La mare aux nénuphars

Récemment, on m'a demandé pourquoi j'écrivais. Je ne veux pas dire qu'on m'a demandé qu'elle était l'idée de base de mon roman (autre sujet), ni pourquoi j'avais envie d'écrire le roman sur lequel je suis en train de passer des centaines d'heures, mais en général.

Je me suis rendu compte que ça fait des années que je gribouille dans mon coin sans vraiment jamais m'être posé la question, et que la seule chose qui me paraissait véridique à répondre était que j'écrivais parce que j'aimais bien raconter des histoires, tout simplement. Je ne cherche pas au premier plan à véhiculer une critique de notre société moderne, je ne désire pas non plus illustrer une philosophie, je veux juste raconter une chouette histoire.

Alors je me demandais, qu'est-ce qui vous poussait, vous, à prendre la plume jour après jour ? D'où vous vient l'envie d'écrire ?

Personnellement, j'écris parce que je ne peux pas m'en passer
Chez moi c'est un besoin vital comme de boire, de manger ou de dormir... (sans exagérer...) J'ai essayé d'arrêter des tas de fois pour consacrer plus de temps à mes études... sans succès.
J'ai quand même réussi à m'empêcher d'écrire pendant quatre ans, de la seconde à ma deuxième année de médecine. Mais c'était la crise d'ado (14 à 18 ans), j'étais hyper mal dans ma peau de toute manière
Encore aujourd'hui je me dis souvent: "je termine ces romans-ci et après j'arrête, au lieu de passer entre 2 et 5h par jour à écrire, ça me fera 2 à 5h de plus pour les études..." Sauf que je sais pertinemment que ça ne fonctionnera pas
Donc j'essaie de gérer au mieux l'écriture et le reste...
Donc pour moi, l'écriture est plus une nécessité encombrante dans l'emploi du temps qu'autre chose... Le pire, c'est que ça m'apporte beaucoup de soucis, de tracas et de déceptions, mais malgré tout je ne peux VRAIMENT PAS m'en passer...

Pour fixer les histoires que j'ai dans la tête

Parce que j'ai des idées qui me viennent, et que les garder dans ma tête seulement, c'est juste... frustrant. (Au risque de passer pour une grosse dégueu, écrire, chez moi, c'est un peu comme le caca: je peux me retenir, mais au bout d'un moment, il faut que ça sorte, tôt ou tard.)

Yzabel a écrit :Parce que j'ai des idées qui me viennent, et que les garder dans ma tête seulement, c'est juste... frustrant. (Au risque de passer pour une grosse dégueu, écrire, chez moi, c'est un peu comme le caca: je peux me retenir, mais au bout d'un moment, il faut que ça sorte, tôt ou tard.)

Ah, l'esprit de noël et la poésie du réveillon !
Ceci dit, y'a un topic sur le problème des idées qui s'accumulent ? Par exemple, là, je sais que je dois encore peaufiner mon roman et que ça prendre deux, trois mois, alors que les idées pour un truc complétement différent se bousculent depuis longtemps au portillon

Moi j'écris l'histoire que je ne trouve pas en librairie et que je rêve de lire . C'est de là que me vient l'envie. Frustrée de ne pas trouver ce que je recherche et bien je l'écris

Ça fait tellement partie de moi que je ne saurais pas l'expliquer. Même si je me suis mis à écrire "sérieusement" sur le tard, je me suis toujours inventé des histoires depuis que je suis tout petit.

Par exemple, là, je sais que je dois encore peaufiner mon roman et que ça prendre deux, trois mois, alors que les idées pour un truc complétement différent se bousculent depuis longtemps au portillon

Personnellement, pour gérer ce problème j'ai tendance à alterner les projets: par exemple, entre deux phases de correction d'un roman je travaille sur un autre roman. Cela me permet de faire passer un peu de temps entre les phases de correction, et donc de m'y remettre avec plus de recul... et de ne pas me sentir frustrée du côté des idées d'autres qui s'accumulent.
Toutefois certaines personnes ont vraiment besoin de se concentrer sur un seul projet à la fois pour bien le faire... et d'autres peuvent mener de front des tas de projets. Donc à toi de tenter diverses solutions et de trouver ce qui te convient le mieux

J'aime bien ce genre de questions presque existentielles

Je pense que c'est ma came personnelle, mon rail de coke privé, le 2 feuilles que je m'allume et qui me fait décompresser.
Il y a eu plusieurs périodes pendant lesquelles j'ai cessé d'écrire. A une époque, c'était pour me consacrer à la musique.
Puis j'ai repris la plume.
A une autre époque, c'était pour me consacrer au boulot - une de mes plus grosses conneries.
Et je reviens à l'écriture, à toutes ces histoires qui germent dans ma tête et qui font la queue pour obtenir le droit d'attérir dans un fichier .doc

Ce n'est pas ça qui me nourrit, mais si un jour ça arrive, ce serait mon plus grand plaisir.

Question simple, réponse simple - d'autant que ma réponse a déjà été apportée : parce qu'il le faut. A quoi bon avoir des idées si on n'en fait rien ? Je m'y suis remis aujourd'hui même, après une pause bien involontaire de six bons mois, et je vous jure que ça fait un bien fou.

(Le piège à éviter, c'est le "j'ai pas le temps". Une journée compte toujours vingt-quatre heures, et ça suffit généralement pour faire beaucoup de choses. Le tout est de savoir les ordonner : pendant ces six mois, je n'ai pas réfléchi à mes livres, pas beaucoup plus à mes études ; je passais mon temps sur divers jeux vidéo (les promos Steam, c'est un piège abominable >.<), à jouer du synthé ou du violon, à lire. Mais pas à écrire, et c'était une erreur : moins on y pense, moins on a envie de s'y remettre, et plus il faut se forcer à reprendre le travail.)

Par exemple, là, je sais que je dois encore peaufiner mon roman et que ça prendre deux, trois mois, alors que les idées pour un truc complétement différent se bousculent depuis longtemps au portillon

Ca me fait régulièrement le coup. Si c'est dans tes cordes, tu peux travailler sur les deux projets en même temps ; c'est un peu délicat, mais ça permet "d'obtenir" un certain recul sur un projet tout en continuant à travailler sur l'autre, ça évite les temps morts. Sinon, faut voir : d'un côté je te conseillerais de passer à ton autre projet pour voir s'il est viable, tout simplement ; d'un autre, je sais malheureusement qu'un projet qu'on abandonne, même momentanément, à une fâcheuse tendance à stagner. A toi de voir ce que tu préfères.

Ça m'étonne que personne ne l'ait évoqué mais... Pour la gloire et le chocolat ?

Sinon, comme pour d'autres, je ne me souviens pas d'un(e) année/mois/semaine/jour où je n'ai pas pensé personnages, où je n'ai pas pensé univers, où je n'ai pas pensé histoires. Même quand je n'ai pas la possibilité/envie d'écrire. C'est plus fort que moi. C'est en moi.
Même quand aucun mot ne veut sortir, même quand rien ne sonne comme j'aimerais, même quand j'écris à côté de la plaque, même quand je me saigne à écrire. Même quand je déteste écrire.
C'est en moi.
Et ça me rend heureux.

Comme l'a dit un sage homme qui a tout compris à l'écriture :

Écrire revient à enrichir la vie de ceux qui liront vos ouvrages, mais aussi à enrichir votre propre vie. C'est se tenir debout, aller mieux, surmonter les difficultés. Et faire qu'on soit heureux, d'accord ? Oui, faire qu'on soit heureux.

J'écris parce que c'est un hobby sans cesse renouvelé; et qui ne coûte rien.
(à condition d'avoir un ordi, et encore)

Ce que j'aime également dans l'écriture c'est la sensation de contrôle, de totale maitrise.
Dans mon histoire j'ai tous les pouvoirs: si je le souhaite je peux faire pleuvoir en quelques mots; selon mon humeur je peux forcer la chance ou la malchance d'un personnage;...

C'est un bac à sable sans limite autre que sa propre imagination.

plop

J'écris parce que j'ai trop d'imagination. Si je ne couche pas sur papier mes pensées, mes sentiments, mes histoires, au bout d'une semaine, je dis n'importe quoi à n'importe qui. Et puis désormais, je ne peux plus m'en passer. En même temps, pouvoir tout contrôler. Faire mourir quelqu'un quand on le souhaite, ou le faire devenir le maître du monde, c'est tellement bien.
Ce que j'aime également dans l'écriture c'est la sensation de contrôle, de totale maitrise.

Dans mon histoire j'ai tous les pouvoirs: si je le souhaite je peux faire pleuvoir en quelques mots; selon mon humeur je peux forcer la chance ou la malchance d'un personnage;...

Comme le dis MadManu. C'est exactement ça.

Ce que j'aime également dans l'écriture c'est la sensation de contrôle, de totale maitrise.

Il faut avouer que ce point est très séduisant. Dans notre petit univers, le seul maître, c'est nous....
De prime abord, en tout cas!

Ne vous est-il jamais arrivé de voir le contrôle de votre propre histoire vous échapper ? Comme si les personnages prenaient leur propre destin en main, n'utilisant que vos doigts pour l'écrire ?
Je me suis surpris plus d'une fois à penser que j'allais écrire telle scène, de telle manière, et qu'il s'y passerait telle et telle chose. Et puis une fois ladite scène finie, elle n'avait plus rien à voir avec ce que j'avais prévu. Quand ça m'arrive, je trouve systématiquement le résultat final plus intéressant que ce que j'avais prévu. Comme si mes personnages étaient plus à-même que moi de raconter leur propre histoire!

Et je crois précisément que c'est un des nombreux facteurs qui caractérise les grandes histoires : quand l'auteur perd le contrôle de son oeuvre