Je suis assez de l'avis du Stef, pour le coup, bien que j'avoue avoir lu l'article original en diagonale.
Certes, tout cela est caricatural et provocateur, mais pratiquement tous les points évoqués font quand même "tilt" chez moi : non pas que je les applique strictement, mais ce sont des choses que je surveille car je pense que beaucoup d'auteurs ont tendance (moi en tout cas) à commettre ce type d'abus.
En reformulant à ma sauce à moi, ça donnerait :
- Ne jamais commencer un livre en racontant la météo, (surtout si c'est juste pour poser une atmosphère)
Je traduis par : "essayez d'intéresser votre lecteur assez vite : donner dès le début des éléments de caractérisation de vos personnages, annoncer les principaux thèmes et enjeux de l'intrigue."
Je trouve que c'est un bon conseil. Si au bout de 50 pages, ce n'est pas fait eh bien... le lecteur ne saisira pas les enjeux principaux, il va passer à côté des scènes qu'il lira. Bien sûr, tous ces éléments de caractérisation et de thématique devront être nuancés et développés au long du roman.
C'est un défaut très très répandu et je m'en méfie beaucoup moi-même : il faut être clair, et vite.
- Evitez les prologues (ils sont barbants, pis c'est du contexte, vous pouvez le mettre ailleurs dans votre roman)
Je traduis par : méfiance si vous faites un prologue, c'est un risque que vous prenez. Vous pouvez perdre votre lecteur si ça n'a pas un rapport assez étroit avec le reste, il y a aussi des chances de tromper le lecteur sur la vraie teneur des enjeux et des personnages (vous commencez sur une action et ensuite, vous passez à autre chose).
Bien sûr, c'est idiot de l'interdire, un bon prologue peut aussi être un atout pour le roman, mais il est certain que c'est casse-gueule et il faut en avoir conscience.
- Ne jamais utiliser d'autre verbe que "dire" dans un dialogue [mon préféré
] (le dialogue appartient au lecteur, les incises sont des intrusions de l'auteur dedans
Je traduis par : pas de surabondance de verbes de dialogue alambiqués.
ça, c'est un bon conseil, je trouve. Beaucoup d'auteurs débutants ont tendance à "en faire trop" sur ce point. Or, à mon avis, il est souvent plus efficace de faire passer l'émotion et le sens par le dialogue lui-même ou les attitudes des personnages. Bien sûr, s'obliger à n'utiliser que "dire", c'est idiot, mais attention aux abus quand même.
- Ne pas accoler d'adverbe au verbe "dire" (ça distrait le lecteur)
Je traduis par : même chose que précédemment. Souvent, mieux vaut montrer les émotions des personnages par leurs paroles, gestes, actes, plutôt que par un adverbe. L'adverbe est la solution de facilité. Bien sûr, l'interdiction absolue est idiote, là aussi. Il y a des cas où la solution de facilité est la meilleure, mais il faut s'en méfier.
- Ne vous laissez pas déborder par les points d'exclamations (pas plus de 2 ou 3 dans un roman de 100 kmots)
Je traduis par : n'abusez pas des points d'exclamation et de suspensions.
Apprenez à faire passer la tension et l'émotion d'une autre manière. L'interdiction absolue est toujours idiote : il y a des cas où c'est nécessaire, mais encore une fois, il est bon de développer sa palette d'outils.
- Ne jamais utiliser le mot "soudain" ou "tout à coup" (il a remarqué que ça allait avec le péché de points d'exclamations excessifs)
Je traduis par : n'abusez pas de "soudain" ou "tout à coup". C'est facile, ça vient tout seul, ça remplace le "Tziiiing" de la musique de cinéma, mais il y a d'autre moyens d'y arriver. Utilisez-les s'il le faut, bien sûr, mais les textes de débutants en contiennent souvent trop : à force, ils s'usent.
- Utilisez les dialecte et patois régionaux avec modération
Je traduis par : soyez clair. Si vous utilisez des mots inconnus du lecteur, débrouillez-vous pour qu'il les comprenne. Moi j'adore les accents, les patois, les langages inventés, c'est mon péché mignon alors je trouve ça idiot de les interdire. Mais j'ai conscience aussi des écueils : ils peuvent faire sortir le lecteur de son immersion dans le livre, il peuvent générer des incompréhensions.
Moi, je me contrôle toujours très étroitement quand je les utilise et je me fais violence pour en mettre moins que ce que je ferais spontanément. C'est un piège possible.
- Evitez les descriptions détaillées de vos personnages
Je traduis par : inutile de nous donner dix pages de description physique. Faites-nous comprendre de quelle pâte est fait votre personnage : une parole, une attitude, un acte seront bien plus parlant que la couleur de ses yeux. Bien sûr, ça ne vous empêche pas non plus de la donner, mais ne comptez pas la dessus pour que votre personnage soit touchant ou intéressant : clairement, ça ne suffira jamais.
- Ne rentrez pas trop dans les détails non plus quand vous décrivez un endroit ou quelque chose
Je traduis par : si vous avez une tendance à la longue description, surveillez-vous. Tout dépend du lectorat que vous visez, mais ne vous perdez pas dans des considérations qui vous éloignent trop longtemps des enjeux de l'intrigue. A l'époque de Balzac, la télé n'existait pas, le lecteur n'était pas le même qu'aujourd'hui.
Encore une fois, c'est idiot de se fixer une règle absolue en la matière, mais c'est un truc à surveiller.
- Laissez tomber le genre de passages que les lecteurs sautent
Je traduis par : mettez-vous à la place du lecteur. Si vous vous apercevez qu'un passage cloche, qu'on s'y embrouille, qu'on s'y ennuie, c'est qu'il y a sans doute un problème. N'hésitez pas à tailler dans le vif, n'ayez pas peur du bistouri : le texte n'est pas sacré, c'est une matière première à travailler.
C'est un bon conseil, je trouve, même s'il est formulé de façon trop expéditive.
If it sounds like writing, I rewrite it.
Je traduis par : éviter les darlings (copyright Syven
).
Bien sûr, ne massacrez pas votre écriture pour en faire du "lyophilisé", ce serait stupide, mais ne vous attachez pas trop à ces formules qui vous paraissent magnifiques si en réalité, il se trouve qu'elles détonnent et font "pédant" ou déplacé.
Bref... Tout ça pour dire que sur le fond, je suis complètement d'accord avec Vestrit : il faut absolument garder du recul par rapport aux conseils d'écriture. Il faut se les approprier, les lire à sa manière et voir ce qui nous touche. Il faut apprendre à y réfléchir et à les digérer. Et surtout, il faut aussi être capable de les rejeter vigoureusement s'ils nous rebutent.