[A] Histoire menée par les personnages ou par l'auteur?

[Xavier]

Merci

[tomate]

L'autre problème, c'est la complexité du personnage que vous avez crée: si c'est un perso unidimensionnel, vous savez exactement comment il va réagir dans telle ou telle situation. Mais si c'est un perso contradictoire, ambigu, on peut l'imaginer plusieurs réactions qui vont emmener l'histoire dans des directions différentes, un peu comme le film "Sliding doors", voire franchement opposées. Vous pouvez vous retrouver avec plusieurs romans à la place d'un seul.

[cedricg]

Je viens de penser à un autre aspect de "faire vivre les personnages" et que ceux ci dictent les détails de l'action, si ce n'est le syno lui même qui doit pour moi être architecturé en amont (le squelette, pas tous les petits détails). Je pense que c'est en filigrane dans mes interventions, mais je viens de remettre un neurone dessus.

Je pratique le tir à l'arc, et le geste d'un archer est un ensemble très complexe de petits détails bien affûtés. Pourtant, certains archers tirent en "instinctif", sans viser consciemment, sans calculer la distance avec la cible (distance inconnue en parcours). Instinctivement, ils prennent la bonne inclinaison. J'ai un peu pratiqué, même si je suis plus dans la version viseur et cible classique, mais en compétition tout le travail est de "laisser faire le corps" qui sait parfaitement comment tirer. Dans les deux cas, il n'y a rien de réellement instinctif, simplement le résultat d'un apprentissage, et la confiance que l'on a dans cet apprentissage. La réalité est que l'inconscient est capable de gérer une foule de petits détails bien appris, là où le conscient est très monotâche. Donc consciemment je me concentre sur les points critiques, la "stratégie de tir", et l'inconscient déroule le reste. Ce n'est pas une théorie personnelle mais plutôt une notion largement partagée en provenance du haut niveau.

Je pense qu'il en va de même avec les personnages, et le scénario : une fois qu'on a créé ces personnages, qu'on a joué avec leur biographie suffisamment pour l'avoir en tête, on peut être capable d'avoir l'intuition de leur comportement. D'où cette impression qu'ils nous parlent. Mais cela peut être expliqué très rationnellement, on utilise juste une ressource inconsciente de manière volontaire. Et ce n'est pas non plus une obligation, ni la seule manière de créer des personnages crédibles. Juste un outil. Le point "négatif" est qu'on peut être tellement habité par nos personnages qu'on en oublie notre travail de conteur, mais c'est une dérive à mon avis, tout comme un archer qui laisserait tirer ses réflexes sans mettre une intention consciente sur son geste.

J'aime bien tirer des liens entre des activités différentes

[Elikya]

J'aime beaucoup ta comparaison, Cedrig. Elle me parle et je te remercie de l'avoir exprimée ici.

Je me retrouve dans l'idée de jouer avec mes personnages avant d'écrire. Je ne fais quasiment pas de fiche, mais lorsque je prend le bus le matin et que je marche le soir, je les imagine dans des tas de scènes et de situations. Ces scènes ne se retrouveront pas forcément dans le roman, mais elles me permettent de trouver le ton de mes personnages, de cerner leurs comportements et leurs réactions, de tester s'ils sonnent juste. Du coup, ils imprègnent mon inconscient et mon inconscient s'exprime à son tour lorsque j'écris. J'ai l'impression que mes personnages existent indépendamment de moi, mais en fait c'est parce qu'ils imprègnent une partie de moi que je ne contrôle pas.

Hum, j'ai du mal à le décrire clairement, désolée...

[Crazy]

Je vois tout à fait ce que tu veux dire, Eli'

Moi, j'ai tendance à visualiser mes persos quand je suis dans le RER/Métro... Et je conclus toujours par "oui, mais en fait, ils ne prendraient pas le métro..."