Dami a écrit :
En parlant de Tolkien, j'ai déjà entendu quelque part qu'un roman peut contenir d'innombrables personnages dans la mesure où il y a un personnage central qui fait office de Bilbo le Hobbit ou de Frodon. Un personnage que le lecteur suit et qui découvre les événements et les autres personnages en même temps que le lecteur.
Je pense que c'est deux choses un chouia différentes : le nombre de personnages d'un côté, et le nombre de personnages
dont on suit le point de vue, de l'autre.
Dans Bilbo le Hobbit, il y a plein de personnages (rien que les héros sont un groupe de 15 personnes : 13 nains, Bilbo et Gandalf). Mais c'est un roman où on ne suit que le point de vue de Bilbo. C'est simple, comme structure de narration, de ce point de vue-là. Si le lecteur se perd dans les personnages secondaires, ce n'est pas grave : il ne sera jamais perdu dans l'histoire puisqu'il suit Bilbo, dont le regard est le fil conducteur. Quelqu'un citait Tara Duncan, c'est un peu le même schéma : on a beaucoup de personnages, mais on suit Tara. Ou Harry Potter.
Dans Le Seigneur des Anneaux, non. On a Frodon, mais on suit aussi Pippin et Merry, Aragorn, il me semble me souvenir qu'il y a aussi des passages où on suit Eowyn et même Gimli et Legolas. C'est déjà plus complexe, ça demande d'avoir planté tous ces personnages. Sans parler de la clarté de préciser tous les personnages qui sont cités.
Je n'ai pas lu La Horde du Contrevent, mais il me semble que c'est le même modèle (plein de personnages dont le point de vue "porte" le récit). D'où la difficulté de s'y retrouver, pour certains lecteurs. Le Trône de fer aussi, il me semble (pas lu non plus).
Du coup, je pense que c'est pas du tout la même chose de s'interroger sur le nombre de personnages
dans un livre, et sur le nombre de personnages
dont on suit le point de vue. Ça n'implique pas les mêmes problèmes au niveau de l'écriture, c'est pas la même façon de rendre claire la galerie de personnages.
Avec un schéma où on a un (ou peu de) point de vue principaux, on peut avoir plein de personnages annexes à condition qu'ils soient clairement identifiables et que leur rôle dans la narration soit utile (si c'est pour lister 45 rois aux noms bizarres qui n'auront pas d'incidence sur le récit, c'est peut-être pas la meilleure des solutions).
En revanche, si on a plein de personnages-porteurs, là c'est la structure-même du récit qui doit être pensée pour leur donner pleine caractérisation, pour que le lecteur ne s'ennuie pas, les connaisse tous, ait envie de les suivre, et que leurs points de vue se complètent pour qu'il n'y ait pas de redite.
D'un point de vue pratique, personnellement, j'ai jamais écrit (ni tenté d'écrire) une histoire avec plusieurs points de vue. Je crois que mon cerveau ne fonctionne pas comme ça : j'invente la ligne directrice, qui va toujours avec un personnage (ou un groupe de personnages, mais qui se trouvent ensemble). Du coup, j'ai jamais été confrontée au problème...
D'ailleurs en écrivant des textes longs (j'ose pas parler de romans parce que j'arrive jamais à dépasser la centaine de pages), j'ai l'impression que chez moi, je retombe souvent sur un trio de personnages principaux (dont l'un des trois est porteur de la narration). Je sais pas pourquoi, c'est dans ces histoires-là que je suis le plus satisfaite du développement des personnages. Mais c'est tout personnel, ça.
En tant que lectrice, le nombre de personnages ne m'importe pas, tant qu'il n'y a pas d'effet fouillis. Les huis-clos dont parlait Sobota, j'aime beaucoup (je pense à Huis-clos de Sartre, qui m'avait scotchée ! Mais c'est du théâtre, c'est vrai que c'est pas pareil), mais j'ai rien contre les grandes fresques à multiples généalogies, non plus ; tant que je suis pas noyée dedans et que j'ai l'impression que tous les personnages sont utiles (le SDA, c'est un peu limite ; mais le livre est tellement bien que je passe outre
). Mais ça me semble beaucoup plus difficile à mettre en oeuvre, au moment de l'écriture.
toujours pareil.
