Ah merci beaucoup pour ces deux liens, Llyana et Ilham.
Je ne connaissais pas !
Voilà qui est bien utile !
Cependant, puis-je me faire l'avocate du diable ?
1er sujet de discussion
Cette base de datation repose sur une collecte de données sur des ouvrages.
Donc, sur des œuvres "écrites".
Or, comme vous me l'avez si justement fait remarquer, il y a des choses qui ne se disaient pas entre gens de la bonne société et donc qui s'écrivaient encore moins.
Cela ne signifiait donc pas que le mot ou l'expression n'existait pas : juste qu'on n'osait pas encore l'écrire, du fait des références culturelles et de l'écrivain et de son lectorat.
Certaines injures ont une base étymologique liée au latin. J'avoue, à mon corps défendant, sans vouloir faire preuve d'une critique vis à vis des populations défavorisées, avoir beaucoup de mal à concevoir qu'au fond d'une ruelle sordide, un groupe d'individus mal léchés se soient penchés sur un ouvrage en latin type dictionnaire afin de chercher un mot qu'ils vont ensuite déformer pour en faire une vulgarité à lancer au malotru de la bande d'en face...
Je pense ces mots beaucoup plus anciens, passés de générations en générations via la tradition orale.
Plus on remonte dans le temps et plus les écrits sont rares, écrits par des gens cultivés pour d'autres gens cultivés. C'est malheureusement notre seule capacité d'appréhender la langue de l'époque...
Si nous pouvons sans mal dater quelques expressions du fait qu'elles possèdent un référentiel social précis ou historique ("être sur son 21" est une référence à un type de tissu précis, "qui dort dine" est liée à une politique des aubergistes qui imposaient le prix du repas du soir à ceux qui dormaient dans leur établissement, etc...) sur d'autres expressions, je pense que nous avons moins de certitudes.
2e sujet de discussion
Pour ce qui est de se replacer dans la période historique sur laquelle nous écrivons afin d'écrire exactement avec le même style, j'avoue que j'aurai tendance à appartenir à ceux qui traînent des pieds...
Déjà à cause de quelques déconvenues personnelles avec le monde éditorial.
Ensuite parce que je bétalis des écrivains très à cheval sur le sujet et quand ils écrivent des récits moyenâgeux, il est très ardu de les suivre et la lecture devient parfois un peu éprouvante au milieu de tous ces mots anciens à décrypter
Ensuite, parce que malheureusement, nous nous adressons aussi à un public, et que celui-ci contient de moins en moins de gens enclins à ouvrir un dictionnaire, ne nous en déplaise à tous (je rappelle que je me fais l'avocate du diable, parce que moi, je leur botterais volontiers l'arrière train en leur disant que c'est bien comme ça qu'ils augmenteraient leur vocabulaire !)
Pour finir, j'ai lu sur un blog (il faut que je retrouve la référence...) quelques insultes typiques du XIX et au fil de mes recherches sur un autre sujet j'ai lu dernièrement une histoire de Poe. Or, il faut se rendre à l'évidence : beaucoup d'expressions ou de références narratives sont en lien avec l'époque et n'ont plus du tout de correspondance compréhensible chez nous (référence à des types de vêtements, à des métiers, à des marques, à des magasins, à des célébrités). Balancer ainsi dans un récit au XXIe soit le récit s'adresse à des passionnés de l'époque, soit il doit expliquer ladite expression d'une façon ou d'une autre. On court au danger soit de perdre le lecteur, soit d'avoir un paquet d'explications...
Je pense donc qu'autant en roman pseudo-historique on peut s'attacher à respecter le vocabulaire d'époques (et encore, je n'ai pas souvenir en lisant Druon ou en lisant Christian Jacq qu'on avait un phrasé spécial dans les rois maudits pour la narration, ou pour l'égypte antique...) autant en SFFF, je fais partie de ceux qui pensent qu'on peut s'échapper de cette contrainte.
Mais peut-être que je me trompe.
(NB : Au fait: "arracher la tête" n'était pas une expression figurée. L'héroïne parlait bien au premier degré. Je pensais pourtant avoir signalé que son mari avait été retrouvé étêté...
Mes excuses pour cette parenthèse personnelle)