Page 3 sur 3

Re: Construire et raconter une histoire d'un pays à l'autre

Posté : mar. août 05, 2014 11:35 am
par Anaïs
quand je lis Ursula Le Guinn, qui est américaine (pardon pour les fans) je m'ennuie et je trouve que c'est affreusement contemplatif
Je n'ai lu que les contes de Terremer, mais je n'ai pas du tout accroché. Pendant les trois premiers quarts, je me suis demandé quand l'histoire allait commencer !
Ici-même, sur ce forum, je trouve qu'on voit bien l'extrême diversité des styles et des approches de l'écriture.
+100 ^^

Tout ça pour dire que c'est un peu comme la fameuse question "qu'est-ce qui fait un bon roman"... ça dépend autant du lecteur que de l'auteur ;)

Re: Construire et raconter une histoire d'un pays à l'autre

Posté : mar. août 05, 2014 11:52 am
par Anonyme_Quatre
Alors le Guin, c'est spécial, c'est plus de la philosophie et de la sociologie que de la narration :lol: moi j'adore mais je ne la recommande pas à tout le monde, car on peut vite s'ennuyer et passer à côté. (N'empêche que ses réflexions sur le genre sont tout à fait d'actualité :love: )

Re: Construire et raconter une histoire d'un pays à l'autre

Posté : mar. août 05, 2014 2:29 pm
par Guy Le Heaume
Beorn a écrit : Comme Anaïs, je pense que ce sont des préjugés non fondés. La SFFF francophone, c'est quand même des centaines d'auteurs différents. Et par définition, chaque auteur a sa propre manière d'écrire - voir une manière d'écrire qui change à chaque roman. Je ne crois pas du tout à ce genre de déterminisme.
Ici-même, sur ce forum, je trouve qu'on voit bien l'extrême diversité des styles et des approches de l'écriture. Il suffit de parcourir les fils de travail pour voir qu'il n'y a aucune uniformité.
En fait je n'y pense que maintenant mais il existe des travaux de poétique de la science-fiction : L'Empire du pseudo de Richard Saint-Gelais et un second d'Irène Langlet dont le titre m'échappe. Dans son ouvrage Saint-Gelais tisse, à partir d'une bibliographie conséquente, des caractéristiques qui définissent la science-fiction (et qui s'appliquent aussi à la fantasy) à l'instar de la xenoencyclopédie. C'est une notion à la base développée par Umberto Eco : l'encyclopédie est le savoir commun entre les personnages d'une histoire et les lecteurs. Ainsi, lorsque l'action se déroule dans la Provence des années 30, les personnages la connaissent tout comme le lecteur la recréée à partir de son savoir encyclopédique (école, films, livres, chansons, famille, géographie etc). Grosso modo l'encyclopédie est le savoir du monde entier. Dans la SF et la fantasy l'encyclopédie est déstructurée puisque l'encyclopédie des personnages n'est pas la même que celle du lecteur. Le lecteur doit alors reconstruire son savoir sur le monde qu'il découvre par la lecture de l'oeuvre.

Exemple : j'ouvre le Seigneur des Anneaux et je suis parisien. Mordor, Comté et tout ça ne me disent rien. Je suis obligé de recréer un monde à partir des indices distillés par l'auteur. Idem pour l'histoire, les sciences, les arts... Cette xénoencyclopédie est une caractéristique de la science-fiction : que les auteurs soient de différents horizons ou non, ils partagent " de force " une certaine manière de construire un récit.

J'ai pris l'exemple de l'encyclopédie parce que c'est celui qui m'est resté en mémoire mais les ouvrages sus-nommés décrivent d'autres processus...

Re: Construire et raconter une histoire d'un pays à l'autre

Posté : mer. août 06, 2014 8:47 am
par Iluinar
Moi, je me suis régalé en lisant les Djeeb, comme quoi tous les goûts sont dans la nature. Pour Ursula le Guin, je suis bien content de lire ton avis, Beorn. J'en avais entendu tellement de bien avant d'en lire que j'ai été vraiment déçu de ne pas accrocher. Au moins, je ne suis pas le seul.

Re: Construire et raconter une histoire d'un pays à l'autre

Posté : mer. août 06, 2014 2:07 pm
par Eva
Pour les anglophones, voici un article de BBC News qui apporte un point de vue étranger sur la littérature française : Why don't French books sell abroad? (Pourquoi les livres français ne se vendent-ils pas à l'étranger ?)

Et à propos de la spécificité de la littérature française, je pense que la fin de l'article résume le mieux la question :
But French writers insist that the sins they are accused of - abstraction, lack of plot and character, a preference for text over story, contempt for the non-literary reader - are a cliche perpetuated by Anglo-Saxons with little knowledge of how things have changed in recent years.

"Personally I am fed up with all the stereotypes," says Darrieussecq. "We're not intellectual. We're not obsessed with words. We write detective stories. We write suspense. We write romance.

"And it's about time you started noticing."
Traduction :
Mais les écrivains français affirment que les péchés dont on les accuse - abstraction, manque d'intrigue et de personnage, préférence pour le texte plutôt que l'histoire, mépris du lecteur non-littéraire - sont un cliché entretenu par les Anglo-Saxons qui ignorent la façon dont les choses ont changé ces dernières années.

"Personnellement, j'en ai ras-le-bol de tous ces stéréotyes," dit Darrieussecq. "Nous ne sommes pas des intellos. Nous ne sommes pas obsédés par les mots. Nous écrivons des histoires policières. Nous écrivons du suspens. Nous écrivons de la romance."

"Il serait temps que vous vous en rendiez compte."

Re: Construire et raconter une histoire d'un pays à l'autre

Posté : lun. août 11, 2014 5:15 pm
par Milora
Merci pour le lien, Eva ! :) A la fois c'est intéressant d'avoir des points de vue extérieurs depuis les pays anglophones dont on traduit énormément de livres, et à la fois y a des remarques un peu horripilantes...
""The reason my books are popular in France is that I combine an accessible style with serious observations about what you might call 'the way we live now'. And there is clearly a huge demand here for what I do," he says.
"It's ironic because it was the French who invented the social novel in the 19th Century. But after World War Two, that tradition disappeared. Instead they developed the nouveau roman - the novel of ideas - which was quite deliberately difficult."
--> suis-je la seule à trouver cette remarque particulièrement arrogante ? xD (et puis le Nouveau Roman, c'était quand même un truc assez réduit...)
Ceci mis à part, là où ça deviendrait très intéressant, ce serait de comparer avec d'autres pays non anglophones.
Personnellement, je ne connais que l'Espagne de près, et là-bas aussi, le marché du livre est envahi par les traductions anglosaxonnes. Ça m'intéresserait de voir quelles nationalités non-anglophones sont lues dans les pays anglosaxons (bon, sans compter les Etats-Unis je suppose, puisque j'ai l'impression qu'en livre comme en films, ils produisent presque tout eux-mêmes et n'importent quasiment rien...). Quelqu'un a des infos sur ce sujet ?


(Et Ursula Le Guin, c'est spécial, mais dans son genre, c'est assez génial ^^ Même si oui, c'est pas de l'action, c'est plutôt dépeindre des sociétés imaginaires et des psychologies étrangères. Mais j'arrête de flooder !)