La mare aux nénuphars

Bonsoir,

Que pensez-vous des points de vue multiples narrés à la première personne ? Sont-ils source de confusion ? D'expériences enrichissantes ?

Nuit

Je l'ai fait une fois, mais je n'avais que 2 pdv. Je suppose que plus tu as de pdv, plus tu augmente le risque de confusion.
Pour moi, c'est très intéressant si bien utilisé, parce que l'enploi du je permets une narration plus marqué par le personnage. On retrouvera plus facilement sa façon de parler, de voir les choses. Donc c'est plus facile de donner une voix particulière à chaque narrateur.

Pour la confusion, mes lecteurs n'ont pas eu de soucis, sauf quelques passages hyper court. Je pense qu'avec le contexte, on peut facilement différencier les persos. Et si tu as beaucoup de pdv, tu peux toujours indiquer le narrateur en début de passage pour aider à la clarté.

Salut Nuit !

Il y a multiple et multiple, à mon avis. Comme le dit très bien La_Louve, ce mode de narration fonctionne bien quand tu as peu de points de vue, mais c'est vrai aussi à la troisième personne.
Des œuvres comme la Horde du contrevent et le trône de fer adoptent ce mode de narration, avec de très nombreux points de vue à la première personne : leurs auteurs ont assez de bouteille pour le faire (et pour la Horde, parfois, on est content d'avoir le petit symbole pour se repérer car tous les pdv ne sont pas forcément très marquée, en tout cas pas suffisamment, je trouve, pour être identifiables sans erreur dès le début d'un chapitre). J'ai tenté perso de le faire dans mon roman et j'ai fini par resserrer sur 3 pdv (3ème personne), parce que mes BL (et une en particulier) trouvaient que cette multiplication nuisait à l'immersion. Si tu as peu de pdv, tu vas te concentrer sur ces personnages-là, les creuser et les accompagner tout le long de l'histoire. Si, au contraire, tu changes de pdv pour par exemple prendre le pdv le plus évident pour une scène, tu peux (peut être hein...) donner l'impression de zapper et de donner de l'importance à des personnages somme toute secondaires et qu'on ne reverraient plus dans le reste de l'histoire (c'était le pb de mon roman dans la version de cette époque).
Juste mon avis, hein Je ne connais pas tes projets, non plus.

Si souhaites creuser le sujet, il y a aussi Alterner les points de vue, antécédents ? pari risqué ? ou Multiplicité de personnages et de scènes dans un roman

J'aime beaucoup le faire, mais avec un nombre limité de points de vue. Avec 2 points de vue, cela fonctionne plutôt bien, j'ai écrit deux romans de cette façon, en indiquant le nom des narrateurs au début de chaque scène. Par contre, il me semble compliqué d'utiliser un grand nombre de points de vue, comme Damasio le fait dans la Horde du Contrevent. Comme le dit Marie, il faut une sacrée bouteille pour que les voix des personnages ne s'emmêlent pas.

Un truc qui peut aider, c'est si ton titre de chapitre indique qui est le narrateur (cf le Trône de Fer, même si là, c'est de la 3e personne).

Bonjour,

Merci beaucoup à tous pour le partage de votre avis !

Pour clarifier, mon histoire est, pour l'instant, racontée de deux points de vues différents ; celui d'une jeune femme et d'un homme. J'hésite encore à en ajouter un troisième [peut-être écrit à la troisième personne]. Je n'ai pas vraiment éprouvé de difficulté à différencier mes personnages, mais je me demandais si mes lecteurs, eux, en auraient.

Merci à toi @Nariel Limbaear pour les liens.

Nuit

L'entrelacement de deux points de vue à la première personne homme / femme est notamment utilisé par Maggie Stiefvater, dans ses romans (Sous le signe du scorpion ou Frisson par exemple). Et c'est génial. On ne s'emmêle pas les pinceaux. Je crois qu'elle indique les prénoms en guise de titre de chapitre pour que ce soit bien clair.
Après, l'autre difficulté technique de l'exercice, c'est que les deux points de vue soient aussi intéressant l'un que l'autre. C'est le cas dans les romans de Stiefvater, mais je trouve le principe un peu casse gueule. Pour peu que le lecteur s'attache à la fille et pas au garçon par exemple et tu as un lecteur qui soupire dès qu'il doit délaisser son perso favori.

J'ai lu des polars comme ça, il me semble chez Henning Mankell, avec d'un coté la voix de l'enquêteur, et de l'autre celle du serial killer. C'est juste terrifiant, ce procédé pour ce genre de littérature, mais addictif, je l'avoue.

Arya a écrit :Après, l'autre difficulté technique de l'exercice, c'est que les deux points de vue soient aussi intéressant l'un que l'autre. C'est le cas dans les romans de Stiefvater, mais je trouve le principe un peu casse gueule. Pour peu que le lecteur s'attache à la fille et pas au garçon par exemple et tu as un lecteur qui soupire dès qu'il doit délaisser son perso favori.

Ca c'est difficile de faire autrement. Le lecteur va naturellement avoir des affinités plus poussées pour certains persos. Même si c'est notre boulot d'auteur de ne pas accentuer le fossé en créant un perso chiant.
Par contre, je ne vois pas en quoi l'écriture à la première personne eccentue ce phénomène. C'est pareil quand on est en pdv focal à la 3ème personne, non?

Oui, exact ! la 1ere ou la 3e personne n'influe pas sur cette difficulté.
Chez Stiefvater, je n'ai pas de préférence et je trouve ça fort de sa part.

Arya a écrit :Oui, exact ! la 1ere ou la 3e personne n'influe pas sur cette difficulté.
Chez Stiefvater, je n'ai pas de préférence et je trouve ça fort de sa part.

Ok. Je préférais demandais parce que pour moi, le point de vue focal est juste la seule manière d'écrire. Je suis incapable de faire de l'omniscient. Du coup, le seul "choix" que j'ai, c'est 1ère ou 3ème personne. Alors cette question de la préférence du lecteur, je n'ai aucun moyen de m'en affranchir.

Je pense que cette difficulté (l'attachement au personnage point de vue) est tout de même plus importante à la première personne qu'à la troisième. À la troisième personne, il y a plus de distance, moins d'immersion du lecteur dans la tête du personnage. Du coup, il me semble qu'à la première personne un personnage risque d'irriter plus vite le lecteur, qui partage ses sensations et ses pensées. En ce qui me concerne, je m'énerve beaucoup plus vite contre les personnages fleurs bleues à la première personne qu'à la troisième, parce qu'à la première personne leurs pensées me semblent beaucoup trop sirupeuses.

Elikya a écrit :En ce qui me concerne, je m'énerve beaucoup plus vite contre les personnages fleurs bleues à la première personne qu'à la troisième, parce qu'à la première personne leurs pensées me semblent beaucoup trop sirupeuses.

Pareil. La 1e personne, c'est très casse-gueule, en narration.

J'ai déjà lu et écrit aussi du pdv multiple à la 1ère personne. Dans l'un de mes projets, j'alterne un récit au présent et un récit aussi, cela aide à ne pas confondre. Mais je ne note jamais le nom du personnage à qui c'est le tour. Je préfère travailler le style et le ton de la narration pour différencier mes personnages. C'est ce que je suis d'ailleurs en train de faire pour mon challenge actuel, entre les différentes (4) personnalités d'un même personnage.
Mais je pense qu'il est aussi possible de jouer avec l'ambiance, si les personnages se trouvent dans des lieux différents. Le lecteur pourra ainsi attacher un certain type de décor à un personnage et se resituer plus facilement avec juste quelques éléments descriptifs.

Après, personnellement, j'ai eu beaucoup de mal avec la Horde du Contrevent, dont je n'ai pas dépassé les 1ères pages. Je pense que chaque lecteur à ses limites en terme de lecture. Mais c'est aussi valable à l'écriture.