Décidément, j'adore ce forum.
J'ai lu avec beaucoup d'attention vos échanges, c'est un vrai plaisir. Je ne vais pas rebondir sur chaque point, juste revenir sur deux d'entre eux.
S'il y a une chose avec laquelle je suis d'accord, c'est bien que chaque point de vue à ses propres contraintes.
Par contre, dire que la 1ère personne en a plus que la 3ème... je suppose que ça dépend vraiment plus de notre façon de "conter" l'histoire, de notre facilité personnelle à employer l'une ou l'autre, que des contraintes réelles de chaque point de vue (désolée si je radote, car j'ai l'impression d'avoir déjà partagé mon point de vue sur ce sujet).
Pour ma part, j'ai énormément de mal à jouer avec les points de vue et avec l'ironie dramatique, ce qui fait que la 3ème personne me donne beaucoup de difficultés.
Bon, ok, je ne suis pas une super auteur et ne le serai jamais, par contre même à mon modeste niveau, je vois quand même bien que je rame encore plus avec les textes en narration à la 3ème personne. J'ai beaucoup de mal à obtenir des récits vivants, immersifs.
Du coup, à la 3ème personne, j'adopte quand même les points de vue des personnages, je ne suis jamais en narration complètement externe / omnisciente. Celle-ci me pose trop de soucis, je n'arrive pas à obtenir ce que je veux avec, il n'y a pas d'immersion possible dans les textes que j'ai tenté d'écrire de cette façon. Du coup, ils sont vraiment mauvais (trop cliniques ?).
Concernant les descriptions, pour ma part (en tant que lectrice), quelle que soit la narration choisie, quand cela traîne en longueur ou n'apporte pas vraiment à l'intrigue, ça me gonfle assez vite.
Je me souviendrai toujours de ma lecture de
Le nom de la Rose. Une vraie torture, dans certains passages, que je finissais pas sauter. Malgré le talent de l'auteur, 3 pages pour décrire le moindre truc, non, merci, ce n'est juste pas possible.
Et en fait, une belle description à la 1ère personne peut souvent bien mieux passer qu'à la 3ème, justement parce que vous avez le point de vue de celui qui raconte, vous pouvez jouer sur son ressenti, ses sentiments : que pense-t-il de ce qu'il découvre ? Qu'est-ce que cela lui inspire ? Ainsi, la description peut être complètement changée en fonction de l'humeur du personnage, du moment de la journée, de son état physique et émotionnel, des personnes qui l'accompagnent.
On peut bien entendu en faire autant avec une narration à la 3ème personne en point de vue interne, mais ça rendra autre chose. Ce autre chose étant aussi très intéressant !
Je n'ai pas de légitimité à donner de leçon, mais pour illustrer mes propos au sujet des descriptions, je vous donne
un exemple d'un choix personnel que j'ai fait pour Romane, sur mon blog pour ne pas polluer le fofo. Ce que j'apprécie avec cette description, c'est qu'elle m'a permis de rappeler certaines caractéristiques de l'univers tout en posant une base nécessaire pour le Livre 2. Elle est tout sauf gratuite.
(dans d'autres cas, soit les descriptions sont étayées dans des dialogues, un peu comme une visite guidée, soient placées en douce dans l'action, dans le mouvement, ou au contraire dans des réflexions du personnage ; ce n'est pas toujours simple pour les faire passer, mais j'ai exactement les mêmes difficultés avec la 3ème personne, ni plus ni moins - peut-être plus en fait)
Edit :
Stef- a écrit :C'est très vrai !
Je crois que c'est Card qui indique d'ailleurs dans Personnages & points de vue cette histoire de "pacte" avec le lecteur : si un personnage raconte (l'effet rapporté de la 1ère personne), c'est qu'il connaît forcément le fin mot de l'histoire, le suspens est donc artificiel...
C'est juste pour le passé, nettement moins si tu emploies le présent !