Hello !
De même un peu (beaucoup) en décalage, mais c'est très intéressant.
Avez-vous des thèmes récurrents ?
Oui, même si je ne m'en rends pas toujours compte lors de l'écriture ou que ça me frappe bien après. Disons que j'ai deux gros thèmes (trois peut-être bien ?) qui s'imposent régulièrement, souvent à mon insu.
Comment vous en êtes-vous aperçu ?
Au fil de l'eau, comme on dit !
Difficile à dire, mon esprit divague pour trouver des idées et ce n'est qu'après avoir commencé à écrire le truc que je me rends compte que j'emploie souvent le même type de thèmes, sans me rendre compte.
Commencez-vous vos romans en connaissant ses thèmes ou alors vous vous en rendez compte à la fin ?
Pour le gros fil rouge du roman, ça m'arrive de m'imposer un thème qui va un peu à contrepied mais reste dans mes thèmes récurrents, on va dire. Tout en me disant : "C'est original comme idée, allons-y !" alors qu'en fait... pas tellement par rapport à ce que j'écris mais c'est pas grave
Quels sont ces thèmes ?
J'en dégagerai trois principaux :
1) L'amour entre deux personnages
Plus particulièrement l'amour courtois avec des phases de séduction, de déni, de désir longuet avant le passage à l'acte, de doutes aussi. Je suis incapable d'écrire une histoire sans relations amoureuses et pourtant, j'ai essayé ! Mon challenge ne devait pas comporter d'amour de ce type au départ et... s'est ajoutée Aurore. Pour ceux qui ne la connaissent pas, Aurore est le pendant féminin de mon héros, son amour de jeunesse, son âme-sœur, son tout ce que vous voulez. Voilà, donc il y aura une certaine forme d'amour dans mon challenge malgré tout !
Et je peux vous citer plein de couples de tête, dans toutes mes histoires, il y a une histoire d'amour (déçu ou non) : Ailé & Cornu, Dragomir & Aurore, Hermès & Nyssa, Raheem & Rhéa, Anika & Nathanaël, Elendel & Eloïse,...
C'est mon côté fleur bleue qui parle, j'imagine. J'adore les histoires de ce genre et les happy endings, ça doit venir de là
2) Les relations filiales/parentales
Un thème que j'adore tout particulièrement sur la relation que développe un parent et son enfant, plus particulièrement entre père et fils (je me sens plus à l'aise avec les personnages masculins, allez savoir pourquoi). Dans une grande partie de mes histoires, il va donc y avoir aussi cette dimension : comment tel personnage va-t-il gérer sa relation face à son parent ? Se sent-il étouffé, soutenu, protégé, trahi ? Et vice-versa si le parent est personnage principal, d'ailleurs. De même, pas mal d'exemples me viennent en tête : Raheem/Byron, Elendel/Ezechiel, Lucian/Dragomir, Dragomir/Ananta, Héron/Hermès, Zeitan/Seinan, Clyde/Phénex (bon ici, il s'agit d'une relation neveu/oncle, mais l'oncle tient le rôle du père de substitution, pour ça que je le mets ici),... Je m'arrête là pour les exemples, mais ça fourmille de partout.
Ici, c'est davantage la dimension psychologique qui m'intéresse. Trouver des façons de faire pour gérer une situation souvent inattendue, parfois incontrôlable ou déroutante, faire des relations aussi bien fusionnelles que distantes, aimantes ou non. Les conflits familiaux aussi (souvent, les disputes parents/enfants même si, en soi, je déteste les disputes, c'est extrêmement paradoxal). J'aime bien représenter tous les prismes. Et c'est le genre de trucs absents qui me frustre dans les séries TV et les manga, d'ailleurs. Les parents sont souvent absents (shônen surtout), c'est ultra frustrant
3) Le rejet social
Un thème qui revient un peu moins souvent que les deux autres, mais qui a le mérite d'exister et d'être très présent dans ma mémoire. Pour une raison toute simple : ayant subi un harcèlement scolaire presque toute ma scolarité, et donc le rejet social qui va avec, c'est quelque chose qui m'a profondément marquée et qui se retrouve chez mes personnages, pour la plupart. Du rejet, allant de la forme la plus extrême (l'exil) à la forme la plus basique (moqueries enfantines). Cela concerne aussi des personnages déjà cités plus haut, d'ailleurs : Dragomir (ostracisé suite à son coup d'état), Lucian (rejeté par les autres enfants pour son physique), Zeitan (moqué par tous ses congénères à cause de son extrême maladresse pataude), Kiel (exilé suite à une tentative de meurtre sur sa personne), Clyde (banni de son clan suite à un coup monté pour le mettre hors circuit), Raheem (paria à la suite d'une circonstance malheureuse),... Tous ne réagiront pas de la même manière à ce rejet : certains exploreront de rage et de colère (Raheem, Lucian), d'autres chercheront à en comprendre tous les tenants et aboutissants avant de se venger (Clyde), les derniers se résigneront à leur sort (Dragomir, Zeitan). Chacun d'eux, c'est un petit bout de moi qui parle, quelque part, entre colère et résignation. Ça fait partie de moi maintenant, mais j'aime les aider à lutter pour dépasser ce stade, je pense. Comme une catharsis.
Pensez-vous que ce soit une bonne chose ou pas d'avoir des thèmes récurrents ? Si on est publié, le lecteur ne risque-t-il pas de se lasser en retrouvant toujours les mêmes thèmes dans nos romans ?
Bonne chose ou non, je pense que ça nous définit d'une certaine manière. Une sorte d'impression de notre vécu. Après, même en ayant des thèmes récurrents, il est possible de se renouveler au sein de ce même thème, donc je ne pense pas qu'on puisse en arriver à une lassitude du lecteur (s'il nous lit après tout, c'est qu'il apprécie nos thèmes, non ?). Je pense aussi que c'est une bonne chose de se rendre compte qu'on a des thèmes récurrents et de les exploiter à fond. Si c'est notre came, fonçons à pieds joints !
Du coup, est-ce que vous luttez contre vos thèmes récurrents pour vous ouvrir à de nouveaux thèmes ?
Parfois, oui, même s'ils me rattrapent toujours au tournant
Je préfère faire la paix avec eux que de me fâcher, finalement.
Ou au contraire vous exploitez à fond vos thèmes à travers plusieurs angles/plusieurs problématiques, etc ?
Comme je le disais un peu plus haut, oui, c'est ce que j'essaie de faire au maximum. Ne serait-ce que pour ne pas me lasser moi-même et pour me trouver de nouvelles approches du/des thèmes. Souvent, je constate que ce sont souvent les mêmes choses qui reviennent (la même recette qui se défraîchit peu à peu, y'a qu'à voir en Bit-Lit !) et qui peinent à se réinventer, alors qu'ils existent moult et moult façons de tourner la chose. Le tout, c'est de rester inventif et de ne pas avoir peur de modifier l'une ou l'autre variable pour changer de problématique.