[A] Le rythme de vos phrases

Sujets inactifs depuis un an ou plus
Avatar du membre
Beorn
Bond, Alexander Bond
Messages : 5623
Enregistré le : jeu. août 21, 2008 9:28 am
Rang special : L'avant-dernier des Mohicans
Contact :

Re: Rythme

Message par Beorn »

Oui, et puis on peut déjà commencer par éliminer les choses qui clochent, qui "sonnent" mal sans que l'on comprenne toujours pourquoi, par exemple :
- les répétitions (de mots) : un peu
- les répétitions (de mots de même nature : adverbes, adjectifs en trop grand nombre) : aussi
- les répétitions (de structure de phrase, de façon de les tourner) : surtout
Site officiel
Bragelonne : Le 7ème Guerrier-Mage / Calame T1
Castelmore : Le jour où... / 14-14 / Un ogre en cavale / Lune rousse
Rageot : Le club des chasseurs de fantômes 1 et 2

Avatar du membre
albator
Messages : 88
Enregistré le : jeu. juin 06, 2013 3:20 pm
Rang special : Hybride, mi-figue mi-raison.
Localisation : Affalé dans mon lit

Re: Rythme

Message par albator »

Tiens, voilà qui est intéressant : éviter les répétitions de structures de phrases. Je trouve ce point là particulièrement difficile. Lors de mon premier jet, la structure de mes phrases est assez basique. Je suis très proche d'un script : il fait ci, il va là, il sent ci, il sent ça... Après, à la relecture, j'en assemble certaines, j'enlève des bouts, je permute des propositions, j'ajoute ou retire des connecteurs. Bref, toujours dans le basique ! C'est ma grande force :D

Quelle(s) pratique(s) sur ce point en particulier ? Des conseils ? Je suis preneur... et affamé :D
"Je lui fends le nez en deux, et le sang gicle, nous éclaboussant littéralement, moi et le chien Gizmo, qui cligne des yeux, aveuglé."

Avatar du membre
albator
Messages : 88
Enregistré le : jeu. juin 06, 2013 3:20 pm
Rang special : Hybride, mi-figue mi-raison.
Localisation : Affalé dans mon lit

Re: Rythme

Message par albator »

@beorn :
très intéressant ton site. J'aime bien le ton, c'est bourré d'informations.
"Je lui fends le nez en deux, et le sang gicle, nous éclaboussant littéralement, moi et le chien Gizmo, qui cligne des yeux, aveuglé."

Avatar du membre
albator
Messages : 88
Enregistré le : jeu. juin 06, 2013 3:20 pm
Rang special : Hybride, mi-figue mi-raison.
Localisation : Affalé dans mon lit

Re: Rythme

Message par albator »

A titre d'info, j'ai trouvé sur ce site plein de très bons conseils. Ça parle de rythme et de lourdeur. Spécial minceur des texte pour l'été.
"Je lui fends le nez en deux, et le sang gicle, nous éclaboussant littéralement, moi et le chien Gizmo, qui cligne des yeux, aveuglé."

Avatar du membre
MarquiseArtémise
Messages : 249
Enregistré le : jeu. nov. 17, 2011 11:04 pm
Rang special : Noble rainette-garou du Sud

Re: Rythme

Message par MarquiseArtémise »

Le rythme me vient généralement de façon intuitive. J'écris lentement, et je fais attention plus ou moins inconsciemment à la musicalité de la phrase.
J'ai écrit pas mal de poésie (je peux écrire assez facilement en alexandrins), mais même si Procrastinator arrive toujours à en dénicher un (que je n'ai en général pas vu :P) dans chacune de mes nouvelles, je ne m'en sers pas forcément pour le rythme. C'est plutôt le latin à haute dose qui m'a donné des habitudes de rythmes ternaires et de balancement style "non seulement/mais encore" et de longues phrases à relatives dont j'ai parfois du mal à me dégager (mais je me soigne ^^ ).
It is one of those lessons that every child should learn : don't play with fire, sharp objects or ancient artifacts. Patricia Briggs

Image

Isa S

Re: Rythme

Message par Isa S »

albator a écrit :[*] prêtez-vous attention à la construction de vos phrases ? En vous disant : " tiens. je vais décrire une action, il me faut des phrases courtes", est-ce que vous vous dites que votre texte doit prendre telle ou telle forme, contenir tel ou type de sonorité (en l-, en ch-, en ts-, en ce que vous voulez...) ?
Oui pour la longueur des phrases. Si ce n'est pas assez marqué au feeling pendant le premier jet, je redistribue la ponctuation en relisant (dans ma tête, je n'aime pas lire à haute voix). En revanche je ne fais pas vraiment attention aux sonorités, sauf si je remarque quelque chose de disgracieux.
albator a écrit :[*] même question sur un paragraphe, une scène. Cette fois-ci, vous vous attaquer à une description. Et là, avant de passer à l'écriture, vous vous dites : "bon je vais adopter une rythme ternaire". Est-ce qu'il y en a parmi vous qui comptez les syllabes (j'en connais :argh: ) ?
Est-ce que ce rythme est adopté sur l'ensemble des phrases du paragraphe, de la scène ?
Je ne compte presque jamais les syllabes, sauf comme Luani quand j'ai l'impression que ça ronronne et je me demande pourquoi. Mon objectif n'est pas de faire une / des belles phrases, mais des phrases "invisibles", dans le sens où seuls le personnage et ce qu'il vit doivent marquer l'esprit du lecteur. (C'est un choix d'écriture qui n'engage que moi). Donc j'essaie de faire en sorte que la respiration du paragraphe soit aussi naturelle possible en fonction de ce qui s'y passe.
albator a écrit :[*] êtes-vous musiciens ? Poète ? Au moment de passer à la prose, toutes ces questions de rythme vous paraissent "innées". Vous avez vos habitudes de musicos et vous écrivez comme vous composez ou interprétez ?[/list]
Je ne suis pas musicienne mais je suis très sensible aux percussions, au rythme. Spontanément j'ai eu tendance à écrire des phrase longues avec de belles subordonnées. Maintenant quand j'en retrouve assez souvent je les coupe, leur battement n'est pas assez naturel pour passer. C'est vraiment une question de respiration, en fait.

Avatar du membre
Beorn
Bond, Alexander Bond
Messages : 5623
Enregistré le : jeu. août 21, 2008 9:28 am
Rang special : L'avant-dernier des Mohicans
Contact :

Re: Rythme

Message par Beorn »

albator a écrit :Tiens, voilà qui est intéressant : éviter les répétitions de structures de phrases. Je trouve ce point là particulièrement difficile. Lors de mon premier jet, la structure de mes phrases est assez basique. Je suis très proche d'un script : il fait ci, il va là, il sent ci, il sent ça... Après, à la relecture, j'en assemble certaines, j'enlève des bouts, je permute des propositions, j'ajoute ou retire des connecteurs. Bref, toujours dans le basique ! C'est ma grande force :D

Quelle(s) pratique(s) sur ce point en particulier ? Des conseils ? Je suis preneur... et affamé :D
Alors alors... ;)

La phrase la plus classique, c'est sujet/verbe/complément.
"Il mange une pomme"
Il peut y avoir plusieurs compléments.
"Il mange une pomme, ce soir"

Les appositions
"Ce soir, il mange une pomme."

les interrogatives et exclamatives, les "..." :
"Est-ce une pomme qu'il mange ?" / "Il mange une pomme, ce soir !"

les propositions multiples : subordonnées ou indépendantes, avec l'usage ou non de relatives, de participes présents, d'infinitifs
"c'est le soir et il mange une pomme." "C'est sa pomme du soir, qu'il mange" "il mange une pomme car c'est le soir" "Mangeant sa pomme, il vit que c'était le voir" "manger une pomme le soir, c'est ce qu'il fait toujours".

Les phrases courtes juxtaposées.
C'est le soir. Il mange une pomme.

Les incises
Il mange, comme tous les soirs, une pomme.

Les ":" et les ";"
"C'est le soir : il mange une pomme."
"C'est le soir ; il mange une pomme."

Bref. J'en oublie sûrement mais le principe, c'est que les phrases construites sur le même modèles et utilisées plusieurs fois de suite font un effet de répétition, et donc de lassitude.
Aucune technique n'est mauvaise en soi. Toutes le sont si elles sont mal employées ou trop souvent répétées.
Certaines sont plus lourdes supportent plus mal la répétition.(les relatives en "que" "qui" "dont" [moi j'ai un principe, jamais plus de deux "que ou "qui" dans une même phrase ;) ] les participes présents, etc.)
Les plus simples (sujet/verbe/complément) peuvent être répétées une fois, deux fois, trois fois, mais mêmes celles-ci finissent pas lasser.
Il savoir savoir varier.

juste un petit exemple un peu pourri :
"Elle est allongée sur le lit. Elle est en colère contre elle-même et contre les cure-dents. Elle n'aurait pas dû essayer d'ouvrir cette boîte de conserve. Elle a mal au bras, maintenant."
"Son bras saigne ; quel mal de chien ! Allongée sur son lit, elle peste contre elle-même : essayer d'ouvrir une boîte de conserve avec un cure dent ! Il faut vraiment être stupide pour faire une chose pareille, non ?"
albator a écrit :@beorn :
très intéressant ton site. J'aime bien le ton, c'est bourré d'informations.
Merci ! :love:
Site officiel
Bragelonne : Le 7ème Guerrier-Mage / Calame T1
Castelmore : Le jour où... / 14-14 / Un ogre en cavale / Lune rousse
Rageot : Le club des chasseurs de fantômes 1 et 2

Avatar du membre
albator
Messages : 88
Enregistré le : jeu. juin 06, 2013 3:20 pm
Rang special : Hybride, mi-figue mi-raison.
Localisation : Affalé dans mon lit

Re: Rythme

Message par albator »

@beorn : peux-t'on trouver des exemples de ce que tu écris quelque part ? Un extrait de roman ?
"Je lui fends le nez en deux, et le sang gicle, nous éclaboussant littéralement, moi et le chien Gizmo, qui cligne des yeux, aveuglé."

Avatar du membre
albator
Messages : 88
Enregistré le : jeu. juin 06, 2013 3:20 pm
Rang special : Hybride, mi-figue mi-raison.
Localisation : Affalé dans mon lit

Re: Rythme

Message par albator »

J'ai trouvé ça sur un site. C'est le point de vue de Dunyach, vous savez, ce p'tit rigolo :D
La rythmique

Encore un point quintessentiel pour moi ! Jeury (toujours lui) m'a dit un jour : "Le beau style, c'est le galop d'un cheval dans une cour pavée". Je ne connais pas de formule qui résume mieux ce que j'aime dans un texte bien rythmé. Pour moi, le rythme est indissociable d'un texte réussi. Et cette notion intervient à divers niveaux :
Le rythme de la phrase, le jeu des cassures, des mots qui "sonnent". Tous les rythmes sont possibles, bien sûr, et dépendent de l'action en cours, du mouvement de caméra orchestré par le narrateur. Cela peut être de la poésie, un jeu avec les rythmes de versification classiques (volontairement ou involontairement. J'ai terminé il y a peu de temps une nouvelle dont la dernière phrase se termine par "à présent que je sais ce que savent les morts.". Je n'ai découvert l'alexandrin qu'en lisant la nouvelle à haute voix), ça peut être aussi un jeu sur les dissonances rythmiques (par exemple dans un dialogue entre un vieux monsieur et un jeune homme, les rythmes des répliques devraient être sensiblement différents), ou un reflet de l'action en cours (la description d'un personnage qui court pour sauver sa vie ne sonne pas du tout comme la description d'un personnage qui flâne devant les vitrines). Exemple d'exercice pour un atelier de lecture : Décrire un personnage qui commence par flâner devant les vitrines, puis qui s'aperçoit qu'il est suivi (cassure dans sa démarche), puis qui court pour échapper à son suiveur.
Le rythme du paragraphe, du dialogue. Une erreur de débutant, que j'ai souvent rencontrée (et encore plus souvent commise) consiste à écrire des paragraphes entiers qui "ronronnent", des alignements de phrases sans aspérités, construites sur le même moule rythmique. En général, on ne s'en aperçoit pas directement à la relecture, l'impression de malaise surgit une page ou deux plus loin. Difficile de détecter d'où elle vient (ne pas hésiter à remonter en arrière de deux pages et de tout lire à haute voix).
Pour moi, un paragraphe doit avoir de la chair et des os. Il peut y avoir des phrases saillantes, pointues, dures, et des phrases enrobantes, plus charnues. Des phrases courtes, brutales. Des phrases qui prennent le temps de décrire plus précisément, avec des pauses en cours de lecture, ce qui se passe. De même, dans une unité de texte (une description, par exemple) il peut y avoir des paragraphes de longueur et de style sensiblement différents suivant que l'on passe d'une partie statique de la description (un paysage de campagne, par exemple) à une partie plus dynamique (un oiseau qui jaillit de derrière un buisson).
De même une cassure brutale et injustifiée du rythme, ou pire, un ramollissement, peut vous éjecter du texte ! Il existe des livres durant lesquels on a envie de zapper ! C'est souvent (pas toujours) parce que le rythme est perdu. C'est dommage.
En fait, c'est très difficile de donner des recettes dans ce domaine. C'est quelque chose qui relève tellement de l'instinct qu'on ne peut formaliser qu'après, quand le texte est écrit. Je soulignerai néanmoins trois astuces :
S'imposer un cadre rythmique strict dans son environnement (pour ceux, comme moi, qui travaillent en musique, ne pas hésiter à enregistrer une seule chanson en boucle qui sera écoutée durant tout le temps d'écriture de la nouvelle, ou au moins de la scène). Ça permet de faciliter une sorte "d'unité rythmique" tout au long du texte. Il m'est même arrivé, pour certains textes, de faire une bande sonore uniquement constituée de rythme, avec une batterie programmable, en me prévoyant des "ruptures sonores" pour casser un petit peu le rythme (c'est moins nécessaire avec une chanson qui est déjà censée posséder ses propres cassures).
Une fois le texte écrit, le lire à haute voix. Vérifier que ça sonne, qu'on ne s'essouffle pas (on s'essouffle à lire comme à dire, essayez avec Proust qui était asthmatique). Flaubert appelait ça "le gueuloir". C'est impitoyable, comme test.
Pour les passages délicats, marteler le rythme sur un coin de table tout en lisant, comme si vous battiez la mesure. Ne riez pas, essayez ! On découvre des trucs.

En fait, les deux aspects complémentaires Rythme et Vocabulaire se ressemblent en ce qu'ils permettent d'enfermer plus d'information dans le texte qu'il ne paraît en contenir au premier abord. Un texte, c'est d'abord du sens mais c'est loin de n'être que ça. Un vocabulaire bien choisi permet de générer des ambiances, des sensations et permet d'enrichir le contexte narratif sans le surcharger de mots. Un exemple : il y a un abîme de différence pour moi entre le mot "glace" et le mot "sorbet" ; on lèche une glace, on déguste un sorbet. L'un sert à rafraîchir, l'autre constitue un plat plus raffiné. Donc, la phrase : "Au cours de leur promenade, il lui offrit une glace" sous-entend (pour moi) qu'ils l'ont mangée en marchant, alors que "Au cours de leur promenade, il lui offrit un sorbet" sous-entend qu'ils se sont arrêtés quelque part, par exemple à la terrasse d'une pâtisserie. Les relations entre les deux personnages divergent assez nettement d'un cas à l'autre.
De même, un rythme bien fichu donne du mouvement à la caméra, souligne des actions ou introduit des ralentis, là aussi avec une économie de mots. Le texte y gagne en densité, en profondeur, et laisse des impressions plus durables.
"Je lui fends le nez en deux, et le sang gicle, nous éclaboussant littéralement, moi et le chien Gizmo, qui cligne des yeux, aveuglé."

Avatar du membre
Nuageux
Batracien
Messages : 119
Enregistré le : sam. juin 29, 2013 6:50 pm
Rang special : Poetes des tavernes.
Localisation : Entre Chtonie et Ouranie / Dans un verre.

Re: Rythme

Message par Nuageux »

Article très intéressant ! Il va peut-être un peu loin, mais je suis sur qu'il le fait vraiment tout ^^ Le coup de la batterie programmable... Je sais pas si j'en arriverais là. Mais je retiens tout cela.
Pour les insomniaques... En Attente de l'Aube, mon livreuh a moi.

Parce que la vie, c'est pas si facile, vous savez.

Répondre