Je me permet de revenir sur ce sujet, suite à mes premières remarques qui étaient effectivement un tantinet définitives.
Roanne, je me permet de m'appuyer sur ton post car il contient beaucoup de points très intéressants. Je n'aime pas procéder par citation en général, mais c'est un mode de communication admit en mode forum aussi je me permet de le faire. Mais les points que j'expose en dessous ne te sont pas particulièrement destinés. C'est plus un fil rouge pour moi.
Je me suis replongé dans mes textes au sujet de cette histoire de première vs troisième personne; et le fait est que je me suis un peu fourvoyé. Je me suis rendu compte que j'utilisais effectivement très souvent, plus souvent que je ne le pensais, la narration à la première personne. En définitive les remarques que je faisais, sur le coté très physique, intense et "casse gueule" de ce mode de narration, sont plus le fruit de l'emploi d'une combinaison présent à la première personne; que de l'emploi de la première personne en soit.Roanne a écrit :S'il y a une chose avec laquelle je suis d'accord, c'est bien que chaque point de vue à ses propres contraintes.
Par contre, dire que la 1ère personne en a plus que la 3ème... je suppose que ça dépend vraiment plus de notre façon de "conter" l'histoire, de notre facilité personnelle à employer l'une ou l'autre, que des contraintes réelles de chaque point de vue (désolée si je radote, car j'ai l'impression d'avoir déjà partagé mon point de vue sur ce sujet).
Ce que tu dis là est très intéressant et je rejoins ton point de vue sur l'immersion. Par nature la première personne met le lecteur au plus près du narrateur. Bien plus près que d'autres aspects comme l'univers ou d'autre personnages importants qui ne sont pas le narrateur.Roanne a écrit :Du coup, à la 3ème personne, j'adopte quand même les points de vue des personnages, je ne suis jamais en narration complètement externe / omnisciente. Celle-ci me pose trop de soucis, je n'arrive pas à obtenir ce que je veux avec, il n'y a pas d'immersion possible dans les textes que j'ai tenté d'écrire de cette façon. Du coup, ils sont vraiment mauvais (trop cliniques ?).
J'ai remarqué que personnellement j'utilisais la première personne dans trois cas de figure principaux :
1/ Je veux isoler le narrateur du reste du monde. M'appuyer sur le coté seul contre tous. par exemple, le héros est traqué, ou le héros est le méchant psychopathe de l'histoire
2/ je veux mettre le lecteur dans la tête du narrateur par ce la tête du narrateur est un aspect charnière de l'histoire. Soit le narrateur est complètement fou, soit la façon dont il perçoit les chose est une des clés de l'histoire. Cela rejoint ce que tu notes d'ailleurs, avec l'effet de la variation de l'humeur du personnage qu'il est possible d'introduire.
3/ je pose un univers original, et j'utilise le narrateur comme un candide. Je trouve une excuse pour qu'il découvre en même temps que le lecteur l'univers. Cela présente deux avantages. Le premier est de justifier des explications de la part de personnages qui n'auraient logiquement pas lieux d'être puisqu'un habitant d'un certain univers est quand même sensé le connaitre un minimum (ça c'est pour le coté candide). Le second est de me donner le moyen de dynamiser ces explications en évitant les long passages explicatifs ou il ne se passe rien d'autre que l'explication elle même. je peux mettre en scène point par point ces explication en les diluant dans divers actions (exemple, amusez vous à identifier dans les séries télévisées tous les passages d'explications qui mettent en scènes deux personnes marchant dans un couloir; je fais grosso modo la même chose au niveau de l'écrit). (je sais c'est moche)
Alors, la première personne n'est bien entendu pas forcément requise pour arriver au même résultat, mais cela me vient plus naturellement.
Pour ce qui est des descriptions et leur coté rébarbatif, je mettrais cela en relation avec le changement de notre rapport à l'image. C'est une théorie toute personnelle : La littérature classique regorge de longues descriptions de lieux, superbement écrites et qui à l'époque ne gênaient pas les lecteur, bien au contraire. Cela fait sens dans un monde ou le lecteur n'a pas un accès facile à l'image (photographie, vidéo, cinéma, télévision). Nous, nous regorgeons d'images. Nous n'avons pas besoin que l'on décrive un château ou une forêt par le menu, par ce que notre esprit est déjà surchargé de telles images. Du coup cela limite l'effet de transport qu'un tel passage peut avoir sur quelqu'un qui n'a jamais vu un éléphant, ou une forêt, ou un océan, ou une baleine. Alors en soit ça ne s'applique pas forcément à Umberto Eco qui a écrit le nom de la Rose en 80, une période ou l'image était déjà démocratisée, mais l'auteur se pose peut-être en héritier d'une certaine façon d'écrire. (je ne suis pas spécialiste d'Umberto Eco, même si j'ai bien aimé lire Le Nom de la rose... Mais certainement que le film y était pour quelque chose).Roanne a écrit :Concernant les descriptions, pour ma part (en tant que lectrice), quelle que soit la narration choisie, quand cela traîne en longueur ou n'apporte pas vraiment à l'intrigue, ça me gonfle assez vite.
Je me souviendrai toujours de ma lecture de Le nom de la Rose. Une vraie torture, dans certains passages, que je finissais pas sauter. Malgré le talent de l'auteur, 3 pages pour décrire le moindre truc, non, merci, ce n'est juste pas possible.