[A] SF : Où décrire les objets du quotidien ? Est-ce utile ?

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Anonyme_Quatre

Re: SF: Où décrire les objets du quotidien ? Est-ce utile ?

Message par Anonyme_Quatre »

Tu as réussi à beaucoup mieux exprimer ce que je pensais, sherkkhann :D

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Dea
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Re: SF: Où décrire les objets du quotidien ? Est-ce utile ?

Message par Dea »

Hello Raccoon

Moi aussi, je fais parti du groupuscule de lecteurs qui ne lisent pas les notes de bas de page. Je ne les apprécie pas, car je considère qu'elles sont le signe d'un "raté" de la part de l'auteur qui n'est pas arrivé autrement à introduire une notion dans son texte que parce qui est un biais.

Je ne suis cependant pas une extrémiste.
Je lis les notes de bas de page quand je vois qu'elle se résume à un ou deux mots (souvent une indication brève qui justement ne rentrerait pas dans le dialogue : qui dit "oh oh ! aujourd'hui, il fait 10 degré celsus ! j'ai froid", on dit "il fait 10° ! J'ai froid". Or si tu es en Fahrenheit et que tu lis "oh oh ! aujourd'hui, il fait 50 degrés ! j'ai froid"
Alors, grosso modo, soit le type est fou, soit le type à la fièvre, soit tu as besoin d'une note de bas de texte pour bien expliquer qu'il fait frais.
Souvent, les notes de bas de texte que j'apprécie sont relatives à un souci du traducteur pour faire passer une idée non traduisible ou un jeu de mots. Ou alors, relative à une information culturelle que je ne peux savoir du fait de ma propre culture.
Ici, on rejoint un peu tes soucis "sociétaires futuristes"
Cette société lointaine est d'une certaine façon un pays exotique.

Le principe selon moi est donc de garder en tête deux notions :
* la brièveté de la note.
* la rareté de son usage.

Je sais qu'en Fantasy, beaucoup sont fans des notes de Pratchett dont certaines se glorifient d'être plus importantes en taille que le texte lui-même qui figure sur la ou les pages.
De mon côté, je regrette, mais ce n'est pas ce que je recherche dans un texte et je les saute. Quitte à ce que je les lise un jour de façon séparée.
Je n'aime effectivement pas être coupée dans ma lecture par un aparté.

Au niveau d'un texte de SF où le monde aurait tellement évolué que le vocabulaire se serait lui aussi enrichi de mots nouveaux désignant de nouveaux objets ou contextes, on est un peu dans le même domaine qu'une langue étrangère.
Ex :
- Passe-moi le deok. Il est à côté du jop-jop.
- Ah ? C'est le dernier modèle ? Et il est bien.
- Trop ! Quand tu télaz les infos sur le truff en passant par la pression blat-tiv, tu accèdes direct au R.O.V sans avoir à zapper via l'interface digital sur le taplap scanographique.
- Whaou ! ça a trop de la cyb-gueule !
(ça me rappelle quand j'entends les jeunes parler programmations, mais là, je mettais en scène une simple manipulation décrite sans rien avoir à savoir de la façon de fabriquer ou programmer l'appareil)


Enfin, bref...
Le souci va aussi être la distribution du vocabulaire nouveau et le temps laissé à l'intégration dudit vocabulaire aux lecteurs.
Or, ton univers futuriste est à un état "n" de ses inventions. Il faut donc aussi trouver un prétexte pour étaler cet apprentissage.

Habituée à lire des textes en VO, je fais partie des lecteurs qui repère un mot inconnu, tente de lui donner un sens, ne s'apesentit pas dessus, attendra qu'il revient ou qu'on me donne plus de détail pour le cerner. S'il revient et que je le comprends, tant mieux. S'il ne revient pas, j'en mourrai. S'il revient 10 fois et qu'à la 10e fois je n'ai toujours pas compris ce que c'était, alors là, il y a un vrai problème...

Pour finir, j'apprécie les glossaires. Je ne les lis pas souvent, mais j'aime les avoir sous la main. Un peu comme un petit dictionnaire. Si j'ai une faiblesse, j'aime m'y reporter. Seulement, je ne les conçois pas comme devant être "la" source d'informations et d'explications. Il ne doit être là que pour palier à un petit trou de mémoire concernant un terme.

Pour ce qui est de la "centaine" de mots potentiels à acquérir, là encore, on est dans le domaine de la répartition. Il n'est pas adhérant de penser que l'esprit humain est capable d'apprendre temporairement une trentaine de mots nouveaux, voire beaucoup plus. Notre vocabulaire s'enrichit actuellement de plus en plus vite, lui qui déjà était si vaste au départ !

J'ai hâte, Raccoon, de voir comment tu vas relever le défi, car la SF est effectivement infiniment plus difficile que la Fantasy.
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Re: SF: Où décrire les objets du quotidien ? Est-ce utile ?

Message par sherkkhann »

J'ai hâte, Raccoon, de voir comment tu vas relever le défi, car la SF est effectivement infiniment plus difficile que la Fantasy.
:perplexe: qu'est-ce qui vous fait dire ça ?

Anonyme_Quatre

Re: SF: Où décrire les objets du quotidien ? Est-ce utile ?

Message par Anonyme_Quatre »

car la SF est effectivement infiniment plus difficile que la Fantasy
Excusez, je rentre dans un nouveau débat, mais pardon ?
La Hard SF est plus difficile à écrire que beaucoup de genre car demande des recherches poussées dans des domaines complexes, mais la plupart de la SF n'est pas de la hard SF. En fantasy, on peut introduire des ingrédients technologiques (si je vous parle de technologie lithique, vous serez aussi largués que si on parle de technologie machinchose futuriste :)) très différents et pour lesquels il faut faire pas mal de recherches. En SF comme en fantasy, on peut introduire des notions ethnologiques et politiques ultra-complexes...

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Re: SF: Où décrire les objets du quotidien ? Est-ce utile ?

Message par sherkkhann »

Nariel Limbaear a écrit :Excusez, je rentre dans un nouveau débat, mais pardon ?
La Hard SF est plus difficile à écrire que beaucoup de genre car demande des recherches poussées dans des domaines complexes, mais la plupart de la SF n'est pas de la hard SF. En fantasy, on peut introduire des ingrédients technologiques (si je vous parle de technologie lithique, vous serez aussi largués que si on parle de technologie machinchose futuriste ) très différents et pour lesquels il faut faire pas mal de recherches. En SF comme en fantasy, on peut introduire des notions ethnologiques et politiques ultra-complexes...
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Arnaud
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Re: SF: Où décrire les objets du quotidien ? Est-ce utile ?

Message par Arnaud »

Le temps que je revienne et tout a été dit (et mieux que je ne l'aurais fait). :mrgreen:
Dea a écrit :Hello RaccoonJ'ai hâte, Raccoon, de voir comment tu vas relever le défi, car la SF est effectivement infiniment plus difficile que la Fantasy.
Je me pose la même question que les batraciens précédents : plus difficile dans quel sens ?

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Dea
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Re: SF: Où décrire les objets du quotidien ? Est-ce utile ?

Message par Dea »

J'ai hâte, Raccoon, de voir comment tu vas relever le défi, car la SF est effectivement infiniment plus difficile que la Fantasy.
:perplexe: qu'est-ce qui vous fait dire ça ?
La SF se divise en plusieurs branches, comme le signale Nariel.
Certaines SF ont uniquement pour cadre un milieu futuriste, mais ne cherche pas pour autant à expliquer avec exactitude un concept, une invention ou une vision du monde de demain et de sa complexité.
Dans ses récits-là, j'aime le côté aventure, action, voire le questionnement sur les changements sociétaires qui découlent d'une invention, mais je ne m'attends pas à ce qu'ils me "vendent" "demain.

Sinon, je reconnais que beaucoup de romans de SF sont très accessibles dans leurs vocabulaires et leurs univers, et par là ils diffèrent effectivement de la Hard SF.
Même si certains textes qui sont classés en Hard SF ne me semblent pas à titre personnel être dédiés uniquement à des "spécialistes du domaine". On classe parfois Asimov en Hard SF, et pour l'avoir lu au collège, je n'ai pas le souvenir d'avoir entamé à l'époque une lecture bien ardue...

Pour en revenir à ma remarque sur la "difficulté d'écrire de la SF", c'est que Raccoon semble vouloir concevoir un monde technologique qui va au-delà de nos inventions actuelles. Il se pose donc dans le domaine des visionnaires ou des "jeteurs d'hypothèses" (si je puis me permettre de les appeler ainsi).
Or le côté prophétique des récits de SF, ou simplement la volonté d'explorer un domaine scientifique dans une voie naissance ou inspirante, pose le souci de la temporalité du récit.

J'étais une grosse lectrice de SF de la littérature américaine des années froides jusqu'en 1980.
Beaucoup de livres que j'ai relus pour ma thèse de fin d'études sont considérés comme des pièces maîtresses de la SF. Or, je suis désolée de penser cela, mais la SF vieillit parfois très mal.
Il faut replacer le récit dans son contexte pour apprécier le travail et la réflexion de l'auteur. Mais a postiori, une partie des récits devient totalement incohérents avec les données actuelles de la science.
J'ai aussi en tête ma série littéraire préférée (Le Cycle des Seuils, de Donaldson), où les héros passent des heures à se chercher sur une station orbitale, là, où nous, "lecteurs nés 200 ans plus tôt", nous décrocherions notre portable pour lancer un "mais t'es où ! je te cherche depuis dix minutes !"
Simplement, les téléphones portables n'étaient pas un concept que l'auteur avait envisagé, et ne voilà-t-il pas qu'on lit une errance des personnages qui pourtant ont des oreillettes comm qui ne marche que sur des distances de quelques mètres comme des talkies walkies, et 20 mètres plus loin, on a des cyborgs, des centres de clonages, des armes laser, etc...
Le décalage est perturbant, pourtant le récit est génial, alors on fait abstraction.

Voilà pourquoi je juge difficile d'écrire une SF qui ne se contente pas d'être juste "futuriste" en ayant lieu dans le futur mais avec nos codes à nous, mais bien un récit qui se projette dans un possible demain avec ses inventions, ses impacts sur la société, ses questions éthiques,
Le tout en le soutenant par une écriture de qualité, par des personnages attractifs et par un cadre qui offre l'intemporalité nécessaire à ce que le récit soit encore "d'actualité" dans 10 ans.

En Fantasy, le cadre est codifié, même si on peut avoir de la technologie dans de l'Urban, de la Science Fantasy et d'autres sous-genres "non médiéval". On ne tente pas de nous faire toucher une vision de demain, mais juste de nous emporter dans une vision d'un monde que jamais nous ne pourrons fouler.

Tout cela relève de sa sensibilité et de ma vision personnelle.
Je conçois parfaitement que d'autres pensent autrement.

On s'est un peu éloigné du schmilblick de savoir s'il est utile de décrire des objets du quotidien, non ?
Mes excuses.
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tomate
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Re: SF: Où décrire les objets du quotidien ? Est-ce utile ?

Message par tomate »

Perso, je ne lis pas les notes non plus et àmha, un texte doit se suffire à lui même. Si tu commence à mettre des notes partout, tu demandes au lecteur un effort qu'il n'est pas forcément prêt à fournir.

Je n'ai pas lu beaucoup de romans où il y a un glossaire étendu non plus.

En général, les auteurs se débrouillent pour que le nom de l'objet ait une étymologie qui permette de déduire sa fonction (c'est le cas d'objets modernes comme l'auto-mobile, le télé-phone ou la machine à laver). D'autre fois, elle peut se déduire du contexte, du genre "son glacier bleu nuit s'arrêta à ma hauteur. Décidément, cet homme aimait les engins tape à l'œil ": à la fin de l'histoire, je ne savais toujours pas à quoi ressemblait un glacier, mais je savais que c'était un véhicule de marque équivalent à une Ferrari.

NB

Re: SF: Où décrire les objets du quotidien ? Est-ce utile ?

Message par NB »

Je crois qu'on va bientôt arriver au point "note de Boulet" de la discussion, non ? :mouahaha:
[pour ceux qui ne connaissent pas : http://www.bouletcorp.com/blog/2010/05/21/fantasy/ je pense que ça peut s'appliquer aussi aux termes SF inventés !].

Mes deux centimes : introduire les termes inventés avec d'autres termes connus (exemple : la portière de la XXX => on suppose que c'est un véhicule) de façon à ce que ce soit compréhensible dans le contexte.

Vinze
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Re: SF: Où décrire les objets du quotidien ? Est-ce utile ?

Message par Vinze »

La plupart a déjà été dit, perso je n'aime pas les glossaires et les notes de bas de page... Quand je fais retravailler une nouvelle à quelqu'un je cherche toujours une suggestion pour supprimer les notes de bas de page :)
(à l'exception des notes de traducteur ou des notes d'éditeur... mais je fais une intolérance aux notes de l'auteur en dehors des (pré/post)faces :p)

Sinon à la question de comment réagir à un roman avec 100 termes inventés et des dialogues comme dans l'exemple de Dea "Quand tu télaz les infos sur le truff en passant par la pression blat-tiv"... personnellement je ferme le bouquin et je vais lire autre chose. L'intérêt d'un texte de SF c'est d'introduire des concepts étrangers pas des mots ; la carte n'est pas le territoire ;) alors pourquoi chercher à perdre le lecteur en nommant absolument tout quand on peut le lui décrire dans des mots qu'il comprend ? Et quitte à créer des néologismes il est aussi possible de ne pas perdre le lecteur en utilisant des dérivés de mots existants en faisant quelques glissements graphiques et sémantiques qui seront moins "violents" que le grand écart lexical du mot complètement inventé (comme le maintenant célèbre "pistolaser" dont on devine facilement le sens la première fois qu'on le rencontre même s'il n'est pas un "vrai" mot).

Bref tout ça c'est une problématique de narration, le but reste de proposer au lecteur une immersion dans un univers ; s'il bute sur un mot par phrase et doit passer son temps à référer à un glossaire l'immersion risque d'être ardue :D
Donc mon conseil est de limiter les néologismes et de s'arranger pour que l'effort pour identifier ceux existants soit minimiser (proximité graphique ou sonore avec un mot existant ou sens déductible du contexte)
Vinze, secrétaire des Artistes Fous Associés

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