Nariel Limbaear a écrit :Florie a écrit :(on parle d'un jeu vidéo, il faut donc un méchant à combattre)
Mais sinon, si on dit que scientifiquement, les hommes sont égaux et que cela ne justifie pas l'esclavage : cela veut dire que si scientifiquement on trouve notre non-égal, on peut l'asservir (vu comme notre société utilisait et utilise les animaux...) ?
C'est bien toute la difficulté de juger "scientifiquement" ce qui relève de la morale. On peut juger immorale de maltraiter une espèce "inférieure" selon notre échelle. Les nazis ont bien détourné des arguments très scientifiques pour agir contre la morale, l'URSS également. Bombarder Hiroshima et Nagasaki était, si ce n'est scientifique, au moins stratégique (contre l'influence de l'URSS plus que pour faire plier le Japon), pourtant c'est immoral si on considère que faire souffrir et tuer d'autres humains est mal.
Plus que des références religieuses, le Bien et le Mal sont des notions philosophiques, la majuscule est une simple notation partagée pour distinguer la notion de biens et maux plus communs. Nous utilisons une échelle, nous avons besoin de nommer les concepts, les objets, et de quantifier les valeurs pour penser, et encore plus pour en parler aux autres.
La relation entre "inférieur" et "supèrieur" me rappelle la classification évoquée dans le cycle d'Ender :
* les proches, la famille, le village
* ceux comme nous, de notre "race", mais plus lointains (le reste du pays)
* ceux qui ne nous ressemblent pas (autre pays, extraterrestres) mais avec lesquels on peut s'entendre
* ceux avec lesquels l'entente est impossible (communication absente, course pour une même ressource, etc...) bref la totale incompatibilité
Une bonne partie de l'enjeu de La stratégie Ender est de déterminer si les ennemis font partie de la troisième ou de la quatrième catégorie. Pactiser ou détruire. Sachant que l'autre se pose peut être la même question, ou a déjà fait son choix.
Et là on est carrément au delà du Mal, du Bien. Chacun juge selon son point de vue, selon la doctrine de son groupe.
Autre exemple qui m'a marqué : dans Walking Dead, les marcheurs sont un Mal lent, maladroit, aveugle, stupide, assez facile à éviter quand on est agile et pas crétin (sauf meute). Le vrai danger vient des autres humains, mais la plupart luttent simplement pour survivre, eux et leur groupe/famille. C'est chacun pour soi, avec un fort repli sur ses proches, son groupe. Nous avant les Autres, quelques soient les autres. Tout est justifié par la survie du groupe dont chaque personnage fait partie, même si c'est au dépend des autres.
Il y a aussi une place pour la colère, la folie, la cruauté, mais à la base tout s'explique par le passé des personnages. Le mal absolu est le virus, aveugle, stupide, l'accident idiot (probablement). Les humains sont simplement égoïstes (pas vraiment le choix souvent).