Hum, c'est une question d'approche, les deux sont valables.
L'approche que je qualifie de "démiurgique" est une dynamique en soi : on crée un univers jusque dans ses moindres détails, y compris ceux qui ne seront jamais révélés au lecteur. De cet univers cohérent et large, s'expriment naturellement des mécaniques qui créent une cohérence forte dans une oeuvre. Diantre, sur le même univers on peut créer deux styles littéraires différents. Je peux citer au moins trois grands noms de la SFFF qui ont cette approche démiurgique : Tolkien (qui défendait grosso modo que sa seule oeuvre était le Silmarillon et que Bilbot et LSDA sont des extraits), Herbert (son fils a révélé qu'il existe une chronologie qui va du grec Atrée jusqu'aux Atréides de Dune), Aasimov (la trilogie "policière" d'Elijah Baley et Daneel Olivaw s'inscrit dans le même univers que ses autres écrits). Je soupçonne Pratchett d'avoir inventé au fur et à mesure cela dit
Quand le scenario devient extrêmement alambiqué, la cohésion du système fait émerger ses propres mécaniques.
Mon roman est construit globalement de la sorte, et j'ai eu de très belles surprises sur la cohésion du modèle politique. Expérience vraie : je me rends compte d'un "vide scénaristique", et il me suffit de regarder géographiquement où est ce vide, quels sont les mécaniques socio-politiques qui animent l'endroit à ce moment précis, et j'ai tout un pan de scénar qui se crée d'un coup (et il y en a qui m'ont surpris moi même, même si bon sans, c'est moi qui écris non ?). Je n'ai pas besoin de tout révéler au lecteur, c'est surtout ce travail en amont me crée quasiment sans effort des trames de plusieurs Ksec
Bref, avoir pour moi un système magique complet, ancré dans suffisamment d'histoire et de géopolitique (parce que l'onmyo en particulier est presque un mouvement politique) pour lui donner corps, ce serait l'idéal. En gros, je peux prendre le temps de faire un truc "suffisamment approchant", et c'est probablement ce que je vais faire dans les prochains jours.
L'autre approche a aussi son charme : ne pas créer plus que nécessaire, et imaginer que le reste est "auto-cohérent". Si on considère un système ésotérique, celui de Harry Potter est sans doute conçu de la sorte et fonctionne très bien. Il s'affranchit d'une certaine rigidité et d'une certaine lourdeur, et y gagne du coup fraicheur et accessibilité. Le nombre de sourcils que ça a fait lever est énorme (pas plus tard qu'hier je suis tombé par hasard sur un débat stérile sur le choix des Horcrux ™, avec des mecs qui citaient le texte comme la bible), mais au fond on s'en moque, c'est plaisant à lire malgré tout.
En en discutant (youpi rubber ducking) je me rends compte qu'il y a une troisième voie, intermédiaire : tisser autour d'une philosophie - un brin central qui s'ancre bien dans l'univers. Ca collerait bien avec la Sorcellerie façon Pratchett ça. A voir si c'est suffisant... On verra l'année prochaine, quand je ferai le challenge