone.blackwatch a écrit :Yep, toujours dans la minorité
Une école n'étant pas une prison, "detention" se révèle ici un faux ami que je traduirais plutôt par "colle".Arnaldus a écrit : Lorsque le dialogue essaye de donner trop d’information au lecteur, les personnages deviennent très peu naturels, voir lourds. Cela donne :
"- Rappelez-vous lorsque nous avons volé la grenouille de Miss Jenkins et qu’elle a fini par nous donner deux heures de détention et que c'est comme ça que nous nous sommes rencontrés ?
- Oui, tout à fait! Et maintenant nous sommes en 6 e année et nous devons disséquer des grenouilles pour notre projet de biologie, qui est à rendre demain. Je ne sais pas comment nous allons tout terminer à temps."
Autre faux ami je crois. "Pleasantries", de "pleasant" = plaisant, charmant, agréable désigne ici les "social niceties" ou le "small talk" = "la pluie et le beau temps", les petits riens de la politesse qui font l'essentiel de nos conversations et maintiennent le lien social.Paraphrasant Elmore Leonard, les bons écrivains laissent de côté les détails ennuyeux. Cela vaut doublement pour les dialogues : il est généralement préférable de faire court plutôt que de passer du temps sur le genre de plaisanteries douteuses que les gens normaux utilisent régulièrement dans les conversations de la vie courante.
"Sonner pétulant", non ?5. Un bon dialogue n’abuse pas des exclamations et des exhortations.
Quand un personnage abuse des "Hein !" et "Beurk !" ils peuvent facilement son pétulant. Les exclamations répétées peuvent agacer le lecteur, les tics verbaux systématiques peuvent le rendre fou.
Interjections et grognements sont comme les concentrés de détergents pour tapis. Ils doivent être dilués sous peine de brûler un trou dans le plancher.
"Eliminer" suffirait, je pense. Mais là aussi, je chipote sûrement !6. Un bon dialogue est stimulé par des incises, des gestes et de l'action, de sorte que le lecteur puisse facilement suivre ce qui est dit.
Pauvres incises injustement décriées ! Il est récemment devenu à la mode sur Internet de les purger afin que la personne qui parle soit uniquement visible au travers de ces gestes et du contexte.
Je suis dans la minorité ! En fait j'opte pour les parenthèses pour une action courte, quand j'estime que le fait de revenir à la ligne donnerait une impression de dialogue "haché". C'est un critère purement subjectif.blackwatch a écrit :Yep, toujours dans la minorité
Je ne suis pas sûre de ne pas dire une connerie, mais il me semble qu'en anglais (et américain) l'usage c'est surtout d'utiliser beaucoup les guillemets (il me semble qu'il y a pas de tiret dans les dialogues et que c'est juste des successions de guillemets simples ou doubles) avec une application assez stricte de «ce qui est entre guillemets est parlé» (les incises, même très courtes genre «dit-il», sont placées hors guillemets).Je me demande (mais je fais peut-être fausse route), si ce n'est pas une influence US.
Pour ce point, je dirais que tu dois faire confiance au lecteur. Si tu as bien préparé le terrain, si ton lecteur a les clés nécessaires à la compréhension de la réplique, tu ne dois pas lui rabâcher une explication à chaque fois que ton personnage choisit ses mots. S'il comprend ton personnage, il sentira instinctivement l'allusion. Un bon dialogue se repose avant tout sur une base solide présentée en amont.Le plus dur, c'est aussi pour moi de montrer cette différence entre le personnage point de vue (j'écris à la première personne) et ce qu'il veut bien montrer de lui dans ses mots, sans avoir besoin d'expliquer à chaque fois "je dis ça parce que je veux pas que machin pense ça mais truc chouette, lui, comprendra l'allusion...".
C'est plus une question de caractère. Encore une fois, le dialogue s'inscrit dans un contexte. Quand tu as bien brossé ton personnage, le lecteur aura des pistes pour deviner l'émotion, les tensions, qui s'exercent sur le personnage à l'instant t du récit. Conclusion, l'auteur n'a pas besoin d'en rajouter trois couches.Comment parvenez-vous à trouver le bon ton, à éviter les onomatopées en tous genres et les platitudes comme "certes, mais blabla..." ou encore "mais bien sûr ! il suffit de blabla..." ?
Il est très faible, je crois.Quelle ratio de description / réflexions immiscez-vous dans les scènes dialoguées ?
Je ne sais pas vraiment.En bref, quels sont donc vos trucs et techniques pour réussir vos dialogues ?