J'ai hâte, Raccoon, de voir comment tu vas relever le défi, car la SF est effectivement infiniment plus difficile que la Fantasy.
qu'est-ce qui vous fait dire ça ?
La SF se divise en plusieurs branches, comme le signale Nariel.
Certaines SF ont uniquement pour cadre un milieu futuriste, mais ne cherche pas pour autant à expliquer avec exactitude un concept, une invention ou une vision du monde de demain et de sa complexité.
Dans ses récits-là, j'aime le côté aventure, action, voire le questionnement sur les changements sociétaires qui découlent d'une invention, mais je ne m'attends pas à ce qu'ils me "vendent" "demain.
Sinon, je reconnais que beaucoup de romans de SF sont très accessibles dans leurs vocabulaires et leurs univers, et par là ils diffèrent effectivement de la Hard SF.
Même si certains textes qui sont classés en Hard SF ne me semblent pas à titre personnel être dédiés uniquement à des "spécialistes du domaine". On classe parfois Asimov en Hard SF, et pour l'avoir lu au collège, je n'ai pas le souvenir d'avoir entamé à l'époque une lecture bien ardue...
Pour en revenir à ma remarque sur la "difficulté d'écrire de la SF", c'est que Raccoon semble vouloir concevoir un monde technologique qui va au-delà de nos inventions actuelles. Il se pose donc dans le domaine des visionnaires ou des "jeteurs d'hypothèses" (si je puis me permettre de les appeler ainsi).
Or le côté prophétique des récits de SF, ou simplement la volonté d'explorer un domaine scientifique dans une voie naissance ou inspirante, pose le souci de la temporalité du récit.
J'étais une grosse lectrice de SF de la littérature américaine des années froides jusqu'en 1980.
Beaucoup de livres que j'ai relus pour ma thèse de fin d'études sont considérés comme des pièces maîtresses de la SF. Or, je suis désolée de penser cela, mais la SF vieillit parfois très mal.
Il faut replacer le récit dans son contexte pour apprécier le travail et la réflexion de l'auteur. Mais a postiori, une partie des récits devient totalement incohérents avec les données actuelles de la science.
J'ai aussi en tête ma série littéraire préférée (Le Cycle des Seuils, de Donaldson), où les héros passent des heures à se chercher sur une station orbitale, là, où nous, "lecteurs nés 200 ans plus tôt", nous décrocherions notre portable pour lancer un "mais t'es où ! je te cherche depuis dix minutes !"
Simplement, les téléphones portables n'étaient pas un concept que l'auteur avait envisagé, et ne voilà-t-il pas qu'on lit une errance des personnages qui pourtant ont des oreillettes comm qui ne marche que sur des distances de quelques mètres comme des talkies walkies, et 20 mètres plus loin, on a des cyborgs, des centres de clonages, des armes laser, etc...
Le décalage est perturbant, pourtant le récit est génial, alors on fait abstraction.
Voilà pourquoi je juge difficile d'écrire une SF qui ne se contente pas d'être juste "futuriste" en ayant lieu dans le futur mais avec nos codes à nous, mais bien un récit qui se projette dans un possible demain avec ses inventions, ses impacts sur la société, ses questions éthiques,
Le tout en le soutenant par une écriture de qualité, par des personnages attractifs et par un cadre qui offre l'intemporalité nécessaire à ce que le récit soit encore "d'actualité" dans 10 ans.
En Fantasy, le cadre est codifié, même si on peut avoir de la technologie dans de l'Urban, de la Science Fantasy et d'autres sous-genres "non médiéval". On ne tente pas de nous faire toucher une vision de demain, mais juste de nous emporter dans une vision d'un monde que jamais nous ne pourrons fouler.
Tout cela relève de sa sensibilité et de ma vision personnelle.
Je conçois parfaitement que d'autres pensent autrement.
On s'est un peu éloigné du schmilblick de savoir s'il est utile de décrire des objets du quotidien, non ?
Mes excuses.